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par Seppun Kurohito » 05 janv. 2005, 10:39
L'arbre de Kyômo
A l'entrée du village de Kyômo, qui s'étend à l'ombre de la forteresse de Shiro Akodo, se trouve un vieux chêne plusieurs fois centenaire. Un visiteur non averti serait surpris d'y voir pendre, à differentes hauteurs, de nombreux rouleaux de papier fin, de petites plaques de bois recouverts de kanji soigneusement calligraphiés, accrochés par des rubans de chanvre ou de soie aux couleurs variés.
Ordre et praticité étant les maîtres-mots de la famille Akodo dans la gestion de ses provinces, l'Arbre de Kyômo est devenu un élément incontournable du paysage local.
Sortant de terre à l'entrée sud de Kyômo, le vieux chêne est bien plus efficace que n'importe quel bureau de magistrature locale dans son domaine : l'information.
Une multitude d'annonces ont déjà pendu à l'Arbre de Kyômo : des avis d'employeurs et négociants recherchant des ouvrier ponctuels ou des protecteurs pour leurs convois, des défis écrits à des étudiants de dojo locaux ou les réponses non moins publiques de ces derniers afin que la populace soit témoin des échanges honorables entre tenant de styles antagonistes, rendez-vous galants et bien d'autres encore.
Si au départ, le chonin du village se chargeait de son entretien, la magistrature locale a très tôt décidé que la fonctionalité de ce système pouvait être perfectionnée.
Hitanka Togaru, un jeune ji-samurai, vassal de la maison Ikoma, fut installé dans la petite maison élevée derrière l'arbre, avec la charge d'engager un heimin pour l'entretien du chêne, et celle de s'occuper de préparer les avis pour les paysans illétrés, leur placement sur l'arbre en fonction de l'importance de l'annonce et de son auteur.
Rapidement, le jeune Hitanka Togaru démontra son efficacité, fournissant sur place encres, papiers et plaques de bois, renseignant les moins informés, retirant les avis obsolètes et tenant à jour un registre consultable par le magistrat local des visiteurs, annonceurs comme interessés.
La coutune s'instaura bientôt de déposer une rémunération financière dans le bol de terre cuite posé à l'entrée de la demeure de Togaru, remerciement discret pour la servabilité du jeune homme.
L'arbre de Kyômo finit ainsi par servir les autorités, leur donnant un aperçu révélateur de la vie du village. On y placarda les avis de recherche, les mises à prix des hors-la-loi, et les annonces officielles des gouvernants du château pour la populace.
Cela fait 5 générations que la famille Hitanka, samurai liés par vassalité aux Ikoma mais servant la Maison Akodo, est responsable de l'Arbre de Kyômo, tâche que chaque héritier de la tradition prend très à cœur.
Le fils de Togaru eut le privilège de bénéficier des enseignements d'un sensei Omoidasu, et chacun de ses successeur après lui se vit ensuite former dans un dojo mineur de cette école.
Pour faire définitivement de l'Arbre de Kyômo un instrument de la justice locale, le petit-fils de Togaru fut nommé yoriki, et son fils reçut lui aussi cet honneur lorsque son heure fut venue.
Hitanka Tomori est aujourd'hui le yoriki responsable de l'Arbre de Kyômo. Il a a charge son grand-père, vieillard invalide suite à une ancienne bataille contre le Clan du Scorpion, et emploie un jardinier pour l'entretien du chêne, ainsi que deux doshin, qui, en plus de leurs occupations habituelles, ont pour tâche de garder l'arbre.
Tomori est consciencieux et propose à tous les intéressés un choix de supports et d'encre variés, ainsi que des rubans de différentes coloris, depuis qu'il s'est aperçu que ce dernier critère pouvaient avoir son importance.
Il s'amuse d'ailleurs, à ses heures perdues, à tenter de comprendre les messages les plus cryptiques qui lui sont confiés. Le magistrat local est très satisfait du jeune homme, et il n'est pas impossible que ce dernier ait reçu, à la différence de ses prédécesseurs, un enseignement différent…
Sa seule excentricité est le petit singe dressé qui l'accompagne, acquis auprès d'un ronin de passage ou d'un samurai de la Mante, selon la rumeur, et qui l'aide à atteindre les plus hautes branches de l'Arbre. Sa fascination pour l'animal est grande, et il s'épanche souvent devant des visiteurs non-avertis en contant de fabuleuses légendes sur le « Roi Sanru », figure légendaire des Royaumes d'Ivoire, dont on dit qu'il s'agirait d'une terre de gaijin s'étendant au sud de l'Outremonde.
Il est intarissable sur le sujet, faisant preuve d'une érudition en la matière que ses supérieurs jugent déplacée.
L'Arbre de Kyômo et le concour de Hitanka Tomori furent d'une grande utilité à deux yoriki de la magistrature d'Emeraude, Shosuro Akae et Mirumoto Iezan, lors d'une enquête sur les terres des Akodo au sujet d'un juzimai important, vivant de contrebande et profitant des conflits Lion-Grue pour commettre leurs forfaits sur les frontières des clans ennemis