Je vous présente ici une nouvelle que j'ai écrite il y a environ 2 ou 3 semaine. Elle a été écrite pour le way of d'un clan mineur que je suis en train d'écrire. Grâce à l'aide inestimable de notre Mushu impériale

Domo arigato Mushu san





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Coeur de Vengeance
Ueshiba se tenait à l’avant du navire le vent glacial du mois du bœuf lui fouettait le visage. Le voyage avait été long et éprouvant depuis Kyuden Doji. Mais devant lui se tenait enfin le territoire du clan de la Mante et Toshi No Hazuma, dernier rempart dressé qui le séparait encore de celle qui avait accepté par amour le jugement dont il avait été la victime.
Mais plus encore, au-delà l’attendaient ses enfants. Il ne les connaissait même pas. Pour quelles raisons son compagnon d’armes Mirumoto Koguchi lui avait-il dit qu’ils étaient mort-nés ? Il ne parvenait plus à cerner son camarade depuis quelques temps, depuis ce soir si étrange où toute sa vie avait basculé. Ce soir où il n’avait pas eu le droit de clamer son innocence…
« Kakita Ueshiba, relevez-vous ! » La voix de Doji Kuwanan était ferme et ne laissait transparaître aucun sentiment. «J’ai pu apprendre bien des choses en ce qui vous concerne. Entre autres pour quelles raisons vous étiez sorti indemne du coup d’état il y a 2 ans ! De toute évidence, la mission qui vous avait été confié était bien trop dangereuse pour que vous puissiez en ressortir vivant. »
Ueshiba sentait un profond désir de s’exprimer et de laisser sortir les mots qui restaient bloqués dans sa gorge par le fossé qui le séparait de son interlocuteur. Cette rencontre aurait été certainement complètement différente si Doji Hoturi l’avait reçu. Mais le daimyo du clan de la Grue était porté disparu depuis plusieurs semaines.
« Pensiez-vous que vous pourriez cacher longtemps votre lien de parenté avec l’ex-clan du Scorpion ? »
L’accusation portée venait de déclencher en lui une réaction en chaîne qui lui faisait l’effet d’une douche froide. Et cette fois-ci, l’écart entre son nouveau daimyo et son simple statut de samurai ne lui importa.
« Ceci n’est que mensonge ! » s’écria t’il. « Confrontez-moi à votre informateur que je puisse laver cet affront fait à ma famille. » Les mots étaient sortis enfin. Mais la gorge restait nouée et Ueshiba avait grand-peine à maîtriser ses émotions. La colère prenait le pas sur la patience. Il sentait derrière lui le regard pesant de ses compagnons, Koguchi, Deishi, Koryu, et Kenji. Eux savaient bien qui il était. Kenji ? Se pouvait-il que ce soit ce dernier qui ait porté de fausses accusations à son égard ?
« SILENCE ! » l’interrompit Kuwanan. « Vous imaginez bien qu’une telle trahison de votre part ne peut rester impunie. Mais puisque je respecte encore votre statut de samurai, je vais accéder à votre requête… en partie. »
Un lourd silence s’ensuivit alors. Un silence qui lui parut durer une éternité. « Entrez Shiba-san, afin que vous puissiez montrer à ce jeune arrogant que je n’invente pas ceci de toute pièce. »
Shiba ? Qui cela pouvait-il bien être pour qu’un éminent membre d’un clan allié depuis longtemps ait accusé sans fondement un duelliste aussi honorable que lui ? De légers pas se firent alors entendre, Ueshiba fut frappé de stupeur devant la vision qui s’offrait à lui. Mais bien qu’il ne put s’en rendre compte, il n’était pas le seul dans ce cas. Mirumoto Koguchi lui aussi venait de porter la main à son katana, prêt à laisser sortir sa haine.
« Voici la personne qui a daigné lever le voile sur le secret que vous espériez cacher à notre connaissance. »
A la faible lumière des braseros, la silhouette se détacha de derrière le trône où siégeait Kuwanan. Elle était élancée et fine. Ne portant pas de casque, la longue chevelure noire comme l’ébène laissait apparaître un visage angélique aux yeux charmeurs et pétillants de lucidité… et de malice. Oui, Koguchi connaissait cette personne. Il la connaissait à la fois trop bien et trop peu. La main toujours sur son katana, son pouls continuant à battre à une vitesse effrénée, il n’arrivait pas à chasser de son esprit la voix qui l’intimait de dégainer et de frapper de toute sa rage.
Derrière ce visage d’une beauté radieuse se cachait une perfidie sans commune mesure et cette perfidie avait un nom : Shiba Shibezu.
« Eh bien Ueshiba, vous semblez soudain sans voix ! Votre honneur ne peut-il arriver à laver l’accusation qui a été prononcée contre vous ? »
Ueshiba ne parvenait pas à rassembler ses esprits. Il était tel une statue incapable de répondre, frappé en plein cœur par un poignard invisible ; pourtant il pouvait sentir la blessure qu’elle venait de lui infliger, elle était belle et bien présente en lui.
Après une longue minute, Kuwanan reprit.
« Soit, si vous n’avez rien d’autre à ajouter, je vais donc prononcer mon jugement. »
« Doji Kuwanan sama » commença Ueshiba, « si vous me le permettez je souhaiterai me faire … »
« Non Ueshiba, le seppuku ne serait qu’une fin trop facile » le coupa Kuwanan. « Je vous retire le titre de samurai et je vous retire votre nom. Vous parcourrerz dès à présent l’Empire en compagnie des vôtres avec le statut de RONIN !! »
Rônin… Le mot se répercuta dans sa tête tel un écho sur mille montagnes.
Voilà de quelle manière il avait été forcé de vivre afin de prouver son innocence. Voilà dans quel enfer Isani, sa chère et tendre Isani, l’avait accompagné. Rônin … rien de plus, rien de moins. Une larme coula sur son visage. Personne n’aurait pu dire si elle était due à sa tristesse qu’il ne laissait autrement transparaître ou si le vent marin glacial en était la cause.
« Ueshiba ! » La voix familière de son frère d’armes le tira hors de sa rêverie. « Nous allons arriver bientôt selon les dires du capitaine » continua Koguchi.
Lui tournant le dos, Ueshiba répondit :
« Pourquoi ? … » laissant la fin de la phrase partir dans la tempête. Koguchi le fixa un instant mais fit mine de ne pas avoir entendu.
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Yado no Kaminari ne représentait pas l’image que l’on pouvait se faire d’une auberge de grande renommée. L’odeur âcre de la sueur chaude était omniprésente. Les samurai du clan de la Mante n’étaient en rien comparables aux nobles représentants des clans de la Grue ou du Dragon. Leurs habitudes les auraient fait passer pour des rustres encore moins honorables que des Crabes à la Cour. Et la vision qui s’offrait aux compagnons ne dérogeait pas à la règle.
« Sama !!! » lança la matrone responsable de l’auberge. « Nous sommes honorés de voir de dignes représentants des clans majeurs sur nos terres. Et je suis d’autant plus honorée de vous accueillir dans mon auberge. » Avec ces quelques mots d’accueil, l’heimin s’inclina profondément.
« Indiques nous la chambre de la dénommée Mirumoto Isani. » répondit Koguchi d’un ton sec.
« Mirumoto, dites-vous Seigneur ? Je crains de ne pas avoir eu la chance d’héberger de samurai du clan du Dragon depuis bien longtemps. » La femme semblait profondément gênée de ne pouvoir répondre à la demande d’un buke. « Cependant, un moine du clan du dragon est arrivé accompagné d’une jeune femme il y a de cela quelques semaines. Il s’est présenté comme s’appelant Quianomi. »
A ce nom Togashi Deishi ne put s’empêcher de laisser transparaître une marque de surprise sur son visage, une surprise à la fois mêlée à de l’appréhension. Koguchi n’eut pas de mal à percevoir cet écart dans la concentration du jeune moine.
« Conduis-nous à sa chambre, femme ! » conclut Koguchi. Puis, montant lentement les escaliers qui craquaient sous le poids de la compagnie, il s’approcha de Deishi. « Un souci Deishi-san ? » murmura t-il.
« Je ne sais pas. Je ne suis pas sûr. Togashi Quianomi est bien connu parmi les jeunes moines. Il a été envoyé méditer dans un temple à l’écart pour avoir montré trop d’insubordination envers l’un de nos sensei. Cela remonte pourtant à plusieurs années…. » Deishi se tut là, replongeant dans ses pensées.
Arrivés devant la chambre où devait résider le moine, on pouvait entendre derrière le shoji des rires d’enfants, ainsi qu’une douce voix. Ueshiba ne put y rester indifférent. Les ombres qui jouaient dans les carrés de papier opaque du shoji lui rappelèrent les jeux d’ombres des saltimbanques si populaires et appréciés des enfants. Leurs contours confirmaient une présence féminine aux formes gracieuses, s’occupant de deux jeunes enfants. Ueshiba prit un moment pour observer les mouvements lents mais calculés de son aimée. La précaution qu’elle prenait pour effectuer chaque geste, afin qu’aucun écart superflu dans sa tenue ne puisse être perceptible. Il appréciait ce moment où il reconnaissait en tout point l’entraînement que sa femme avait obtenu à la prestigieuse école kensai, mais non moins rivale de l’école de son ancien sensei Kakita Toshimoko. Ce moment aurait pû durer des heures mais Ueshiba se résigna à ouvrir le panneau shoji et il se tint là dans l’embrasure de la porte, silencieux, désirant goûter dans leur intégralité chaque instant qui précèderait les retrouvailles familiales. Les enfants s’étaient tus, et doucement commençaient à se cacher derrière leur mère. Cette dernière se tourna en un instant vers le nouvel arrivant. Dans ses yeux, Ueshiba put voir la joie contenue de sa femme. La faible lumière d’une lampe posée sur la table basse suffisait à révéler la naissance d’une larme dans l’œil de la jeune femme.
« Isani … » exhala Ueshiba dans un souffle. Ce seul mot suffit à rompre l’attente insoutenable des amants. Ueshiba enlaça celle qu’il n’avait pas vu depuis deux ans. L’étreinte lui sembla une éternité. L’entrée de Koguchi y mit un terme. Isani croisa les yeux de son frère, et lui fit comprendre que tout était parfait à présent. Koguchi hocha la tête en signe d’acquiescement.
« Popa ? » Le jeune garçon venait de sortir du kimono de sa mère et se dirigeait vers son père qui à présent laissait paraître toute sa joie. Lui caressant les cheveux, Ueshiba se sentait enfin heureux.
« Profitons de ce temps pour nos retrouvailles. Quianomi devrait revenir bientôt pour me faire son rapport » expliqua Isani.
Seul Deishi restait silencieux.
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Ueshiba parcourait les rues de Toshi No Hazuma. Wakka dans ses bras ne cessait de lui poser des questions qu’il avait grand peine à comprendre tant le charabia de son fils lui était étranger. Il avait l’intention de lui acheter son premier boken. Wakka deviendrait un grand duelliste, il n’en doutait pas.
Koguchi et Deishi étaient restés en compagnie de Kenji à l’auberge, prenant un verre pendant que Quianomi, revenu entre-temps, faisait un rapport à Isani sur son travail de la journée. Kimiko était restée avec sa mère. Tout allait bien dans le meilleur des mondes. Pourtant …
Deishi n’avait pas dit mot depuis leur rencontre avec Isani. Quelque chose le préoccupait, et il ne partageait guère les joies du sake que Koguchi semblait apprécier. Isawa Koryu avait sans nul doute des soucis aussi. Il passait son temps au temple dédié à Osano-Wo.
ELLE EST LA !!!!
Koguchi le ressentait lui aussi soudainement, quelque chose ne tournait pas rond. Cette voix à l’intérieur de lui venait de le confirmer.
Cherches et trouves ! Frappes et tues !
D’un bond Koguchi se leva et fila en direction de l’étage. Cela ne faisait plus aucun doute ! Koryu venait lui aussi de revenir et comprit en un instant que les choses s’envenimaient. Tous se dirigèrent d’emblée vers la cage d’escalier. Il n’y avait pas un moment à perdre.
Alors que Wakka assénait son père d’un charabia que lui seul comprenait, Ueshiba cherchait avec soin le meilleur fabriquant d’arme de la ville. Décidément cela ne vaudrait pas un artisan du clan de la Grue mais cela ferait l’affaire quand même.
Ueshiba fut pris d’une peur soudaine alors que Wakka venait de tomber en transe. Une sorte de catatonie le frappait, et les yeux révulsés il prononçait à présent des mots articulés que son père n’identifiait pas. Ce que Ueshiba comprenait c’est qu’un grave malheur était en train de se produire. Sans réfléchir d’avantage, il fit demi-tour et fila, comme si tout Jigoku était derrière lui.
Arrivé devant la porte de la chambre, Koguchi tenta de forcer le shoji. En vain. Quelque chose de maléfique protégeait cette pièce de l’intérieur. Il sorti son katana de son saya et commença à trancher le papier de riz. Mais rien n’y fit, il n’arrivait qu’à effleurer le bois et encore, avec peine..
« Par toutes les Fortunes, Koryu, trouves ce qu’il se passe » grommela-t-il au jeune shugenja qui commençait déjà à prier les Kami pour qu’ils accomplissent ses désirs. Un combat spirituel était à l’œuvre. Et visiblement cela ne fonctionnait pas. Koryu suait tant le combat qu’il menait était difficile.
Puis vint le cri. Un cri qui glaça même le sang des buveurs de l’auberge. Un cri dans la nuit froide où la neige fouettait le visage de Ueshiba. Il ne prenait même plus le temps de respirer comme il l’avait appris et commençait à s’essouffler inutilement. Seul comptait Isani Kimiko et Wakka, qui à présent s’était tu.
Enfin la porte céda sous les coup de Koguchi qui fonça à travers le panneau en lambeaux. Ses yeux se portèrent immédiatement sur sa gauche. Devant l’armoire où reposaient les quelques affaires d’ Isani, une silhouette bien connue se tenait debout.
« SHIBEZU !!!!! » cria Koguchi fou de rage. La samurai-ko leva ses yeux noirs vers son ennemi de toujours, un sourire grimaçant se lisait sur son visage. Devant elle se tenait la petite Kimiko les yeux vides, comme hypnotisée. Entre ses petites mains se trouvait un aiguchi duquel perlait encore du sang. Un sang aussi rouge que celui qui pulsait dans le blanc des yeux de la samurai-ko. Shiba Shibezu prit la jeune enfant dans ses bras en un instant et portant sa main sur sa poitrine, elle dit dans un souffle :
« Bientôt Koguchi,, bientôt …. »
Sur ce, elle disparut alors que le Dragon portait son coup dans le vide.
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Ueshiba déferla dans la chambre. Koguchi se tenait agenouillé derrière la table basse. Il regarda son frère d’armes arriver, les yeux emplis d’interrogations. La réponse qu’Ueshiba cherchait désespérément, Koguchi se refusait de la donner. Le Dragon se leva, et d’un pas lent se dirigea vers Ueshiba. Ce dernier le repoussa violemment et fonça vers la table basse où il pouvait voir Deishi inspectant une masse informe au sol. Il ne vit pas immédiatement la marre de sang qui commençait à s’étaler sur le parquet. Ce n’est qu’après quelques secondes qu’il comprit ce qui venait de se passer.
« Non Ueshiba, il ne faut .. » commença Deishi qui leva des yeux pleins de tristesse vers son ami.
« Laisses-moi !! » hurla Ueshiba « Laisses-moi » répéta t’il plus calmement refusant même que Deishi ne le touche.
« … Is .. Isani … » prononça difficilement Ueshiba. Il courut s’agenouiller auprès du corps de sa jeune épouse qui, à chaque seconde perdait de plus en plus pied dans ce monde.
« Ueshiba… » balbutia péniblement Isani. La jeune femme toussa fortement laissant sortir de sa bouche quelques giclées de sang. « Ueshiba …, j’ai froid, je ne vois plus rien. Aides-moi … » Sa voix était de plus en plus faible à chaque parole. Ueshiba ne vit pas Koryu s’avancer pour inspecter les blessures de la malheureuse. Trop tard, c’était en dehors de ses talents de guérisseur. « J’ai peur Ueshiba, sauves-moi ».
Ueshiba porta son visage près de celui de son épouse. Il comprenait l’inéluctable fin qui attendait sa femme. Il lui murmura à l’oreille tout en versant quelques larmes dont la chaleur réchauffait ses joues glacées par la tempête : « Ne craint rien Isani » dit-il malgré son manque de conviction évidente. « Je suis là ».
Isani sembla se calmer, les convulsions de douleurs qui agitaient son corps jusqu’alors étaient en train de disparaître. « Ueshiba » exhala t’elle « Je sais.. que je te… retrouverais. Je … t’att … en … dr … » Et l’âme d’Isani s’en alla. Ueshiba la serra fort contre son corps, le sang de son épouse répandu à présent sur ses mains. Mais cela n’avait pas d’importance. Il laissa s’échapper un hurlement de douleur espérant ainsi exorciser sa peine. En vain.
Dans le fond de la pièce un mouvement fut perceptible. Koguchi fit un bond pour se jeter sur la source de ce mouvement. Togashi Quianomi était là. La base de son crâne suintait du sang et le moine avait peine à se mouvoir de manière coordonnée. Il tentait même difficilement de se lever.
Ueshiba laissa sortir de son saya son katana, dernier vestige de son passé chez les Kakita. En un éclair, la lame était sous la gorge du moine. « EXPLIQUES-TOI FOURBE !» hurla Ueshiba. Les yeux de Quianomi se posèrent tour à tour sur l’ancien Kakita puis sur le corps d’Isani, couchée de l’autre côté de la pièce.
« Je … Je …ne me souviens de rien. J’ai senti une forte douleur à la tête puis plus rien. » Quianomi baissa les yeux. Il semblait aussi désespéré que Ueshiba était perdu. « Je suis .. désolé sama. »
« Popa … » Wakka venait d’entrer dans la pièce, l’air hagard, comme s’il venait de s’éveiller d’un grand sommeil. « Moma … » Ses yeux cherchaient tout autour la présence maternelle qu’il avait l’habitude d’avoir auprès de lui. Ueshiba lâcha le moine qui retomba au sol lourdement, puis se dirigea vers son fils.
« Maman est partie Wakka. » dit simplement Ueshiba. Le jeune garçon regarda son père. Dans ses yeux il pouvait lire que son fils venait de grandir prématurément, apprenant amèrement la notion de la mort.
« Je sais » répliqua simplement Wakka. Soudain l’attention de l’enfant fut à nouveau comme figée, les yeux se fermèrent un instant, puis il balbutia « kimiko…ici »
Ueshiba ouvrit de grands yeux. Il attrapa son fils et descendit quatre à quatre les escaliers. Il confia Wakka à la matrone affairée derrière le comptoir. « Gardes-le, femme, je reviens tout de suite. »
« Mais .. je … Oui, sama » répondit la femme interloquée. »
« S’il lui arrive quoi que ce soit… » commença Ueshiba en montrant son katana. La matrone hocha la tête.
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La troupe s’était divisée afin de pouvoir couvrir un plus large terrain. Koguchi s’était joint à Ueshiba, Deishi et Koryu ainsi que Kenji étaient partis de leur côté. Quianomi était allé avertir au port de ne laisser partir personne sous aucun prétexte.
La recherche ne donnait rien de bon. Les rues étaient remplies de neige, ce qui ne facilitait pas leurs déplacements. Soudain Koguchi se tourna vers l’auberge au loin. « Il y a de la magie là-bas. Je peux le sentir. » Il fit demi-tour en vitesse.
De son côté Koryu remercia les Kami de leur accorder le savoir qu’il avait. Il venait lui aussi de ressentir le passage de flux magiques autour de lui qui se dirigeaient vers l’auberge. « Il faut retourner » dit-il à ses amis qui le regardaient sans comprendre. Koryu fixait le toit de l’auberge, au-dessus duquel un nuage sombre, zébré de part en part d’éclairs, venait d’apparaître. « Des forces maléfiques sont à l’œuvre. Je peux le sentir. » crut-il bon d’ajouter.
Quelques instants plus tard les compagnons se retrouvèrent tous dans l’allée qui menait dans l’arrière cour de l’auberge. Ils n’avaient aucune peine à entendre les paroles d’un chant mais elles étaient dans une langue qui leur était inconnue. Mais pas inconnue de tous ! Le visage de Koryu devint blême en quelques secondes. Sa face était terrifiée.
« Un passage… Ils sont en train d’ouvrir un passage. »
« Raison de plus pour les arrêter au plus vite. » conclut Koguchi qui s’engageait déjà dans l’allée.
Le spectacle qui s’offrait aux amis de longue date était hallucinant. Quatre individus portant de larges chapeaux et aux kimonos noirs particulièrement amples étaient en train de psalmodier une incantation, entourant Shiba Shibezu, tout en s’entaillant la chair à l’aide de tanto. Le sang au sol rampait et se déplaçait afin de former un cercle parfait autour la samurai-ko. Devant elle se tenait Kimiko à présent vêtue d’une robe blanche. A son obi se trouvait le petit aiguchi responsable du meurtre de sa mère. Son visage était sans expression, livide. Des éclairs apparurent soudain au-dessus de Shibezu et de l’enfant en provenance du nuage. Ils touchèrent les deux femmes et parcoururent leur corps sans leur procurer la moindre douleur.
« KIMIKO !!!!! » cria Ueshiba de toute ses forces. La petite fille se retourna, son visage toujours vide d’expression. Shibezu regarda le samurai désespéré, un sourire de satisfaction sur son visage. Dans un rire effrayant, elle disparut avec Kimiko, alors que les éclairs parcouraient leurs silhouettes vides.
Ce ne fut qu’après que la lumière aveuglante se soit dissipée que Ueshiba, Koguchi Koryu, Kenji et Deishi distinguèrent ce qui ne fit qu’ajouter l’inexplicable à l’horreur. Devant eux se tenaient cinq nouveaux individus qui étaient déjà en formation de combat avec les shugenja qui avaient fini de lancer leur sort. Quatre de ces individus leur faisaient face. Ils avaient tout des moines tatoués mais leurs tatouages étaient complètement inconnus à Deishi. Il pouvait discerner ici une pince de crabe, là une patte d’ours, sur le troisième une gueule de serpent ouverte les crocs suintant d’une goutte de poison, le dernier portait des serres d’aigles. Au milieu d’eux se tenait un individu enroulé dans une cape noire qui leur faisait dos.
« Tu n’aurais jamais dû te mêler de ceci, Deishi-san. Cette affaire ne te regardait pas. » dit l’homme en se retournant. Deishi fut frappé de stupeur en reconnaissant Quianomi mais il reprit immédiatement sa contenance.
« Je vois que tes méditations ne t’ont pas montré la voie Quianomi ! Notre ordre avait raison de t’avoir mis à l’écart. Tu étais trop impétueux pour rester parmi les Togashi. » répliqua Deishi. « Ce sera donc moi qui devrait apporter la nouvelle de ta traîtrise à notre clan.. Tu devrais pourtant savoir que le Sombre Seigneur n’apporte que tromperie et souffrance »
« Il m’a apporté la puissance ! Celle que nos sensei se refusait de partager » répondit Quianomi son visage laissant à présent transparaître la colère. « Regardes ce dont je suis désormais capable » De derrière lui, Quianomi sorti une arme que nul n’avait jamais vu jusqu’à présent. Elle ressemblait en beaucoup de points à un naginata, mais à l’autre extrémité se trouvait une autre lame identique. Quianomi laissa choir son vêtement et commença à faire tournoyer le double naginata au-dessus de sa tête, telle une toupie pour finir par prendre la pose de combat habituelle des moines. Sur son torse Deishi pouvait reconnaître certains tatouages répandus parmi les siens ainsi que d’autres qui lui étaient totalement étrangers.
« Fou que tu es Quianomi. » reprit Deishi. « Tu t’es donné à notre ennemi de toujours. Ton âme est donc perdue. Shinsei ne te sera plus jamais d’aucune aide. »
« Shinsei ne m’a jamais rien apporté idiot, et j’en suis certain il ne t’apportera rien non plus »
« Il m’a apporté la patience et la sagesse, alors que tu n’es empli que de crainte et de colère. Tu es tel le serpent qui se mord la queue afin de tester la mortalité de ton propre venin. »
« Viens donc le goûter avec moi ! » répliqua le moine corrompu. « Je suis sûr que ma nouvelle confrérie du Culte de la Lune Noire saura t’accueillir comme il se doit ».
« Pauvre de toi, Quianomi. Tu ne sais même plus ce que tu dis. » répondit tristement Deishi en prenant position auprès de ses amis. Le combat va être difficile se dit Deishi intérieurement. Mais en moi je sais que j’ai déjà gagné.
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