Chargement...
Dessin de Ruan Jia

Les mondes de Romain d’Huissier – Vengeance

« Tu ne toléreras pas de vivre sous le même ciel que l’assassin de ton maître. »

Shinjo Akuni gardait ce proverbe à l’esprit alors qu’il parcourait les routes de l’Empire d’Émeraude, sous la défroque rapiécée et grisâtre d’un ronin. Car son maître – le sensei qui lui avait tout appris – était mort, assassiné dans des conditions troubles.

Alors simple yoriki en poste à la Cité des Mensonges, Akuni avait reçu un message de ce vénéré professeur – le sage Otaku Mokun. Une lettre confuse et cryptique, lui enjoignant de venir le retrouver dans le sanctuaire où il vivait depuis sa retraite. Mais le jeune samurai était arrivé trop tard : Mokun gisait déjà dans son propre sang.

Akuni gardait de ce moment un souvenir aussi limpide que le cristal. Il faisait doux et un vent léger agitait les bosquets de bambou. Un petit ruisseau emplissait l’atmosphère de son paisible tintinnabulement. Mokun était étendu sur le chemin de pierre menant à sa cabane fruste – juste au pied de l’autel de Fukurokujin, dont il assurait l’entretien. Malgré la mort, les oiseaux chantaient tout autour. Le sang d’Akuni s’était figé et il avait senti son âme se déchirer. L’homme qu’il aimait comme un père était en route pour le Meido.

Fouillant la cabane, Akuni avait trouvé quelques documents bien dissimulés – les assassins ne s’en étaient pas emparés. Ils ne connaissaient pas le vieux sensei aussi bien que son ancien élève et n’avaient pas cherché au bon endroit… Les écrits de Mokun se révélaient parcellaires. Apparemment, le maître avait découvert une conspiration au sein du Clan de la Licorne et s’efforçait d’en démasquer les responsables – mais ceux-ci s’étaient assurés de son silence éternel.

Avec ces maigres indices, Akuni avait décidé de poursuivre l’oeuvre de son mentor. Désormais samurai sans maître, il errait en quête de réponses – et surtout de vengeance. Car les kami lui en seraient témoins : en effet, il ne tolérerait pas de vivre sous le même ciel que les assassins de son maître.

Dessin de Ruan Jia

Laisser un commentaire