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par Moto Shikizu » 17 juil. 2006, 14:19
Les réjouissances entrent dans une nouvelle phase environs deux heures après la fin du repas. C’est le moment que choisit Mademoiselle Tamiko pour se séparer de son géniteur. Quasi immédiatement la cour se scinde en deux bien séparées, celle des aînés, et celle des plus jeunes. Ces derniers se dirigent pour la plupart vers les jardins. Le mouvement est presque plus rapide qu’un changement d’unité sur le front ! Je ne rejoins le groupe au centre duquel règne Tamiko que lorsqu’il a déjà descendu de petits escaliers vers une esplanade entourée de bosquets fleuris finement taillés, et de banc de pierre. Au centre se trouve une fontaine surplombant un plan d’eau où s’épanouissent des poissons aux couleurs de feu. Le tout est illuminé par des torches disposées de part et d’autres des bancs. Les jeunes gens se séparent en plusieurs rassemblements avec chacun un centre d’intérêt principal. Je retrouve là certaines affiliations que j’ai pu constater durant le mois qui vient de s’écouler. Tamiko et ses meilleures amies, entourées de ce que j’appelle affectueusement leur garde prétorienne, encouragent une confrontation de go, opposant l’un des leurs, Kakita Soeji, à un adolescent qui m’est inconnu. Quelqu’un le salue en l’appelant Ayasu. De la famille Kakita, il semble le plus jeune de l’assemblée. Loin d’être impressionné, il semble au contraire très sûr de lui. Aux encouragements lancés à Soeji, je déduis que cet Ayasu est réputé. De ma position je ne puis voir le goban, mais lorsque la victoire est concédée par Soeji, après seulement vingt minutes, force m’est d’admettre qu’il doit effectivement être doué. Après les félicitations et salutations d’usage, Doji Momoko se propose pour affronter le jeune prodige, mais Shosuro Ikido intervient : « Allons Momoko chan, vous affrontez votre cousin tous les jours ou presque. Et si nous assistions à une confrontation inusité ?
- Laquelle ? demandent tous les autres en cœur, Ayasu san mis à part
- Et bien, Tamiko chan…
- Ah non, pas Tamiko ! La partie va durer jusqu’à demain matin, le coupe une Kakita en riant
- Je ne pensais pas à cela, Fukike chan, mais plutôt à l’affrontement d’une stratège hors pair, ayant participée à plusieurs bataille, contre notre ami et maître. Peut être votre Yojimbo, pourra t elle accomplir l’exploit qu’aucun d’entre nous n’a réussi jusqu’à présent, Tamiko san… »
Le changement de terme social n’est pas fait au hasard, j’en suis persuadée. Il cherche à l’amadouer, et cela marche ! Mademoiselle me fait signe d’approcher, et me demande tout ce qu’il y a d’officiellement d’affronter ce jeune géni. J’ai beau essayer de m’en défendre, elle et ses amis m’acculent par leur flatteries, cajoleries, et demandes pressantes, et je dois accepter. Ayasu san, me salue, puis il m’interroge brièvement sur ma position dans l’armée. Cela fait, il me propose les noirs avec un handicap de deux pierres. Malgré mon âge, il m’apparaît qu’il est préférable d’accepter. Deux pierres sont le plus petit handicap possible, ce qui au vu de sa réputation dénote un certain respect à mon égard, et les refuser, serait malséant, surtout si je devais perdre. Ce qui n’est pas une éventualité à rejeter si aisément. Je positionne donc les deux pierres, puis invite mon adversaire à jouer. La partie prend rapidement de l’ampleur. Ce qui vaut quelques railleries amicales au concurrent précédent d’Ayasu san, et de nombreux encouragements à mon égard. Du coin de l’œil je constate que la foule des jeunes nobles se pressent autour de nous. Il n’est pas un des groupes qui ne finissent par nous rejoindre, tant certains coups sont commentés avec appréciation. Avant de poser ma dernière pièce, je sais que j’ai perdu. Oh, pas de beaucoup, il faudra compter pour en être sûr, mais je le sais. Il m’a surpassée, avec talent et finesse. Lorsque sa dernière pierre positionnée, je le félicite, la majorité des personnes nous entourant, se tait perplexe, néanmoins plusieurs insistent pour que le décompte soit fait. Nous nous exécutons, et le constat est indéniable. Ayasu san me bat de trois pierres, une fois tous les paramètres pris en compte. Et cela sans paraître avoir dû réellement forcer son talent. Je laisse ma place, et accepte lorsque Ayasu san me propose une revanche dès que possible. Je suis félicitée par tous, et en particulier par Tamiko sama. Elle s’enorgueillit d’avoir une yojimbo issue des batailles, et capable de tenir tête à l’’Imbattable’. Le reste de la soirée est des plus plaisantes, et ma charge me garde assez proche d’elle, comme un trophée, ce qui me facilite grandement ma mission. Lorsque nous rentrons à l’Ambassade, j’ai droit à de vives louanges, devant son père. Serait ce le signe d’un authentique tournant dans nos relations ? Je ne demande que cela. Ne plus avoir à me méfier d’elle lors de ses sorties avec la jeunesse de la cité, me ferait le plus grand bien. Je pourrais me concentrer à nouveau sur sa protection vis-à-vis d’éventuelles agressions.
Moto Shikizu
White Guard - Emerald Magistrate
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Hito wa ichidai, na wa matsudai
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Nagareru namida wa mou karehate
chi ni ueta kodoku
shi wa tenshi no nikoge no
nioi wo sasete mau