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par Kõjiro » 23 juil. 2007, 09:49
Hier, on s'est enfin décidé à mater V for Vendetta.
Franchement j'ai trouvé ce film vraiment très bon. C'est, pour commencer, admirablement bien interprété avec en premier un Hugo Weaving en V tout simplement génial. Il arrive à rendre un personnage sans la moindre expression faciale extrêmement vivant et "sensitif" notamment par sa gestuelle et plus encore par sa voix et son talent d'acteur. A ce titre la première scène et son premier "monologue" (celui avec tous les mots en V) est carrément jouissif. Les autres acteurs ne sont pas en reste : Nathalie Portman nous fait croire à sa métamorphose (même si son rôle n'est pas le plus intéressant), John Hurt en despote qui perd progressivement sa superbe est excellent, le gars qui joue Prothero (la voix médiatique du Parti) éructe avec une vraie conviction, Stephen Fry en homo cultivé "léger" qui s'offre un baroud d'honneur est vraiment touchant de sensibilité et le flic (Stephen Rea) nous renvoie parfaitement à notre propre image et à nos propres doutes.
Je n'ai pas lu la BD donc je ne peux pas juger de l'adaptation. J'ai cru comprendre que le scénario avait été remis au goût du jour notamment en intégrant la "psychologie" post 9/11... Pour moi il est vraiment très bien foutu. D'abord parce qu'il est finalement assez crédible dans sa "démesure", le coté super héro du personnage principal n'est qu'accessoire finalement et s'insère dans une histoire qui ressemble fortement à ce que nos démocraties occidentales ont déjà produit et pourraient bien produire à nouveau. Certes ce n'est pas exempt de clichés mais quand on voit ce que nous sommes capables d'avaler sans broncher on se dit que finalement plus c'est gros... Et puis à la limite le propos principal n'est pas là, il ne s'agit pas du tout (en tout cas dans le film) de montrer un process crédible d'arrivée au pouvoir mais plutôt de montrer que finalement quelque soit le process c'est la passivité volontaire des gens qui permet de le mettre en place et que, de même, c'est uniquement leur "réveil" qui peut y mettre fin. Comme il est dit à un moment "les peuples ne devraient pas avoir peur de leur gouvernants, ce sont les gouvernants qui devraient avoir peur de leurs peuples...".
A coté de ça, sur la structure narrative elle même, le film est très bien construit, ouvrant de multiple portes, découvrant progressivement l'univers et ses personnages sans temps mort, mais sans précipitation pour refermer tout avant la fin. On se laisse porter, on n'est jamais perdu.
Contrairement à ce que me laissait supposer la ba à l'époque, ce n'est pas du tout un film d'"action". Il n'y a finalement que peu de scènes d'actions proprement dites.
A l'inverse il y a un vrai travail sur les dialogues qui rend ce film extrêmement agréable à écouter. Alors certains pourront trouver qu'ils en font trop et que c'est un peu verbeux. Moi j'adore, ce choix d'un langage assez soutenu sur un débit pourtant rapide et avec le talent d'un Weaving ça me porte. Et j'aime la précision du texte.
Par ailleurs c'est très beau avec des plans superbes une ambiance très recherchée, un choix de couleurs agréable et pertinent dans la plupart des cas. Les scènes d'actions sont en plus tout à fait lisibles et joliment chorégraphiées.
Dernier point, la VF est aussi excellente. J'ai regardé les deux versions en fait... Et honnêtement l'acteur qui double Weaving est vraiment très très bon. De même que ceux qui doublent les autres personnages dont les textes sont importants. Il n'y a peut être que le chancelier dont la voix française est moins suave (accent typique british) au début et donc où la transition progressive vers l'énervement est moins sensible. Mais pour les réfractaires à la VO ils peuvent se tourner ver la VF sans rien perdre à mon avis.
Enfin, quelques questions sur la BD :
- les textes sont ils aussi bien écrits et denses dans la BD ou bien est ce une pure création pour la version film ?
- en apprend-t-on plus dans la BD sur cette zone de quarantaine ? (le coté il existe des zones "interdites" n'étant vraiment effleuré dans le film)
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Kõjiro le 23 juil. 2007, 09:53, modifié 1 fois.

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Les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée. Trop de citoyens veulent la civilisation au rabais" - Henry Morgenthau, remettant son rapport sur l'utilisation abusive des paradis fiscaux par les contribuables au président Roosevelt en 1937.