Epilogue : ce qui s'est passé au final.
J'avais planifié plusieurs issues possibles, selon les réactions du PJ.
La scène a bien fonctionné, et devrait je pense laisser des souvenirs mémorables à certains...
L'employeur du rônin (un omoidasu Ikoma de l'entourage du seigneur, qui n'est bien sûr pas au courant de la qualité de maitre-espion de son employé) a omis d'indiquer au seigneur son embauche, considérant que cela était sa responsabilité propre.
Le jour du départ arrive, inspection générale par le seigneur, qui s'arrête face au ronin et s'enquiert de son identité, en présence de tout le reste de son entourage. Le ronin explique qu'il a été embauché par l'omoidasu. Celui-ci intervient pour confirmer le fait, et qu'il a jugé être à même de le faire de son propre chef. Le seigneur lui jette un coup d'oeil incisif, puis retourne le feu de son attention sur le rônin, auquel il pose les questions suivantes :
- Qui t'a payé pour nous accompagner ?
- heu, ben, c'est (nom de l'omoidasu)
- ce n'est pas la question que je t'ai posée, rônin. Qui t'a payé ou qui t'a ordonné de nous accompagner ?
bredouillements et dénégations du rônin, et pause, longue et significative, du seigneur.
- Rônin, je te connais. Tu as déjà trahi ton maître précédent, le karo. Comment penses-tu me convaincre que tu n'es pas un espion à la solde des Licornes, alors que je devrais te livrer au bourreau par simple précaution ?
Le PJ s'étrangle, et le seigneur en rajoute une couche.
- Réfléchis bien à ta réponse, rônin. Tu as intérêt à être convaincant.
L'autre commence à composer une réponse hésitante.
Le seigneur a un geste d'impatience, le PJ devine qu'il s'apprête à le faire livrer au bourreau, et jure que ce n'est pas le cas, qu'il n'est pas un espion des Licornes, sur son honneur de samurai.
- Tu te réclames de ton honneur de samurai ? Tu es prêt à faire ton devoir, à vivre et à mourir comme un samurai, pour le service du clan du Lion ?
- Je ne suis digne d'être comparé à un samurai du clan du Lion, seigneur, mais je ferai de mon mieux.
Le seigneur se tourne vers l'omoidasu, et lui ordonne de donner son wakizashi au rônin. L'Ikoma s'exécute avec la plus grande répugnance.
- Bien. Fais seppuku. Maintenant.
Le PJ suffoque, puis se met torse nu. Il demande au seigneur la faveur d'utiliser plutôt le sabre de ses ancêtres, qui se trouve dans ses affaires, ce que ce dernier lui accorde.
Le seigneur ordonne également à l'omoidasu de se préparer à l'assister. Ce dernier a l'air au moins aussi choqué que le rônin, et va chercher son katana, et un kimono blanc, dans ses affaires. Le shugenja présent (originaire du clan Phénix) avale sa salive, mais tente d'adoucir la chose en expliquant au rônin qu'ainsi il aura une meilleure incarnation dans son existence future. Ce dernier ne répond pas, mais empoigne résolument son wakizashi, et le plonge dans son ventre.
J'ai vraiment fait tirer les dés, en expliquant au joueur qu'il pouvait choisir ses dés, selon qu'il cherchait à en finir le plus vite possible, ou à faire les choses dans les règles, ce qui suppose de tenir le choc le temps nécessaire pour faire les deux entailles règlementaires. Il a choisi l'option honorable, et a donc pris seulement 10 points de dommage sur son coup de sabre.
Le seigneur ordonne au rônin d'arrêter, et se tourne vers l'omoidasu :
- Tu es à présent responsable de lui. S'il survit, il pourra nous accompagner.
Sur ces entrefaites, il tourne les talons, tandis que le rônin tombe dans les pommes et que le shugenja se précipite pour panser ses blessures, sans néanmoins utiliser de magie pour respecter les consignes.
Un peu plus tard sur la route, l'omoidasu, le regard sombre, vient s'entretenir avec le seigneur :
- Ce matin, vous m'avez ordonné de donner mon wakizashi. Je ne confie pas mon honneur à un rônin.
Par ailleurs, je suis ici pour vous servir de conseiller, et si vous ne me faites pas confiance, je préfère démissionner.
- Qu'est-ce qui est le plus important pour vous, votre honneur, ou la sécurité de l'Empire ?
- La sécurité de l'Empire.
- Bien. Vous aviez de fait engagé votre honneur, en supposant que
vous étiez à même de décider si oui ou non ce rônin était digne de nous accompagner.
Sinon, la démission est un mot qui n'existe pas ici.
Ce sera tout.`
...
Cette scène a vraiment été un choc pour les joueurs, parce qu'ils ne s'y attendaient pas. Le joueur concerné a fait un role-play magnifique (très digne, honorable et tout) et y a vraiment cru, et je pense que les autres aussi.
