Commentaires sur les "Sept Poèmes" de Suzume Madaishi par Togashi Dôgen-noshin,
Prologue :
Ce court ADJ a pour but d'aider aux Meneurs de Jeu et aux joueurs à comprendre les sept poèmes de Suzume Madaishi.
L'oeil avisé d'un sage doé d'une perception objective claire (ou tout simplement scrupuleux et méthodique ^^) remarquera qu'il n'y a que six poèmes. En effet, c'est au joueur souhaitant atteindre l'Illumination d'écrire le dernier poème. Pour ce faire, il doit trouver un moyen de condenser ses propres connaissances en matière de spiritualité, dans la vie réelle, et trouver les artéfacts dont son personnage a besoin en ce qui concerne le jeu lui-même.
Cependant, vous aurez peut être, sans le contexte, le bagage, culturel et philosophique nécéssaire, dut mal à comprendre toutes mes expliquations. Soit. Mais comme le disait Mirumoto : "Votre avis importe davantage que le nôtre."
Sur ce, bonne lecture.
Suzume Madaishi dit :
"Aller, aller, aller ensemble
Au-delà du par-delà
Sur la Rive de l'Illumination"
Ici, Madaishi fait simplement allusion aux idéaux de compassion du Bouddhisme/Shinseisme, mais aussi à la voie du Boddhisatva ou Bosatsu en japonais. Autrement dit, vous atteignez l'Illumination pour aidez les autres, par compassion envers les autres, pour soulager leur karma et les aidez. Les vers sont repris du "Maka Hannya Haramitta Shingyo", le sûtra de l'essence de la Grande Sagesse qui permet d'aller par-delà
En outre, il évoque le fait que sa poésie, tout comme le Cha no Yu, la Cérémonie du Thé, sert à partager sa sagesse avec les autres. Il incite donc le lecteur a faire de même.
Un jour, six moines se rencontrèrent, et décidèrent de comparer la manière dont ils avaient recherché l'illumination lors de l'année précédente.
Le premier, un moine Hoshi, dit : "Par la méditation, j'ai réussi à abattre ma peur, et j'en suis plus fort maintenant."
Le deuxième, un moine Aokekesu, dit : "J'ai enseigné le Shintao à des enfants, pour qu'ils puissent un jour trouver leur voie, et dans leurs yeux, j'ai trouvé la mienne."
Le troisième, un moine Washi, ne dit rien, mais son regard montrait qu'il n'était pas impressionné et que, quoi qu'il ait fait, cela l'avait contenté.
Le quatrième, un moine Suzume, dit : "J'ai nourri plusieurs monastères grâce à mes activités, dont les vôtres, et vous avez trouvé votre voie grâce à moi."
Le cinquième, un moine Karasu, dit : "Vous n'avez pas à savoir ce que j'ai fait, mais soyez assurés que j'ai agi pour le bien de tous."
Le sixième était Shinsei, et il dit : "J'ai écouté cinq moines parler."
-Extrait de "Cent paraboles pour comprendre le Tao", par Aokekesu Go
Dans cette parabole de Go-zenji dans R2K, on retrouve bien ce que Madaishi le Poète errant essaie de signifier ici, la philosophie du clan du moineau : "Vous avez trouvé votre voie grâce à moi." mais aussi : "J'ai enseigné le Shintao à des enfants, pour qu'ils puissent un jour trouver leur voie, et dans leurs yeux, j'ai trouvé la mienne."
Tel est la Voie du Bosatsu : aider à délivrer d'autres êtres de la chaine des réincrnations infinies.
Suzume Madaishi dit :
"J'ai soif de ce que je n'ai pas
J'ai peur pour ce que j'ai
Je regrette ce qui est perdu"
La première ligne parle du désir, la seconde traite de la Peur et la troisième parle du Regret. Ici, Suzume Madaishi parle des trois pêchés de la théologie Rokugani.
Son but est d'avertir l'apprenti sage sur ces trois "pêchés". Le concept de pêché n'existe pas vraiment dans le Bouddhisme, du moins pas de cette manière qui est un peu une christiannisation du terme. Mais le sens n'en est pas moins limpide.
A la manière de Sénneque, Madaishi plaide l'invulnérabilité du Sage, de l'esprit Eveillé, face à la Providence. Tous les biens du Sage sont en lui et la Providence ne peut accorder que des biens et des honneurs matériels, qui viennent de l'extérieur, qu'elle peut retirer aux hommes comme elle le désire, selon ses caprices les plus insignifiants. Mais le Sage n'y attache que peu d'importance, aussi il peut lui rendre sa vie (ou une partie de sa vie, comme son argent par exemple) ou celle de n'importe qui d'autre parmi ses proches sans se plaindre d'aucune manière, puisque ces biens là sont peu importants.
En d'autres termes, Madaishi encourage a prendre du recul, du détachement, par rapport aux autres et au monde.
Se reporter aux Lettres à Sérénus, notamment "De la Providence" et "De la tranquilité de l'Âme" pour plus de compréhension.
Suzume Madaishi dit :
"Celui qui interroge se trompe
Celui qui répond se trompe
La grande sagesse est comme la stupidité
La grande éloquence, c'est le bégaiement"
Madaishi parle de la perception, des perspectives. Selon le point de vue dont vous observez quelque chose, elle peut être sublime, médiocre, dénuée d'intérêt, horrifiante ou abhérante, elle varie selon les individus, elle est presque due au hasard, au final. Pour trouver une opinion correcte, il convient donc de se tourner vers la sagesse et la véritable raison, pas la raison que les "adultes" pensent avoir quand ils disent qu'ils sont "matures", mais la vraie raison.
Après tout, un adulte peut s'emporter ou agir sottement comme un enfant, quelque soit son âge (nous prendrons par exemple un malade cloué au lit qui fait des caprices envers ceux qui le soignent, réclamant tantôt ceci tantôt cela, sans leur laisser de répit et abusant allègrement de leur gentillesse). Aussi, la raison n'appartient qu'au Sage, comme le dit Sénneque ou, à la Bouddhiste, une âme éveillée, ayant atteint l'Illumination.
Donc, pour le Sage, l'enfant et l'adulte sont égaux dans leur sottise, dans leur ignorance. La recherche de la sagesse est donc d'un absolue évident ! Un koan dit aussi : "le sage s'interroge lui-même, le sot interroge les autres."
Cela rejoint aussi le propos précédent, pour atteindre la sagesse il faut se détacher des illusions du monde. Pour y parvenir, il faut retirer ce que Taisen Deshimaru appelle "des verres de couleurs", qui altèrent la vue et les sens, la perception que l'on a du monde. Ces verres peuvent s’appeler "religion", "goûts culinaires" ou même "bouddhisme zen". Plutôt que de demander les réponses (notamment philosophique) que vous cherchez à quelqu'un d'autre, essayez plutôt d'y répondre vous-même. Bien sur, il n'y a pas de honte à demander quand on ne sait pas. Mais pour se nourrir, il vaut mieux apprendre à pêcher que de demander à quelqu'un de toujours pêcher à vôtre place.
Suzume Madaishi dit :
"La lumière illuminée n'a pas d'envers
Yama sano Kaminari n'est qu'une montagne
Mizu-Umi no Sakura Yuki n'est que de l'eau
Le vrai Eveil, c'est l'état normal"
Ici, il est fait référence à la Voie tel que le décrivent les maîtres zen authentiques. Pang le laïc dit :
"La Voie est la Voie normale.
Mes exploits héroïques,
Mes pouvoirs spirituels fabuleux,
Se résument à puiser de l'eau et à couper du bois."
Pang le Laïc (laïc dans le sens d'une personne ne faisant pas partie du clergé) était le disciple d'un grand maître du chan (la version chinoise du zen). Takuan-zenji dit : il n'y a pas de honte à avouer qu'on ne sait pas ce qu'est la Voie, la Voie est la Voie normale." Autrement dit, la Voie consiste à garder en toutes occasions une attitude normale, sereine : une perception objective claire.
Un jour, les disciples samouraïs d'un maître zen vinrent le voir et lui dirent qu'il les surpassaient certes sur le plan spirituel, mais dans le plan de l'application pratique, c'étaient eux qui l'emportaient. Le maître rit et les défia, leur intmant de dégainner leurs katanas et de l'attaquer. Ils obéirent et le maître para leurs assauts avec son simple évantail, sans aucune difficulté. Aussitôt, ils se rendirent, s'excusèrent et lui demandèrent de leur enseigner son secret. Le maître zen (zenji en japonais) leur répondit qu'il n'avait aucun secret, simplement une perception objective claire.
Un pouvoir spirituel n'est autre que l'exercice d'une grande maîtrise sur l'ensemble corps-esprit.
Suzume Madaishi dit :
"La Vraie Voie n'est pas difficile
Mais nous ne devons pas ne pas aimer ou choisir"
Ici, le sens est aisé à interpréter. Il veut juste dire que tous suivent la Voie de l'Illumination. Ca fait partie de l'existence, pour un être doté d'intelligence, de pensée, il est naturel, tout comme le fait de se nourrir ou de respirer, que de rechercher la sagesse.
Ailleurs on lit aussi : "la vraie Voie est Généreuse, aussi n'est elle ni facile, ni difficile." Il me semble que c'est de Taisen Deshimaru, le moine Bouddhiste qui a permis au Zen de prospérer en France. Taisen Deshimaru a écrit des livres, comme "le Bol et le Bâton", qui traite du Zen et des Arts Martiaux. En tant que joueur, il pourrait être intéréssant de lire cet ouvrage, mais aussi le Shodoka, Chant de l'immédiat Satori, de maître Yokka Daishi, commenté par maître Taisen Deshimaru. Shodoka est une des 4 grands classiques du Zen.
Suzume Madaishi dit :
"L'homme regarde le miroir
Le miroir regarde l'homme
L'homme regarde la fleur
La fleur sourit"
Madaishi évoque le grand cycle des souffrances et du karma. Togashi Yokuni dit : "Toute chose naît. Toute chose vie. Toute chose meurt. Toute chose renaît."
Madaishi évoque aussi le fait que la vie est un dialogue avec la nature et plus généralement avec l'univers (avec qui l'esprit éveillé, le Bouddha ou Bodhisatva ou pour parler Rokugani le noshin, ne fait qu'un) que représente les images du miroir (symbole de la pureté de l'âme dans le shinto) et la fleur qui représente la nature. La fleur évoque peut être également la campanule.
Les légendes Rokuganies disent que Shinsei, avant de partir pour Outremonde, révéla à une fleur tous ses secrets, cette fleur est la campanule. De manière plus indirecte, la fleur évoque aussi l'histoire de l'Illumination de Kasyappa, lors de son dialogue "d'esprit à esprit" avec le Bouddha Sakyamuni.
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Le Septième poème, rédigé par Togashi Dôgen :
"Quand parviendrez-vous
A ne plus penser, même
A ne plus penser ?"
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Conclusion :
Les sept poèmes de Suzume Madaishi se veulent un outil pédagogique résumant l'essentiel de la doctrine philosophique du Bouddhisme zen, un condensé de sagesse permettant à celui qui est doté d'une pénétration et d'une lucidité véritable, de se pénétrer des préceptes de la Voie et ainsi d'atteindre l'Illumination.
Néanmoins, pour pallier à leur propre faiblesse, les auteurs de la storilyne derrière le Poète Errant, n'ont évidemment pas atteint l'Eveil. Aussi, le fait que pour que les "Sept Poèmes" marchent il faille employé le Nemuranaï que Madaishi-noshin utilisa pour leur conception est une excuse bien commode !
Au final, bien qu'avec la compréhension d'un seul de ces poèmes il est possible que vous atteignez l'Illumination, à la manière de maître Huineng, l'un des plus illustres Grand-maîtres de Chan (qui n'était qu'un bucheron illetré) et qui perpétua la transmission et l'héritage que Bouddha avait offert à Kasyappa son disciple, il reste préférable de ne pas se passer de l'étude des classiques !
Nous recommandons donc humblement la lecture attentive d'ouvrage tel que ceux de Dôgen-kigen (le vrai maître zen, pas le PJ qui me prête son pseudonyme ! ^^) de Takuan Soho, de Confucius, de Mencius ou même de Senneque et autres grands stoïciens, dont les préceptes n'étaient pas si différends de ceux qu'enseignaient le Bouddha, à quelques différences prêts à propos de la sagesse, et non pas du dogme (après tout, le dogme est une des trois choses que Confucius rejetait absolument, avec le Moi (dans le sens du Moi étroit, de l'égoïsme) et les idées en l'air) et qui, je pense, vous aiderait mieux que cet humble recueil de commentaires personnels n'engageant que leur auteur, à progresser sur la voie.
Mais comme le dit Madaishi...
"Aller, aller, aller ensemble
Au-delà du par-delà
Sur la Rive de l'Illumination"
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Maka Hannya Haramitta Shingyo
Kan-ji-zai Bo-sa(tsu) gyo jin Han-nya Ha-ra-mi-ta ji sho-ken
¤ go on kai ku do is-sai ku-yaku
sha-ri-shi shiki fu i ku ku fu i shiki
shiki soku ze ku ku soku ze shiki ju so gyo shiki yaku bu nyo ze
sha-ri-shi ze sho-ho ku so fu sho fu metsu fu ku fu jo fu zo fu gen
ze-ko ku chu mu shiki mu ju so gyo shiki
mu gen ni bi zes-shin ni mu shiki sho ko mi soku ho
mu gen kai nai-shi mu i-shiki-kai mu mu-myo yaku mu mu-myo jin
nai-shi mu ro shi yaku mu ro shi jin mu ku shu metsu do mu chi yaku mu toku
i mu sho tok-ko Bo-dai-sat-ta e Han-nya Ha-ra-mi-ta
¤ ko shin mu kei ge mu kei ge ko mu u ku-fu
on-ri is-sai ten-do mu so ku-gyo Ne-han san-ze sho Butsu e Han-nya Ha-ra-mi-ta
¤ ko toku a noku ta ra san myaku san bo dai ko chi Han-nya Ha-ra-mi-ta
ze dai shin shu ze dai myo shu ze mu-jo shu ze mu-to-do shu
no jo is-sai ku shin-jitsu fu ko
ko setsu Han-nya Ha-ra-mi-ta shu soku setsu shu watsu
Gya-tei gya-tei · ha-ra gya-tei hara-so gya-te · bo-ji sowa-ka Han-nya Shin-gyo