Encore un texte réservé aux oreilles averties... Désolé, Koan, j'arrivais pas à modifier le texte comme tu me l'avais conseillé. Je le poste donc tel quel.
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La jeune femme se cambra sur son futon en gémissant de plaisir. Ses mains glissèrent le long de ses hanches afin de saisir celles de l’homme qui la besognait. Sans cesser d’aller et venir en elle, l’homme les serra en souriant, semblant ainsi partager avec elle le plaisir qui menaçait de les submerger tous les deux. Elle jeta sa tête en arrière et ouvrit la bouche pour crier…
Cela faisait quelques mois qu’ils se connaissaient. Elle n’était qu’une jeune femme du Sud, fraîchement arrivée à la Cour, et lui, un membre du Clan du Dragon, à peine descendu de ses montagnes. Ils s’étaient rencontrés lors d’une réception de la Dame Scorpion. Elle se rappelait le sentiment d’ironie qui l’avait envahi, quand elle avait constaté que cette « réunion d’intimes » comptait, au bas mot, deux cents samouraïs, tout clans confondus.
Presque décidée à quitter cette soirée ennuyeuse, elle n’était restée que pour les jardins. Ce genre d’endroit était si rare, là où elle vivait… Il était vrai que la proximité de l’Outremonde ne laissait guère d’opportunité de se développer aux fleurs délicates qu’on trouvait à la Cour. Elle était en train de les observer longuement, songeant à quel point elles seraient belles dans les appartements de sa mère, quand il était apparu. Immédiatement, il s’excusa de l’avoir dérangé mais lui avoua qu’il adorait, lui aussi, observer les fleurs à la tombée du jour. A peine l’avait-il enchanté des descriptions des fleurs de son clan qu’elle savait qu’elle venait de trouver son âme sœur.
Ils se revirent souvent, par la suite. Outre ses talents d’herboriste, Meisuna cultivait à merveille l’art de la remarque humoristique et, plusieurs fois, elle crut mourir de rire à l’écoute de ses descriptions satiriques sur les grands de la Cour. Elle aimait particulièrement celle de Kakita Yoshi : « La Grue en elle-même : gracieuse mais sans cervelle ! ». Leurs rapports, aussi, étaient exempts de toute ambiguïté. Il savait qu’elle devait se marier sous peu avec un membre éminent du Clan de la Grue et semblait n’y accorder aucune espèce d’importance. Elle se sentait vraiment bien, à ses côtés…
En fait, c’était d’elle que tout était parti. Il ne restait plus que deux jours avant son départ pour les Terres de la Grue, où aurait lieu le mariage. Ils s’étaient fait leurs adieux, s’étaient jurés de se revoir après, tout en sachant que c’était impossible. Qu’est-ce qui l’avait poussé à se glisser dans sa chambre, en plein milieu de la nuit, pour lui offrir sa première fois ?
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- Viendrez-vous me voir sur les Terres de la Grue, Meisuna-chan ? demanda-t-elle, en se rhabillant.
- Bien sûr, acquiesça le jeune Dragon en souriant. Oublieriez-vous que je ne saurais vivre loin de vous ?
Elle finit de nouer son obi et lui lança un doux sourire, avant de quitter la pièce.
Meisuna s’allongea sur le futon mouillé de sueur et sourit. Il n’aurait plus jamais à supporter cette nunuche Crabe ! La mission confiée par son Seigneur touchait à sa fin.
Il se leva et alla s’installer à son écritoire :
« Mon Maître, vos instructions ont été suivies à la lettre.
L’alliance entre le Crabe et la Grue sera rompue sous peu.
Votre serviteur. »
Il glissa le papier dans la bague de son pigeon voyageur et le regarda s’envoler vers le Sud en souriant.
A cause de la souillure qu’on allait découvrir chez elle, la fille de Hida Engi ne serait pas autorisée à procréer, son mariage avec le fils de Daidoji Suke serait annulé et priverait le Crabe d’une dot dont il avait désespérément besoin.
Sur son futon, il ferma les yeux, continuant à sourire dans le noir. Il n’aurait jamais voulu servir le Sombre Seigneur autrement que comme Oni no Pekkle…