Je reviens sur l'histoire des cambriolages dont est victime Ségolène Royal. De prime abord ça ne m'intéressait pas trop, ça ressemblait à une belle polémique plutôt politicienne. On sait tous que les politiques s'espionnent entre eux et que le pouvoir en place utilise les différents moyens à sa disposition pour surveiller voir influencer des opposants.
Néanmoins il faut quand même avouer qu'on est dans une situation assez "extrême" en la matière (et je ne parle pas là des réactions plus que bourrines des hommes de mains de l'ump). Je vous renvois au billet de Bonnet sur ce sujet qui met en perspective ces cambriolages de l'appartement de Royal avec les précédentes affaires ayant concerné Bensancenot, Thibault et d'autres encore, le tout dans le contexte "big sister" Edvige :
http://www.plumedepresse.com/spip.php?article527.
Faut avouer que c'est troublant à force. M'enfin c'est toujours pas forcément concluant. Là où je trouve que ça devient intéressant c'est suite à cette histoire de suspecte pour le premier cambriolage qui sort un peu d'un chapeau en pleine polémique Royal vs l'UMP. Le chapeau étant, qui plus est, tenu par Guéant (voir l'article de Bonnet mais aussi les articles de ASI sur ce sujet :
http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=1135). Là on commence à entrer dans la barbouzerie la plus évidente. Mais le coup de grâce vient quand même de la nature de la fameuse suspecte. Et là je recopie un texte de l'avocat de Royal :
Communiqué de Maître Jean-Pierre Mignard,
avocat à la Cour d’Appel de Paris
« Informé par les seules agences de presse de récents développements dans l'enquête sur la mise à sac de l'appartement de Madame Royal, j'ai repris contact avec le Procureur de la République de Nanterre, Monsieur Philippe Courroye.
Il m'a confirmé que des empreintes digitales d'une jeune femme d'un pays des Balkans correspondraient à celles retrouvées dans le domicile de Madame Royal lors de la visite avec effraction de 2006.
Une nouvelle technique appropriée aurait permis maintenant ce qui n'était pas possible hier : procéder à une comparaison approfondie des empreintes.
Nous faisons à cela les observations suivantes :
- la protestation de Madame Royal aura déjà et au moins servi à la réouverture de son dossier classé. Sans cela cette première infraction serait définitivement tombée dans l'oubli. On peut s'en étonner, s'agissant quand même d'une visite avec effraction commise dans des circonstances troublantes au domicile d'une candidate à l'élection présidentielle.
- la personne suspectée serait notoirement connue des services de police pour avoir écumé les appartements de la Région parisienne.
- aucun vol n'a été commis chez Madame Royal lors de cette visite. Même une montre qui avait disparu lors de l'intrusion dans l'appartement a été retrouvée et aucune déclaration de vol à l'assurance n'a été déposée.
- la suspecte, présentée comme délinquante d'habitude, « rompue au cambriolage de droit commun », aurait donc ce soir-là exercé son activité habituelle à titre bénévole, mue par la seule curiosité. C'est assurément une originalité.
J'ai demandé à Monsieur le Procureur de la République d'être dorénavant la seule personne autorisée à communiquer dans ce dossier, le cabinet de Monsieur le Président de la République, n'étant pas en charge de l'enquête préliminaire. »
Et accessoirement la suspecte, cambrioleuse de son état, s'amuse donc en sus à chercher le pv du précédent cambriolage, à le déchirer et le mettre en évidence. Et la marmotte ?
Et c'est là qu'on se dit qu'on nous prend quand même un peu pour des cons. C'est là aussi qu'on se dit que les principaux médias se contentent de reprendre la dépêche indiquant que la police avait une suspecte pour le premier cambriolage. Ce qui d'une manière très implicite fait de Royal une dangereuse paranoïaque contredite par les faits juste après ses mises en accusation. Ils ne se posent même pas la question de l'origine de cette info et, pire, n'approfondissent même pas sur la crédibilité de cette suspecte (et pourtant il y a des trucs pour le moins surprenant et pas très dur à trouver même pour un journaliste).
Néanmoins, d'une certaine manière pas grand chose de nouveau sous le soleil certes. A l'exception peut être quand même du niveau d'amateurisme des barbouzes (si barbouzes il y a) et de l'aspect "je me cache à peine" du pouvoir. Or, le fait qu'ils puissent faire ce genre de manœuvres dans l'indifférence médiatique quasi générale dénote, moins d'un contrôle des médias, que d'une totale apathie de ceux ci, laissant passer les énormités les unes après les autres sans sourciller. On s'habitue à tout et on s'enfonce de plus en plus. La métaphore de la grenouille et de l'eau bouillante encore une fois.