Vu
Inception. (attention aux spoiler même si je n'abuse pas trop)
Vraiment très bon. L'idée originelle est originale (même si en lisant quelques critiques ici et là il semble qu'il y ait quelques inspirations) et habilement exploitée. Pas de fausses notes ou presque dans le scénario qui se déroule intelligemment et intelligiblement.
Le cast est très bon. Les personnages sont bien construits pour la plupart et encore mieux interprétés. J'ai pas été époustouflé (loin de là) par le jeu de Marion Cotillard, j'ai trouvé le recrutement (le recrutement pas la formation) de la jeune architecte un peu rapide, certains personnages sont insuffisamment exploités au regard de ce qui est fait pour le personnage de Cobb (en même temps il aurait fallut 3 heures sinon) mais à part ces quelques défauts mineurs ça frise la perfection sur ce plan (les acteurs et les personnages). Ah si, autre "petit" truc : Michael Caine. Ca me laisse un sentiment mitigé. D'une certaine manière quand on voit ce genre de type apparaître sur l'écran ça fait toujours gravement plaisir mais cette fois il faut dire que son rôle est plus que mineur et que ce choix de cast n'a finalement pas beaucoup d'intérêt. Ce n'est pas comme dans les Batman, pour rester chez Nolan, où son jeu nourri si bien le personnage qu'on n'imagine pas le film sans lui. Bref ça fait plaisir mais on se dit que prendre une telle pointure pour ce rôle c'est un peu too much. Et du coup c'est l'acteur qui prend un peu le pas sur le personnage. M'enfin c'est pas bien grave non plus c'est juste qu'à force on se dit qu'il ne faudrait pas abuser avec ce genre de choix de cast.
Petite note sur la musique : sur certains passages aux basses saturées l'oppression devient physique et ça accentue parfaitement l'immersion.
Les scènes d'action sont intéressantes mais c'est quand même, pour moi, le point le moins intéressant du film. Elles sont souvent inutilement longues : la course poursuite à pieds quand Cobb cherche à échapper aux sbires de la corpo et celle avec le Van quand Yusef se retrouve seul "éveillé" dans ce "niveau" sont les pires de ce point de vue. Des dizaines de coup de feu et pas un qui fait mouche, ça fait un peu trop à force. La palme de ce point de vue revient à la scène sur le pont avant la chute où on a un type qui canarde un van à moins de 10 mètres, blindé de gens, sans jamais toucher qui que ce soit... Bon... M'enfin c'est pas non plus très grave. A coté de ça, deux moments vraiment excellents : l'infiltration de l'intro et la séquence dans la neige où Eames se fait le groupe de projections. Là ça fonctionne vraiment bien.
Les effets spéciaux sont vraiment incroyables. Il y a des séquences de folie visuelle. Le "retournement" de Paris, le jeu de miroirs, la scène de combat en apesanteur etc. C'est parfait. C'est visuellement époustouflant et parfaitement mis en scène. En outre, on est pas dans un film de Emmerich, les effets spéciaux sont au service du film, de l'histoire et pas l'inverse... Ils ne constituent pas des coupures dans la narration, genre "attention séquence destruction" où on sent que le réal cherche juste à nous en mettre plein les mirettes façon démonstration technique, mais s'intègrent parfaitement à celle-ci (c'est particulièrement vrai pour cette pré-citée scène en apesanteur).
Parce que le point vraiment fort du film reste la narration. Quelle maîtrise à ce niveau là ! Ca parlotte peut être un poil trop par moment (et encore) mais sinon, l'emboitement des séquences abouti à un film d'une lisibilité exemplaire malgré la complexité du script. Le scénario n'est pas si compliqué que cela au fond mais son déroulé implique quand même jusqu'à 4 séquences se déroulant simultanément avec une bonne part des personnages présents dans chacune d'elles mais avec un "état" différent et fonctionnant sur un rythme temporel différent lui aussi et qui se "répondent" l'une à l'autre. Et là je voudrais bien voir la gueule du story board du dernier tiers du film... Nolan gère tout cela avec brio puisqu'à aucun moment le spectateur n'est perdu dans tout ce bazar. Les objectifs des protagonistes restent clairs, les implications des actions aux différents niveaux du "plan" sont claires aussi, les différents enjeux sont bien identifiés, bref tout est limpide. Ce n'est quand même pas un mince exploit à mon sens.
Dernier point cette débauche narrative dans la dernière partie conduit, pour moi, à une immersion qui ouvre sur la fin. Quand Cobb se réveille on est un peu dans le même état léthargique que lui. Avec sa narration à x niveaux emboités Nolan ne nous a pas perdu mais au contraire nous a suffisamment captivés, captés pour qu'on soit dans la situation de celui qui s'éveille d'un rêve à ce moment si spécifique où il fusionne encore légèrement avec la réalité en laissant un sentiment étrange. J'ai trouvé que la toute fin était peut être le moment où les différents éléments (jeu et direction d'acteur, mise en scène) se conjuguaient au mieux. Ils nous maintiennent dans cet état d'apesanteur psychologique jusqu'au bout. Le réveil dans l'avion, le passage à la douane, l'arrivée à la maison sont admirablement bien fichus et Di Caprio y est vraiment parfait : c'est ouaté, c'est légèrement ralenti comme si on évoluait dans un liquide, c'est mécanique bref ce sont les sensations que l'on peut ressentir au réveil.
Reste la toute dernière séquence. Ce final était annoncé dès le début ou presque et il n'est donc pas surprenant mais, d'une part comment conclure autrement ? et d'autre part le plan est lui aussi parfait, millimétré comme il faut. Exaspérant comme il faut
En bref : Chef d'Oeuvre, rang "culte" potentiel (il ne lui reste qu'à passer l'épreuve du second visionnage pour ce statut).