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Les mondes de Romain d’Huissier – Shiba Tomoe

Shiba Tomoe a la réputation de figurer parmi les meilleures escrimeuses de sa famille. Elle maîtrise toute les techniques les plus subtiles de son école – chacun de ses gestes semblant imprégné de la puissance immanente du Vide. Duelliste accomplie, elle accompagne nombre de dignitaires de la famille Asako au sein de diverses cours de l’Empire d’Émeraude – s’assurant de défendre leur honneur à la moindre offense.

Pourtant, les sabres du daisho de Tomoe sont aussi purs que le jour où ils sortirent de la forge. Jamais aucune goutte de sang ne les a souillés – car Tomoe se refuse à infliger ne serait-ce que la moindre égratignure avec ses lames. On raconte même que le jour où une dizaine de brigands – ronins dépenaillés et paysans aux abois – s’en prirent au palanquin de son protégé du moment, elle les neutralisa tous sans même dégainer – usant d’un mélange de ju-jitsu et d’art du sabre, avec son katana encore dans son fourreau.

Shiba Tomoe aurait aimé être une shugenja – entendre les esprits et comprendre les murmures de la nature. Modeler les forces de la création et voir la danse des éléments. Elle n’a hélas pas eu cette chance mais elle fait de son mieux pour établir une harmonie entre le Vide et elle. Se départissant de ses sabres, elle se place en position du lotus au milieu de la petite bambouseraie de sa demeure et entre dans une profonde méditation. Quand son esprit est aussi serein, c’est un peu comme si elle approchait la condition de prêtresse des kami.

La voix de son époux – un paisible scribe de la famille Isawa ayant pris son nom par respect pour sa technique d’escrimeuse – la tire de sa paisible transe. Elle hume dans l’air le doux fumet du repas qu’il vient de lui préparer. Elle sourit. Comme presque toutes les samurai-ko, elle n’a pas choisi son mari mais il ne lui a fallu que peu de temps pour tomber amoureuse de Saburo. Elle s’estime chanceuse de connaître ce sentiment refusé à tant de nobles de Rokugan.

Shiba Tomoe se lève. Elle pose une main sur son ventre quand elle sent la petite vie qui s’y développe s’agiter légèrement. Elle sourit à nouveau et s’empresse de rejoindre son époux afin de partager avec lui un bon dîner. Il lui fera ensuite la lecture pour l’endormir – lui racontant sans doute une fois de plus l’histoire de Matsu Hitomi. Oui décidément, Tomoe est une femme comblée.

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