Avant toute chose, parce que je ne suis pas sûr qu'on se soient tous compris. Je parlais de forme et non de fond.
Il existe des scénarios qui, de manière formelle, sont bons, mais pour ce qui est de l'intérêt de l'histoire, par exemple, ne le sont pas.
Pour faire une analogie : j'ai vu des Walt-Disney nuls, bien que la forme y soit (et eux, ils s'y connaissent). J'ai vu d'autres films, plus d'auteurs, qui m'ont accroché par leur histoire, mais qui ont mal été filmé.
D'autre part, j'ai vu de bons scénarios (à mon avis) massacrés par des meneurs, et d'autres scénarios exécrables (toujours à mon avis) splendidement réussis par d'autres conteurs.
Pour faire une autre analogie : en gardant le même texte, deux pièces de théâtres sont représentées différemment par deux metteurs en scène. L'une des versions peut être mauvaise, l'autre bonne. Le scénario n'est pas tout.
Je pense qu'il faut distinguer trois choses (c'est mon avis) :
* la forme du scénario (dépend de l'auteur - c'est l'aspect "écriture")
* le fond du scénario (dépend de l'auteur - c'est l'aspect "histoire")
* la réalisation du scénario (dépend du meneur - c'est l'aspect "interprétation")
Les points de mon précédent message concernaient uniquement (enfin, les barrières ne sont pas hermétiques) la forme.
Maintenant que j'ai un peu explicité ma position, revenons-en à la discussion.
Kocho a écrit :Je me méfie toujours des critères d'écritures (peut-être parce que je suis écrivain et scénariste, et que j'ai vu trop de besogneux appliquer de tels critères pour rédiger des romans ou scénarios-pensums – je parle ici de scénarios de cinéma un de télé – plus qu'une histoire qui leur tenait à cœur). J'ai lu d'excellents scénarios de JdR sans rebondissement, d'excellents scénarios de JdR 100% action et d'exécrables scénarios de JdR qui tournaient autour des PJ et étaient très lisibles.
Tout d'abord, permets-moi d'être perplexe quant à l'aspect 100% action. Les films d'action, par exemple, ne sont jamais à 100% action. Je crains que je n'ai pas bien explicité ma définition d'action... Et c'est assez, hum, compliqué, du moins j'ai la flemme ^^
Après, pour ce qui est des critères d'écriture, je vais faire 2-3 remarques :
1 - la littérature n'est pas mathématique, encore moins de la Physique. Ca veut dire que les "règles" sont des guides, mais jamais absolues ni des cases à remplir.
2 - la littérature suit tout de même des règles générales, bien qu'adaptée. Tu peux ainsi faire des typologies. Il y'a des similitudes dans la forme. Bien sûr, elles ne sont pas exclusives. Ainsi, on a pu voir le Nouveau roman, qui trouve son intérêt plus dans sa forme étrange que dans son histoire. En tout cas, les règles permettent de guider des personnes qui ne savent comment faire.
3 - il existe des règles mentales. Ainsi, il existe une écriture journalistique. Elle est différente de la plupart des autres styles. Inversement, écrire un scénario de BD n'est pas comme un scénario de nouvelle. Les idées ne doivent pas avoir la même importance ou la même place. Non pas parce que c'est une règle imposée, mais parce qu'un lecteur déconnecte. Pour donner un exemple : Da Vinci Code dispose d'une forme merveilleuse, presque comparable à un ouvrage de Giscard d'Estaing (je ne me souviens plus du titre). Ce genre de livre qui se lit très facilement et très agréablement. (bonus à DVC sur VGE, l'intrigue

)
Kocho a écrit :En fait, je dirais que globalement tu as raison, mais je ne balaierai pas d'un revers de main toutes les autres façon d'écrire et de concevoir une histoire de JdR (tant qu'elles sont lisibles, s'entend). Si quelqu'un veut donner un rôle secondaire aux PJ mais que leur position leur permet de faire des choix intéressants, pourquoi pas ? Si quelqu'un écrit une intrigue tellement complexe qu'il faut la lire au moins trois fois pour masteriser et que le jeu en vaut la chandelle, qu'il le fasse...
Merci! Tu as failli me dégommer ma réputation et mon "autorité" sur les rédacteurs de scénarios que je relis...
Par contre, je crois qu'il y a encore une méprise : donner un rôle principal aux joueurs, c'est les mettre au centre du scénario. Cela n'interdit pas qu'à coté se déroule d'autres évènements, ni que ces évènements ne soient importants.
Je vais te donner un exemple : Tu as un scénario où y'a Akodo Kage et Shiba Ujimitsu. Ils ont chacun des grandes choses à faire et, ce que retiendra l'histoire, ce seront leurs gestes. Là, deux options : les joueurs sont au centre de l'histoire racontée par le conteur. Les joueurs auront donc une influence, ils pourront peut-être empêcher une machination de Kage ou bien avoir des activités propres (leurs objectifs, etc.). D'un autre coté, tu as le scnéra où les joueurs n'ont qu'un rôle d'observateur. Par exemple l'enquête où il leur suffit d'aller dire un truc à quelqu'un, observer la négociation entre Kage et Aramasu, puis rencontrer Ujimitsu et voir ce dernier tout résoudre. En général, c'est comme un film ou une nouvelle, mais avec des joueurs qui voient ça de l'"intérieur". Je résume ça en un scénario "Regardez mes PNJs qu'ils sont beaux!". Autant donner une nouvelle à lire aux joueurs ou leur faire un compte-rendu...
Prends une chronologie de Rokugan. Un scénario "ils sont beaux...", c'est celui où les joueurs sont là pour constater que Mirumoto Hitomi et Hida Yakamose détestent et qu'ils se font des coups de putes. Un scénario intéressant, c'est un scénar qui, alors que ces deux-là se haïssent, les joueurs ont une enquête à mener, et ce faisant ils découvrent les PNJs. Au final, dans la chronologie, leur action aura une plus faible importance, mais ils auront eu l'impression de faire quelque chose. J'avais vu un scénario qui se déroulait sur le col de Beiden pendant la guerre des clans. Les joueurs étaient là en observateurs pour voir les armées se déchirer, Hitomi couper la main à Yakamo, que Toturi est un géniallissime général, etc. L'intérêt aurait, par exemple, été si les joueurs sentaient que le scénario était centré sur eux. Je ne sais pas, en menant une mission diplomatique pour maintenir les différentes factions de l'alliance de Toturi ensemble. (idée en l'air) ... mais que le scénario n'aurait pas lieu sans les joueurs.
Je ne suis pas sûr d'être clair...
Kocho a écrit :Bref comme partout lorsqu'il s'agit d'écrire, le critère majeur est : est-ce que les choix d'écritures ont un sens par rapport à l'histoire contée. Un point c'est tout.
Partiellement d'accord pour un scénario de JdR. Il faut aussi prendre en compte le lecteur (qui va être conteur de ce scénario).
Je dirais est que les choix d'écriture ont un sens par rapport à l'histoire décrite, et est-ce qu'ils permettent au lecteur de la conter?
Un scénario de JdR n'est pas un scénar de nouvelle, de roman, de théâtre, de cinéma, etc. C'est un art spécifique. Cela fait que de très bons scénaristes de JdR n'ont jamais été bon en BD ou en roman. Et je pense que la réciproque doit parfois se voir aussi.
Kocho a écrit :Pour finir, j'ai lu de nombreux scénarios parfaitement lisibles, intéressants et originaux, sur plusieurs sites internet et je me garderais personnellement sur ce point de faire une généralité, même pondérée (d'autant que n'ayant jamais publié de scénar sur le net, je ne suis pas de parti pris en défendant les auteurs du net)...
Je veux bien des liens

Ca me plaît toujours d'avoir du bon matériel!
Kocho a écrit :Un excellent scénario existe sur le net, traduit en français. C'est Fortune Perdue, peut-être le meilleurs scénario que j'aie lu dans ma vie, tout jeu confondus, en amateur ou en pro.
Toujours pas regardé... Oui, je sais... Un jour peut-être. Courage...
Kocho a écrit :Si l'on parle des défauts des scénars gratuits et amateurs, qu'on parle aussi des scénarios du commerce illisibles, mal écrits, avec des erreurs d'intrigue grosses comme des maisons et des PNJ à deux balles. On peut regarder du côté d'ADD, mais il m'est arrivé de relire deux trois fois certains scénarios AdC (pourtant réputé pour être un jeu à scénario), pour être bien sûr de ce que je lisais. La campagne Orient Express est par exemple incompréhensible par moment tellement l'intrigue est mal foutue faisant des PJ de purs spectateurs d'évènements qu'ils ne comprendront jamais et sur lesquels il ne peuvent influer... Mais c'est vendu (cher) et il y a une jolie couverture et des illustrations...
Il était fait mention des scénarios qu'on trouve sur le net. De ce que j'ai vu, la majorité de ce qui est fait sur le net n'est pas réellement relu et pas forcément appliqué. Pour le commerce, c'est plus gênant et ça prouve que le boulot d'éditeur n'a pas eu lieu derrière.
Je tiens aussi à préciser que gratuit n'est pas antinonyme avec pro, ni payant est contraire avec amateurisme. C'est là où ça fait parfois très très peur... Enfin bon, je ne vais pas repartir dans cette discussion que j'ai déjà eu y'a peu. Mais voilà, une chose aussi à savoir est que l'exigence (même de manière inconsciente) est plus faible lorsque le scénario provient d'Internet. J'ai vu des scénario gratuits sur le net qui étaient encensés alors que comparé à d'autres scénarios professionnels, ils étaient bien mais sans plus. Cependant là où il était "exceptionnel", c'était comparé à l'attente qu'on pouvait en avoir. (et bienvenu dans une analyse psychologique et sociologique!)
JBeuh, qui euh, oulà, c'est long...