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par Kakita Inigin » 24 févr. 2008, 23:39
La cérémonie du thé commise par un Occidental
Je vous vois lire le titre, et les commissures de vos lettres de se retrousser au mot « commise ». Pourquoi un Occidental ne pourrait-il pas célébrer une cérémonie du thé comme les Japonais ? D'abord ?
Bien que je reconnaisse que la différence entre un chanoyu occidental et un japonais relève principalement du syndrome du pic-vert (Il tape un sapin, « Toc ». Il tape un érable, « Toc ». Mas un Toc différent), il faut tout de même voir que les Ocidentaux peuvent difficilement se conformer exactement à ce que nous, rôlistes, amateurs de L5A, envisageons comme « Cérémonie du thé », c'est-à-dire le concentré de perfection spirituelle décrite dans la Voie de la Grue, consistant essentiellement à atteindre le satori, l'illumination, en discutant de la plastique d'une coupe de thé en essayant d'oublier que le thé dans la coupe est trop amer.
Je vais donc vous parler de la version que je pratique, et en particulier, de l'art que j'ai développé de varier les scènes.
D'abord, il faut s'entendre sur le choix du thé. Je ne vous parle évidemment pas du Macha, ce concentré d'amertume à 13€ les 50 grammes (notez qu'il existe, à ce prix là, du thé blanc ou du Perle de Jade qui est l'un des meilleurs au monde), je vous parle de merveilles au goût caramel, de Roiboos Vanille (somptueux thé noir dont la finesse impose l'usage d'un filtre au sortir de la théière), de petits bijoux nommés Soeurs Tatin, Sept Parfums, Saint-Sylvestre ... bref des mélanges français à base de grands thés buvables.
Ensuite, tous les détails sont dans les détails. Peu vous importe du reste que vos invités remarquent votre soin des détails : s'ils atteignent le satori, c'est bien, mais votre priorité, c'est tout de même d'y parvenir vous.
Vous pouvez donc jouer sur :
Le moment. Choisissez le. A cinq heures en février, la lumière est magnifique. Après deux heures à couper du bois et une douche c'est encore meilleur.
Le thé. Depuis une semaine j'en change chaque jour, mais mes ressources n'étant pas illimitées, je vais devoir revenir aux Sept Parfums de mardi dernier dès lundi.
La quantité de thé. Pour deux personnes, deux cuillers. Ou deux et demi. Pour le Roiboos Vanille, c'est conseillé.
La quantité d'eau. Ne vous demandez pas à quelle hauteur doit arriver le liquide dans votre tasse (le zen, c'est bien, l'efficacité, c'est mieux) : remplissez à ras-bord deux tasses et versez-les dans la casserole. Ou deux et demi (pour le Roiboos Vanille, à éviter).
La casserole. Si l'eau dépasse les trois quarts de la hauteur, elle va mettre trop longtemps à chauffer.
Une fois l'eau dans la théière, touillez avec une cuiller, puis posez le couvercle.
Disposez le plateau. Un plateau à huit cotés, et quatre poignées en vis à vis, permet plus de combinaisons qu'un simple rectangle.
Les soucoupes. Selon qu'elles seront assorties ou non ax tasses, vous pouvez provoquer un effet de contraste : tasses de grès pour magnifier le thé avec des soucoupes en faïence peintes pour créer de l'originalité, soucoupes en grès pour magnifier des tasses en faïence peinte.
L'emplacement des soucoupes sur le plateau : sur les cotés ou dans les angles, pour donner du formalisme, librement disosées sur le plateau pourdonner une impression de désinvolture (mais cela prend plus d'espace).
Selon que les soucoupes seront espacées dans ls coins d'un angle de deux ou de trois, vous créez des tableaux différents.
Selon que les anses (si ce sont des tasses et non des bols) seront dirigés vers les angles, vers l'intérieur, parallèles ou perpendiculaires aux cotés, de même. Selon que les tsses auront la même disposition, une disposition inverse ou décalée, vous créez des tableaux uniques.
De même avec la disposition des cuillers, vers le bas ou le haut, sur les soucoupes, dans les tasses ou sur la plateau, jointes (cela donne une impression de travail inachevé, attention !) ou séparées.
De même avec l'emplacement du filtre, sur le plateau, dans une tasse, quelle tasse, orientée comment (par exemple avec deux tasses dans les coins, à deux coins d'écart, anse orientée vers le centre, un filtre à paignée axé parallèlement au segment qui joint les deux tasses sera orienté à 45° par rapport à la anse, et, pour peu que la poignée soit un peu large, seblera disposée librement par rapport à la tasse tout en vous donnnt un grand sentiment de régularité de la composition).
Le pot de sucre. Entre les tasses ? A coté de l'une d'elle ? Celle qui a le filtre, ou l'autre ? Vous pouvez alourdir la composition ou l'éclater.
La théière. Si elle est près de votre ventre, opposée aux tasses, cela équilibre leplateau. Mais là encore, vous pouvez jouer sur la façon dont vous tenez le plateau, par les poignées, lesquelles (pour huit cotés il y en a quatre), par dessous, avec quelle orientation ?
Les accessoires. Bonbons ? Tranches de pain de mie toastées ? Avec du beurre, du miel (attention au goût !), du fromage frais ? Je prends deux tranche, coupées en deux, chaque convive a une moitié avec un fromage différent, chèvre d'un côté, figues et raisins de l'autre.
Dégustez. Atteignez le satori.