[Roleplay 5.2]Le couple impérial ouvre la fête...

[Seppun Kurohito]

L'Impératrice s'était installée dans l'opulente litière.

"- Je suis sûre que nos deux palanquins peuvent cheminer de concert, enchantez-moi des merveilles de votre clan, je vous en prie..."

"- Assurément, votre Majesté, ce sera un véritable honneur pour moi."

Une fois les deux dames installées, il fallut encore en passer par un long protocole présentant à la souveraine les principales femmes du Palais. Chacune venait s'agenouiller devant Shikizu, attendant un signe ou une bénédiction.

Les noms se faisaient nombreux... Kakita Taeko, Kakita Kohime, Doji Kaede, Asahina Junko... Les noms s'enchaînaient les uns aux autres, présentant chaque fois une des grâcieuse beauté du Clan de la Grue. Certaines avaient l'espoir d'entrer dans la Maison de l'Impératrice, d'autres de faire plus simplement bonne impression. Une simple attention de Shikizu et l'une de ces jeunes fleurs pourraient devenir la coqueluche de la journée.
Non loin, quelques jeunes adolescentes murmuraient et leurs rires coulaient comme une pluie cristalline.

Le petit groupe fut finalement rejoint par la princesse Doji Yasuyo, cousine du Champion de la Grue. Ses vêtements étaient plus fonctionnels qu'élégants, bien que de qualité luxueuse.
Elle salua l'Impératrice bien bas, avant d'accepter le palanquin qui lui était réservé... à contrecoeur de toute évidence.
Il y avait dans le regard de Yasuyo une force cachée qui faisait écho à celle de Shikizu.
Elle était de plus la seule femme à porter le sabre dans l'assemblée, un katana splendide, brillant d'un pouvoir ancestral.
Une des épées légendaires de la Grue...

"- Je suis honorée de rencontrer votre Majesté. Veuillez accepter les hommages de la famille Doji et du seigneur Doji Kuwanan par mon intermédiaire..."

Le temps fuyait rapidement, et les invités de la cour étaient déjà dispersés dans les parcs alentours. Finalement, les palanquins furent levés, et la Dame des Kakita ordonna la traversée des Jardins Merveilleux, elle tout à côté de l'Impératrice, Doji Yasuyo juste derrière.

Chacune put admirer le raffinement et les délices de la sauvage nature domptée de si douce manière par les artisans de la Grue.

Kakita Mai présentait à Shikizu de nombreux lieux au nom évocateur, comme la Source de l'Harmonie Subtile, la Clairière des Amants ou l'Etang du Repos de l'Ame.

Derrière, la voix d'Asahina Miko, sensei à l'Académie réputée pour sa maîtrise des danses traditionnelles, amusait les jeunes filles par quelques vers extraits de romans de chevet...

Finalement, le cortège des dames rallia le reste de la Cour au bord du Lac de Sérénité, calme et pure. Par endroits, de hauts roseaux d'espèces différentes essaimaient la rive, à d'autres, du sable fin et brillant formait d'étroites plages dorés.

Un ensemble de sept ilôts émergeait du Lac, de tailles variés. Ils étaient reliés par de nombreux ponts, chef-d'oeuvres d'ébénisterie aux ciselures nombreuses, qui dessinaient un parcours complexe.
Certaines îles étaient dégagées et rocheuses, d'autres luxuriantes et colorées.
On devinait dans la riche végétation deux petits pavillons de thé, une salle de méditation, et, sur l'ilôt le plus petit et le plus éloigné, un petit temple.

Un petit groupe s'était assemblé autour de Doji Seito, le vieux maître d'ikebana, qui avait en charge la tenue des Jardins Merveilleux de Kyuden Kakita. Le vieil homme recevait humblement les félicitations exaltées, cachant difficilement sa gêne.

Deux demoiselles vinrent prendre la traîne de l'Impératrice, et une troisième ouvrit le fin rideau de lin. Toutes s'agenouillèrent à nouveau lorsque la souveraine se releva, suivie par Kakita Mai et Doji Yasuyo.

Plus loin, l'Empereur se tenait droit devant le premier pont, où deux longs dragons encadraient l'ouverture du premier et plus large des ponts. Le seigneur Noritoshi était à ses côtés.

L'homme qui s'approchait avec aisance de Shikizu ressemblait à ce dernier, mais son visage était plus long, ses muscles moins dessinés, et ses manières plus appuyées.
Il salua très bas l'Impératrice, qui entendit des murmures parmi les jeunes filles de sa suite.

Atoshi-sama...Le frère du seigneur...

Sa voix était très différente du daimyo, douce et agréable à l'oreille.

"- Tous mes hommages, Shikizu-donô. Mon coeur s'emplit de joie, de pouvoir enfin me présenter à vous. J'ai tant entendu de louanges sur la bonté de votre Majesté, tout autant que sa vaillance.
Je suis Kakita Atoshi, frère du seigneur Noritoshi-sama, en charge de m'assurer que le confort de chacun soit assuré."

Attendant un geste de la souveraine, il termina par des questions d'usage.
"- Votre Majesté a-t-elle obtenue toute satisfaction depuis son arrivée en nos murs ? Vos quartiers sont-ils à votre convenance ?"

Sur le côté, Shikizu aperçut le visage de Doji Yasuyo se durcir, alors que Kakita Mai restait silencieuse et inexpressive.

[Moto Shikizu]

Shikizu accorda un geste, une parole, et une attention, a chacune des Dames et Demoiselles qui lui furent presentees. Ce afin de leur donner ce petit bonheur si attendu et si important pour elles, et ne faire aucune jalouse, chose peu aisees au vu des disparites d'age et de statut, mais comme son pere lui avait appris etant toute jeune fille Se faire des ennemis est toujours plus difficile que de se faire des allies, alors pourquoi hesiter devant une tache dont le resultat est le bonheurs pour tous, et aucun ennemis, meme si elle parait ardue ?

A la suite de quoi on lui presenta la princesse Yasuyo

"- Je suis honorée de rencontrer votre Majesté. Veuillez accepter les hommages de la famille Doji et du seigneur Doji Kuwanan par mon intermédiaire..." lui dit cette derniere

" C'est avec plaisir que je les accepte. Votre famille et votre seigneur sont forts bien representee par votre intermediaire. Vous les feliciterez pour le choix fort judicieux que vous etes. " lui repondit Shikizu. Elle desirait discuter plus avant avec Yasuyo, mais l'etiquette exigeait qu'elle n'en fit pas part des maintenant, il leur fallait a present rejoindre le reste de la cour en traversant les jardins.

Dame Mai fut parfaite.Mais pouvait il en etre autrement songea Shikizu. Elle l'ecouta attentivement, s'emerveilla ca et la de ce que lui montrait cette noble Dame, tout en gardant de cote quelques felicitations pour plus tard.

Arrivees, elle remercia Dame Mai de sa compagnie en ces termes " Traverser des jardins aussi merveilleux que ceux ci en votre compagnie fut une experience qui m'enchanta. Ce sera avec plaisir que nous vous accompagnerons pour les visiter plus avant apres la Fete, Dame Mai..."

Puis elle ajouta " Dame Yasuyo, nous accompagnerez vous ? Vous pourriez nous narrez des nouvelles de votre famille chemin faisant ? "

Les deux Dames repondirent en s'inclinant, ravies d'etre ainsi reconnues comme les deux guides principales de l'Imperatrice en ce jour.

L'Imperatrice continua a se plier au protocole avec toute la grace et les bonnes manieres possibles...

Puis Shikizu fut presentee au frere de leur hote.


"- Tous mes hommages, Shikizu-donô. Mon coeur s'emplit de joie, de pouvoir enfin me présenter à vous. J'ai tant entendu de louanges sur la bonté de votre Majesté, tout autant que sa vaillance.
Je suis Kakita Atoshi, frère du seigneur Noritoshi-sama, en charge de m'assurer que le confort de chacun soit assuré."

Attendant un geste de la souveraine, il termina par des questions d'usage.
"- Votre Majesté a-t-elle obtenue toute satisfaction depuis son arrivée en nos murs ? Vos quartiers sont-ils à votre convenance ?"



La phrase etait sans aucun doute une lame affinee, et la reponse de l'Imperatrice pouvait trancher aussi surement une tete si elle n'y faisait particulierement attention... Mais elle n'etait pas surprise. Elle s'attendait a ce genre de jeux avec des diplomates aussi zeles et doues que ceux de la cour... Shikizu sourit a son interlocuteur en laissant apparaitre fugacement son visage a Atoshi san, ne laissant rien transparaitre de ses pensees : " Le palais est merveilleux, et nos hotes nous recoivent de fort belle facon en leur demeure. Dame Mai m'a fait l'honneur d'une presentation des jardins alors que nous les traversions. Nous comptons y retourner apres la fete..."[/i]

[Seppun Kurohito]

Les dames assemblées semblaient satisfaites de la façon dont l'Impératrice avait tenu la Cour, Kakita Mai et Doji Yasuyo auprès d'elle.
Cette dernière surtout, avait observé la souveraine tout au long du parcour avec attention, et montrait désormais un sourire plus détendu, bien que toujours de circonstance.

Les demoiselles évitaient de croiser le regard d'Atoshi en baissant le regard dans une humilité exercée.

" Le palais est merveilleux, et nos hôtes nous recoivent de fort belle facon en leur demeure. Dame Mai m'a fait l'honneur d'une présentation des jardins alors que nous les traversions. Nous comptons y retourner apres la fête..."
La réponse de Shikizu était joliment tournée, avec une évidente retenue.
Kakita Atoshi, indéchiffrable, salua ses propos, avant de montrer un sourire de satisfaction.
"- Je suis heureux de savoir Votre Majesté à son aise. Je demeure à votre entière disposition..."

Avec ces paroles, le frère du daimyo s'écarta, laissant les femmes à leurs commérages.

Doji Yasuyo s'approcha de la souveraine, et lui glissa quelques mots à voix basse. Si beaucoup des dames assemblées trouvèrent la démarche cavalière, la princesse de la famille Doji fit mine de n'en rien voir. Elle se comportait avec la souveraine d'une manière qui laissait penser à cette dernière que Yasuyo avait déjà dû vivre avec des samurai du Clan de la Licorne. Elle n'en oubliait pas pour autant son rang. A vrai dire, la belle Doji était la seule à amener un peu de détente dans ce climat sinon hautement protocolaire et tendu.

"- Shikizu-dono, notre "cher cousin" est un homme de cour confirmé, qui parle avec une aisance que n'a pas son seigneur et frère.
L'aimable épouse de ce dernier, Mai-san, s'occupe de gérer la cour du palais, et Atoshi-san est son premier...assistant en cette tâche.
Hélas, les mauvaises rumeurs prétendent qu'il ferait quelquefois passer ses intérêts avant ceux de son seigneur, et incidemment de sa famille... Un homme fort renseigné sur les allées et venues en ce palais, qu'il soit de jour ou de nuit..."

Un silence suivit les audacieuse paroles de la princesse Doji, que nulle autre n'avait entendu.
Son regard brilla un instant à ses propos, expliquant sans mot à la souveraine qu'elle s'était faite une fidèle et servante alliée aujourd'hui.

Déjà, les dames commençaient à rejoindre leur père ou époux pour se rendre au repas. Devant le Pont aux Dragons, l'Empereur et le seigneur Noritoshi semblaient plonger dans un dialogue empreint de gravité...

[Moto Shikizu]

L'Impératrice sourit a Yasuyo en lui hochant légèreemnt la tête, comme si les paroles dites a voix basse etait une simple plaisanterie.


Puis d'un ton enjoué elle dit " Mesdames, que cette fête soit joyeuse et vous apporte a toutes le bonheur auquel un si beau lieu nous invite. Rejoignons nos époux, père, ou fils..." elle laissa passer un court instant avant d'ajouter les yeux plein de malice "... avant qu'ils n'oublient que toute la delicatesse qui nous entoure et l'Education a laquelle ils ont eu droit leur viennent d'une femme, Dame Doji Kami, et que toutes ici nous sommes ses dignes eleves. Montrons leur toute la Grace, la Douceur et l'Esprit, dont nous savons faire preuve. Et laissons les faire montre des leurs ! " finit elle dans un rire cristallin auquel repondirent toutes ces Dames et Demoiselles.

[Hida Koan]

- Sire, je vous présente les plus sincères excuses des miens, et je remets mon sort entre vos mains, si votre Majesté pense que je ne mérite pas la dignité auxquel la naissance m'a destinée...

Debouts, près de l'étendue miroitante du lac, le seigneur Grue attendait son jugement. Pour avoir maintes et maintes fois été confronté au danger et à l'horreur, Koan savait que tout ne pouvait être prévu. Ces contrées, si paisibles d'ordinaires, n'abritaient de maux plus graves que la vanité et l'orgueil. Aux yeux de l'Empereur, aucun coupable désigné n'était en cette place. Au delà de ces constatations, le coeur de cet homme était pur et ses intentions honnorables. Il ne serait pas jugé et condamné par souci de préserver les apparences: telle n'était pas la justice de l'Empire, telle n'était pas la justesse des hommes.

- Relevez-vous Noritoshi-san. Relevez-vous. Je sais que cet étalage de courbettes est aussi inconvenant à vos yeux qu'aux miens... Alors affrontons donc ce banquet ensemble, voulez-vous?

Bien qu'en cet instant Koan ait revêtu une parfaite panoplie d'Empereur, il n'en restait pas moins ce qu'il était: un homme peu enclin aux "plaisirs" de la cour... Tout comme son vis-à-vis.

Les deux hommes se tournèrent enfin, faisant face à la marée humaine de courtisans enrubannés, prêt à débuter le repas.

[Seppun Kurohito]

Un lueur ardente passa dans le regard du seigneur Kakita alors qu'il se relevait.
En quelques mots, le souverain lui avait rendu force et courage. Déjàl e monarque saluait la foule assemblée.
Petit à petit, chacun s'était rapproché.
Kakita Atoshi vint se placer près de son frère.
Les dames de la cour revinrent se mélanger à leurs conjoints et parents. Une haie d'honneur permit à l'Impératrice, encadré de la Dame Mai et de Doji Yasuyo, et suivie des demoiselles tenant rituellement la traîne de son kimono, de rejoindre son époux.
Au loin, quelques membres épars de la Cour mettraient encore un peu de temps à arriver.

Le conseiller Kurohito, accompagné du seigneur Okuma et d'Ikoma Sanzo, rejoignaient la troupe sous de nombreux saluts. Matsu Yumi et Hiruma Lya suivaient tranquillement, échangeant quelques remarques.

On pouvait déjà apercevoir le déploiement, quoique discret, des gardes impériaux autour du Lac de la Sérénité et à l'entrée de chaque îlot, sous l'oeil assuré du Champion d'Emeraude, prêt à suivre Koan.

La garde Daidoji du Palais sécurisait une ceinture plus large et éloignée du site des festivités.

L'envolée d'une centaine d'oiseaux colorés depuis la dernière des îles, où brillaient les murs dorés d'un petit sanctuaire, précéda le nouveau départ du cortège. En tête, le couple impérial, immédiatement suivi du Champion d'Emeraude, passaient entre les deux dragons d'acajou et traversaient le premier pont.

Sur la première île, la plus plate mais non la moins verdoyante, de longues tables avaient été dréssé sur un parquet de bois. Délimité par de hauts poteaux sculptés où flottaient de longs rouleaux de prières, tels des fanions de festival, le site du repas était à ciel ouvert, et la lumière du Seigneur Soleil était le gage d'une journée qui s'annonçait réussie. Rapidement et par ordre de préséance, chaque groupe suivait le précédent sur le Pont aux Dragons.

Déjà, une armada de serviteurs s'affairaient en tous sens dans un ballet parfaitement orchestré.

[Matsu Yumi]

Faste et décadence, voila comment se reglent les affaires de notre Empire. Yumi osa un furtif regard en direction de l'Empereur. Il était un seigneur, sans aucun doute. Saurait-il faire face a tous les problemes, lui qui avait plus l'habitude de la Muraille Kaiu que des banquets de la Grue ? Yumi se fit souffrir en pensant que peut-etre l'Empereur ne se sentait pas à sa place.

Il devait etre genant pour un guerrier de gouverner un pays. Mais n'était-ce pas la un des aspects de la Voie qu'elle recherchait ? La véritable Voie permettait sans doute de servi un pays autant qu'un bras. Mettree en application toutes ses connaissances ...

Elle resta quelques instants perplexe, a réfléchir à toutes sortes de choses. Voila donc ce qu'était un Empereur; quelqu'un qui provoquait en vous toutes sortes de sentiments, a la fois d'admiration et de pitié pour la charge qui lui incombe.

Elle s'assit a quelques pas du diplomate, laissant un vide entre elle et lui, et posa son daisho à sa droite, en signe de paix. De là, elle pourrait discuter en gardant constamment un oeil sur Ikoma Sanzo-sama.

[Okuma]

Le daimyo de l'ours accompagna Ikoma Sanzo, Matsu Yumi et l'inquisitrice crabe aurpès du couple impérial. Le vieux shugenja présenta ses respects comme il devait, avant de chercher un quelconque recoin sombre où profiter des ombres afin de s'effacer. La cour n'était pas son domaine, il avait souvent servi du temps où il était ronin de bouffon improvisé.

[Seppun Kurohito]

La Cour arriva peu à peu dans la clairière où se tiendrait le hirugohan (déjeuner).
Quelques shugenja de la famille Asahina terminaient leurs prières aux Fortunes et s'éclipsaient en saluant respectueusement les arrivants.

La zone dégagée étaient cernée de bosquets de toutes sortes. Balsa, bambous, cèdres, frênes et genévriers cohabitaient en silence, et les cerisiers en fleurs laissaient pleuvoir par intermittence, selon les caprices du vent, leur pluie de pétales blancs.

Délimité par de longues perches où flottaient des fanions colorés, un large carré de parquet en bois d'acajou clair semblait comme avoir surgi naturellement au coeur de la clairière. De fins tatamis aux dimensions égales recouvraient la partie centrale en une harmonieuse mosaïque aux couleurs nuancées, rappelant chacun des huit Clans Majeurs sur un fond d'émeraude soutenu.

Une table large fermait la partie nord de la clairière où siègeraient le couple impérial, ses proches et les samurai d'assez haute noblesse pour y avoir leur place.
Koan et Shikizu s'y installèrent sous le salut muet de chacun.
Le Champion d'Emeraude Doji Kojiro, le seigneur Kakita Noritoshi, son épouse Mai et son frère Atoshi, la princesse Doji Yasuyo, le conseiller Seppun Kurohito, le daimyo Okuma et la concubine impériale Bayushi Ryumi vinrent encadrer le duo souverain.

Depuis la partie nord, plusieurs longues tables légèrement plus étroites attendaient que chacun prit sa place, sur de douillets coussins de soie fine. A espace réguliers, divers arrangements floraux donnaient au lieu une sérénité sans pareille. De nombreuses bara (rose rokugani) multicolores égayaient ses ikebana, et toutes les couleurs de l'été étaient retrouvées.
Les samurai des plus hautes conditions occupaient les têtes de table, installés par là-même non loin de leur souverain qu'il pouvait entendre sans avoir à tendre l'oreille. S'y trouvaient les représentants majeurs de chaque Clan dont le fils de daimyo Ide Akio pour la Licorne, Ikoma Sanzo pour le Lion, toujours assisté de sa protectrice Matsu Yumi, et Bayushi Hiryu pour le Scorpion, que Yogo Kaneda rejoignit rapidement. Le reste de l'assemblée s'attabla enfin, membre du convoi impérial et courtisan de la Grue confondus.
Hiruma Lya, dont l'apparence ne laissait toujours pas indifférents les samurai sophistiqués des lieux, avaient eu une place de choix dans cet agencement, et un simple regard du souverain lui indiqua qu'il n'avait guère oublié leur entrevue prochaine.
Elle avait été installé auprès d'un jeune bushi de la Grue, Daidoji Korozu.

A une table d'honneur, dans la partie sud, les senseis de l'Académie Kakita, tout art confondu, s'asseyaient sobrement. Les artistes parmi les plus renommés de l'Empire allaient partager le même riz que les maîtres de générations entières de duellistes.

Une fois que tous furent assis, un homme vint s'installer discrètement sous l'ombre d'un chêne proche de la table impérial : le goûteur de l'Empereur et de l'Impératrice, venu avec l'intendance du convoi impérial.
Un autre goûteur, celui-là au service de la Maison Kakita, attendait dans un position raide devant l'allée qu'emprunterait la multitude de serviteurs, plusieurs jeux de baguettes soigneusement posé devant lui. Expert dans les arts culinaires, il piocherait au hasard dans les plats, ainsi que le protocole le lui permettait pour de tels repas.

Un fois chacun installé, Koan balaya l'assemblée d'un regard empli de force et leva la main, alors que l'Impératrice affichait un sourire chaleureux pour accompagner ses propos.
« - Le Clan de la Grue fait honneur à cette noble assemblée, nous l'honorerons en retour en savourant les mêts dont il nous régalera. »

Le repas avait débuté, et les serviteurs entamaient leur course. Les odeurs légères et aigre-douces éveillaient les sens des participants.
En guise de préambules, d'oblongues plateaux de mochi (gâteaux de riz dense et très cuit, souvent consommés lors des festivals), symboles de richesse et de longévité, furent déposés sur chaque table avec leurs petits bols de sauce salée, sucrée et de mirin (vin de riz adouci), servis avec un soghum (thé fin apprécié dans le Clan de la Grue) vert et léger pour certain, rouge et plus âpres pour les connaisseurs.

Certains s'étonnèrent que du genmaicha (thé à base d'orge et de grains de riz cuits), plus populaire, fut proposé, inconscient de la subtilité du silencieux hommage de la Grue : le genmaicha est apprécié et ne se boit que sur les terres du Crabe et de la Licorne.
L'idée venait, selon les murmures, de la prévenante dame Kakita Mai.

Et bien que chacun afficha de larges sourires, nombre furent les regards jetés vers l'espace vide, le dais inoccupé à la table centrale, à quelque places seulement de Koan.

La place d'Isawa Yoshimitsu…

[Seppun Kurohito]

Vu que le souverain ne semblait guère y avoir accordé d'importance, la fête battait son plein. Mais beaucoup jetait régulièrement un regard vers la place vide.

Les Fortunes seules savaient ce que le shugenja était devenu, disait-on en bout de table… La rumeur prétendait même qu'il s'adonnait à quelques recherches dangereuses, murmura-t-on.
Etait-ce en rapport avec cette étrange tour de lumière que certains avaient vu à l'aube ? demanda un bushi de la famille Shinjo peu discret, vite rembarré par un jeune notable Shosuro de la suite de Bayushi Hiryu…
Plus loin, le rire cristallin de la belle Doji Michiko attirait de nombreuses attentions.

Mais pour l'heure, chacun se régalait.

L'Impératrice faisait la discussion aux hôtes de la famille Kakita, assurant le seigneur du soutien de la Maison Impériale pour les maux du peuple encore si récemment malmené.
Seppun Kurohito parlait politique avec Kakita Atoshi, ce qui semblait priver ce dernier de toute intervention dans les dialogues de ses proches… Mais ne l'empêchait pas néanmoins de montrer par moment sa gêne devant le vide laissé par l'absence du conseiller spirituel de l'Empereur. Doji Yasuyo et Kojiro parlaient d'affaires familiales avec l'assentiment régulier et silencieux de Koan. Bayushi Ryumi, splendide dans son kimono chatoyant, captivait plusieurs admirateurs qu'elle ne semblait pas avoir remarqué et échangea quelques regards indéchiffrables avec le souverain. Elle s'intéressait tout autant à ses connaissances des tables proches qu'à d'autres, plus anciennes, davantage attentives aux rumeurs qui parvenaient des parties les plus lointaines du banquet.
Elle sourit lorsqu'elle entendit parler de la romance naissante entre un des membres de son Clan, Yogo Kaneda, et une courtisane très en vue du palais, Doji Michiko.
Seul Okuma demeurait silencieux et imperturbable, répondant quelquefois laconiquement aux remarques aimables qui lui faisaient Ikoma Sanzo de puis la table voisine.

Après le prélude culinaire, les invités eurent droit en intermède à une suimono (soupe claire servie brûlante de bouillon de graines de soja, dashi et kondu, des algues marines), le temps que les tables se couvrent des plats de porcelaine doré garnis d'onigiri (sushi et boulette de riz) parfumés. Des thés délicats venus des terres du Phénix et du Dragon, aux senteurs de jasmins, réhaussaient davantage les délices gustatifs…

Le plaisir du goût, la beauté des arrangements, la douceur des fûmets, le repas, composé de nombreux mêts en petites quantités, afin de ne guère être lourd, était un véritable enchantement des sens.

Enfin vint les plats principaux, anguilles, bars et brochets servis avec des assortiments de légumes aux coloris soignées, cuits à la vapeur et servis dans des larges coquillages nacrés ; lamelles de porc cuits dans du vinaigre de riz servis avec des plats de nouilles soba (mixture de sarrasin et graines de blé), ou encore de nouilles hiyamushi froides et immergées dans une sauce au goût d'amande. Les odeurs de cannelle, de cumin et de ginseng flottaient, persistantes.

Chacun y allait de son commentaire, exprimant surprise et enthousiasme devant un tel raffinement culinaire.

Le repas touchait bientôt à sa fin. Avec l'aisance et la satiété, les langues se déliaient, les discussions battaient leur plein, laissant deviner la toile d'affinités, de préférences ou de froides réserves qui composaient le microcosme de la Cour de l'Empereur.

Alors que Yakamo-Soleil avait dépassé son zénith, les tables furent dégagées pour accueillir les légèretés de fin de repas. Auprès de Doji Michiko, dans un fugace instant de silence, on entendit pour son plus grand malheur un jeune bureaucrate de la famille Kakita argumenter sur les raisons de l'absence d'Isawa Yoshimitsu. Kakita Noritoshi, par manque d'aisance, releva la remarque en décochant un sombre regard qui laissa un instant l'assemblée dans la tension.
Le jeune homme devint aussi livide qu'un gaki.
L'Empereur, alors en plein échange avec son hôte, ne pouvait l'avoir entendu. Alors que le silence menaçait de s'éterniser, Koan termina ses propos d'une voix plus forte.
« - Mais comme je l'ai déjà dit, mon cher Noritoshi, quiconque défiera l'Empire se mesurera à moi. » La voix cingla avec la dureté du roc et nul ne put dire si l'Empereur avait davantage regardé vers la place vacante du shugenja ou vers le jeune Kakita.
« - Et au terme de notre voyage, nul dans l'Empire ne pourra arguer qu'il ignore ce fait, mon époux… » termina Shikizu d'une voix plus douce, relâchant la pression.
A ces derniers propos, un geste nerveux de Kakita Atoshi ordonna le service des derniers plats, et les conversations reprirent, d'abord timidement, puis plus franchement.

Doji Michiko s'était tournée et n'accordait plus le moindre regard au jeune homme au regard absent. Tournée vers Daidoji Korozu, elle reprit d'une voix mesurée et noyée dans le bruit :
« - Et figurez-vous qu'une dame du palais, assurément logée dans les plus hauts quartiers, aurait quitté nos murs en pleine nuit pour se rendre sur les lieux de l'horrible incident d'hier… ».
Mais sa voix n'était déjà plus qu'un murmure pour le jeune homme, désormais seul au milieu d'étrangers… La carrière naissante de Kakita Sakato venait d'être brisée avant même d'avoir vu le jour…

On servit pour finir de délicieux kashi (friandises à base de haricots rouges), avec en couronnement l'un des thés les plus fins de l'Empire, le gyokuro, thé vert délicat et plein d'arômes, issu de feuilles cueillis en pleine maturité.

L'Empereur félicita avec grand cœur son hôte pour la qualité de ce déjeuner et demanda et ce que le maître ryorishi (cuisinier) soit récompensé, requête à laquelle Noritoshi salua avec un large sourire.

L'après-midi allait pouvoir commencer. Certains pourrait visiter les temples et pavillons de thé des Ilots de la Sérénité, d'autres pourraient demeurer attablés afin de savourer un saké bien chaud, propice à la digestion.
La rumeur courait que l'Impératrice comptait visiter plus avant les Jardins Merveilleux en compagnie de la Dame Kakita.

Une nouvelle journée comme des milliers d'autres avant elle, dans l'Empire d'Emeraude…

[Matsu Yumi]

Yumi piochait de maniere assez discrete dans les plats présentés au représentant de la délégation du Lion, de manière à éviter tout empoisonnement. On était après tout chez la Grue, et la Délégation du Scorpion était presente... raison de plus pour ne pas laisser les plats sans surveillance.

Yumi avait déja constaté les ravages que produisaient certaines plantes sur le systeme nerveux humain, et n'avait pu que regarder un de ses compagnons mourir dans d'atroces souffences apres avoir avalé un peu du fugu qu'un des serviteurs félons avait glissé dans le plat. Elle n'avait pas envie de revivre la scène.

Peu importait que les Kakitas le prissent mal. Elle avait pour mission de protéger Ikoma Sanzo-sama, elle le ferait.

[Ide Akio]

Akio était très impressionné. Toute cette débauche de moyens pour le Couple Impérial ! Seul le clan le plus honorable de l'Empire pouvait se le permettre.
Il sourit discrètement avant de se tourner vers Shinjo Minori qui n'avait pas quitté sa place derrière lui, durant tout le repas, écartant du même coup tous les importuns impatients d'ennuyer l'héritier Ide avec leurs insignifiances.
- Minori-san, y allons-nous ?
- Vous ne deviez pas discuter avec le Champion d'Emeraude, avant ? lui rappela la jeune bushi.
- Certes, admit le jeune courtisan.
Il jeta un regard alentours pour voir s'il reparait Doji Heishiro Kojiro.

[Seppun Kurohito]

Les derniers plateaux du repas ayant été enlevé, et la plupart des dames de la Cour ayant suivi l'Impératrice, on servit aux invités encore sur les lieux un saké d'excellente qualité, chaud et goûteux...

Plusieurs services de porcelaine décorés de motifs floraux et pastoraux furent amenés.
On servit les délégations du Clan de la Licorne, où le jeune Ide Akio semblait chercher quelqu'un du regard, ainsi que celles du Scorpion et du Lion.

Seppun Kurohito, resté à la table principale, salua de la tête le jeune seigneur de la famille Ide et se leva, bien que nul n'aurait pu dire alors vers qui allait le mener ses pas.

Le Champion d'Emeraude semblait terminer sa discussion avec Doji Yasuyo, et Shinjo Minori se pencha vers son jeune seigneur de la famille Ide...
"- Akio-sama, vous me permettrez peut-être d'inviter Doji Kojiro-sama, afin qu'il vous fasse l'honneur de partager une coupe de saké en votre compagnie ?

Le petit groupe masqué du Scorpion savourait le saké en silence, Bayushi Hiryu observant sans mot dire les courtisans encore attablés.

Pour les Lions, la détente après le repas fut un brin plus... bruyante.
Ikoma Sanzo fit servir sa jeune yojimbo Matsu Yumi, en se permettant un sourire chaleureux. L'un des rôles des omodaisu était celui-ci : afficher publiquement les sentiments des samurai du Lion, afin que ses frères de Clan garde une face impassible...
Pour l'heure, le contentement visible du barde serait le seul hommage du Clan du Lion à la famille Kakita pour la réussite de ce repas.
Ce faisant, Sanzo regarda la jeune Matsu, le regard brillant :
"- Je constate avec contentement que les délices dont nous régalent nos hôtes ne vous empêche guère de remplir votre devoir avec application.
Vous avez vaillamment défendu nos couleurs ce matin, dans le dojo de la famille Kakita. Vous méritez bien un quartier libre. Si vous le souhaitez, je vous autorise à vous faire remplacer par Matsu Toji, afin que vous puissiez profiter des lieux jusqu'à la tombée du jour..."
Les mots de Sanzo n'étaient pas un ordre, mais une proposition...

[Matsu Yumi]

La jeune Matsu s'inclina devant l'omoidasu.
"Aucun palais ni aucun jardin, fut-ce celui même de la Grue, ne saurait me priver du bonheur d'etre à vos cotés, Ikoma Sanzo-sama. Vos connaissances et votre savoir m'enchanteront toujours infiniment."

Le refus était poli et la jeune samourai-ko semblait sincere. Pour elle, le fait de se faire remplacer n'était nullment un honneur, même si c'était une récompense. S'il arrivait quelque chose au diplomate de la famille Ikoma alors qu'elle visitait les jardins du Frere Ennemi, elle se sentirait responsable et coupable.

[Seppun Kurohito]

Ikoma Sanzo observait sa jeune pupille avec intensité, laissant presque transparaître le fil de ses pensées. Il salua le compliment et but lentement sa coupe de saké.

Son comportement irréprochable et ses actes passés parlent pour elle... Matsu Yumi est une recrue de choix... Ce voyage est une excellent occasion de me faire ma propre idée de sa véritable valeur...

Le saké fut rapidement bu, et le barde se leva prestement.

Sans se départir de son sourire, il sortit de son obi un éventail sobre, qu'il tint fermé en marchant.
"- Fort bien Yumi-san. Nous disposons d'une heure avant que ne débutent les concours artistiques organisés par nos hôtes. J'y déclamerai un conte épique, mais j'hésite encore sur l'héroïne dont je ferai l'éloge. Je pensais aux exploits de Toturi Tsudao-hime, mais notre bien-aimé souverain, précurseur d'une nouvelle dynastie, pourrait trouver cela peu...approprié... ou encore à ceux de la Dame des Lions, Matsu Tsuko-sama. Toute la grandeur de notre Clan, comme une lumière dans les âges sombres de la Guerre des Clans.
Mais dans ce cas, je crains que nos hôtes n'y perçoivent guère mes intentions louables, mais plutot une attaque en bonne et due forme..."

Ses derniers mots étaient empreints d'une ironie subtile.
Après un petit silence, il reprit :

"- Qu'en pensez-vous, Yumi-san ?"

Assurément, l'éminent Ikoma savait ce qu'il avait à faire et n'avait nul besoin de conseil en la matière, et surtout pas de la part de sa yojimbo membre de la famille Matsu et ayant servi dans les forces de la princesse Tsudao.

Cette question était tout sauf ce qu'elle semblait être...