Aide de jeu - Du pavoisement des lieux d'étape

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Doji Satori
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Aide de jeu - Du pavoisement des lieux d'étape

Message par Doji Satori » 18 févr. 2006, 01:16

Une aide de jeu dont l'inspiration vient de cette estampe :
vue Seki (48 ) des 53 vues des stations du Tokaido de Ando Hiroshige.

Image

Au printemps, Rokugan bourdonne d'activité.

C'est l'occasion pour ces seigneurs de visiter ses voisins, sa parentèle ou tout bonnement profiter des facilités de la ville après avoir été reclu tout l'hiver sur ses terres ou alors c'est l'heure de retourner chez soi après avoir assisté à une cour d'hiver en des lieux lointains.

En grand ou en petit équipage selon leur puissance et leur ostentation, les seigneurs se retrouvent sur les routes embourbées et encombrées de l'empire de toute cette agitation subite.

Trouver un logis pour le soir n'est pas chose aisée, toutes les structures suceptibles d'accorder un abris, auberges, temples voires simples maisons de thé transformées pour l'occasion en hostellerie jusqu'à la moindre gargote se retrouvent bondées et prises d'assaut.

Pour couper court aux attentes peu dignes à la porte des auberges, aux situations embarassantes de comparaison de statut - voire même conflictuelles - pour recevoir l'hospitalité d'un simple aubergiste, il s'est développé la coutume d'envoyer dans l'après midi un samuraï réserver l'occupation de tout ou partie d'un lieu d'étape en pavoisant ses murs aux couleurs de son seigneur.

C'est généralement à un ou deux des plus jeunes samuraï que l'on confie cette tâche peu glorieuse.
Peu glorieuse mais pas sans importance. Pour beaucoup de seigneurs, il s'agit là de tester les capacités de leurs derniers vassaux et de découvrir leur personnalité.
En effet, tous ces jeunes samuraï rivalisent d'audace, d'habilité, d'intelligence pour trouver le meilleur logis selon les moyens de leur seigneur. Il s'agit d'une réelle compétition, entre jeunes samuraï du seigneur et entre samuraï de familles différentes même si elle se veut plus ludique que conflictuelle.

Le petit peuple observe avec intérêt ces joutes qui constitue une véritable attraction. Les plus pauvres en retirent même un profit en guidant aux intersections, en servant de messagers, d'espion ou en étant soldé pour divulguer de fausses informations ...

De la course à cheval pour être parmi les premiers à arriver à un lieu d'étape et avoir le meilleur choix, aux alliances pour partager un même lieu, aux discussions de préséance en cas de revendication multiple, aux compromis, aux d'échanges d'information, au charme, à l'intimidation, au bon goût dans le choix de la demeure, à la mesure dans la contrainte du coût ... les capacités du samuraï sont largement sollicités et certains seigneurs se font même un malin plaisir à compliquer la tâche en demandant à goûter certaines spécialités locales ou à bénéficier de telle vue magnifique sur la baie ...

Si le duel, le recours à la violence n'est pas prohibé, il est en général (mais cela peut justement être un moyen d'intimidation pratiqué dans certaines familles) mal vu avec des armes réelles car c'est perdre de vue la mission confiée par son seigneur, trouver un logis pour le soir. Et si le samuraï est tué, le seigneur n'aura pas de lieu où coucher ...

Aussi, se battre pour la possession d'une auberge tenu par un heimin est fréquemment perçu comme quelque chose de ridicule pour les samuraï les plus pragmatiques.

Le pavoisement obéit à des coutumes strictes, polies au fil du temps même si elles n'ont en soi aucune valeur légale.
Toucher un pavois / une bannière d'un autre seigneur sans autorisation, c'est insulter la bannière, c'est insulter le seigneur.
Dès lors que les bannières sont aposées, les retirer ou les faire retirer pour déployer les siennes est un acte déshonnorable et est suceptible de demande de réparation les plus extrèmes.

On a vu ainsi des groupes de samuraï arrassés par une journée de marche sous la pluie s' entretuer devant des auberges - non pas pour pouvoir y loger - mais parce qu'un malotru avait osé mettre ses sales pattes sur le mon de son seigneur. Appréciez la nuance.
Il ne faut donc pas s'étonner que dans beaucoup d'endroit, l'interdiction de toucher à un pavois déployé soit incorporée dans le droit local pour couper court à tout débordement.

La taille de chaque pavois est plus ou moins grande selon le statut social du seigneur. Le nombre de pavois par rapport à la surface de l'établissement permet de se faire une idée générale de l'occupation.
Un pavois au dessus de l'entrée signifie que l'établissement est complet. C'est celui du réservant au statut le plus élevé qui est apposé afin que chaque samuraï puisse connaître la situation précise de l'établissement sans avoir la nécessité d'y rentrer.

Un seigneur d'un statut social plus élevé serait théoriquement en droit de faire partir un seigneur d'un statut social inférieur pour prendre sa place. Les samuraï d'ailleurs ne se privent pas d'user de ce droit envers les classes sociales inférieures, parfois manu militari.
Mais il faut une nette différence de statut pour que cela soit possible entre samuraï et la plupart des seigneurs préfèrent ne recourir à ces méthodes que dans les pénuries les plus extrêmes de logement toujours par crainte du ridicule mais aussi par peur d'être en définitive l'arroseur arrosé par un plus puissant que soit.
Quand bien même, se faire des ennemis pour un prétexte aussi futile est rarement vu comme une bonne chose et le départ est plus suggéré par un assaut de politesse (quel dommage, je n'ai pas de logis pour ce soir et la nuit tombe, vraiment je ne sais que faire ...) appuyé avec force cadeau.
Les moins délicats, les plus fiers (et les moins riches !) y préfèreront le bivouac sous la tente.

De toute façon, les plus grands logements ne peuvent loger la nombreuse suite des seigneurs les plus puissants et - sauf temple d'importance - une partie d'entre elles devra loger à la belle étoile où dans les écuries car il est hors de question qu'elle s'éloigne du seigneur.

Si le jeune samuraï est particulièrement attentif à trouver des lieux spacieux, il s'attirera la sympathie des petites gens de la suite. Si il est particulièrement attentif à trouver des lieux luxueux (et exigus), il s'attirera la sympathie des puissants qui en profitent ...

Être le "pavoiseur" (d'un jour ou d'un voyage) de son seigneur n'est pas une activité de tout repos, ni sans risque : de mourir, de tomber en disgrace, de se faire des ennemis, de faillir à la mission ...
Mais c'est une opportunité unique de prouver sa valeur à son seigneur, ses capacités à le servir à travers de multiples difficultés et indirectement de lui montrer quels moyens il utilise et à quel résultat il arrive, sa personnalité.

C'est aussi, l'occasion de discuter avec des jeunes samuraï d'autres familles une fois le gite trouvé et de nouer des contacts, des amitiés, de s'ouvrir au vaste monde.


Expressions rokugani issues de cette coutume.
Mourir (s'ouvrir le ventre) pour l'honneur d'une auberge : se dit d'une mort particulièrement inutile et stupide, où le samuraï a confondu l'honneur de son service et son propre honneur.

Inviter son seigneur à l'auberge : se dit sur le ton de la plaisanterie d'un samuraï qui engage des dépenses largement au dessus des moyens de son seigneur ce qui le mettra dans l'embarras au moment de régler la note.
Par extension, se dit d'un vassal qui acquiert un statut social élevé, proche de celui de son seigneur et qui lui fait ombrage.
En cherchant la voie, vous trouverez le vide. Dans le vide est la force sans le mal.

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Message par Pénombre » 18 févr. 2006, 09:47

pas mal :)

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Message par Regisseur » 18 févr. 2006, 13:39

J'adore :p

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Message par Kakita Inigin » 20 févr. 2006, 09:04

Encore un bon moyen de s'ouvrir le ventre ... mais l'AdJ est bien fichue.
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Doji Satori
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Message par Doji Satori » 22 févr. 2006, 12:38

Merci. :jap:

Sinon, Inigin c'est à mettre à sa sauce.
"Il s'agit d'une réelle compétition, entre jeunes samuraï du seigneur et entre samuraï de familles différentes même si elle se veut plus ludique que conflictuelle."
A voir si tu accentue l'aspect ludique ou conflictuel. Pour moi c'est plus ludique d'où la réticence à se faire des duels "pour de vrai" et l'expression "mourir pour l'honneur d'une auberge" pour une mort dite "inutile" pour les plus pragmatiques.

Sinon, il y a d'autres trucs en + qui seront spoiler. Prochainement ... :zzz:
En cherchant la voie, vous trouverez le vide. Dans le vide est la force sans le mal.

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Doji Satori
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Message par Doji Satori » 24 févr. 2006, 22:36

TOUT CE QUI SUIT EST SPOILER.
Rappel : lire les spoilers nuit gravement à votre plaisir de jouer. :)





Les tout jeunes samuraï écoutent attentivement les dernières consignes du Karo, piaffant d'impatience à l'identique de leurs chevaux.
" ... la première étape de notre voyage devrait se faire à l'auberge de Bisutage dans le district de Minoyama . Notre vénéré daimyô aime goûter son accueil particulièrement soigné.
N'étant pas sur la route principale, il ne devrait pas y avoir trop de monde mais ne tardez pas trop en route même si le soleil est au plus haut ... Si par un hasard improbable voulu par le kami Ebisu, l'endroit était complet, retenez un lieu de confort équivalent.
Et je vous le rappelle, ne cherchez pas querelle avec les samuraï de la famille Hondo qui voyagent aussi dans la région. Votre mission est ailleurs, notre seigneur compte sur vous, Allez ! :) "
Les samuraï enfourchent leur monture et après un salut s'élancent sur la route dans un nuage de poussière à la recherche d'une auberge qui n'existe pas.
Un à un, serviteurs et samuraï, suspendent leur tâche, échangent un regard et éclatent de rire. C'est Bisutage.

Bisutage (phonétiquement bissoutagué) à Rokugan est une institution, un vaste canular tenant tout à la fois de la chasse au dahut et du jour des fous.
Les samuraï tout frais émoulus sont envoyés - seuls ou en groupe - à la recherche de Bisutage qui peut être un lieu (l'auberge, un château, une route ...), une personne (un général, une princesse ...) ou un objet d'une nature inconnue pour y accomplir une mission quelconque (pavoiser, délivrer un message, escorter ...) de la plus haute importance pour le seigneur, le tout en respectant un délai strict.

Après une période d'euphorie due à leur toute nouvelle indépendance, les jeunes samuraï appelés pour l'occasion " Bisu " (phonétiquement Biss') traversent une période d'incompréhension, puis d'inquiétude et de doute à mesure que le temps passe et que leurs efforts se révèlent infructueux pour se terminer fréquemment en panique quand l'échéance arrive.
Car tout le monde est complice et se fait un malin plaisir à rentrer dans le jeu à la simple évocation de Bisutage en questionnant habilement les Bisu sur les informations qu'ils détiennent déjà afin de ne pas se couper tout en restant très vague sur ses propres informations distillées.
Le commandant du château auprès de qui on les introduira en grande pompe les informera que malheureusement ils ont manqué le général Bisutage de quelques heures.
Le paysan à qui on demandera la route de l'auberge de Bisutage répondra en se grattant la tête : " mmmhh cela me dit quelque chose seigneur, vers où qu'on vous a dit que c'était ? Le district de Minoyama, c'est cela ! De l'autre coté de la colline. "
" Le Bisutage de notre seigneur ? Dans la pièce d'à côté. Ah non il n'y est plus. Ca doit être Kusaï qui l'a pris. "
Les gens du commun ne se privent pas d'une occasion aussi belle de se moquer impunément de samuraï.

Chercher l'auberge de Bisutage est une quête traditionnelle des premiers jours du printemps. D'une part, on préfère faire Bisutage loin du lieu de résidence des jeunes samuraï où se trouve trop de personnes compatissantes à leur malheur (parents, nourrice, serviteurs zélés, amis proches) risquant de dévoiler le pot aux roses et plus grave encore d'éventer le secret pour les plus jeunes enfants témoins de la scène.
D'autre part, avec tant de Bisu sur les routes il serait risqué d'avoir un groupe demandant l'auberge et l'autre cherchant le château de Bisutage. Des différences de localisation générale sont par contre explicables (incompréhension, erreur dans la passation de consignes) et un facteur aggravant du désarroi.

La coutume est sujette à des variations locales ou familiales.
Elle se déroule généralement sur une demi journée, rarement plus d'une journée. Dans certains clans ou dans certaines familles où elle revêt une grande importance, il est possible qu'elle s'étale jusque sur une semaine pour certains individus de choix mais cela demande une organisation et des moyens conséquents. Le but étant alors que les Bisu découvrent par eux même la supercherie.
Quelquefois, les Bisu sont habillés de manière distinctive ou sont mis sous le patronage du kami Ebisu.

Les Bisu sont rarement laissés seuls afin de se prémunir des accidents. On confie généralement leur surveillance discrète à des samuraï de confiance (parents éloignés, amis ...) portant un ordre de mission leur donnant autorité sur les Bisu et chargés d'intervenir au moindre dérapage.
Des accidents sont toujours possibles et sont mis sur le compte de la fatalité. Nul n'est inquiété des actes commis pendant cet événement spécial ; il existe de facto une amnistie totale.
Bisutage prend généralement fin avec l'arrivée seule ou escortée des bisu penauds jusqu'à une auberge quelconque où, bien sûr, attendent le seigneur bien installé avec sa suite.

Là, après avoir éventuellement " marinés " un temps dans une antichambre sous bonne surveillance, il sont admis en audience auprès du seigneur. A leur surprise, y retrouvent l'ensemble des samuraï du voyage hilares et cordiaux ou graves et solennels selon les mœurs et usages de la famille. La présence du karo (ou de la personne ayant confié la mission), du seigneur, des parents ou du sensei qui a formé ces jeunes gens varie elle aussi en fonction des clans selon la solennité, le moralisme, l'ésotérique, que l'on veut donner à ce moment.

Substantiellement, on leur tient le propos suivant.
Le monde de l'enfance est bienveillant et protecteur, peuplé de certitudes rassurantes données par des personnes de confiance, parents, professeurs.
Ils sont désormais rentré dans le monde de l'adulte qui est danger et incertitude.
Cette mauvaise plaisanterie est la première expérience qu'il font de ce monde. Si à cette heure, elle leur paraît cruelle et méchante, il faut qu'ils oublient les tourments de cette aventure qui ne pouvait que tourner à leur désavantage pour n'en retenir que l'enseignement.
A eux de le méditer.
Il s'agit bien d'une leçon qu'il vienne de recevoir, la dernière de leurs professeurs et la première de la vie.

On leur demande de boire à leur jeunesse et leur naïveté révolue. Le saké lavera le souvenir des évènements de ce jour dans la mémoire de tous. L'on porte un toast. Bisutage est clos.

Les évènements de ce jour ne présentent aucune matière à histoire ou au souvenir pour les Rokugani, ne se prêtent aucunement à des sentiments de honte ou de culpabilité et n'ouvre donc pas à la moquerie ou au chantage ...
En terme de jeu, les pertes d'honneur éventuelles sont effacées.
Le maintien du secret de Bisutage réside dans ce tabou qui l'entoure. On n'évoque jamais les Bisutage passés. En parler porte malheur, " souille " la personne qui l'évoque.

Concernant le mot en lui même ; phonétiquement, c'est bissoutagué " ssou " et non pas " zou " pour éviter les jeux de mots divers à base de bisous de la part des petits plaisantins (il y a déjà suffisamment d'occasions de sortir du jeu, autant éviter que le MJ tende la perche :)).
Les joueurs ont peu de chance de rapprocher bissoutagué et bizutage sauf si ils l'écrivent (et cela s'écrit comme cela se prononce ...). Cela leur laisse une chance de découvrir le canular, c'est sport. Si ça vous chagrine, vous pouvez changer le nom.
Si vous êtes comme moi, du genre à hésiter de temps en temps sur les noms des PNJ et des lieux secondaires, n'oubliez pas de le faire aussi pour Bisutage afin de ne pas mettre la puce à l'oreille des joueurs en ayant curieusement à la mémoire quelque chose qui devrait être secondaire ...

Si vous avez des remarques ou des questions, merci de les mettre avec spoiler ! :)
En cherchant la voie, vous trouverez le vide. Dans le vide est la force sans le mal.

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Kitsuki Katsume
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Message par Kitsuki Katsume » 24 févr. 2006, 23:16

:lol: :lol: Excellent, tout autant d'ailleurs que la première partie.
Curiosité
Lourd prix de la Vérité
Ton honneur perdu

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