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par Hida Koan » 02 oct. 2014, 08:08
Ils s'étaient installés dans le pavillon de thé. Leurs hommes avaient ramenés des armes, les armures qu'ils avaient pu récupérer, dont les leurs. Il n'y avait pas beaucoup d'armures dans la Garde des Eaux. A dire vrai, les gardes n'en avait pas besoin, eux en avait, ils étaient sergents, de temps en temps il leur fallait en passer une... Mais c'était rarissime.
Hideoshi et sa fille avaient été installés en plein milieu du dojo. On avait déplacés des futons et quelque mobilier. Ils n'étaient pas satisfaits mais c'était comme ça. Jusqu'à la réussite de l'opération dans les tunnels, ils resteraient là, entourés d'une dizaine de gardes, à discuter, jouer au go, dormir... Bref, à rester à portée de vue.
En attendant les hommes s'étaient équipés, pour ne pas perdre un temps précieux ce soir. Penchés sur une petite table dans le pavillon de thé, au milieu de lances, tetsubo et autres bo, les membres de la promo de l'oni se posaient des questions. Ils avaient déjà tergiversé sur "l'endroit où ils entreraient dans les tunnels", "combien d'hommes ils emmèneraient", "où seraient Hideoshi et sa fille pendant ce temps là", etc. Ils avaient même eu le temps de passer leurs propres armures, Kei avec un peu d'aide, malgré le fait que Mushu l'ai aidé à remettre du baume sur ses ecchymoses. Elle avait ouvert de grands yeux en la voyant violette.
La préparation se passait plutôt bien, seule restait à définir l'heure à laquelle ils allaient intervenir. Il ne devait d'ailleurs ne pas être loin de l'heure de Doji. Kei se demandait bien quand rentrerait Retsu, elle lui avait dit qu'ils attendrait avant de faire quoi que ce soit.
S - Et il est où Retsu ? demanda abruptement Shigueru.
K - A un rendez-vous.
S - Ah ouais ?
K - Non, non je dis ça juste pour passer le temps, tiens...
Elle se leva, ils avaient statués "fin d'après-midi/soir, on verrait bien quand on serait au complet", et commença à farfouiller dans les armes, un crétin avait embarqué son tetsubo et l'avait mélangé avec tous les autres... C'était son tetsubo, merde, elle n'allait pas le prêter au premier péon venu. Il n'avait rien de spécial son tetsubo... Mais c'était le sien.
S - Et avec qui ?
Ah... Bah, voilà... Il a quand même un peu plus de gueule que les autres... Ou alors c'est juste que j'y suis habituée... Elle bascula l'arme dans son dos.
K - Je sais pas trop... Minako, je pense.
Elle trouva le petit "cran" sur l'armure et accrocha l'arme dans son dos. Elle se retourna. Hirozaku avait une drôle de tête, un peu comme celle qu'il avait il y a peu quand il leurs faisait ses comptes-rendus d'activités des derniers jours... A ce moment là, elle avait bien senti qu'il y avait un truc étrange mais n'avait pas insisté. Il n'avait jamais essayé de lui tirer les vers du nez, lui, elle lui devait bien la pareille.
K - Qu'est ce qu'il y a ? Ca va pas ?
H - ... Si, si...
K - Ah, t'as pas l'air en tous cas.
Elle vérifia le laçage de son armure, tira un peu sur les cordelettes, ajusta le plastron. Hirozaku se décida enfin.
H - Sûre que c'était Minako ?
K - Non ce n'était qu'une lettre, mais c'était signé Minako, oui.
H - Tu sais quand je vous ai dit qu'elle était bizarre ?
K - Mmmmhmm.
Elle remettait son obi récalcitrant, sur une armure c'était toujours chiant un obi. Un obi, ça devrait se mettre juste sur un kimono, sur l'armure on ne sentait rien, un chance sur deux de foutre tout ça de travers.
H - Elle est bizarrement entreprenante en fait.
Elle redressa la tête, en passant ses sabres à sa ceinture.
K - C'est à dire ?
H - Elle a vraiment essayé de coucher avec moi.
Essayer, ça veut dire quoi ça ? Il a dit oui, ou non? ... On s'en fout qu'il ait dit oui ou non...
S - Putain ! Chanceux va ! T'aurais pu nous le dire avant !
K - Essayé ?
Hirozaku rougit un peu plus.
H - Oui, essayé. Essayé, essayé. Elle m'a fait des avances... En m'embrassant, en me touchant...
Elle partit, d'un coup, elle était déjà dans la cour. Tu vois qu'on aurait du y aller... Ta gueule.
S - Bah tu fais quoi ?!
Hirozaku se passa la main sur les yeux.
H - Elle va se promener je crois... Mais c'est de ma faute je pense.
[...]
C'est où déjà ? Soucis Eternels je ne sais quoi... A l'Ouest ? Oui... Oui... Elle s'engouffra dans le bâtiment principal, traversa tout le couloir et ouvrit les portes du dojo. "Yoshiko-hime!" Tous les hommes se redressèrent nerveusement, la moitié dégainèrent. Elle était peut-être rentrée un peu vite. La jeune fille s'était redressée à son entrée fracassante et l'avait regardé étrangement, elle ne l'avait jamais vu en armure. Elle était encore très perturbée de ce matin, heureusement, elle restait avec son père.
- Oui ? dit-elle d'une petite voix.
- Vous me prêtez votre cheval ?
Hideoshi eut le visage passablement énervé, à entendre la façon dont Kei parlait à sa fille. Malgré tout il ne dit rien, ce matin, il avait été bien content qu'ils soient là pour la sauver...
- Mon cheval ?
- Oui. Votre cheval. La grosse bête blanche dans la cour depuis une semaine.
Les hommes remuèrent, nerveux. Elle se rendit compte de son ton et se reprit... un peu.
- Oui, votre cheval, Yoshiko-hime. Comment s'appelle ce putain de cheval ? Yuki ? C'est ça? Non trop simple... Shimokaze ?
- Euh... Si vous voulez. Vous savez monter à cheval ?
Kei réfléchit, mais non pas vraiment, c'est même la première fois qu'elle en voyait un de si près...
- C'est juste un gros poney.
- Vous avez raison... Souvent les gens sont un peu plus effrayés que ça quand même. Vous y faites attention, je compte sur vous, vous ne lui faites pas de mal.
- Il fait dix fois mon poids à vue de nez, je vois pas bien ce que je pourrais lui faire.
Hideoshi se racla la gorge, visiblement à l'attention de Kei.
- J'en prendrais grand soin Yoshiko-hime.
[...]
Elle n'avait jamais monté un si gros "poney". Elle avait fait préparer le cheval. Il n'avait pas trente six harnais, du coup il était plein de pompons colorés. Elle avait voulu les faire retirer mais le palefrenier n'avait pas voulu "abîmer le cadeau de Bayuri-sama". Pour la discrétion, elle repasserait... Mais s'il fallait aller vers l'ouest, déjà il fallait traverser la ville et après seulement parcourir le chemin d'une lieue au moins jusqu'à ce pavillon des ellenesavaitquoi éternels. Elle monta sur l'animal sans trop de difficulté. Elle était vraiment très haut, c'était spécial. Elle traversa la ville, aussi vite qu'elle put, sans blesser personne. Ça voulait déjà dire assez doucement, mais ce ne fut pas plus mal et elle put ainsi s'habituer à la bête, et vice versa ! Finalement ce n'était pas si différent d'un poney... Le cheval avait fait forte impression sur le trajet et personne à la porte de la ville n'avait moufté quand elle était passée.
Elle partit au trot. Même comme ça, elle irait trois ou quatre fois plus vite qu'en courant... Et le galop, avec un animal pareil... Il valait mieux ne pas tenter.
[...]
La route continuait, toute droite ou presque mais une nappe de brouillard à couper au couteau semblait s'être déposée au sol. Elle mit le cheval au pas. Elle ne devrait plus être loin maintenant. Elle eut envie de prendre son tetsubo en main... Mais ce n'était que du brouillard après tout. Le cheval renâcla un peu et après quelques pas dans la brume, elle détacha tout de même son arme lourde de son dos...
Flood Thunder - Koan jin'rai
Mille ans pour régner
L'éternité pour briller
Ma vie pour servir