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par matsu aiko » 20 mai 2009, 17:02
Bonjourà tous,
je bosse sur un projet pour le compte de l'agence spatiale européenne, qui veut construire un lieu qui soit à la fois un lieu de communication sur l'espace, un restaurant et une boutique. La promesse est l'expérience de l'espace.
Je souhaiterais vous solliciter pour avoir votre avis sur le scénario à mettre en place. En effet, je bloque à un point donné de la visite virtuelle du lieu, décrite ci-dessous. Merci de votre aide !
Vous marchez dans une rue assez passante, il y a une enseigne, plutôt discrète. En passant à côté de la façade, vous voyez par les vitres des gens en train de lire tout en dégustant un café, ou une boisson. C’est un bel endroit, lumineux, d’allure conviviale et chaleureuse, qui ressemble à un étrange croisement entre une bibliothèque et un café.
L’endroit semble familier, même si on y vient pour la première fois. Le style d’ameublement est élégant et intemporel, plutôt classique ou contemporain. Les matériaux sont du bois, du verre, du métal, les teintes chaudes. Les murs sont blancs, ou crème, ornés de tableaux et de cadres. Les fauteuils sont confortables, ils ont cette allure patinée des sièges de bonne qualité qui ont vu passer quelques années. L’ambiance est celle d’un club, intimiste et conviviale. Quelques liseuses sont équipées d’écrans escamotables, à la façon des sièges d’avion, ou il y a quelques tables équipées d’écrans, comme un lounge d’aéroport, mais c’est la seule touche de technologie évidente. La technologie, si elle est présente, est discrète.
Vous rentrez, quelqu’un vient vous accueillir, vous demande si vous voulez déjeuner, ou prendre une boisson. La première chose que vous voyez en entrant, c’est le bar, qui occupe une bonne partie de l’espace visible. A droite, un peu plus loin, derrière les œuvres d’art suspendues à des filins d’acier, on voit de grandes tables d’hôtes où sont attablés des convives. Il y a de bonnes odeurs provenant de la cuisine, qui vous rappellent un resto de quartier où vous alliez il y a quelques années, ou les repas de famille chez vos cousins – de la bonne cuisine classique. A gauche, il y a une petite boutique, qui propose des cartes postales, des livres, des tee-shirts, et quelques articles divers. Il y a un guichet à l’extrémité du bar, ressemblant à un guichet comme il y a dans les bars tabac, de ceux qui vendent des timbres et des tickets de loto.
Tout ceci est éminemment familier et convivial , mais certains détails révèlent que ce lieu est plus qu’il n’y parait.
Tout d’abord, la totalité des ouvrages disponibles à la consultation a trait à l’espace, qu’il s’agisse de documentation scientifique, de romans ou de BD. Ensuite, les cadres affichés sur les murs, un peu à la Hard Rock Café, contiennent des objets ou des photos relatifs à la conquête de l’espace : le lancement d’Ariane, des photos de Hubble, des photos et des gants d’astronautes, des réalisations de l’ESA, d’Arianespace, d’EADS…L’écran mural sur le mur de droite, à côté des tables d’hôtes, ne retransmet pas le match France Angleterre mais le lancement de Columbus, et les spectateurs n’échangent pas des commentaires sur les scores mais sur les retombées scientifiques des travaux de l’ISS. Les œuvres d’art exposées montrent des surfaces de planète inconnues sous des ciels étrangers, des galaxies, des nébuleuses. Le guichet au bout du bar ne vend pas de tickets de lotos, mais des vols paraboliques et des tickets d’entrée pour un simulateur de vol, à côté des patches de mission. Les tables d’hôtes exposent des objets usuels, mais qui tous sont issus de la technologie du spatial. Les serveurs portent des tee-shirts noirs avec des citations d’astronautes, les logos des partenaires de l’espace et sont passionnés par la conquête spatiale, qu’ils commentent avec enthousiasme.
Mais surtout, à gauche, il y a ce passage, cette porte, cette ouverture, qui tranche avec le reste de cet environnement très terrestre et familier, et clame avec force, par son éclairage, ses inscriptions, sa mise en scène, que quelque chose se passe ici, que c’est un lieu de passage sur « l’ailleurs ». C’est peut-être une porte qui ressemble à l’entrée d’un sas de décompression, avec l’inscription « Réservé au personnel navigant »ou « Scaphandre obligatoire ». C’est peut-être une porte banale, avec un panneau lumineux de type « Issue de secours », sauf que le panneau porte comme inscription, en rouge sur fond blanc, « Space Exit » ou « HyperSpace Tube». C’est peut-être un tunnel obscur, avec juste de minuscules lumières au sol, comme l’entrée du musée au Futuroscope. Mais le passage est là, surprenant, intrigant, un peu angoissant, suscitant la curiosité du visiteur. C’est une intrusion de l’inconnu dans le banal.
Des gens y rentrent pourtant, et le barman souriant vous invite à découvrir par vous-même ce qui s’y passe. La curiosité est la plus forte, vous passez le seuil et rentrez dans le passage sombre. Alors que les yeux s’accoutument progressivement à l’obscurité, vous entendez des bribes de conversation, en anglais, en russe, en japonais : les opérateurs de la base de lancement qui préparent le décollage, tout en parlant de leurs vacances ou en échangeant des plaisanteries. Ils ont l’habitude. Sur les murs vous distinguez des portions d’équipement énigmatiques. Il y a des bruits aussi, des grincements métalliques, une vibration type infrason. Puis le passage tourne sur la droite et descend abruptement ; un silence absolu s’établit ; les lumières, jusqu’à présent régulièrement espacées, ne s’allument que là où on avance, ou il y a des fulgurances lumineuses le long des murs selon les mouvements des visiteurs. Le sol change de consistance, il devient mou, on s’enfonce sans rebondir ; l’impression est très étrange, c’est comme si on marchait sur la lune. Le couloir aboutit à une porte fermée à double battant, tout est noir. On se demande comment on va sortir, quand la porte s’ouvre d’un coup à votre approche. Et là, on se retrouve dans l’espace. Tout autour, dessus, dessous, le noir, les étoiles. Devant, la Terre. Impressionnante, magnifique. Comme vous ne l’avez jamais vue. En dessous, installé dans un satellite arrondi, un barman prépare des cocktails luminescents, de toutes les couleurs. Tout autour, flottant dans l’espace, des gens sont assis de part et d’autres de petites tables tout en dégustant tranquillement leurs boissons. Sur le côté, un serveur traverse le ciel en marchant, un plateau luminescent à la main. Des objets inconnus flottent dans l’air.
Vous vous dirigez vers le bar, vous hésitez alors que le barman prépare avec maestria un cocktail qui a tous les attributs d’un volcan miniature, d’un rouge de lave, fumant ; il le pose sur une plaque, le cocktail s’illumine par en dessous, il est prêt à être dégusté.
Le barman vous demande de choisir ce que vous souhaitez sur l’écran ; vous pointez l’image d’un cocktail appétissant, et vous bavardez tranquillement avec votre voisin le temps que votre boisson se prépare. Puis vous récupérez votre cocktail, et vous vous dirigez vers une des petites tables. En arrivant, vous constatez que l’impression de flotter est une pure illusion d’optique, due aux différences de niveaux et à la façon dont sont peints tables et chaises hautes, blanc en haut, noir en bas. Quand aux fauteuils sofa, ils ont une assise en miroir inclinée à 45 °C qui reflète les leds du sol. De la même façon, le serveur marche sur un chemin de ronde qui court le long du mur avec un parapet transparent, mais le décrochage est invisible à moins d’avoir le nez dessus. Toujours est-il que l’endroit est plaisant. La vue de la Terre tournant lentement est splendide, une musique incitant à la contemplation passe en sourdine (« la musique des sphères »). On voit passer la lune, divers objets spatiaux, certains connus (satellites, ISS…), d’autres inconnus (projets ESA – EADS..).
Quand soudain...
Et là, je ne sais pas ce qui se passe...