[Roleplay 5.2]Le couple impérial ouvre la fête...

[Seppun Kurohito]

Titre du topic à changer éventuellement[/i]

Yakamo-Soleil s'élevait lentement dans les Cieux clairs, entouré de quelques vaporeux nuages blancs.
Au pied du palais, la cité de Tsuma, le long du paresseux fleuve Tengu, accueillait chaque heure davantage de pélerins, venus de tous les horizons afin de passer ne serait-ce qu'une nuit sous les mêmes étoiles que le jeune souverain. Sur les collines proches, certains admiraient à distance les longs campements dressés abritant les forces des Légions d'Emeraude qui accompagnaient Koan Ier, Empereur de Rokugan.
Les cloches des nombreux temples disséminés dans la ville et les verdoyantes vallées alentours, sonnaient les unes après les autres.

Déjà, plusieurs paysans, venus dès l'aube des hameaux proches vendre leurs marchandises, distillaient dans les maisons de saké d'inquiétantes rumeurs de magie noire et de morts-vivants...

Au même moment, loin des cris des marchands, des prières des pélerins et de la rumeur des badauds, le Palais de la famille Kakita ouvrait solennellement le début des festivités en l'honneur du monarque...

Kakita Noritoshi, sensei de l'Académie de Duel et daimyo de la famille Kakita, attendait nerveusement, le dos raide, sur un dais de velour. A ses côtés, assise dans la position des femmes, sa royale épouse, Mai, s'éventait doucement. Ils portait tous deux des kimonos de soie fine, où les dégradés d'azur et de saphir soulignaient l'envol de fines grues tissés de fils d'argent.

Sur les côtés de la salle, les courtisans du Clan de la Grue murmuraient par petits groupes, chacun allant de son commentaire sur les événements actuels. Plus rares, quelques nobles émissaires d'autres Clans semblaient apprécier l'élégance des lieux.

Le seigneur remarqua que les Scorpions étaient nombreux, et l'un d'entre eux lui avait été déjà présenté comme un suivant de Bayushi Hiryu, un homme dont son chère frère se méfiait, semblait-il... Prés de lui, un homme drapé dans les amples robes de cérémonie des shugenja s'appuyait sur une canne d'albâtre, et son visage était caché sous un masque de porcelaine. Noritoshi en eut un frisson. Des masques de même matière cachaient en général les visages des morts que les Adeptes du Sang relevaient de terre... Etait-ce une provocation ? Les Scorpions lui rappelaient-ils ainsi le mal qui rôdait sur ces terres ?...

Le Clan du Lion avait toujours été faiblement représenté à Kyuden Kakita, et pour cause. Néanmoins, aujourd'hui, Ikoma Sanzo, omodaisu reconnu d'Otosan Uchi, tranchait dans ses couleurs rouge et ocre au sein de l'assemblée. Il était heureux que ce fut cet homme qui représentait l'immémorial ennemi au sein du cortège impérial. Noritoshi avait déjà croisé cet homme et il le savait modéré dans son comportement face au clan de la Grue. Il semblait d'ailleurs, pour l'heure, relativement à l'aise.

Quelques Licornes parlaient avec moins de retenue non loin des arcades menant aux jardins, mais le fils du daimyo de la famille Ide n'était pas avec eux.

Pour seul représentant de l'ancien Clan de l'Empereur, une jeune fille se tenait à l'écart des gens de cours. Son visage peint du blanc et du noir rituel et sinistre de certains membres de la famille Kuni, elle semblait perdue dans ses pensées, le regard sombre. Les mons des familles Hiruma et Kuni ornaient son kimono.
Son entrée avait été remarquée, et un cercle s'était formée autour d'elle, un espace où personne n'osait approcher...
Haussant un sourcil, le seigneur aperçut son daisho, au côté. Nul ne portait le sabre en présence de daimyo ou du souverain, hormis autorisation spéciale de ce dernier. L'Empereur avait ses propres gens, pour lutter contre le Vieil Ennemi...

Non loin d'elle, il reconnut un Phénix pour l'avoir vu dans la suite du vieux Isawa Yoshimitsu, le shugenja personnel de l'Empereur, mais ce dernier brillait par son absence depuis l'arrivée du cortège impérial.

Au pied de l'estrade, démarqué de l'assemblée, la belle Doji Yasuyo, cousine du Champion Doji Kuwanan et représentante de ce dernier, écoutait, le visage fermé, quelques mots qu'Atoshi lui sussurait à l'oreille. Noritoshi évita de croiser le regard assuré et brillant de son frère, mais sentit son malaise monter d'un cran.

A son côté, la splendide lame de la famille Kakita, portée par cent seigneurs depuis l'aube de l'Empire, brillait sous les rayons solaires. Tournant la tête, le seigneur regarda son épouse, qui lui rendit un sourire apaisant, sur son visage de nâcre artistiquement maquillé.

Peu à peu, Noritoshi sentit le calme revenir. Se souvenant des anciens enseignement de son révéré grand-père, la Grue Grise, il régula sa respiration, et pensa à l'honneur qui lui était fait aujourd'hui. Une force nouvelle irrigua son être à la pensée des illustres ancêtres qui l'avait conduit à être ici, aujourd'hui. Il leur ferait honneur... Il revit un instant avec tendresse le visage de son père, le seigneur Toshiken, qui avait en son temps été Champion d'Emeraude de Toturi le Grand. Il était désormais parfaitement apaisé, et composa un visage de circonstance.

Lentement, il scruta une dernière fois la foule. Les sensei de l'académie étaient là, tout art confondu. Quelque part dans cette foule, certains shugenja dont il n'avait même pas connaissance étaient déjà à l'oeuvre, travaillant à la sécurité spirituelle de l'Empereur.
La Garde Cachée de la famille Seppun...

Du regard, il interrogea Daidoji Komori, le vieux taisa qui avait depuis peu reçu tous les honneurs en devenant commandant des forces de Kyuden Kakita. Par un habile jeu de regard et de geste, le vétéran lui indiqua que tout était en ordre. Noritoshi le remercia dans le silencieux langage de bataille...

Le seigneur Kakita ne doutait guère de la qualité de son accueil. Sa famille avait toujours été considérée comme l'une des meilleures en qualité d'hôte de cours et pour les divertissements.
Et puis, son épouse... et son cher frère avait eu tôt dans la matinée une entrevue avec la favorite de l'Empereur, la fort grâcieuse Bayushi Ryumi, afin de coordonner les événements de la journée...
C'était simplement qu'il n'avait jamais été très à l'aise dans le formalisme de la cour... et puis... il y avait eu cette maudite attaque...

Sur MES terres !..., songea-t-il, ravalant la vague de fureur qui menacait de le submerger à nouveau.

Il vit bientôt Ryumi, la ravissante courtisane du Clan du Scorpion apparaître dans les premiers rangs de l'assemblée, et assista à l'entrée relativement discrète de Seppun Kurohito, discutant avec Kakita Arihiko, doyenne des senseis de l'Académie et renommée dans tout l'Empire pour ses peintures et sa calligraphie légendaire. Le vieux conseiller impérial était un ami de la famille Kakita, et avait été le doshi de son prédécesseur, le seigneur Kakita Kaiten...
Cela voulait dire que le souverain ne tarderait pas...

Soudain, les grandes portes s'ouvrirent en grand. Deux rangées de miharu de la Garde Impériale entrèrent et vinrent se poster sur les côtés, alors qu'un silence de plomb s'abattait sur la salle. Le seigneur Noritoshi aperçut Kakita Morihime, maîtresse des arts musicaux, lever doucement son éventail. Aussitôt, le son du tambour vint résonner dans la grande salle, peu à peu accompagné de plusieurs autres, auxquels vinrent s'ajouter le son des flûtes, des biwa et des samisen, dans une harmonie magnifique.

Noritoshi et son épouse se levèrent et descendirent lentement les marches de l'estrade, alors que l'ensemble de la salle, Yasuyo-san et Atoshi exceptés, s'agenouillaient, posant traditionnellement le front sur le sol. Le seigneur, sa famille et la princesse Doji s'inclinèrent bien bas quant à eux.

Le couple impérial apparut enfin à la porte, entrant lentement dans la pièce. Derrière eux, on devinait de nombreuses silhouettes, la plus proche étant Doji Kojiro, le Champion d'Emeraude. L'homme était âgé, mais dégagé un aura de force indéniable.

Noritoshi retint sa respiration.
Seul la musique s'élevait vers les Cieux, alors que tous se prosternaient...

Au loin, dans le jardin, un couple de Grue s'envola depuis les berges du grand lac...

[Hida Koan]

Un dédale de couloir s'ouvraient devant leurs yeux, le couple impérial rapidement escorté par nombre de samurai. Derrière eux le Champion d'Emeraude. D'une dignité exemplaire il suivait ses souverains.

Le couple impérial, dans la musique agréable, entra dans la pièce bondée. Pour la première fois peut-être, en tout cas pour la première fois aux yeux de nombreuses personnes, le couple impérial apparaissait comme les canons de l'époque. Le tumulte de la guerre était passé, celui des apparences étaient ouvert. D'un accord tacite et par une magie étrange, sans même s'être consultés, Koan et Shikizu avait pris le pas sur les traditions, le même jour et pour une même occasion.

L'Empereur malgré une apparence différente de d'habitude, gardait un caractère identique, il scruta la foule et chaque personne chuchotant sur son passage ou manquant de déférence sur le passage de Shikizu-hime fut chatié d'un regard méprisant, et Koan gageait qu'il s'en souviendrait toute cette journée durant. Les gardes formant la haie d'honneur se bougeait pas d'un pouce, le silence était quasiment total et les deux époux se dirigeaient vers leurs hôtes.

Le daimyo et sa famille s'inclinèrent, s'arrêtant à quelques pas d'eux, Koan s'inclina.
"Kakita Naritoshi-sama, quelle joie d'être en vos terres, reçu comme les plus prestigieuses légendes le racontent." La voix était monocorde, emprunte ni de reproche, ni de joie réelle. C'était donc ça le protocole se dit Koan. Il attendit que son hote se redresse et invite le couple à prendre place. Après seulement il ferait son discours.

NB: putain faut que je le fasse ce discours...

[Isawa Yoshimitsu]

[Isawa Okiani]

Okiani s'était mêlé à la foule, ne sachant trop où était sa place. C'était la première fois qu'il prenait part à un tel événement sans la présence de Yoshimitsu. Il n'apréciait guère la vie de cour, et s'était habituer à suivre son sensei dans de telles cérémonies ; lui savait ne pas se faire piéger aux jeux de cour, même face aux personnes les plus habiles. Sa présence lui manquait, et l'inquiétait grandement. Yoshimitsu lui faisait part de tels voyages d'habitude ; il ne lui cachait rien. Et là, il ne lui avait rien dit. Juste une lettre lui Que pouvait il bien se passer ? Pourquoi un départ si soudain ?

Ces questions et nombres d'autres traversaient l'esprit d'Okiani. Il se surprit même à penser que Yoshimitsu avait peut être voulu éviter Kuni Kuemon et Hiruma Lya. C'est alors que l'empereur prit la parole.

Kakita Naritoshi-sama, quelle joie d'être en vos terres, reçu comme les plus prestigieuses légendes le racontent.

La surprise de voir Koan parler avec une telle élégance lui changea totalement ses pensées. Il recommença à penser à tous les faux pas qu'il ne faut pas faire en de tels lieux, espérant ne pas à avoir à prendre la parole durant la cérémonie, et surtout que personne ne l'interroge sur la disparition de Yoshimitsu...

[Seppun Kurohito]

"Kakita Naritoshi-sama, quelle joie d'être en vos terres, reçu comme les plus prestigieuses légendes le racontent."

La voix du souverain résonna dans la vaste salle, assurée et profonde comme la Montagne. Noritoshi, toujours incliné, baissa davantage la tête pour appuyer son salut.

Ses émissaires à la Capitale lui avaient souvent fait état du peu d'aisance du monarque avec les mondanités de la Cour. De toute évidence, il n'en était rien aujourd'hui...
Au plus profond de son coeur, il s'était plu à penser que Koan Ier était aussi peu à l'aise avec le protocle que lui-même, idée qui lui avait permis d'envisager ce jour avec assurance. Mais de toute évidence, il n'en était rien...

Mais bien qu'il ne se sentait vraiment lui-même que le sabre à la main, il serait aujourd'hui à la hauteur de sa tâche... Pour se donner du courage, le seigneur Kakita songea que le souverain avait dû véritablement apprécier l'accueil de sa famille pour être tant à son aise.

Avec un mouvement grâcieux, il se décala légèrement sur le côté, invitant le souverain à prendre la place d'honneur, et prit la parole d'une voix claire. Ses premiers mots furent rauques, mais rapidement, il sentit l'aisance revenir avec tous les acquis de son éducation...
"- C'est un véritable honneur pour nous de vous recevoir, Otennô-sama. La famille Kakita toute entière remercie sa Majesté pour le choix de son Palais comme première étape de son voyage dans l'Empire..."
Ce faisant, Noritoshi invita le souverain à prendre place au dessus du dais où lui-même siégeait. Un siège en bois de cerisier avait été fabriqué spécialement pour l'Empereur, mais le seigneur Noritoshi se dit qu'un tel homme voudrait peut-être demeurer debout...

Non loin de lui, son épouse, Kakita Mai, était restée soigneusement inclinée. Lorsque le couple impérial s'approcha de l'estrade, elle eut un mouvement préremptoire de son éventail, et deux demoiselles de la noblesse, près d'elle, s'apprêtèrent, toujours inclinée, à ramasser la traine du somptueux kimono de l'Impératrice afin qu'aucune gêne ne lui soit occasionnée lors de ses déplacements.

Noritoshi salua respectueusement cette dernière, évitant de la regarder dans les yeux... Si cela faisait plusieurs décennies qu'aucune princesse Doji n'avait été sacrée Impératrice, Shikizu-sama était la première du Clan des Quatres Vents à s'asseoir près du Trône d'Emeraude.
Son visage exprimait une profonde beauté, mais il y avait dans ses yeux une lueur sauvage et indomptable, qui rappela soudain à Noritoshi dans quelle famille elle avait vu le jour...

Dans la salle, quelques bruits de soie, quelques mouvements discrets, parcoururent l'assemblée. Chacun attendait les paroles du jeune Empereur, qui indiqueraient ses dispositions et par là-même, dicteraient le climat de ce séjour impérial...

[Hida Koan]

Une fois sur l’estrade, le regard parcourant l’assemblée, l’Empereur prit une profonde inspiration. Il avait certes aujourd’hui plus que tout autre jour par le passé l’apparence bienséante d’un Empereur mais il lui fallait en tenir le discours. Il sentait encore le parchemin noué du fin ruban de soie dans sa manche. Ce parchemin d’aide à ce discours sur lequel il n’avait même pas jeté un œil… Peut-être croyait-il qu’avec l'allure viendraient les mots. Mais maintenant qu’il se trouvait devant ce peuple, une boule lui serrait la gorge. Alors il décida d’être lui et… adviendrait ce qu’il adviendrait…

« Peuple de Rokugan, je suis des plus ravis de me trouver en ces terres aujourd’hui. Shiro sano Kakita est un endroit magnifique, ses jardins font le bonheur de tout honnête homme, ses occupants sont bénis des Fortunes et plus encore, son Seigneur est des plus chanceux de diriger un lieu si empli de sagesse. L’écrin qu’est ce palais retient en son sein beaucoup de merveilles… Dont vous. Vous, habitants de l’Empire, vous qui faites l’Empire, tressant vos vies sur le canevas des Kami. Je ne peux que me réjouir qu’enfin nous nous présentions à vous et qu’enfin nous puissions vous connaître un peu plus encore.

Le voyage que nous avons entrepris est le plus beau qui soit. La découverte de cet Empire, la découverte de son peuple augurera de jours meilleurs. C’est pour vous, pour l’Empire que de telles pérégrinations ont été entreprises. Suivant la voie de mon aïeul, suivant la course de l’astre du jour, nous parcourrons les terres observant d’un œil bienveillant la Grande Reconstruction. Je veux lire la paix, la sérénité et la joie sur chaque visage que je verrais, et je veux rendre ces valeurs à tous les visages sur lesquels je ne les verrais pas.

Le devoir a une grande ressemblance avec le bonheur d'autrui. En cela je crois et ceci est mon but, ceci est notre but. Que chacun apprenne que nul ne devra faire souffrir le peuple, car il ferait souffrir l’Empire. Que nul n’ose arracher la félicité d’un habitant de ce peuple, car il est de mon devoir de préserver l’équilibre et quiconque le brisera se mesurera à moi. Je suis le garant de cette stabilité, je suis votre protecteur et votre servant.

L’incident d’hier ne doit en rien souiller la pureté de notre quête. Les plus fins limiers de tout Rokugan sont déjà sur les traces des infâmes responsables, traîtres à l’Empire. Croyez-moi, rien n’entachera jamais plus ces terres. Aussi fort que souffle la tempête, jamais la montagne ne ploie. Lors de la bataille du Dernier Espoir, alors que tout semblait perdu, nous avons vaincu ! Rien ne peut arrêter le destin, rien ne peut s’opposer à l’omniscience des Kami. En ces heures sombres nous avons vaincu et ce qui s’est produit hier n’est rien, rien comparé à ce que nous avons déjà défait, ensemble.

Un jour Shinsei a dit Un mot perd l'affaire, un homme détermine le sort d'un empire. S’il m’est permis de choisir ce mot et je crois qu’il me l’est permis. S’il m’est octroyé de choisir un tel mot, je vous assure qu’il ne sera synonyme d’aucune perte quelle qu’elle soit. Ce mot c’est Espoir. L’espoir que je porte en l’avenir, celui que je porte en vous. Shikizu-hime et moi-même sommes vos serviteurs, puissiez-vous apprécier le chemin que nous vous montrons à sa juste valeur.

Maintenant, comme je sais que vous vous impatientez, tout comme moi, je propose que nous profitions pleinement de cette journée. »

Koan s’arrêta, espérant avoir été clair, juste et surtout pas trop ridicule. Il laissa soin à quelqu’un d’autre d’annoncer le programme de la journée. Lui qui était resté debout pendant son long monologue, il s’assit sur le fauteuil derrière lui, sentant flageoler ses jambes. Lui qui avait combattu tant de fois sans faillir, se trouvait terrassé par un simple discours…

[Seppun Kurohito]

Toute la cour écouta avec révérence le dialogue de l'Empereur, attentif au moindre de ses mots.
Lorsqu'il eut terminé et qu'il s'assit sur le trône, le silence retomba, un instant seulement.
Une multitudes d'expressions se lisaient sur les visages nombreux, rayonnants et rassurés pour certains, indéchiffrables et composés pour d'autres. Quelques-uns seulement semblaient peu convaincus, le regard sombre ou songeurs.
Une fois Koan assis, on installa un dais vert émeraude et or à ses côtés pour que son épouse puisse prendre place.
Dans son armure de cérémonie, le Champion d'Emeraude n'avait pas quitté le côté du souverain.

Peu à peu, alors qu'une musique douce se réveillait à nouveau depuis quelques angles cachés de la salle, les représentants de tous les Clans de la Cour se relevaient, prêts à partager leurs impressions sur les paroles riches de sens de Koan.

Kakita Mai, l'hôtesse de la Cour, jeta un regard vers Bayushi Ryumi, une sorte de consentement mutuel pour débuter les festivités. Depuis les jardins, les serviteurs recommencèrent leurs courses incessantes, rapprochant des palanquins des arcades de la pièce et s'agenouillant, prêts à satisfaire le désir des invités du Palais.

Certains samurais jusqu'alors absents entraient par les portes annexes.

Kakita Noritsohi, évitant toujours soigneusement de croiser le regard brillant de son cher frère, attendit un instant de trop... Il ne s'était pas attendu à un tel discours.

L'Empereur maîtrise les arts de la politique...

Mais malgré tout, Noritoshi était ému. Les réponses du monarque étaient celles que l'on attendait de lui. Mais il y avait dans sa voie une franchise, une sincérité, une flamme que beaucoup de régnants perdaient au contact des hautes sphères du pouvoir.

Découverte, espoir avenir et devoir. Certains des thèmes de l'allocution était inattendus.
Ou était-il déjà lui-même gagné par le cynisme des hommes impliqués dans les rouages du gouvernement ?...

J'aime cet homme.

Ragaillardi et désormais parfaitement à l'aise, le daimyo de la famille Kakita se redressa grâcieusement, le visage éclairé et confiant, montrant à tous sa propre foi dans les paroles de son seigneur.

"- Nous sommes heureux que le Fils du Ciel apprécie l'accueil de la famille Kakita. Selon votre bon plaisir, Otennô-sama, le repas sera servi dans les Jardins Merveilleux du Palais, sur les berges du Lac de la Sérénité, sous les rayons ardents de votre divin parent.
A l'issue de la collation, le Clan de la Grue, et particulièrement les artisans de Shiro sano Kakita, feront démonstration devant tous de leurs talents, pour le plaisir de chacun.
Des proches de Votre Majesté ont tenu à organiser eux-même quelques tournois et concours, si vous voulez bien nous faire l'honneur de les présider..."
A ces mots, certains remarquèrent le sourire appliqué de la concubine impériale.

"- Quant aux événements de la soirée, ils seront soumis à l'approbation de votre Majesté..." conclut Noritoshi mystérieusement.

A l'issue de l'annonce, les voix, d'abord timides, commencèrent emplir la salle, couvrant la musique...

"-

[Kõjiro]

Kõjiro impassible, écoutait avec une attention particulière le discours de Son Empereur. Il avait une confiance inébranlable en Son Seigneur mais ce discours, le premier donné en de telles circonstances, avait une importance plus que fondamentale. Le souverain avait largement démontré ses aptitudes au commandement militaire, il possédait un charisme capable de transcender les troupes mais il était encore novice dans les arts de la cour. Etre capablde de créer un mouvement d'union, de fédérer tous les habitants de l'Empire en temps de crise est certes ardu, mais maintenir l'union en temps de paix est une tâche bien plus difficile encore. Les mots avaient été choisi avec soin par le conseiller Kurohito (même s'il semblait évident que l'Empereur y avait apporté sa patte), le discours en soi était parfaitement adéquat mais il n'aurait rien été sans les qualités oratoires de Sa Majesté. Non de celles que l'on apprend au sein des écoles Doji ou Bayushi. Celles de la franchise et du coeur. Celles qui créent des vérités par la foi et non la démonstration.

Puisse cet état d'esprit ne pas le quitter trop tôt...

Le Champion d'Emeraude observa avec une grande satisfaction l'effet produit sur le Seigneur Kakita. Il eut un sourire en pensant à son ami Kurohito couchant sur le papier les mots qui allaient ainsi toucher Noritoshi.

"Il sera cependant plus difficile de trouver les mots qui créent un tel engouement consensuel par la suite" pensa t il.

Mais cette pensée ne vint pas altérer la joie ressentie par le vieux kenshinzen aux paroles de l'Empereur.

[Hida Koan]

Koan se releva, embrassant Shikizu-hime du regard pour qu'elle le suive. Tous deux il descendirent les quelques marches et se dirigèrent vers les jardins. Ils s'arrêtèrent un instant, que le Daimyo Kakita rejoignent leurs pas.

"Belle journée, Naritoshi-sama, si nous devisions un instant los de votre repas dont j'hume déjà les mets succulents?"

Cet homme avait le regard franc, seul cela importait.

"Shikizu-hime vous êtes bien silencieuse... Votre kimono vous incommode?" dit Koan d'un aire entendu en riant doucement.

Il pensait bien que cela choquerait quelque peu Kakita Naritoshi et ainsi il le verrait peut-être encore plus comme un homme de chair et de sang et ne lui resservirait pas du Fils des Cieux à tours de bras...

[Moto Shikizu]

En reponse a son divin epoux l'Imperatrice fit une reverence des plus elaborees.

" Non point mon divin epoux, non point. Ce kimono est parfait et me laisse tout loisir de me comporter comme il se doit... " dit elle en souriant.

" Mon silence n'est du qu'au plaisir de vous entendre et vous voir evoluer. C'est un veritable plaisir que de voir et d'entendre votre Majeste. Et que cela ait lieu dans un si magnifique palais, en compagnie d'une assemblee aussi belle, sous l'egide d'un hote aussi excellent que Noritoshi sama, est un contentement de tous les instants. Je voulais gouter ses instants et leur perfection..." ajouta elle en incliannt la tete vers leur hote.

[Seppun Kurohito]

Lorsque le couple impérial quitta l'estrade, la Cour sembla reprendre vie, chacun allant et venant, commentant les propos tenus par les maîtres de cette Cour.

Noritoshi était assez désappointé. Mais agréablement, pour tout dire. Il lui semblait deviner sous le faste et le protocole le jeune prince du Clan du Crabe, de chair et de sang, plus que le fils divin et inaccessible de l'astre solaire.
Son épouse à quelques pas derrière lui, le seigneur Kakita emboîta le pas de l'Empereur vers les larges arcades donnant sur les Jardins Merveilleux.

La cour commenca à suivre sans ordre le cortège souverain...

"- Belle journée, Noritoshi-sama, si nous devisions un instant lors de votre repas dont j'hume déjà les mets succulents?
- Ce sera un grand plaisir, Koan-dono."
A peine eut-il prononcé ses paroles que le seigneur s'en voulut pour cette familiarité, qui avait coulé naturellement dans ses propos...
Comment puis-je être aussi sot! ..

Il se tut dés lors, évitant le regard du monarque. Mais déjà, ce dernier parlait à son épouse. Noritoshi regarda, écouta l'échange avec perplexité. Leur rapport était teinté d'une tendre simplicité, une sorte de complicité partagée qu'il devinait sous le vernis du protocole, qui rajoutait à son estime pour l'Empereur...

Revenant à la réalité, Noritoshi salua au compliment de l'Impératrice qui terminait sa phrase, auxquel il trouva de bon goût de ne rien rajouter.
"-...Et que cela ait lieu dans un si magnifique palais, en compagnie d'une assemblee aussi belle, sous l'egide d'un hote aussi excellent que Noritoshi sama, est un contentement de tous les instants. Je voulais gouter ses instants et leur perfection..."

Arrivés devant le jardin, une foule de serviteurs s'activaient à préparer les palanquins.

Kakita Mai, d'une démarche altière, se décala pour s'approcher de la souveraine, et parla avec courtoisie. Le timbre de sa voix et son assurance montrait son aisance dans les mondanités, à la différence de son époux... Avec un geste grâcieux de l'éventail fermé, elle indiqua la litière la plus décorée.
"- Tennokô-sama, ce palanquin a été apprêté pour votre confort. Le repas se déroulera sur l'Ile de l'Eveil, la plus grande de nos jardins."
Ce faisant, elle indiqua le lointain lac, qui se trouvait à près de 500 mètres, un touche de bleu limpide contrastant avec les nuances de verts et les couleurs estivales des fleurs du jardin.

Déjà, certaines autres femmes de la cour se voyaient proposés des sièges à porteur et litières qui attendait sur la pelouse claire.

Daidoji Komori, commandant de la garnison de Kyuden Kakita, s'était approché du Champion d'Emeraude qu'il salua respectueusement, mais avec une économie de mouvement qui laissait deviner à l'auguste kenshinzen sa maîtrise de l'art du sabre de l'école Kakita. On pouvait remarquer, placés délibérément à distance et de manière à ne pas attirer le regard, plusieurs membre de la Garde d'Elite du Palais.
Autour du cortège impérial, les miharu de la famille Seppun demeuraient imperturbables, les sens en alerte et l'esprit tout à leur devoir...

[Seppun Kurohito]

Derrière le groupe de tête, chaque invité de la cour rejoignait ses pairs, laissant deviner les affinités et les liens sous-jacents de la noblesse de la Grue.

Les samurais du Clan du Scorpion, dont Bayushi Hiryu, étaient dispersés au milieu de nombreux groupes d'invités.

Kakita Atoshi, dans son magnifique kimono bleu et argent, quitta le groupe de flagorneurs qui formait son entourage pour venir présenter ses hommages à Bayushi Ryumi, la concubine impériale. Cette dernière avait déjà reçu les salutations d'un nombre important d'admirateurs, et semblait parfaitement à son aise...

Encore dans la salle, quatre samurai du Clan de la Licorne cherchaient du regard le fils du seigneur Ide Daikoku, le jeune Akio qui accompagnait le cortège impérial pour son long voyage...

Seppun Kurohito avait rejoint le représentant du Clan du Lion, Ikoma Sanzo, qui semblait chercher du regard dans l'assistance.
"- Sanzo-san, me ferez-vous l'honneur de votre compagnie ?
- Tout l'honneur sera pour moi, Kurohito-sama... Je pense que Yumi-san ne devrait pas tarder à nous rejoindre..."

Le vieux conseiller impérial se souvint de la jeune femme avec une certaine joie. Il se souvenait de son ardeur et de sa bravoure, lorsque plus d'un an plus tôt, ils s'étaient battus sous la même bannière, celle de Toturi Tsudao.
"- Matsu Yumi... Je la reverrai avec grand plaisir", rajouta-t-il pour rassurer le barde. " Yumi-san ne devait guère être fort à l'aise dans la demeure de l'ennemi héréditaire de sa Maison...
"- Je crois savoir qu'elle a effectué une passe d'arme particulièrement remarquée avec Okuma-sama, le daimyo du Clan de l'Ours", conclut-il. Sanzo acquiesca, une certaine fierté dans le regard.

Kurohito se demandait si l'énigmatique daimyo ferait son apparition. Les mondanités n'avaient pas l'air d'avoir sa prédilection... La journée promettait d'être... riche en informations.

Alors que, peu à peu, chacun gagnait les jardins, la princesse Doji Yasuyo finissait de répondre aux hommages. Chacun savait qu'elle aurait une place de choix auprès du souverain durant le dîner. Pour l'instant, elle ne s'était guère fait remarquer, ce qui pouvait paraître étrange. Le protocole exigerait qu'elle soit à l'honneur, auprès de son cousin Noritoshi.

Son regard croisa celui d'un Scorpion au masque blanc, s'aidant d'une canne d'albâtre, qu'elle trouva énigmatique... Elle lui fit un grâcieux salut de la tête avant de rejoindre l'avant du cortège.

Hiruma Lya était toujours seule. Son allure lui avait valu d'être soigneusement évitée par la plupart des courtisans délicats du jour, mais elle ne semblait pas s'en soucier.

Elle remarqua néanmoins Daidoji Korozu, l'homme avec lequel elle avait déjà échangé quelques mots au dojo.

Un nuage fugace passa devant la lumière de Seigneur Yakamo, avant de disparaître...[/i]

[Yogo Kaneda]

Avec cette promenade et mes préparatifs, j’ai bien failli louper le début des festivités. Et je me suis encore perdu dans ce palais tout pourri, miroir de l’odieuse opulence du clan de la grue le clan qui dissimule sa cruauté et sa duplicité sous le masque de la beauté, du luxe et de l’élégance. Les grues sont capables de rendre belles les choses les plus innommables. Les observer pendant quelques mois est plus instructif en la matière que des années d’étude de l’Outremonde ou de la Maho… Vous trouvez que j’exagère ? Pauvres naïfs, je vous avais dit que lire dans mes pensées ne vous apporterait rien de bon.
Une journée longue et pénible commençait : faire des ronds de jambes et des courbettes à des fats et des sots qui se croyaient en sécurité dans ces murs de papier, cachés derrière leurs éventails.
Le discours de l’empereur avait été bref mais pertinent et juste. Ce serait un plaisir de travailler pour lui avant d’éventuellement…

Désormais, le cortège des courtisans, des solliciteurs et des ennuyeux se dirigeait vers les jardins. Tous confiants et insouciants alors que le danger pouvait revêtir n’importe quelle apparence. Il pourrait se dissimuler dans l’ombre, sous le dais qui abritait l’empereur quand il rendit son discours, derrière ce masque de porcelaine ou, pourquoi pas, dans ton merveilleux regard, princesse Doji Yasuyo.

« Alors que, peu à peu, chacun gagnait les jardins, la princesse Doji Yasuyo finissait de répondre aux hommages. Son regard croisa celui d'un Scorpion au masque blanc, s'aidant d'une canne d'albâtre, qu'elle trouva énigmatique... Elle lui fit un gracieux salut de la tête avant de rejoindre l'avant du cortège. »

Oh oui, merveilleuse et délicate petite princesse, tu es la chose la plus précieuse de ce palais. Mais tu es vêtue du sang des miens. Ton clan fut le premier à venir pour nous détruire quand nous étions faibles. Néanmoins, je vois avec plaisir que les temps changent : l’impératrice est désormais une Moto et le concubine impériale est une Bayushi. Aux Doji, il ne reste que les yeux pour pleurer. Leurs femmes ont finalement engendré le plus grand mal qu’ait connu l’empereur : le dernier Hantei… Je regrette cependant que le seigneur de ces lieux ait encore la tête sur ses épaules et que le champion d’émeraude risque de payer l’incompétence (ou la traîtrise) du seigneur Kakita…
Je ne crois pas, princesse, que tu puisse comprendre ce qu’on peut ressentir quand quelqu’un vient s’immiscer chez vous dans le simple but de vous détruire, de vous humilier. La famille Kakita était moins belle et noble le jour où elle a détruit la vie de celle qui serait ma mère. Elle avait déjà beaucoup perdu après la trahison de Yogo Junzo mais ce vil Kakita lui a ôté le peu qu’il lui restait : sa pureté et sa dignité. Il a néanmoins été utile: il m’a permis de venir au monde et par conséquent de « récupérer » une partie de la puissance de mon oncle Yogo Junzo. Il a engendré un mal qui n’attend que le bon moment pour agir, qui doit devenir plus puissant, et qui, pour ce faire, doit en cette heure aider le champion d’émeraude à sauver sa tête…

« Yasuyo sama, dit Kaneda en s’inclinant profondément, je vous présente les respects de ma famille. Je pensais avoir entraperçu les beautés de ce palais. J’en découvre une qui les éclipse toutes. »

Kaneda ne s’en voulait pas de sa témérité. Elle savait d’où il venait et que le sang du premier Yogo coulait dans les veines de ce petit homme au masque de porcelaine. Il devrait d’ailleurs en changer, se dit Yasuyo. Ce n’est pas pratique pour manger. Il n’avait même pas été original dans son compliment. Quel homme curieux…
Mais ce qu’elle ignorait, c’est qu’il avait déployé toute la gentillesse dont il pourrait jamais faire preuve à son égard. Plus tard, il aperçut Hiruma Lya en compagnie du conseiller impérial Seppun Kurohito et de Ikoma Senzo. Il ne les dérangerait pas, mais il souhaitait pouvoir s’échapper d’ici le plus tôt possible… et il savait que la Shugenja Kuni essaierait elle aussi de se soustraire aux mondanités. Sa tenue ne laissait aucun doute là-dessus.

[Hida Koan]

L'invitation à Shikizu pour rejoindre le palanquin venait d'être dite. Koan s'amusa à se demander comment l'intéressée allait réagir... Après ce qu'il considérait comme ayant été des sarcasmes à propos de son discours J'étais donc si mauvais... l'Empereur s'inclina devant Kakita Mai et partit dans la direction opposée, laissant l'Impératrice se dépatouiller avec les joies de sa condition.

"Vous suivrez mes pas, Kakita Noritoshi-san?" lança Koan alors même que le Daimyo le suivait déjà "Laissons donc nos merveilleuses épouses faire connaissance."

[Moto Shikizu]

L'Imperatrice rendit son salut a Kakita Mai en inclinant la tete, et d'un mouvement agile de son eventail.

" Mai san, une soiree aussi enchanteresse me paraissait impossible a ameliorer, et pourtant, vous y arrivez ! " dit elle dans un sourire.

" J'eu aime deviser avec vous en nous promenant, nous pourrons sans aucun doute le faire apres le repas, nous n'allons tout de meme pas imposer a tous de marcher jusqu'au lieu de la fete !" ajouta t elle en terminant sa phrase d'un rire cristallin et leger.

S'installant gracieusement dans le palanquin que Dame Mai lui avait propose, Shikizu ajouta " Je suis sure que nos deux palenquins peuvent cheminer de concert, enchantez moi des merveilles de votre clan, je vous en pries..."

[Seppun Kurohito]

"Vous suivrez mes pas, Kakita Noritoshi-san? Laissons donc nos merveilleuses épouses faire connaissance."

Le seigneur Kakita acquiesca d'un salut, le sourire aux lèvres, aux paroles du souverain. Il se sentait de plus en plus à l'aise en compagnie de Koan.

Alors qu'ils avancaient dans les jardins, chacun pouvait en voir les merveilles cachées. Les bosquets d'arbres en fleur, dont les pétales tombaient en pluie sur le passage des hommes, comme un hommage vibrant de la nature, les allées de graviers sinuaient paresseusement d'un parterre à l'autre, et de nombreux mémoriaux, à l'élégante architecture, ponctuaient le parcours.

Des jardins secs, des petits kiosques, quelques rus d'eau claire s'écoulant en cascade dans de petits étangs fumants, donnaient l'impression d'un magistrale mandala visiblement seulement des cieux.

Plusieurs aménagements étaient en terrasse, permettant une vue plus étendue sur ce prodige naturel.
Certains jardins représentaient les saisons, d'autres les Clans ou encore quelques vertus qu'il incombait à chacun de découvrir.
Ca et là, des statues de marbre trônaient au centre de fontaines claires, rappelant la maîtrise des artisans de la famille Kakita.

De manière générale, une sensation de profonde sérénité gagnait le coeur des invités à mesure de leur avancée. La beauté naturelle semblait ici sublimée par le travail de l'homme, une harmonie qui touchait au divin.

Les parfums floraux, portés par une fine brise, et quelques espèces rares d'animaux colorés finissaient de combler l'assemblée.
Un couple de paons s'approcha du souverain, sans peur...

Noritoshi savourait chaque fois les délices des Jardins Merveilleux. Ils avaient été particulièrement soignés en prévision de la venue du souverain.
Désormais en confiance, il se permit d'engager à nouveau la conversation.

"- Votre voyage est une véritable promesse d'un avenir meilleur pour tous. J'ai réuni il y a peu mes principaux vassaux et les maîtres de l'Académie. Nous avons désigné certains de nos artisans les plus prometteurs, que nous nous proposons de mettre à votre disposition, pour la suite de votre voyage. Si la Grue est réputée pour ses talents artisitiques, certaines applications de notre savoir s'avère pour autant fort utile, pour la reconstruction de l'Empire. Nous avons désigné des jardiniers, des architectes, des calligraphes, des forgerons, quelques sculpteurs et peintres, tous prêts à servir la cause de l'Empire...
Et nous aurons, mon épouse et moi-même, une humble demande à faire à votre Majesté à la fin du repas, qui, je l'espère, ajoutera encore au message d'espoir de votre entreprise..."

Ces dernières paroles furent appuyés d'un sourire plus clair, comme si le seigneur se réjouissait de l'agréable surprise qu'il réservait à son souverain... Le regard un instant dans le vague, Noritoshi poursuivit d'une voix plus basse, qu'aucun ne pouvait entendre hormis Koan. Son sourire s'effaca pour laisser place à une sincère gravité. Il sembla soudain plus âgé de dix ans...

- Votre majesté, vos paroles résonnent encore dans mon coeur et mon esprit. Derrière l'opulence de ces murs, je n'oublie pas la détresse de votre peuple, ni ses attentes...
Je n'oublie pas les tragiques événements d'hier...
La famille Kakita met tout en oeuvre aux côtés des magistrats de votre Champion pour trouver et châtier les coupables... Il en va de notre honneur.
Sire, je vous présente les plus sincères excuses des miens, et je remets mon sort entre vos mains, si votre Majesté pense que je ne mérite pas la dignité auxquel la naissance m'a destinée..."

C'était une bien curieuse façon de terminer sa diatribe.
Noritoshi était le premier surpris du flot ininterrompu de ses paroles. Il avait ouvert son coeur à l'Empereur si rapidement...

Les deux hommes étaient maintenant sur les berges du Lac de la Sérénité.
Ils furent peu à peu rejoints par l'ensemble de la cour.

Noritoshi faisait face à son suzerain, le visage baissé et attendant son jugement.
Quoiqu'il arrive, il avait dit ce qu'il devait.