Apparté avec question à deux zénis, pourquoi on associe plutôt le déterminisme à Laplace alors que Spinoza (par exemple et si mes souvenirs sont bons) avait beaucoup écrit sur cette notion déterministe avant (dans une controverse - indirecte - avec Descartes qui sera "synthétisé" par Kant - toujours de mémoire) ?
Ensuite quelques remarques :
C'est bien comme ça que je l'avais compris : on fait un procès pour la forme et ensuite, hôpital psychiatrique. Ce n'est pas une très bonne idée, mais j'ai du mal à voir ce qu'il y a d'extrêmement choquant.
Pour moi c'est "choquant" (à défaut d'un autre terme moins subjectif) parce que c'est un double dévoiement. Dévoiement du rôle de la justice dont la fonction n'est pas d'aider les victimes (et là je renvois à nombre de gens qui se sont exprimé sur le sujet et qui en parlent mieux que moi - je regarderais si j'ai des liens). Et dévoiement du rôle du politique qui n'est pas là pour instrumentaliser des faits divers aussi horribles soient ils pour assurer sa com' en proposant du cosmétique et en faisant passer une idiotie "dangereuse" (parce qu'introduisant une confusion sur le rôle de la justice) pour une mesure de bon sens et efficace...
Par ailleurs, c'est fréquent chez le chef de l'état de vouloir une justice qui soit aux ordres de la "volonté populaire" (incarnée en lui bien sûr). Il lui demande sans cesse de s'adapter à l'état d'esprit (supposé voire fantasmé) de la population face aux évenements. Elle doit être plus sévère ici parce que... Etc... Et ça c'est la troisième raison plus générale qui rend ce discours sur les malades mentaux choquante.
Attention : ce que je dis n'est pas que la justice est parfaite et n'a pas besoin d'ajustements voir de transformations. Ni qu'elle ne peut être critiquée. Mais il y a des lignes à ne pas franchir, des règles à respecter, et des chemins dont on sait qu'ils sont très glissants (notamment celui de vouloir une justice "pour les victimes"). Et le président les grilles toutes et de manière renouvellées ces lignes. La question des handicapés mentaux s'inscrivant dans ce schéma plus général.
Sur la phrase de Sarkozy, les propos exacts étaient :
Quand on veut expliquer l'inexplicable, c'est qu'on s'apprête à excuser l'inexcusable
Oui j'ai bondi. Mais pas par réflexe pavlovien de gauchiste mais, une fois de plus, parce que cette phrase est vraiment très bête...
Elle est bête parce qu'il s'agit d'un sophisme de beau calibre. Il n'y a aucun lien absolu entre chercher à comprendre et chercher à excuser. On parle ici de dire que chercher à comprendre des gens qui deviennent des "assassins" (pour reprendre encore les termes de Sarkozy) c'est aller sur la pente qui mène à les excuser.
Alors dans ce cas tous les gens qui ont travaillé sur les nazis et ont chercher à en comprendre le fonctionnement ont cherché à les excuser ?
Tous les gens qui ont travaillé sur l'esclavage ont cherché à l'excuser ?
Tous les gens qui ont essayer de comprendre les massacres staliniens ont cherché à l'excuser ?
On poursuit ou on conclu tout de suite que cette idée est tout simplement stupide ?
Ensuite elle est bête parce que justement elle conduit (grâce à un sophisme) à condamner toute tentative d'explication des phénomènes. Or si on n'explique pas on ne combat pas. Bref c'est mettre la tête dans le sac. Ca rejoint d'ailleurs la superbe sortie de miss Lagarde qui trouve qu'en France "on pense trop". Si elle lisait les études faites sur des comparaisons internationales des élites économiques elle se rendrait peut être compte que justement nos élites... ne pensent pas assez... Mais c'est un autre sujet.
Elle est bête car elle sous entend que l'idéologie dominante est encore dans la recherche d'excuse. Or si on, prend les formations politiques depuis l'extrême droite jusqu'au PS (depuis Jospin) il est évident que la dominante "déterminants sociaux" (pour revenir au curseur) s'est très largement déplacé vers l'idée que ceux ci sont peu importants au regard de la responsabilité personnelle (cf les discours de Jospin, Vaillant, Chevennement, Dray, Boutih etc...). Donc en admettant que seule l'xg marque encore la préférence majoritaire pour le déterminisme on a finalement 90% du spectre politique qui pense l'inverse. Peu importe ce qui fut. Aujourd'hui l'idéologie dominante n'est plus celle que "dénonce" notre zorro national (qui s'attaque à des trucs déjà réglés...). Bref c'est surtout un truc qui sous couvert de faire "rebelle contre l'inteligentsia etc..." sert de belles banalités acceptées par quasi la totalité des formations politiques et de la population... Mais tout le monde se dit encore "ouais il a raison, y'en a marre de ces gauchistes trouveurs d'excuses". Sauf qu'il n'y en a quasi plus et que la plupart ne cherchent même pas des excuses mais des solutions...
Bref, cette phrase est idiote, usant d'un raisonnement plus que bancal, et finalement d'une banalité affligeante. Donc oui ça me fait bondir.