The Amazing Spiderman, donc. (et pas Spiderman 4 hein)
Ben ça fait mal. Outre le fait qu'on ne voit pas trop l'utilité d'un
reboot (car c'en est un : on a droit à nouveau aux origines) à peine quelques années après que Sam Raimi ait bouclé sa trilogie, il y a de sérieux défauts dans ce film.
Le scénario pose déjà un réel problème. Rien de ce qui y est esquissé ne va jusqu'au bout : Peter enquête sur ses parents ? Piste abandonnée. Peter cherche l'assassin de son oncle ? Piste abandonnée. Exemple type d'idée frustrante : le Lézard transforme plusieurs policiers en hybrides reptiliens comme lui ; le spectateur se dit "
Chouette ! Un bon combat en perspective entre le héros et ces mutants !" Et ben même pas ! On ne les revoit qu'à la toute fin, quand le remède à la mutation les guérit. Tout cela donne une impression de film mal fini ou truffé de scènes coupées - ou tout simplement qui n'ose pas, qui n'a aucune audace.
Andrew Garfield est un
miscast total : son look de jeune à la mode l'aurait classé parmi les populaires de son lycée, on se demande pourquoi il n'est pas dans la bande des sportifs d'ailleurs - on est loin du Peter Parker un peu décalé. D'ailleurs, Gwen en pince déjà pour lui dès le début du film... Et jamais on ne sent le poids de la responsabilité de son rôle de super-héros peser sur lui - alors que c'est le moteur même de Spiderman, à la base. Pire encore : à la fin du film, il est prêt à trahir la promesse faite à un mort, le seul élément qui donnait un sel tragique à l'histoire. En gros, j'ai jamais eu l'impression de voir Spiderman dans ce film, juste un petit con qui a par hasard obtenu ses pouvoirs et son costume et qui en profite pour faire le kéké avec son Iphone.
Le seul bon point - Emma Stone craquante en Gwen Stacy - se retourne même contre le film : parce que quelque part, c'est elle la seule super-héroïne que j'ai vu là-dedans. Pensez : à 16 ans, lycéenne, elle est déjà l'assistante d'un savant réputé et encadre les stagiaires de celui-ci ! Douée la petite.
La réalisation manque totalement d'ampleur. Très très peu de scènes d'action ou de voltige et vraiment rien de marquant. De plus, quasiment tout le film - en tout cas dès que Spiderman apparaît - se passe de nuit. Cela fait partie d'un des présupposés du scénario : essayer d'injecter du réalisme. Sauf que certains éléments purement
comic-book tranchent tellement avec cette volonté qu'ils tombent à plat : quand Peter enfile son costume, on n'y croit pas ; quand on découvre le laboratoire du Lézard dans les égoûts, on y croit pas : quand les grutiers de NY décident de filer un coup de main à Spiderman, on y croit pas. Tout simplement car jamais le film ne prend la peine de créer un univers où ces éléments auraient coulé de source.
Que dire d'autre ? Ce film est une grosse déception. D'autant si on le compare avec son prédécesseur - alors qu'il dure 15 minutes de plus, il s'y passe deux fois moins d'évènements et on y développe deux fois moins de personnages. Là où Sam Raimi avait bien pris soin de recréer un NY imaginaire de
comic-book afin de crédibiliser son histoire très marqué
silver age, cet
Amazing Spiderman a le cul entre deux chaises - on sent bien que l'idée est de s'inspirer d'Ultimate Spiderman, mais encore une fois sans aller jusqu'au bout de ce projet. En résulte une oeuvre bâtarde, une version Smallvillienne de Spiderman sans doute destinée à conquérir un nouveau public. Hélas, je n'en fais visiblement pas partie...