Troublé par la jolie Scorpionne Koan ne l'avait même pas vu arriver: un samurai se tenait dans le bain, un masque de porcelaine lui couvrant le visage. Il s'inclina respectueusement et voulu se retirer, par crainte de troubler ces instants.
"- Je m'apprêtais à partir justement. J'ai fort à faire en cette soirée."
Koan se tourna pour faire face aux deux personnes présentes et inclina légèrement la tête avant de sortir du bassin. Il passa rapidement son yukata
(qui est un vêtement unisexe
) et partit à grandes enjambées.
Koan pensait à la future réunion, qu'il se devait d'organiser au plus vite. Cependant les blessures bien que benignes de Shikizu-hime lui avait occuppé l'esprit un bon moment. Et en arrivant ici, dans ce somptueux palais, la vue horrifiante de la paperasse avait eu raison de sa motivation et il s'était accordé quelques moments de répis.
Alors que je n'aurais pas dû songea-t-il coléreux. Ce manquement dans son comportement l'ennuyait et il sentait monter en lui la tension de la colère. Il fallait extérioriser tout ça avant que cela ne prenne des proportions peu convenables... comme à l'accoutumée.
Il retrouva sa suite sans encombre, passant par l'ouverture même par laquelle il s'était eclipsé. Les confins de l'Outremonde n'avait pas eu raison de lui, il ne s'était pas perdu là-bas, comment aurait-il bien pu se perdre ici!? Cependant il était troublé et en lui se menait un combat particulier, hors du temps, hors de l'espace et sans commune gravité avec ce qui se produisait en réalité.
Le souvenir de Kumiko était encore vivace, mais cela faisait des années maintenant qu'elle s'en était allée, elle veillait sur lui, toujours présente mais plus distante qu'avant. Ces derniers temps, le coeur de l'Empereur tendait vers Shikizu, mais cette dernière ne semblait porter à cela aucun crédit. Il ne lui avait jamais rien dit mais bêtement, il devait penser que cela se voyait. Et Ryumi... Cette jeune fille était si attirante. Il ne fallait pas se leurrer, c'était un fait, il n'était pas indifférent à son charme
Ses charmes même se dit-il.
C'était bien la première fois que se livrait pareille bataille en son coeur. Lui le grand mur de pierre, lui qui avait fermé sa carapace à la mort de son aimée, lui, commençait à vaciller et ne plus savoir où il en était. Certes s'était un domaine dérisoire en regard des affaires d'état, mais chez l'Empereur c'était si peu courant que ce genre de sentiments le déstabilisaient. Et perdre le contrôle, cela l'irritait. Et plus il s'irritait et plus ses réactions étaient impulsives et justement: incontrôlées...