Puisqu'on en parle :
Nicolas Sarkozy veut remettre la religion au cœur de la vie de la cité
LE MONDE | 21.12.07 | 09h47 • Mis à jour le 21.12.07 | 09h47
Rome, envoyé spécial
Le "discours du Latran" laissera plus de traces que la visite officielle de Nicolas Sarkozy, jeudi matin 20 décembre au Vatican, au pape Benoît XVI. Les deux hommes ont constaté leur proximité de vues sur la place de la religion dans la vie publique et, à l'étranger, sur le Liban, le Proche-Orient, l'Afrique, et la libération des otages de Colombie.
Le discours prononcé jeudi soir par le président français à la basilique du Latran, lors de la prise de possession – toute symbolique– de son siège de "chanoine d'honneur", est un acte politique d'une autre ampleur, une tentative d'enterrer la "guerre des deux France" (cléricale et révolutionnaire) et de réconcilier, pour de bon, la République laïque et l'Eglise catholique.
C'est la première fois que Nicolas Sarkozy en tant que président –il avait déjà affiché ses convictions comme ministre de l'intérieur– choisissait aussi nettement son camp, sans complexe ni dogme préétabli, sur un terrain aussi miné.
Le discours du Latran est, d'abord, une relecture de l'histoire de France à partir de ses "racines" chrétiennes, d'évidence inspirée par Henri Guaino et Max Gallo, qui faisaient partie de la délégation française à Rome. "Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes, martèle M. Sarkozy. J'assume pleinement le passé de la France et ce lien particulier qui a si longtemps uni notre nation à l'Eglise.
Nicolas Sarkozy rappelle comme le christianisme a façonné la nation française, sa culture, son éthique, ses arts et cite Pascal, Bossuet, Péguy, Claudel, Bernanos, Mauriac, Maritain, Mounier, René Girard et des théologiens comme de Lubac et Congar.
Il ne craint pas d'évoquer les "souffrances" infligées au clergé par la loi de séparation de 1905 (expulsion des congrégations, querelle des inventaires). L'interprétation aujourd'hui consensuelle de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat de 1905 relève, dit-il habilement, d'une "reconstruction rétrospective". Mais on ne bâtit pas l'avenir d'une nation en ressassant les "blessures du passé".
C'est un ton nouveau. Pour Nicolas Sarkozy, la religion n'est plus un tabou, alors que, pour François Mitterrand ou Jacques Chirac, elle relevait d'abord de la conviction privée. Sur les "racines" chrétiennes, le président de la République prend ostensiblement ses distances avec Jacques Chirac, avec Lionel Jospin et aussi Valéry Giscard d'Estaing, ex-président de la Convention européenne, qui avaient invoqué la laïcité "à la française" pour faire obstacle à la mention des racines chrétiennes de l'Europe dans le préambule du traité constitutionnel. On doute cependant que Nicolas Sarkozy relance la polémique dans l'Union sur cette épineuse question.
"SACRIFICES"
La laïcité, selon Nicolas Sarkozy, n'est pas en péril, mais le discours du Latran en propose une autre pratique. Il n'est pas question de remettre en cause les "grands équilibres" de la loi de 1905, dont Jacques Chirac disait qu'elle était un "monument" inviolable.
Mais, à contre-courant des campagnes hostiles à la religion liées à la montée des intégrismes, puis d'un "antichristianisme" si souvent dénoncé par René Rémond, enfin d'un nouvel athéisme revendiqué par le philosophe Michel Onfray, le président affirme que la France a tout à gagner à une "laïcité positive", à une reconnaissance effective de la place des courants spirituels dans la vie publique, à leur concours dans la définition d'une "morale" pour le pays.
Des allusions à une laïcité "épuisée" ou guettée par le "fanatisme" vont faire des vagues. Ne craignant pas de choquer, M. Sarkozy dit que l'intérêt de la République est de compter des populations qui "croient" et "espèrent" et qu'il n'est pas de bonne politique sans référence à une "transcendance".
A Rome, on n'en attendait pas tant. Les catholiques n'ont jamais été si bien traités. Dans un troisième temps, le président lance un appel aux "catholiques convaincus" pour qu'ils l'aident à répondre au besoin de sens, de repères, d'identité et d'espérance. Il loue l'exemple des moines de Tibéhirine et de Mgr Claverie, évêque d'Oran, tués en 1996 en Algérie.
S'il n'a pas un mot pour l'islam, il confirme l'utilité de la commission Etat-Eglise catholique lancée, en 2002, par Lionel Jospin, reprise par ses successeurs. Et, dans un hommage au clergé français pour les "sacrifices" endurés, sans précédent dans la bouche du président d'une République laïque, il arrachera bien des sourires sur le visage des cardinaux, évêques, prélats et prêtres venus l'écouter, en tentant cette comparaison entre la vocation sacerdotale et celle de chef de l'Etat : "On n'est pas prêtre à moitié. Croyez bien qu'on n'est pas non plus président à moitié. Je comprends les sacrifices que vous faites pour répondre à votre vocation parce que moi-même, je sais ceux que j'ai faits pour réaliser la mienne!" Curieux discours que celui du Latran fondateur, mais aussi naïf et un peu provocateur.
Henri Tincq
Il y a d'un coté les sacrifices des catho et de l'autre le sacrifice de mouton dans la baignoire...
Mais bon ce qui me choque le plus ça reste quand même ça :
Le Roi De La Caillasse
Nicolas Sarkozy ose tout: c'est même à ça qu'on le reconnaît.
Durant qu'il était reçu par un musculeux pontife (ein, zwei, drei, nous irons aux fois), Nicolas Sarkozy a par exemple déclaré que: "'Dans ce monde obsédé par le confort matériel, la France a besoin de catholiques convaincus qui ne craignent pas d'affirmer ce qu'ils sont et ce en quoi ils croient".
Et moi, n'est-ce pas, je veux bien tout ce qu'on veut, mais dans ce monde obsédé par le confort matériel, Nicolas Sarkozy est quand même Obsédé 1er, roi de la grosse caillasse.
Dans ce monde obsédé par le confort matériel, c'est bien Nicolas Sarkozy, defender of the faith, qui se sustente au Fouquet's et se détend chez les milliardaires, à moins que ce ne soit l'inverse - pendant que les files d'attente s'allongent aux soupes populaires.
Dans ce monde obsédé part le confort matériel, c'est bien Nicolas Sarkozy qui, jour après jour prend dans les poches des pauvres de quoi mieux gaver les riches.
Dans ce monde obsédé par le confort matériel, c'est bien Nicolas Sarkozy qui de ses dix petits doigts coud de jolis paquets fiscaux pour ses gras supporteurs - pendant que dans les rues crèvent des SDF qui en effet se damneraient, maudits mécréants de merde, pour un rien de matérialisme.
Dans ce monde obsédé par le confort matériel, c'est bien Nicolas Sarkozy qui s'augmente le salaire en toute décomplexion - mais n'a de cesse que de rétamer les "privilèges" des cheminots.
Dans ce monde obsédé par le confort matériel, c'est bien Nicolas Sarkozy qui se trimballe au poignet la quincaillerie horlogère des parvenus ostentatoires - agadez ça, les gueux, c'est toujours ça que vous n'aurez pas.
Je te laisse continuer: la liste est (presque) infinie.
Le simple fait que Benoït XVI admette sans lui rire au nez que Sarkozy lui débite long comme le bras du clicheton à deux balles et demie sur "ce monde obsédé par le confort matériel" prouve bien qu'à Rome deux tartuferies sommitales se sont enfin trouvées: au grand bal du foutage de gueule, vous les verrez danser un slow, juste sous la boule à facettes.