[Nouvelle] Akumu (Cauchemar)

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Moto Shikizu
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Message par Moto Shikizu » 18 juil. 2006, 09:49

Alors que nous nous rapprochons l’un de l’autre, il n’est aucun sourire cette fois. Pourtant, l’affaire est moins grave que lors de notre combat. Ici point de mort à l’horizon. La tension monte. Nous nous saluons, et nous présentons l’un à l’autre pour la première fois. Il s’appelle Kakita Seito, de l’école Kakita. Bien sûr. Les courtisans se présentent. Et oui, aucun des deux n’en avait eu le temps ou la volonté auparavant. Le responsable de tout ceci s’appelle donc Doji Moseru. Puis, ils se mettent d’accord sur les termes du défi. D’une part, celui dont le champion perd devra présenter des excuses. D’autre part, je devrais moi aussi en faire si je perds, pour avoir brisé l’éventail du courtisan, sinon c’est lui qui m’en fera en reconnaissant sa maladresse. Enfin, celui dont la cause sera reconnue juste, se verra offrir un éventail par son contradicteur. Le premier duel sera celui de Kasuda san contre son aîné Doji. Le déroulement est fulgurant ! Malgré son entraînement, le jeune Kakita arrive tout juste à sortir son sabre alors qu’il est touché. C’est une leçon gratuite, j’espère qu’il le comprend, et qu’il passera outre sa déconvenue. Mais je m’égare, je devrais me concentrer sur mon propre duel. Nous nous faisons face. Cette fois je ne puis adopter ma position favorite. La sienne est tellement proche de celle qu’il utilisa lors de notre précédent engagement, que mis à part le sabre dans le saya, je ne perçois aucune différence. Nous nous concentrons. Chacun cherche la faille, l’instant précis qui donne la victoire. Je frappe une fraction de seconde trop tard. Je suis touchée. Mon sabre s’arrête entre nous. Au moins ais je réussi à ne pas porter mon coup juste après avoir perdu. C’eut été malheureux. Nous nous inclinons. Puis, rangeant mon katana, je me dirige vers Moseru sama. J’attends que Mademoiselle fasse ses excuses, puis je fais les miennes. Je pense que nous nous sommes toutes deux fort bien comportées. Dignement, et poliment. Nous acceptons sans broncher les remarques condescendantes du vainqueur. Lorsque cela nous est possible, nous prenons congé. Je suis triste d’avoir perdu. Non pour moi, mais pour Tamiko sama. C’est une perte de face, très légère, mais c’en est une. Elle décide de faire contre mauvaise fortune bon cœur, et s’applique le reste de la soirée à paraître d’une humeur joyeuse et aimable. Je tâche de l’imiter. Lorsque enfin nous partons je laisse ma désillusion gagner mon visage en passant la porte. A ce moment précis, j’aperçois un forme de couleur dorée nous croiser, et je crois entendre : « Ne soyez pas accablée. Vous avez bien agi. » Le temps que je stoppe et me retourne, je ne vois plus que la foule des invités qui se dirigent vers la sortie derrière nous. Du bleu, une marée bleue, avec quelques îlots rouges et noirs, c’est tout. Pourtant…
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Message par Moto Shikizu » 18 juil. 2006, 11:44

Une fois rentrées, Tamiko sama me fait mander. Elle me félicite pour ma tenue, puis m’avoue qu’elle pense qu’il serait plus sage qu’elle me remplace pour les événements lors desquels ce genre de confrontations pourraient arriver. Je ne lui en tiens pas rigueur. Si l’affaire avait été plus grave, nos vies auraient pu être dans la balance. Elle va en discuter avec son père, puis me tiendra informée. Je la remercie, et vais me coucher, abattue.

Le lendemain je suis réveillée en sursaut par Miku. « Yoshida san. Yoshida san ! C’est terrible !
- Quoi ? Nous sommes attaqués ?
- Non ! Pire.
- Pire ?
- Si fait. Il s’agit de Mademoiselle Tamiko
- Il lui est arrivé quelque chose ?, m’écris je en me levant d’un bon
- Non…
- Expliques toi !
- Et bien… Ce matin, en allant chercher votre petit déjeuner. Je suis passée près du salon, vous savez le petit où Tamiko sama aime regarder le soleil se lever de temps à autre.
- Et alors ?
- Elle discutait avec quelqu’un. Elle parlait de vous.
- Tu es entrée dans le salon pendant que Mademoiselle y conférait avec un invité ?, dis en fronçant les sourcils.
- Non. J’ai entendu en passant.
- Stop ! Ce que tu peux avoir entendu de la sorte n’existe pas.
- Mais…
- Suffit ! Je m’efforce depuis que je t’ai acceptée à mon service de t’enseigner les bonnes manières, et voilà que cela te reprend ! Une personne bien élevée n’écoute pas aux portes. De même que ce qui se dit derrière un shoji, ne saurait être écouté.
- Je n’ai pas écouté, j’ai entendu.
- Garde cela pour toi. »

Les larmes coulent sur le visage de Miku. C’est la première fois que je la vois pleurer. J’en viens à m’interroger, devrais je écouter son récit ? Non, ce serait déshonorant. Je ne dois pas. Toutefois, si la vie de ma protégée est en jeu… « Miku, ce que tu as perçu concerne t il un danger pour Mademoiselle ? » Après avoir essuyé ses larmes, elle me répond le regard baissé : « Ie. ». « S’agirait il d’un danger pour l’Ambassadeur ? Pour le Clan ? » D’un hochement de la tête elle réfute ces hypothèses. Je ne puis m’y résoudre, mais il faut que je pose cette question : « D’une cause de déshonneur ? ». Encore une fois elle répond par la négative. « Donc rien qui ne puisse être dommageable pour l’Ambassadeur, sa fille, ou le clan ? Très bien, alors il n’y a pas à s’en faire. Oublie donc ce que tu as entendu. ».
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Message par Moto Shikizu » 18 juil. 2006, 13:21

[NDLA : Je conseille de lire ce qui suit en encart 'invisible' apres l'episode sur l'entrevue de Yoshida avec l'Ambassadeur et ce seulement si vous acceptez la perte d'honneur liee...]

Si vous poursuivez, Perdez (1 + votre rang d'honneur) points d'honneur...

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Ma maîtresse ne veut pas m’entendre. Que ces samurai peuvent être bête parfois. Ce que j’ai entendu, la concerne directement. Elle a été si bonne avec moi depuis notre rencontre, comment puis je l’aider. Comment lui dire qu’en fait j’ai entendu deux conversations différentes ? Les paroles de Tamiko sama résonnent encore à mes oreilles. Hier soir elle semblait dures, mais empreinte d’une certaine justesse : « … incapable de se battre en duel. Elle me sera inutile. Que dis je ? Elle nous sera inutile. A la Cour Impériale plus encore qu’ici. Cet incident mineur m’a ouvert les yeux. Je me suis laissée aveugler par l’orgueil d’avoir une véritable guerrière, héroïne pour les siens, comme yojimbo. Je suis persuadée qu’elle sait se battre à une main, mais en duel ! Non, Bien que j’aie cru qu’elle allait comprendre notre mode de vie, et s’adapter, ce qu’elle fit en partie. Force m’est d’admettre qu’elle n’est pas à la hauteur. Elle représente un danger, pour moi, mon père et le clan. C’est miracle qu’aucun Kakita ne soit venu lui chercher querelle jusqu’ici. Elle a beau être tête de mule, je ne sais comment m’en séparer. Je ne voudrais pas briser sa vie. … ». L’arrivée d’une autre servante me força à poursuivre ma route, m’empêchant d’entendre la suite. Et ce matin, ce que j’ai entendu dire par Mademoiselle à son père, m’est insupportable : « Père, elle ne doit plus pouvoir nous mettre en danger. Elle n’obéit que quand cela lui chante, me mettant souvent dans l’embarras. Et hier soir elle a provoqué un esclandre. La discussion était certes animée, mais sans son intervention tout se serait terminé pour le mieux. C’est une honte. Elle m’insupporte. Père il faut trouver une solution, je ne puis la supporter à mon côté plus longtemps. » Et son père qui abonde dans son sens, incapable de lui résister. J’en ai mal au cœur. Après tous les efforts consentis par Yoshida san ! Et elle ne veut pas m’entendre. Que puis je faire ? Voilà ! Maintenant je pleure de nouveau. J’en mets partout sur le plateau que je suis en train de lui préparer. Si elle est renvoyée comme une malpropre, je suis sure qu’elle s’ouvrira le ventre. Elle en est capable. Que puis je faire ?… Si seulement j’avais quelque chose quoi que ce soit à monnayer. Mais que pourrait posséder une servante qui lui donne du pouvoir sur les seigneurs ? Je dois m’y résoudre. Yoshida san va partir. Et je vais retourner à la rue. Je voudrais la suivre, mais jamais elle n’acceptera. Je n’ai aucun papier, et je ne pourrais jamais obtenir l’autorisation de mon seigneur légitime. Celui là s’il me retrouve, je passe direct à la casserole. Plutôt crever. Une main se pose sur mon épaule. Une autre me tend un mouchoir de lin de bonne qualité. « Essuie tes larmes. Et va quérir ta maîtresse. L’Ambassadeur veut la voir. Soit forte. » me murmure une voix douce et rassurante. Je cours vers les appartements de ma maîtresse. Elle est un peu surprise de me voir entrer sans son plateau, mais dès que je cite sa convocation par son seigneur en ces terres, elle se lève et s’y rend immédiatement. Je n’ai pas pleuré, mais lorsque je la vois entrer dans le bureau, je ne puis empécher une dernière goutte de se former au coin de mon œil gauche.

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Message par Moto Shikizu » 18 juil. 2006, 13:23

J’entends courir dans le couloir. Miku entre dans ma chambre sans frapper. Qu’est ce qui lui prend encore ? L’Ambassadeur veut me voir ? Très bien. Pas besoin de se mettre dans cet état. En sortant je remarque sue ses yeux brillent plus qu’à la normale. Elle a encore pleuré.

Le bureau de son éminence est situé au même étage que mon logement. Je m’y rends immédiatement. Je frappe, et lorsque l’ordre m’en est donné, j’entre. L’Ambassadeur est en train de lire des parchemins. Je m’agenouille, et salue. « Relevez vous, Yoshida san. Prenez un peu de thé, je vous en prie. Ma fille et moi même sommes extrêmement satisfaits de vos services. Je sais que prendre votre poste ne fut pas chose aisée, mais vous vous en êtes fort bien acquittée. » Il prend sa tasse de thé, et en boit une gorgée. « La petite contre performance d’hier soir, n’est pas grand chose. Nous aurions du nous attendre à ce genre de comportement lors d’une soirée avec des personnes venant tout droit de la Cour Impériale. C’est, comment dire, habituel. Ils arrivent d’un environnement hautement concurrentiel, et en oublie qu’ici les choses sont plus calmes. Ne vous en voulez pas. Ce sera une leçon pour nous tous. Et j’ai d’ores et déjà trouvé l’éventail qui conviendra. » Il boit à nouveau. « Mais, dites moi, et vous comment ressentez vous les événements qui se sont produits ? ».

A mon école, certains sensei nous ont habitués à faire nos autocritiques et à analyser des phases de combat ou d’entraînement pour y trouver les éléments fondateurs d’une victoire ou d’une défaite. La demande de Ijiso sama ne me surprend donc pas. Je repasse le déroulement des faits dans ma tête. Je prend une profonde inspiration, puis je prends la parole : « Il me semble, Seigneur, que plusieurs éléments ont mené au déclenchement de cette affaire. En premier lieu, Doji Moseru sama et son ami, était venu dans le but de tester les réactions des jeunes gens de ces festivités. Que leur aversion envers Ayasu san ait été réelle ou non, n’est pas le propos, c’était juste un prétexte pour attirer l’assistance et déclencher des réactions. Le fait est que malheureusement, les jeunes gens présents étaient tellement attachés à Ayasu san, qu’ils ont pris sa défense de manière trop emportée. Ce faisant, il fut facile pour les deux courtisans chevronnés de saisir l’occasion pour pousser l’un des jeunes samurai à la faute. Je pense qu’ils s’en seraient contentés. Mais, la réaction du groupe n’en fut que plus vive, permettant une escalade que Moseru sama ne laissa pas passer. En l’occurrence, ce fut Tamiko sama qui mordit à son hameçon, si je puis parler ainsi, alors que s’aurait pu être n’importe lequel ou laquelle de ses amis. Lorsqu’il a senti avoir trouvé une adversaire intéressante, il a usé d’un subterfuge, dans lequel je suis tombé, à ma très grande honte. En effet, J’y ai réfléchi depuis, et je suis persuadée que le mouvement menaçant de son éventail fut fait à dessein, pour entraîner mon intervention, et donc créer un incident plus riche, mais jamais il n’aurait atteint votre fille. En conséquence, je pense que tout ceci aurait pu être évité, ou tout du moins atténué, si notre parti avait pris du recul, plutôt que réagit immédiatement. Moi la première, Ambassadeur. »

Il me regarde, vide sa tasse, puis la pose. « Votre analyse est fort pertinente. Vous me prouvez une nouvelle fois que nous avons eu raison de vous faire confiance. J’ai appris incidemment que votre dernière permission date de plus de six mois avant votre venue parmi nous. Cela fait donc près de huit mois à présent. Je pensais vous donner quelques semaines pour rendre visite à votre famille, mais je dois me résoudre à repousser cette récompense. Une missive urgente m’est parvenue m’enjoignant de fournir une escorte à quelque personnalité du clan passant par Kyuden Kakita pour accompagner des visiteurs, et se rendant ensuite à la Capitale. Je ne puis faire moins que choisir la personne la plus capable de commander cette escorte pour cette mission. Ceci même si ma fille doit être privée de sa garde du corps préférée. Yoshida san, voici votre ordre de mission, ainsi que tous les papiers pour les six samurai que vous commanderez.
- Domo arigatogozaimasse, Ambassadeur
- Ne me remerciez pas, c’est amplement mérité, vous êtes sans nul doute la plus apte parmi mes samurai, mis à part le capitaine de ma Garde peut être. Ah j’allais oublier, ma chère enfant m’a donné ceci pour vous. Elle préfére ne pas vous le donner elle-même de peur que l’émotion ne la submerge.
- Votre éminence, je n’ai fait que mon devoir, je ne puis accepter une récompense
- N’y voyez pas une simple récompense, mais un remerciement sincère pour vos efforts auprès de Tamiko san
- Servir Mademoiselle fut un plaisir qui se suffit à lui-même. Nul remerciement n’est nécessaire.
- Tamiko m’en voudra un peu, mais je dois avouer qu’elle s’est prise d’amitié pour vous. Elle aimerait vraiment que son présent vous accompagne, et vous rappelle son souvenir, le temps que vous nous reveniez.
- En ce cas, c’est un grand honneur et un immense plaisir. Veuillez adresser tous mes remerciements et vœux amicaux à Tamiko sama, Ijiso sama. »
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Message par Moto Shikizu » 19 juil. 2006, 07:05

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Lorsque je quitte l’Ambassadeur, la matinée est fort avancée. Il m’a expliqué que la personne que je devrai accompagner se trouve en ville depuis hier soir. Je dois me présenter au château juste après le repas de midi, pour le départ. Je m’occupe de préparer mes affaires. Impossible de trouver Miku. J’aurais aimé lui laisser quelque menue monnaie, à défaut de la faire embaucher à demeure dans la résidence, et la remercier pour son service et son amitié. Je confie à l’une des servantes que je crois être la plus proche de Miku une enveloppe pour cette dernière. Puis, au commandement de mon nouveau détachement, je pars pour le palais Kakita. En mon fort intérieur, je ne peux m’empêcher de ressentir des émotions ambivalentes. Je suis un peu chagrinée de quitter ainsi Tamiko sama, et Miku, cependant l’expectative de me rendre à Otosan Uchi m’emplit d’une joie ineffable. En arrivant aux portes du Kyuden, un petit rire m’échappe. Dire que d’une certaine manière, je suis la seule Matsu à mener des troupes « à l’assaut » de la maison de nos principaux rivaux, en plusieurs siècles...

Les gardes azurs, veillant sur la demeure ancestrale, nous saluent. L’un d’eux entre, puis revient quasi immédiatement, en nous demandant d’attendre. Peu de temps après un palanquin aux couleurs du Lion sort, les rideaux clos, accompagné d’une suite minimale, tout juste une servante et deux porteurs de bagages. Aucun yojimbo. Cela me surprend un peu. Une personnalité pour qui l’ont attribue une escorte de sept samurai, mais pas de garde du corps ? Après tout ce n’est pas à moi d’en décider. Nous saluons, puis je répartis les samurai que l’ont m’a confiés. Quatre à l’arrière, deux devant, à quatre pas, et je me place juste devant le palanquin. Enfin, nous prenons la route.
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Message par Moto Shikizu » 19 juil. 2006, 07:38

Le soir nous faisons halte dans une auberge. Nous voyons pour la première fois la personnalité que nous escortons. C’est un vieil homme, presque chauve. Sa barbe est largement plus forunie que les quelques cheveux qui lui restent. Tout d’abord un peu absent, il semble tout à coup nous découvrir. « Bonsoir ! Vous devez être Yoshida san ? Enchanté de vous rencontrer, je suis Ikoma Akaige.
- Akaige sama, c’est un honneur.
- Vous ne me connaissez pas, n’est ce pas ?, me demande t il avec un petit sourir en coin
- Je ne saurais dire où et quand j’ai déjà entendu parler de vous, Akaige sama
- Et bien, en voilà une réponse bien formulée. Bravo. Allons manger, nous aurons tout le temps pour faire connaissance »

Lors du diner j’apprends pèle mèle que nous accompagnons un historien doué d'un sagesse certaine et d'une vision des choses plutôt atypique. « Je ne suis pas grand chose, tout juste un vieil homme qui a un peu de mémoire. C’est bien tout ce qui me reste à mon âge. », précise-t-il guogenard. Il est envoyé à la capitale pour servir de précepteur pour sa spécialité à quelques jeunes Lion dont la famille est basée à la capitale. Selon lui, aucune escorte n’était nécessaire. Il aurait pu se joindre à la suite de quelque noble partant pour Otosan Uchi. Je l’assure qu’un historien de sa compétence ne doit pas voyager seul. Il me rétorque qu’il ne serait ni ne sera le dernier samurai à voyager seul malgré les convenances. « Parfois les jeunes générations sont bien plus délurées que nous autres, vieilles badernes qui ne savons que ressasser notre passé. », conclut-il.
Dernière modification par Moto Shikizu le 20 juil. 2006, 07:19, modifié 1 fois.
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Message par Moto Shikizu » 19 juil. 2006, 09:23

La suite du voyage se passe sans la moindre encombre. Les papiers nous autorisant à voyager jusqu’à la capitale semblent empreint d’une magie puissante. A leur présentation, les attitudes les plus sceptiques s’évanouissent. De plus, le nom de Ikoma Akaige a une grande réputation sur les terres Impériales. A sa seule mention, on nous conduit dans les meilleures auberges, on nous offre le repas ou à boire. En remerciement, Akaige sama conte quelques faits du passé glorieux de l’Empire. Nous en apprenons tous les jours à son contact. Je me demande comment j’ai pu ignorer l’existence d’un tel érudit. Lorsque nous atteignons Otosan Uchi, une escorte d’apparat vient nous chercher et nous conduire à l’Ambassade du Lion. Une fois rendu, Akaige nous remercie tous, et nous sommes libérés de notre mission. Il nous est même accordé quelques jours de repos à la capitale !. Nous ne recroisons pas l’historien pendant ces jours. On nous apprend qu’il a été invité à la Cité Interdite. Nul besoin de dire qu’avoir servi d’escorte à une telle célébrité, invitée à la Cité Impériale dès son arrivée, nous fait ressentir une certaine fierté. C’est donc joyeux que nous profitons de notre permission.
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Message par Moto Shikizu » 20 juil. 2006, 07:20

Si j’avais été admirative en découvrant la cité Kakita, je dois dire que ce n’était qu bien peu de choses comparé à ce que je ressens en parcourant les rues de la Capitale. Notre arrivée en grandes pompes ne nous avait pas permis d’apprécier la ville à sa juste valeur. C’est immense. Plusieurs cités semblent coexister pour n’en former qu’une seule gigantesque et majestueuse. Oh, bien sûr il est des quartiers moins huppés, voire miséreux, mais si l’on reste dans les artères principales, on ne voit que richesses, denrées rares, objets d’arts, … J’apprends bien vite que ma solde est ridicule comparée à ce qu’il me faudrait pour m’installer ici, même modestement. J’en profite tout de même pour me faire quelques menus plaisirs, et j’espère trouver quelques choses qui me ‘parlent’, pour pouvoir envoyer quelques présents à ma famille.
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Message par Moto Shikizu » 20 juil. 2006, 13:28

Ce soir, en rentrant au casernement de l’Ambassade, je suis stupéfaite. Miku est ici ! Elle me sourit s’avance vers moi, habillée d’un ensemble neuf au couleurs de mon clan. Elle s’incline, et me salue en souriant pleinement : « Yoshida san. C’est un plaisir de vous revoir. J’ai bien cru que notre séparation marquait la fin d’une belle relation.
- Miku ? Que fais tu ici ? Comment as tu obtenu des papiers de voyage ?
- Cela je n’ai point le droit de vous répondre. Sachez seulement que ma Maîtresse souhaite vous entendre. Peut être y répondra t elle ?
- Ta Maîtresse ? Ta…
- Veuillez me suivre, je vous prie, me coupe-t-elle »
Immédiatement, elle se retourne et je dois presser le pas pour la suivre. Elle m’emmène dans les étages réservés aux nobles invités. Serait elle au service de Tamiko sama ? Et celle-ci serait venu à la capitale en même temps que nous ou presque ? Elle s’arrête devant le salon de cérémonie, s’agenouille, frappe, puis ouvre les panneaux. J’entre.

Trois personnes sont présentes, et à ce qu’il semble d’autres sont en train de discuter derrière un Shoji. J’avance de quatre pas, puis m’agenouille et salue le front à terre. J’ai reconnu le Karo et l’Hatamoto de l’Ambassadeur parmi les trois personnes visibles, Akodo Aru et Ikoma Tesumi. Tesumi sama prend la parole : « Yoshida san, voici Akodo Hijiro, envoyé plénipotentiaire du clan. ». Je salue à nouveau le front posé sur le sol. Lorsque je relève la tête, Aru sama quitte la pièce. Une fois les panneaux refermés, l’envoyé du clan pose un parchemin sur un coussin porté par une servante. Elle amène et pose le tout devant moi.
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Message par Moto Shikizu » 20 juil. 2006, 13:59

« Matsu Yoshida san, je sais que vous êtes avant tout une guerrière, vos exploits sont arrivés jusqu’à nous. Je comprendrais que vous préfériez rejoindre une unité combattante, cependant il m’a été présenté une requête, et j’aimerai que vous l’étudiiez. » Il me fait signe de la main de prendre connaissance du parchemin. Le m’exécute et l’ouvre pour le lire. La stupeur doit se lire sur mon visage, car il reprend la parole : « Oui, c’est un engagement assez inhabituel. Les termes ont été voulus, précisément. Cet ordre de mission ne pourrait être invalidé que par un ordre impérial, ou un ordre du Daimyo du clan du Lion. C’est un engagement fort, total, devrais je dire… J’insiste pour que vous preniez votre décision selon votre conviction intime, en votre âme et conscience. Non pas uniquement par sens du devoir. Vous pouvez y réfléchir pendant quelques jours. ».
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Message par Moto Shikizu » 24 juil. 2006, 09:50

Je relis le texte que j’ai sous les yeux.

« Par la présente, moi, ». L’espace pour écrire mon nom est laissé en blanc. « , pleinement consciente du choix que je fais, m’engage sur ma vie, mon kharma, mon honneur et celui de ma famille et de mes ancêtres, à servir en toute chose et toute circonstance » A nouveau un espace laissé blanc. « Quelques soient ses ordres, dans la gloire ou l’adversité, à la Cour comme face aux pires abominations, je protégerai cette personne à laquelle je lie mon existence. Nul seigneur, hormis ses Majestés Impériales, et le Seigneur du Clan du Lion, ne pourront m’écarter de ma mission, ce jusqu’à la mort, voire par delà. Je m’y engage solennellement devant tous les Ancêtres de mon clan, les Kamis et les Fortunes, et en présence des témoins qui parafent ce serment. »
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Message par Moto Shikizu » 24 juil. 2006, 09:58

J’ai le souffle coupé. J’ai entendu dans certaines légendes conter des serments éternels d’amour ou de loyauté, mais jamais ne n’aurais pensé en voir un rédigé, encore moins de la sorte. Mon énergie me quitte, je suis au bord de l’évanouissement. Je ne vois déjà plus qu’en nuances de gris. J’arrive pourtant à bredouiller une question : « Puis je savoir au service de qui mon accord me lierait ? » Les deux samurai échangent quelques regards. « Non », me répond Hijiro sama. Je replie le parchemin, le repose sur le coussin, ferme les yeux… Toute mon existence repasse devant mes yeux. Les bons et les mauvais moments. Je revois mes parents, mes sœurs, mes grands parents, … Je revois mon école. Mes sensei. Je revois le sourire de Maître Shikara. La trahison de Chido. Les batailles. Mes combats. Mes victoires et mes défaites… Je revois tout. En quelques secondes seulement. Je la revois. Elle. Elle que je veux servir. Elle dont je rêve si souvent. Elle dont personne ne reconnu l’existence. Elle est la seule que je saurais servir aussi pleinement. La seule… Son visage enfantin me sourit. Il se transforme pour devenir celui d’une jeune fille. Son sourire est si pur si réconfortant. J’ouvre les yeux. « J’accepte ». « Vous pouvez réfléch… Vous acceptez ? » Les deux samurai semblent stupéfaits. « Haï ! » Il leur faut quelques secondes pour se reprendre. Ils se jettent des regards médusés. « Et bien, qu’il en soit ainsi. Nous procéderons à la cérémonie demain matin lors du lever de Dame Amaterasu. Vous pouvez disposer. » Je salue le front contre le sol, puis je me relève. Je sors à reculons de la salle, je salue à nouveau. Puis les panneaux sont refermés. Miku n’est plus là. Je rentre à mon baraquement. Quelques samurai s’inquiètent de ma santé. Je parais être ailleurs selon eux. Je ne réponds pas. J’ai accepté. Peut être est ce la plus grande erreur de toute ma vie. J’espère avoir bien interprété le message de ce visage souriant. Il me disait « Ais confiance ». Cette nuit je dors d’un sommeil sans rêve…
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Moto Shikizu
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Message par Moto Shikizu » 24 juil. 2006, 10:52

Une heure avant le lever du soleil, Miku vient me réveiller. Elle paraît épanouie. Je n’arrive pas à interrompre son flot ininterrompu de paroles, pas plus que je n’en apprends plus sur sa Maîtresse. Une shugenja ko Kitsu vient me conduire à une pièce secrète de l’Ambassade. Elle me laisse y pénétrer seule. Trois shugenja plus âgés nous y attendent en compagnie de Tesumi et Hijiro sama. Une grande vasque trône au centre de la salle. Et juste à côté un brasero rougeoie. Des tentures représentants de grandes figures de notre histoire pendent aux murs. L’encens embaume l’air de flagrances fruitées. Nulle fenêtre, nulle autre ouverture que la porte dérobée que j’ai passée pour venir. Alors, que le Maître de cérémonie se prépare à entamer une litanie, la shugenja ko qui m’a conduite réapparaît et lui apporte une missive. Un signe de tête du vénérable et la jeune femme se dirige vers moi. Tandis qu’elle me tend le message, il me dit : « Si d’aventure ceci devait vous faire changer d’avis, je crois préférable que vous le lisiez avant de vous engager. ».

J’ouvre la lettre. Je ne comprends pas tout d’abord ce qui y est écrit.
« Je pensais ne jamais vous envoyer ce que notre première rencontre m’inspira. Mais vous revoir me décide enfin à le faire.

Force et Fureur
Morsure, Sang, et douleur
Terrassé, me meurs

Ainsi vient mon heure
Yeux de glace me sont horreur
Ne sait pas la peur

Apparaît la lueur
Clémence du prédateur
Oubli toute rancœur

Vaincu par une fleur
Nulle proie du malheur
Renaît le bonheur

Reviens la chaleur
Sauvé par qui pris mon coeur
Beauté et Honneur

Votre dévoué et humble débiteur,

Kakita Seito »
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Message par Moto Shikizu » 24 juil. 2006, 11:04

Quelle est cette hâblerie ? Que cherchent ils à éprouver avec une telle ineptie ? Je froisse la lettre et la brûle à l’une des torches proche de moi. « Ce n’est rien. Rien du tout. Reprenons je vous prie. » dis-je à l’assistance.

La cérémonie commence. « Moi Kistu Ogara, assisté de Kitsu Natsuko, et Kitsu Ichiro, vous appellent, oh nobles Ancêtres ! La Samurai ko qui se présente à nous accepte le sacrifice de son existence au service d’une autre. Nous vous conjurons d’êtres ses témoins par delà le temps et l’espace, comme nous, ainsi que Akodo Hijiro et Ikoma Tesumi, le serons dans ce monde. », clame le Maître de Cérémonie. Ensuite les trois shugenja psalmodient des chants qui me sont incompréhensibles et qui me semblent ne plus en finir. Enfin, Natsuko san m’apporte le parchemin du serment, avec un pinceau et de l’encre. Je complète l’espace réservé à mon nom, puis signe. Il n’y a aucun nom de porté pour la personne à laquelle je me prépare à attacher ma vie.
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Message par Moto Shikizu » 24 juil. 2006, 13:15

La shugenja ko reprend le document, et les présente tour à tour aux samurai et aux shugenja, puis elle le dépose sur un écritoire avec le pinceau et l’encre. Les prêtres recommencent leurs prières. La tête me tourne. Je suis pris d’hallucinations. Je crois voir le pinceau se déplacer tout seul. D’abord pour prendre de l’encre, puis pour écrire sur le parchemin. Mais, lorsque je secoue le chef, et rouvre les yeux après les avoir fermés un bref instant, il est à sa place. Ichiro san invite les deux samurai à se lever. Ils viennent jusqu’à l’écritoire, et chacun leur tour prennent le pinceau et signe le serment. Puis, c’est le tour des shugenja, Ogara sama le parafant en dernier. Enfin, le serment est jeté dans le brasero. « Que les Ancêtres reçoivent ce serment, et juge son accomplissement ! » s’exclame Ogara sama. J’entends nettement le grondement sourd du tonnerre lui répondre.
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