Le système de jeu est en cours de playtest, mais de ce que j'en sais (vu que je fais partie des relecteurs/correcteurs d'Akae et bientôt de l'équipe auteurs), pour répondre à la question : non, il n'y a pas de système de règles gérant l'honneur ou la gloire.
- la réputation n'est pas considérée comme nécessitant des données chiffrées, parce que dans le fond, il n'y a que deux philosophies possibles : soit tu gères à l'arraché, soit tu es nettement plus pointilleux (tu as une certaine renommée auprès de certaines personnes/milieux précis, mais pas forcément la même en terme d'importance, ou de contenu, ailleurs. Par exemple : si tu es un stratège réputé, tu seras certainement mieux connu des militaires que des moines ou du petit peuple. Et certainement mieux connu de tes voisins que de gens qui vivent à l'autre bout du pays, etc. En termes de contenu d'une réputation, les notions de gloire/infamie de L5r sont trop floues pour être vraiment intéressantes. En tous cas, c'est mon ressenti perso après 7 campagnes et douze ans sur le jeu : je suis toujours pas convaincu). Après, ça se discute et il se peut que ça change si Akae y voit un intéret, mais jusqu'à présent, et lui aussi a pas mal de L5R comme meneur dans son passif, ben autant on kiffe L5R, autant cette question de la gloire chiffrée n'est jamais apparue comme indispensable.
- il n'y a pas d'honneur au sens de L5R, parce qu'en fait, chaque Voie qu'un personnage peut suivre a ses propres contingences et aspects. Les voies servent à obtenir des bonus sur la résistance mentale (la force de tes convictions, qu'elles qu'elles soient, te soutient dans l'adversité) et pour certaines permettent de créer des techniques de combat/des effets magiques, etc. Le joueur choisit la voie qui lui convient et se focalise sur le développement des facettes qui lui parlent le plus, et c'est tout. Ca ne fluctue pas au gré du jeu. Après, s'il n'interprête pas le personnage comme il a déclaré qu'il allait le faire, c'est l'occasion d'en discuter avec lui, mais l'idée de base, c'est qu'une voie, c'est un peu le fil rouge moral que ton personnage va suivre, le truc central dans son existence, sur lequel il ne cédera pas et grâce auquel il pourra se dépasser. Ca peut aussi bien être un code de conduite social (la voie de l'arc et du cheval des guerriers est un peu un proto-bushido) que religieux, ou même personnel (la voie du ninjo t'amène à privilégier tes sentiments et tes opinions par rapport aux normes de la société).
la notion d'honneur elle-même reste très subjective et, dans ma carrière de meneur, j'ai vu une énorme quantité de justifications sophistes de la part de joueurs qui voulaient me convaincre que si leur personnage faisait une chose déshonorante pour de "bonnes" raisons, alors c'était pas pareil que s'il agissait en tant que salaud. C'est un autre débat, et un débat qui ne trouvera jamais de solution convenant à tout le monde, d'ailleurs, mais Akae pour le dire franchement trouve que c'est le genre de truc potentiellement stérile et qui n'apporte pas tant que ça au jeu. Après, lui comme moi on en tient compte quand on joue/maîtrise, à L5R, parce que ça fait partie des codes de l'univers et qu'il nous plait ainsi, mais on s'en passera volontiers pour EdC. A titre perso, j'ai un peu le même ressenti avec les alignements de D&D : je m'éclate à les interprêter quand je joue dans un univers de D&D, mais lorsque j'ai écrit Chiaroscuro, par exemple (un jeu med-fan avec beaucoup de politique dedans), ni l'alignement, ni l'honneur, ni la gloire ne m'ont semblé nécessaires. Et ça n'a pas l'air de manquer à ceux qui suivent la gamme non plus. Donc, bon, au final, je crois que tous les choix se valent
Petit a-parté : dans L5a, à mon sens, tu ne joues pas des psychopathes formés à tuer. Déjà, une bonne partie des écoles disponibles n'encouragent pas le fait de tuer, bêtement. Les shugenja Asahina ou Kitsu ou Isawa même, les courtisans, les artistes/artisans n'ont rien dans leurs techniques ou leurs descriptions qui les incite à se la jouer comme des champions de la boule de feu et des meurtriers psychopathes. Après, beaucoup de joueurs continuent à percevoir les tensai Isawa du feu (par exemple) comme des spécialistes de l'artillerie, mais c'est parce que le système met en avant les sorts de combat (et surtout dans l'élément Feu), alors que pour la petite anecdote, Wick et compagnie auraient préféré un truc plus souple et moins bourrin pour la 1ère édition. Mais bon, c'est l'héritage du jeu et on le retrouve donc dans la manière dont la storyline a été malmenée par moments.
Dans les écoles de bushi, les philosophies sont très différentes aussi. Un Shiba est aussi capable de trucider son prochain qu'un Matsu, mais dans une de ces écoles, on met avant tout la défense du clan et la non-agression en avant, alors que dans l'autre, la gloire sur le champ de bataille en agissant avec un courage téméraire est cruciale.
Ce qu'on attend d'un samurai, ça n'est pas qu'il tue son prochain. C'est qu'il obéisse. Et ça, aussi, c'est quelque chose que les joueurs ne percutent pas forcément. C'est très bien expliqué par Akodo lorsqu'il dit "on peut apprendre à n'importe quel homme à tuer. On apprend au samurai à mourir". C'est à dire que ce qu'on veut avant tout de toi, c'est que tu agisses de manière à ne pas déshonorer le nom que tu portes, car c'est ton clan qui serait déshonoré à travers toi. Et être prêt à mourir à tout instant, c'est être prêt à renoncer à toi, à ta gloire, à ton besoin de réussite, pour l'intérêt de ton seigneur, de tes frères de clan, du clan entier...
Une fois qu'on garde ça à l'esprit, et qu'on le partage avec ses joueurs, alors, curieusement, on se rend compte que contrairement à bien des caricatures et comportements bizarres aux tables de jeu, et bien, les Matsu, les Hida, les Moto ne sont ni des brutasses stupides, ni des berserkers égotiques. C'est juste qu'ils doivent concilier la manière dont leur école leur dit "ça, c'est être un vrai guerrier" et leur nature fondamentale de samurai qui dit "obéis en toute chose et soit prêt à tout instant à mourir, non pas pour toi, mais parce que c'est ton devoir". Et on se rend compte qu'un Scorpion est honorable tant qu'il ne mets pas en avant son intérêt personnel, mais qu'il fait les choses les plus terribles parce que c'est ce qu'on lui demande de faire, ou c'est ce qu'on attend de lui. On se rend compte qu'un Matsu qui recule pour sauver l'étendard de son clan est un bien meilleur samurai que celui qui se fait tailler en pièce à dix pas de là parce qu'il voulait absolument montrer qu'il est courageux, etc, etc, etc.
La véritable récompense du samurai, c'est pas la gloire immortelle des héros, même si c'est énorme s'il l'obtient. La véritable récompense de 99% des 2 millions de samurai de L5A, c'est que leur seigneur ait pu compter sur eux jusqu'à ce qu'ils meurent ou se rasent le crâne pour se retirer du monde. Parce que sans ça, il n'y a pas de clans, et il n'y a pas d'empire. Le devoir est sa propre récompense. Quelle que soit la forme que prend ce devoir, c'est ça, le fondement du samurai, c'est ça ce que veut dire son nom, d'ailleurs : servir n'a pas besoin de justification. C'est ta destinée, c'est ta place dans l'ordre divin des choses. Il ne saurait en être autrement.
Sauf que voilà, si on devait jouer comme ça, L5A perdrait rapidement la moitié de ses joueurs, si ce n'est plus. Alors que c'est plus facile de jouer des Bayushi sociopathes, des Matsu la bave aux lèvres, des Kakita qui snobent tout le monde, des Hida qui puent des aisselles et parlent avec une grosse voix, des Shinjo qui font la gueule dés qu'on leur dit de descendre de cheval et ainsi de suite
Et, là, l'honneur ou la gloire, ça ne change rien au problème