[BACKGROUND] Mirumoto Neji

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Loki
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[BACKGROUND] Mirumoto Neji

Message par Loki » 15 juin 2004, 14:14

Mirumoto Neji est le fils de Mirumoto Ryu et d’une Kitsune, même s’il ne les a jamais connus. Son père s’est occupé de le protéger durant les premières années de sa vie avant de le confier à l’un de ses amis, Mirumoto Kurushima, sensei d’un fameux dojo de duellistes. Ce dernier a pris Neji sous son aile et l’a élevé comme ses autres enfants.

Mirumoto Kurushima n’était pas n’importe quel maître. Homme calme et austère aux traits burinés, kensai de son état, il avait créé son propre style. Celui-ci se fondait sur l’usage d’un seul sabre, le katana. Pour beaucoup, ce style était pour le moins dérangeant : se réclamer de Mirumoto et n’utiliser qu’un seul sabre… On l’avait parfois même accusé de trahir le maître et de s’inspirer honteusement du style Kakita.
En réalité, rien n’était plus éloigné de la vérité. Kurushima s’était au contraire appliqué à revenir aux fondements même des enseignements de Mirumoto. Et une chose lui était apparue clairement : Le Nitten ne pouvait se réduire au simple fait d’utiliser deux sabres, même si c’était clairement le point saillant. Les enseignements du fondateur de l’école allaient beaucoup plus loin, mettant l‘accent sur l’état d’esprit du combattant, sur une confiance absolue en la victoire. La capacité à regarder son adversaire droit dans les yeux sans fléchir une seconde. Le fait de se savoir vainqueur avant même que les sabres soient tirés. A partir de là, un sabre ou deux, ça n’avait plus guère d’importance…
Et de fait, son dojo devînt très vite réputé, quoique suscitant certaines méfiances (même si les détracteurs prenaient toujours garde de ne pas dépasser certaines limites, de peur de devoir affronter le maître en duel…), ainsi que beaucoup de curiosité ce qui valait souvent au maître de recevoir une invitation à un tournoi pour présenter son art.


« Kamae to ! » fit le sensei de sa voix rauque, suivi du mouvement quasi-unanime de ses élèves qui se mettaient en garde.
« Hajime ! » Le signal du début du randori, au son duquel chacun s’élança vers son partenaire en criant. Neji se lança sans hésiter. Jouant de sa souplesse naturelle, il esquiva prestement le coup de son adversaire avant de bloquer son bokken avec le sien. Faisant quelques pas de côté tandis que l’autre essayait de se dégager, il le relâcha soudainement et, profitant de la surprise et du déséquilibre occasionnés chez son partenaire, il lui asséna un coup violent au genou avant de se reculer vivement, évitant de ce fait la contre-attaque.
« Mate ! » Les élèves se remirent en place. « Soremade » poursuivit le sensei, marquant la fin de l’entraînement et invitant ses élèves à se mettre en position de salut. Une fois celui-ci terminé, chacun se releva pour aller prendre un bain. Un petit sourire se dessina sur les lèvres de Neji. Il était satisfait. Satisfait de sa prestation, de sa victoire en randori, une de plus. Il quitta fièrement le tatami. Non pas en marchant simplement comme les autres, par les quatre vents, voilà qui eût été indigne, non, il s’efforçait de se déplacer avec grâce et élégance, ajustant les mouvements de son corps sur ses pas lestes et élancés, marche policée et gracieuse usuellement pratiquée à la Cour mais qu’il maîtrisait déjà étonnamment bien pour un kensai en devenir n’ayant jamais quitté les terres du Dragon.
C’était une constante chez lui que de s’efforcer de briller en toutes circonstances et de bien paraître. Et rien ne le fascinait tant que l’esthétique de la Cour, en témoignait sa façon de parler, toujours soigneusement pesée et faite de mots bien choisis. Cette façon d’être, narcissique et recherchant constamment à être remarqué, tranchait nettement avec celle de ses camarades au dojo, portés sur la recherche de l’harmonie et de l’illumination par la voie du sabre et lui avait valu le surnom de « Grue Ecailleuse ».

Après s’être lavé, il se rendit dans un petit salon de la maison. Assis dans un coin de la pièce se trouvait un autre jeune garçon au longs cheveux blancs et au kimono rouge vif. Neji reconnut celui qu’il cherchait et se dirigea vers lui.
-Konichiwa Saga-kun.
-Konnichiwa Neji-kun. Comment s’est déroulé l’entraînement, mon ami ?
-Fort bien. J’ai rappelé à l’un de mes camarades que vouer sa vie à l’harmonie du corps et de l’esprit par le Kendo ne signifiait pas nécessairement être un escrimeur de talent.
-Comme les fortunes sont parfois injustes… Que peut-il rester à ceux là qui ne sont même pas capable d’exceller dans le seul domaine que leurs maigres talents leur permettent d’approfondir ?
Neji sourit. Il ne connaissait Saga que depuis quelques mois et pourtant il passait le plus clair de son temps avec lui. Bayushi Saga était arrivé six mois auparavant avec son père, un diplomate du clan du Scorpion envoyé à Shiro Mirumoto et logeait dans une villa située à côté du dojo. Il s’y était rendu un jour, accompagnant son père qui venait rencontrer Kurushima. Les élèves se méfiaient de lui du fait de son appartenance au clan des secrets, ce à quoi Saga répliquait avec une ironie mordante. Un jeune samurai ne goûta guère ladite ironie et exigea des excuses promptes à Saga qui y allait de plus belle, d’autant que l’éloquence n’était guère le fort de l’offensé. Alors que la situation se tendait, Neji intervint, expliquant de manière courtoise mais ferme au samurai que ce n’était pas là une façon de se comporter vis à vis d’un hôte de Kurushima. Ce dernier maugréa, mais abandonna l’affaire. Reconnaissant et étonné de trouver en ce dojo un orateur ayant un tant soit peu de talent, Saga le remercia et loua son art rhétorique.
A partir de là naquit une amitié forte, fruit de la fascination de Neji pour cette personne qui avait fait de la Cour et de la maîtrise des mots sa voie, et de la reconnaissance de Saga. Fruit également du désir chez ces deux êtres de trouver une estime, une reconnaissance chez les autres. Saga était considéré comme un Junshin, un homme honorable ce qui lui valait au mieux moqueries, au pire mépris des autres Scorpions. Et pour la première fois, il trouvait quelqu’un qui ne le considérait ni comme un traître, ni comme un lâche.

***

Le soleil s’était couché, laissant place à la pâle clarté de la voûte étoilée et d’un fin croissant de l’astre lunaire, maigre arc de lumière qu’Onnotangu daignait darder sur les mortels. L’arrivée de la nuit avait rafraîchi l’atmosphère, mais, plongé dans ses pensées, il n’y avait pas prêté attention. Des pensées qui naviguaient entre des bribes de souvenirs confus. Ceux d’un enfant de deux ans, un âge où l’on a guère conscience de soit et de ce qui nous entoure. Les seuls qu’il avait de son passé et de ses origines. Non qu’il fût amnésique, mais, confié à Kurushima-sensei dès son plus jeune âge, il était orphelin et jamais il n’avait eu la moindre idée de qui étaient ses vrais parents, d’où ils venaient et pourquoi ils l’avaient abandonné. Les rares fois où il avait interrogé son sensei à ce propos, il n’avait reçu qu’esquives et paroles vagues. Tout ce qu’il avait n’était que des souvenirs, fragiles et nébuleux.
Ceux d’un homme grand et musculeux, aux cheveux noirs de jais, à la voix grave et vibrante, au regard profond mais tourmenté. Ceux de plaines, de collines, de rizières et de montagnes défilant à mesure qu’il voyageait entre les bras puissants de l’homme. Parfois la vision fugace d’autres hommes, portant d’autres mon, quelques fois amicaux, d’autres fois moins…
L’arrivée au Dojo. Sa première vision de Mirumoto Kurushima. Quelques paroles échangées, des bras qui l’abandonnent, d’autres bras qui le prennent. L’homme de dos qui s’en va, la porte qui se referme. Puis sa vie, telle qu’il la connaissait. La vie austère et méditative de son sensei, entre le tatami et la salle d’étude. Et au fond de lui un pincement au cœur, un manque, celui de savoir qui il était vraiment et quelle était sa place.
Un manque d’autant plus cruel qu’au fond de lui, il savait qu’il était différent. Différent de ses congénères, des autres enfants. Il ressentait des choses inconnues, une sensation d’appartenir parfois à un autre monde. Sensation qui lui donnait cette soif, cette quête de reconnaissance auprès des autres. Son narcissisme n’était qu’une façon d’ignorer ce sentiment de solitude qui lui pesait si cruellement. Etre reconnu des autres pour se convaincre qu’il était bien de ce monde, voilà qui résumait bien sa manière d’être.


La suite très prochainement si ça vous a plu. J'attends vos commentaires et vos critiques, pour que je puisse améliorer tout ça.

Edit de Hijiko : relecture & corrections par Agasha Takeshi :jap:
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Agasha Takeshi
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Message par Agasha Takeshi » 15 juin 2004, 14:40

Orthographe et grammaire très moyens, voire passables, Loki-san.

Je vous encourage à aller vous entraîner au dojo de Cappello-sensei ...


:dragon:
Agasha Takeshi,
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Message par Loki » 15 juin 2004, 14:44

Quelles fautes as tu relevé?
The L5R RPG Golden Rule: If the rules ever get in the way of having fun, ignore the rules.

Seppun Kurohito
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Message par Seppun Kurohito » 15 juin 2004, 14:53

J'aime beaucoup. Bien écrit (c'est mon avis, aussi subjectif que personnel), ça donne envie de lire la suite, de l'évolution du Dragon autant que celui de l'invité Scorpion... :jap:

Par contre, pour la technique peu commune du sensei, le Nitten n'est-il pas basé dans sa forme justement au fait que ce soit du combat à deux armes?
Peut-on encore parler véritablement du style Nitten dès lors que seul le katana est utilisé ? Ce serait peut-être plutot une technique totalement nouvelle (ni Nitten, ni style Kakita), développé par un homme qui lui, a pratiqué préalablement le Nitten.
Juste une idée...

Sinon...
La suite ! La suite !

Seppun Kurohito

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Message par Pénombre » 15 juin 2004, 14:55

Deux petites remarques préliminaires :
- la philosophie du dojo n'a rien de très nouveau en fait, que ce soit Mirumoto ou Kakita, tous deux dans leurs traités insistaient beaucoup sur l'aspect mental. Mirumoto partait du principe qu'il n'y avait pas à se focaliser sur des attitudes ou des postures de combat mais qu'il fallait être prèt en permanence à vaincre. De son côté, Kakita pensait que si chaque geste et chaque instant que vivait le kenshinzo était parfait alors son art du sabre le serait aussi. Dans le fond, tous deux disaient la même chose à savoir : être toujours prèt à combattre et à vaincre est indispensable pour remporter la victoire.

Ce qui les oppose réside en ceci je pense : Kakita attache plus d'importance à l'homme (et à son corps) qu'à l'épée (le principe du 100 jours pour le corps, 1000 pour la lance, 10.000 pour l'épée). Pour lui, l'homme est plus important que l'arme.
De son côté, Mirumoto considère qu'il est stupide de n'utiliser qu'une seule main et une seule arme si l'on peut en utiliser deux. Pour lui, un homme ne peut servir son maitre à fond s'il se prive de la moitié de sa force.

Il te faudrait détailler en quoi la philosophie du sensei se montre plus fidèle à Mirumoto qu'à Kakita puisque là en fait tu tapes justement dans ce qui les rassemblait et pas dans ce qui les opposait : l'homme et sa volonté sont ce qui a le plus d'importance. En l'état actuel, la présentation succinte de ce dojo ne suffit pas à expliquer en quoi il est fidèle à Mirumoto alors que dans le fond, il semble tourner le dos à tout ce qui le distinguait justement de Kakita. (C'est d'ailleurs parce qu'ils partageaient le même fond de pensée qu'Hojatsu et Kakita se respectaient bien plus qu'ils ne divergeaient sur la forme).

Il faudrait détailler et approfondir cette école, quitte à la modifier éventuellement

Deuxième remarque, mais c'est plus une question vu que je ne pratique pas le kendo. Le terme de randori et le vocabulaire employé par le sensei me semblent sortis du judo (que j'eusses pratiqué il y a longtemps). C'est une reprise personelle ou il y a bien une correspondance au niveau du kendo ?

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Bayushi Hiryu
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Message par Bayushi Hiryu » 15 juin 2004, 14:57

Vu que Loki fait du judo mais pas de kendo, je dirais première solution. Mais si quelqu'un peut nous éclairer...
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Message par Okuma » 15 juin 2004, 15:44

Très bon, quoique comme l'a dit quelqu'un ici, pas très original, avec des fautes et un vocabulaire étrange ..
L'ours fils du tonnerre

Mes aides de jeux sont sur :
http://www.kazenoshiro.com/
Shawn Carman a écrit :Okuma's PDF is indeed frought with awesome.
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Message par Kõjiro » 15 juin 2004, 15:47

Pénombre a écrit :Exposé très intéressant de Pénombre comme à l'accoutumé
Je me répète (c'est l'âge ;) ), mais si ces deux philosophies du sabre sont si proches c'est sans doute qu'elles sont directement inspirées du même homme à savoir Miyamoto Musashi. Les extraits du Sabre de Kakita ou du Niten du fils de Mirumoto sont tous deux repris directement du Gorin no Sho de Musashi.

J'en avait d'ailleurs longuement discuté avec Yamura fut une époque.

J'ai une interprétation personnelle (avec laquelle Yamura n'était pas tout à fait d'accord d'ailleurs mais je en me souviens plus bien sur quoi) qui est que l'ecole Mirumoto est plutôt inspiré de la jeunesse de Musashi pour le coté pragmatique, efficacité maximale etc... tandis que l'école Kakita est plutôt inspiré d'un Musashi plus âgé, artiste, qui voit dans le sabre une voie universelle applicable à toute chose. Tout ceci étant assez grossier puisque Musashi n'est clairement pas la seule source d'inspiration des deux écoles même si elle reste la principale selon moi.

Par contre j'ai pas lu le texte de Loki mais je me rattraperais dès que possible je sens que ça va m'intéresser ;)
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Message par Kõjiro » 15 juin 2004, 15:52

Ayé rattrappé... pas mal du tout, mais je me joint aussi à pénombre pour les remarques.

Question : le perso à ancetre kakita ? ;)
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Message par Loki » 17 juin 2004, 12:02

Pour le vocabulaire employé, j'ai supposé qu'il est identique à celui du Judo étant donné que randori signifie "combat d'entraînement"

Sinon, pour le "style" de Kurushima, il s'agit d'une interprétation de ma part des citations du nitten de la Voie du Dragon ainsi que des techniques des Kensai:
-Le Nitten insiste énormément sur la nécessité dd'être convaincu de sa victoire. Peu importe les moyens d'une certaine manière, le bushi sait qu'il vaincra "Je ne crois pas que je vais gagner, je sais que je vais gagner."De même, le nitten n'insiste en réalité pas tant que ça sur les deux sabres: ceux ci ne sont qu'un accessoire: il insiste avant tout sur la capacité du duelliste à percevoir son adversaire, l'anticiper, "ne pas être trompé", et sur le fait que finallement, tout ceci est plus important que la frappe en elle même. La ligne de fracture entre Kakita et Mirumoto ne se situe en fait pas dans la distinction "Homme/Epée", les deux considèrent avant tout l'homme.
-Les techniques de Kensai m'évoque un duelliste solide dans son esprit. Celui qui est capable de regarder son adversaire sans fléchir, le déconcentrant presque de par sa solidité mentale et intérieure (cf technique de rang 2). En revanche, rien n'évoque le besoin d'avoir deux sabres.

Dans ces conditions il ne me semble pas que le fait d'avoir deux sabres soit nécessaire pour un kensai. Voila donc pourquoi le style Kurushima, tout en s'apparentant à l'école Mirumoto, n'a besoin que d'un seul sabre.
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Message par Loki » 17 juin 2004, 12:57

-Neji-sama…
Il se retourna brusquement au son de la voix fluette venant de son dos. Une jeune servante se trouvait derrière lui, transie de froid, mais osant à peine le déranger.
-Neji-sama, Kurushima-sama vous attend pour prendre le thé avec lui.
-Très bien… J’arrive, répondit-il en se levant d’un bond. Un petit vent frais s’immisça entre les plis de son kimono, lui rappelant l’heure tardive et la froideur de la nuit.

-Konbanwa, Neji-kun. La nuit était-elle à ce point féconde que tu en oublies de rentrer ?
Kurushima était seul dans la petite pièce, agenouillé sur un coussin. Sur une petite tablette, il avait disposé deux bols ainsi qu’une théière
-Le calme de la nuit est propice à la méditation et au recueillement. Je m’excuse de vous avoir fait attendre, Kurushima-sensei, répondit-il en s’inclinant profondément.
-Ce n’est rien, installe-toi, je vous en prie, dit il en indiquant d’un geste de la main un autre coussin situé en face de lui.
N'importe quel observateur aurait été frappé par les différences physiques entre les deux hommes. Grand, mince et élancé, Neji avait une peau très claire, chose peu commune chez les Dragons, en particulier comparé à son maître dont la peau ridée portait une nette teinte mate. Un visage ovale aux traits fins et ciselés, contrastant avec la face burinée de Kurushima. Le plus étonnant étaient ses cheveux. De très longs cheveux fins, raides. Des yeux d’une étonnante clarté, presque gris. Et surtout, des cheveux argentés… Cela n’était absolument pas dû à une quelconque teinture, ses cheveux étaient naturellement couleur argent. Nul ne savait d’où provenait ce trait, jamais observé au sein du clan, tout au plus certains albinos avaient les cheveux blancs. Mais des cheveux argentés, qui plus est sur les terres du Dragon… Encore quelque chose qui le différenciait des autres, et ce d’autant qu’il les portait très long et y apportait beaucoup de soins, mais qu’il était incapable d’expliquer.
-Quelles pensées ont donc pu à ce point occuper ton esprit pour que tu te fasses surprendre par la nuit ?
-Je… J’étais occupé à méditer… fit Neji sans conviction.
-Allons mon enfant, pourquoi ne pas me confier ce qui te préoccupe vraiment?
Silence.
Kurushima fixa un moment son élève avant de saisir son bol.
-Sensei… Je…
-Qu’est-ce Neji-kun ?
-D’où viens-je sensei ? Qui sont mes parents ? Je veux dire, mes vrais parents ?
Le visage de Kurushima s’assombrit alors qu’il levait son bol. Après un instant d’hésitation, il le porta à ses lèvres et but une gorgée sans dire un mot.
-Sensei, je dois savoir !
Au son de la voix de son disciple, le vieil homme reposa doucement le bol sur la tablette.
-Rien de ce que tu dois savoir ne t’a été caché. Ton père était un homme droit et juste. Un grand samurai, glorieux représentant des bushi de la famille Mirumoto. Parce qu’il avait à accomplir des faits d’honneurs et de gloire, il m’a confié ta garde, me laissant l’honneur de faire de toi un véritable samurai, respectueux de son honneur et de son devoir. De te donner l’éducation qu’il t’aurait donné s’il avait pu. Tu dois te montrer digne de ton héritage, en premier lieu en passant ton gempukku avec bravoure.
-Vous…Vous m’avez déjà parlé de cela, sensei, ce… ce n’est pas ce que je veux !
La frustration se sentait dans la voix du jeune élève.
-Alors que veux-tu ? répliqua la voix clame et posée de Kurushima. Je t’ai dit la vérité, n’était-ce pas ce que tu souhaitais ?
Neji sentit sa gorge se nouer. Une nouvelle fois, Kurushima s’en tenait à la même histoire, sans donner plus de détails. Rien qui pourrait expliquer ce en quoi Neji se sentait si différent. Et ce malgré ses demandes répétées ou les heures passées à expliquer à son maître son malaise. Et pourtant, il savait, c’était certain.
-Pourquoi ? Pourquoi refusez vous donc de m’en dire plus ? Pourquoi refusez vous de me dire ce que j’ai tant besoin de savoir ?
-Cesse avec ces questions. Elles ne font que tourmenter ton esprit, te détournant de la voix de tes ancêtres. Fais le silence en toi et écoute-les.
-Quels ancêtres ?! s’écria brusquement Neji. Ils ne m’ont jamais parlés, ils n’ont jamais été là pour moi !
-Neji, veux tu t’arrêter ?
-C’est vrai et vous le savez aussi bien que moi ! Le shugenja Kitsu l’a dit lui même lorsqu’il est venu il y a quatre ans, il ne ressentait aucune présence spirituelle autour de moi, j’étais le seul dans ce cas !
-Il suffit !
La voix calme s’était faite sèche et cinglante comme un fouet.
-Je puis comprendre ton désarroi. Je puis comprendre le trouble qu’a pu causer le fait d’être séparé de tes parents. Mais je ne saurai tolérer telle attitude.
Il fixa son élève droit dans les yeux.
-Crois-tu que ton attitude est celle d’un samurai ? Es-tu donc à ce point incapable de te maîtriser que tu te laisses emporter au moindre frémissement du flot de tes émotions ? Nombre de samurai ne connaissent pas leur parents, car ceux-ci se sont fait tuer à la guerre. Réagissent t-ils de la sorte pour autant ?
-Je… Pardonnez moi Kurushima-sensei.
Le visage de Kurushima se détendit.
-N’en parlons plus. Tu portes sur tes épaules un lourd fardeau. Mais tu ne dois pas fléchir. Il te faut l’accepter comme une épreuve, comme ton premier défi de samurai. Ne faiblis pas et avance, sois un véritable samurai.
-Je le serai, Kurushima-sensei.
-Tu es certainement le plus doué de mes élèves. Tu feras un excellent kensai, si tu sais te montrer digne de ton devoir et de ton rang.
Ils terminèrent leur thé sans un mot. Puis chacun regagna ses appartements. Cependant, tourmenté par ses question, Neji eut du mal à trouver le sommeil. Il n’avait aucun moyen de savoir, et pourtant il ne pouvait s’en détacher. Peut être son maître avait raison. Peut-être ferait t-il mieux de laisser cela de côté et de se concentrer sur son avenir et sur son gempukku qui approchait.
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Message par Pénombre » 17 juin 2004, 13:02

L'école Kensai a été rajoutée parce qu'aucun Mirumoto n'avait ses chances contre un Kakita en duel Iaijutsu (en fait, les Shiba sont nettement plus dangereux à ce niveau avec leur technique rang 1…).

Mirumoto n'a par ailleurs pas forcément dit qu'on devait se servir de deux sabres à tout prix. Il a simplement dit qu'il serait idiot de ne pas le faire.

Les Kakita partent du principe qu'un homme qui excelle dans l'épée peut vaincre plusieurs adversaires avec une seule arme. Pour eux, on excelle dans une voie et le reste en découle (on retrouve ça sur l'ensemble de la philo des grues d'ailleurs). Si je peux vaincre un homme, je peux vaincre tous les hommes.

Les Mirumoto eux considèrent que si on peut vaincre deux hommes avec une épée, il serait idiot de ne pas vaincre deux hommes avec deux épées ou un seul homme avec deux épées. Pour eux, on excelle dans sa polyvalence et le reste en découle. Si je peux vaincre tous les hommes, je peux en vaincre un seul.

Ca n'engage que moi mais si j'en reste à cette approche, l'école que tu évoques peut tout à fait exister chez les Mirumoto (polyvalence…) mais pas forcément de la manière dont tu la présentes ou tu insistes justement sur ce qui la rapproche des Kakita dans la manière dont le reste du clan la considèrent.
Les Mirumoto n'ont rien contre se battre avec une seule arme si nécessaire. Tout dépend de ce qui est nécessaire pour s'assurer la victoire.
Les Kakita partent du principe qu'ils n'ont pas besoin d'utiliser deux armes. Une seule leur suffit.
Tous les deux sont convaincus de vaincre.

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Message par Kõjiro » 17 juin 2004, 13:07

Je suis d'accord avec pénombre. La certitude de vaincre est ancrée dans les deux écoles (relis les extraits du sabre). De tout manière elle l'est dans la plupart des écoles de sabre...

Mais sinon, j'aime bien le background du perso. Certes il fait un peu "cas à part" + "promu à un grand avenir" mais c'est un postulat de départ et ce n'est pas inintéressant du tout.
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