Actualité politique et sociale - Saison 2010 - Episode 1

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Kõjiro
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Re: Actualité politique et sociale - Saison 2010 - Episode 1

Message par Kõjiro » 02 juil. 2010, 08:50

Joli...
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"Les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée. Trop de citoyens veulent la civilisation au rabais" - Henry Morgenthau, remettant son rapport sur l'utilisation abusive des paradis fiscaux par les contribuables au président Roosevelt en 1937.

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Re: Actualité politique et sociale - Saison 2010 - Episode 1

Message par Kõjiro » 02 juil. 2010, 09:52

Les Suisses se marrent...

Affaire Bettencourt : les banques suisses chargent Eric Woerth
Parties de Paris il y a quinze jours, les vagues causées par l'affaire Bettencourt-Woerth atteignent les rives du lac Léman. Les financiers suisses ricanent doucement et s'emportent contre Eric Woerth. Les langues se délient, tel ce financier spécialiste des "family offices" qui s'emporte dans la Tribune de Genève, contre l'ancien ministre du budget qui menaçait, à l'automne, quelques milliers de citoyens français dont les noms figuraient sur un listing volé par Hervé Falciani chez HSBC Private Bank à Genève. "Eric Woerth, qui avait fait de l'évasion fiscale sa priorité, nous a longtemps fustigés comme les ennemis numéro un. C'est lui aussi qui (...) nous a conduits sur la liste grise de l'OCDE, celle des paradis fiscaux non coopératifs. Mais savez-vous qu'au même moment, sa femme Florence, l'une des gérantes de fortune de Liliane Bettencourt, était vue très souvent dans le "family office" de la milliardaire française, qui se situe à deux pas de l'Hôtel d'Angleterre ?" "Eric Woerth, durant ces deux dernières années, ne pouvait pas ignorer que sa femme se trouvait très régulièrement à Genève. Et que ce n'était certainement pas pour voir son Jet d'eau !" Le locataire de la rue de Grenelle appréciera.

Les enregistrements rendus publics par Mediapart ont mis au jour deux comptes bancaires, l'un à Vevey, de 65 millions d'euros, l'autre à Genève, de 16 millions d'euros. "Ces comptes auraient été déplacés au mois d'avril dernier, dans une assurance-vie en France au profit du petit-fils de Liliane et fils de Françoise, aujourd'hui en procès avec sa mère". Le quotidien suisse poursuit en évoquant le transfert "de 280 millions d'euros des comptes français de Liliane Bettencourt chez UBS Genève".

7 MILLIONS D'EUROS POUR LA CAMPAGNE DE 2007

La Tribune de Genève renvoie vers Matin Dimanche, qui affirmait le 19 septembre 2009, qu'en tant que trésorier de l'UMP, Eric Woerth s'est rendu au printemps 2007 en Suisse chez "Pierre Condamin Gerbier, responsable de l'UMP à Genève et gérant de fortune ardent défenseur des "family offices"" qui a été "chargé, notamment, d'organiser le dîner de gala au Crowne Plaza, puis au Caviar House, avec les plus grandes fortunes françaises exilées en Suisse romande, en mars 2007, lorsque Woerth était venu collecter des fonds pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy". Le quotidien reprenait alors les propos d'un autre banquier genevois, lui aussi extrêmement courroucé : "Eric Woerth ne cherchait pas alors à savoir si les chèques qu'on lui remettait étaient prélevés sur des comptes suisses non déclarés au fisc français." La collecte finale avait rapporté, en tout, plus de 7 millions d'euros.

Le Matin Dimanche rappelait que Nicolas Sarkozy, avocat d'affaires avant de devenir président de la République, accompagnait des clients à Genève et les introduisait auprès de financiers, reprenant une information du site Rue89 le 2 avril 2009, titrant "Quand Sarkozy l'avocat ne méprisait pas les paradis fiscaux". "Voir (...) Nicolas Sarkozy en procureur Fouquier-Tinville des fraudeurs du fisc, cela ne manque pas d'étonner dans la cité de Calvin", s'étonnait alors Le Matin.
L'article de la tribune de Genève
L'article de Rue89 sur Sarkozy l'avocat amateur de paradis fiscaux

Et l'étau se resserre : Le fisc aurait versé 30 millions d'euros à Liliane Bettencourt en 2008
[...]Le fisc a versé, en mars 2008, 30 millions d'euros à la milliardaire Liliane Bettencourt et ce au titre du bouclier fiscal.

"Le versement a été opéré par le trésor public via un virement bancaire, sur un compte détenu par Liliane Bettencourt à la BNP, précise une source fiscale au courant du dossier."indique le site internet, soulignant la rapidité du virement à peine un mois après la demande écrite des conseillers de l'héritière de l'empire L'Oréal.

En mars 2008, rappelle Mediapart, Eric Woerth était à la tête du ministère du Budget, "l'affaire est d'autant plus embarrassante pour M. Woerth que, selon un fonctionnaire des impôts qui a tenu à garder l'anonymat pour des raisons évidentes, les remboursements opérés par l'administration fiscale, lorsqu'il sont supérieurs à plusieurs millions d'euros, nécessitent l'aval du ministre de tutelle."L'information aurait été confirmée à Mediapart par Antoine Gillot, avocat de Claire T., l'ancienne comptable de Liliane Bettencourt.

Autre révélation du site d'information, Liliane Bettencourt n'aurait fait l'objet d'aucune enquête fiscale depuis au moins quinze contrairement aux affirmations de François Baroin qui avait déclaré le 27 juin dernier que "les patrimoines de plus de 3 millions - et on peut sans fausse naïveté penser que Mme Bettencourt a un patrimoine supérieur à 3 millions d'euros - sont contrôlés tous les trois ans".
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Re: Actualité politique et sociale - Saison 2010 - Episode 1

Message par Gap » 02 juil. 2010, 11:38

J'ai bossé quelques mois dans des fiduciaires suisses. J'ai du mal à être surpris après ce que j'y ai vu - et encore, c'étaient des boîtes qui refusaient certains clients, donc c'était censé être relativement soft.
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Re: Actualité politique et sociale - Saison 2010 - Episode 1

Message par Kõjiro » 02 juil. 2010, 20:10

Le courtier saoul embauché en Suisse

:sarcastic:

Son "chômage" aura duré aussi longtemps que les velléités de régulation de la finance mondiale.
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Re: Actualité politique et sociale - Saison 2010 - Episode 1

Message par axl_2baz » 02 juil. 2010, 21:04

Pour le petit chèque de Mamie Zinzin (dixit les guignols), 30 millions d'€ représentent 28571 mois de SMIC net (1050 €), 2380 années ou encore presque 60 vies de quarante ans de travail.
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Re: Actualité politique et sociale - Saison 2010 - Episode 1

Message par Ding On » 05 juil. 2010, 08:39

Populisme !
Hitler, qui était beaucoup plus petit que Mannerheim (Mannerheim mesurait plus de 1,90 m), portait des talonnettes et avait demandé à ses photographes de trouver un angle favorable pour la photo officielle.

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Re: Actualité politique et sociale - Saison 2010 - Episode 1

Message par Gap » 05 juil. 2010, 15:34

Bon, perso j'ai encore et toujours du mal à comprendre un truc, sans doute parce que je suis bête. Ca sert à quoi de fuir les impôts quand on a autant de thune ? J'entends par là qu'on ne peut tout simplement pas dépenser de tels montants. C'est totalement virtuel. Qu'est-ce qu'on s'en fout d'en perdre même les 3/4 (ce qui est loin d'être le cas même quand on déclare tout) alors qu'on n'arriverait même pas à utiliser le quart restant sur les X prochaines générations ? J'aimerais bien avoir l'avis d'un psy sur la question, parce qu'à mon avis il y a de la névrose là-dessous.
- Gap

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Re: Actualité politique et sociale - Saison 2010 - Episode 1

Message par Kõjiro » 06 juil. 2010, 10:17

Je me pose aussi le même genre de question.

Mais je me demande surtout pourquoi le reste de la population tolère encore que ça puisse exister. Ou plutôt quels sont exactement les mécanismes qui font qu'une part importante de celle-ci l'accepte plus que tacitement ou par renoncement.

Cf ce sondage cité par Mona Chollet et que je cite moi même souvent (voir ici)

Mais d'un autre côté, tous est organisé pour que ces gens aient de quoi utiliser leur argent ou plutôt vouloir en avoir toujours plus. Genre les compèt' de taille de yachts. Hervé Kempf, dans ses deux derniers bouquins, en parle très bien de cette surenchère. Ou sur le nb de villas au travers du monde et leur taille et équipement.

Mais le plus tragique c'est que ces dépenses n'en sont même pas puisque ces trucs prennent de la valeur. Ce sont donc des investissements et même des investissements rentables. On pourrait penser qu'un yacht ça perd de la valeur un peu comme une bagnole. Bin en fait c'est plutôt comme un logement et ça s'apprécie même mieux qu'une villa à Beverly Hills...

Sinon, pour rebondir que ta remarque Gap, il y a quelques temps, dans un moment de désœuvrement je m'étais amusé à faire un petit calcul à la con du genre combien de temps un type comme Buffet mettrais à épuiser son capital et combien de générations après lui avaient leur avenir assuré.

A l'époque on chiffrait sa fortune à environ 40 milliards de dollars.

Je me suis dit : imaginons qu'il décide de mettre cet argent dans un coin, de ne même pas le faire fructifier et qu'il file 100 000 dollars par an à chacun de ses descendants (ce qui place les personnes touchant un tel revenu dans le 1% du haut du panier de revenus - pas de patrimoine juste de revenu - avec ce seul revenu obtenu sans rien faire). Et quand je dis descendants je pense à ses enfants, aux enfants de ses enfants, aux enfants de ceux-ci et ainsi de suite. Ca va très vite en fait ce genre de pyramide. Avec un hypothèse d'espérance de vie de 90 ans et une moyenne de 2 enfants par personne vers 30 ans. En prenant en compte une inflation annuelle de 2% et le fait que le capital ne rapporte même pas un cent, qu'il est juste stocké jusqu'à épuisement il faudra 210 ans et plus de 6 générations de descendants (pour un total de 448 personnes pour arriver à épuiser ce capital).

210 ans c'est ce qui nous sépare de la révolution française. Les usa n'existaient même pas en tant que tels... C'est dire que l'on vise à très long terme...

Et si on se contente de filer le smic à tous ces gens il y en a pour quelques siècles de plus (rappel on parle juste d'une revenu annexe).

Après si en plus l'argent est placé et rapporte disons environ 4% par an en moyenne (donc 2% de plus que l'inflation) alors on touche aux limites de ce genre d'exercice théorique un peu bidon vu qu'il faudra 1750 ans pour épuiser le pognon : mais on est sur des chiffres qui n'ont aucun sens notamment en nb de gens qui peuvent vivre de ces dons. En même temps il y a 1750 ans on en était où par rapport à aujourd'hui ?

Bon sinon, pour info, le témoignage de la comptable de Bettencourt est dispo en accès libre sur le site de Médiapart. Et ça arrache pas mal...

http://www.mediapart.fr/
L'ex-comptable des Bettencourt accuse: des enveloppes d'argent à Woerth et à Sarkozy

Comptable de Liliane Bettencourt et de la société Clymène, qui gère la fortune de la milliardaire, Claire T., louée par ceux qui ont travaillé avec elle pour sa rigueur, est devenue, à son corps défendant, la femme qui en sait trop. Les policiers de la sous-direction des affaires économiques et financières de la préfecture de police de Paris, qui agissent dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte par le parquet de Nanterre à la suite de la révélation des enregistrements pirates réalisés au domicile de l'héritière de L'Oréal, ne s'y sont pas trompés.

Lundi 5 juillet, ils ont une nouvelle fois interrogé (elle avait déjà été placée en garde à vue à la mi-juin) cette femme au caractère bien trempé. Après l'avoir questionnée toute la matinée au siège de la police financière, dans le XIIIe arrondissement de Paris, ils ont décidé de la réinterroger, à son domicile cette fois, en fin d'après-midi, sur instruction expresse du procureur de Nanterre, Philippe Courroye, qui estimait qu'elle avait sans doute encore des choses à dire. L'intuition du magistrat était bonne.

Devant la PJ, elle a relaté une scène mettant en cause Eric Woerth et, à travers lui, le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, en 2007. A Mediapart, elle en a raconté beaucoup plus...

Au départ, les enquêteurs souhaitaient surtout savoir ce que sont devenus trois “carnets de caisse”, ces cahiers dans lesquels Claire T. consignait méticuleusement, année après année, les retraits d'espèces qu'elle réalisait, à la demande de Liliane et André Bettencourt (décédé en novembre 2007). Elle les a tenus entre le mois de mai 1995, date de son embauche par le couple, et le mois de novembre 2008, lorsqu'elle a été licenciée, moyennant une indemnité de 400.000 euros.

Claire T. est, de fait, détentrice de très lourds secrets, qu'elle a confiés à Mediapart, juste après son audition, lundi soir. C'est un témoignage accusatoire, qu'elle reconnaît volontiers ne pas pouvoir étayer de preuves matérielles définitives et qui devra être soumis par les enquêteurs à un méticuleux travail de recoupements et de vérifications. Claire T. s'explique sur sa décision de parler à la police et à un journal: « J'en ai marre de voir tous ces gens ne pas assumer leurs responsabilités, raconter n'importe quoi. Il est temps de dire ce qu'il s'est passé. Et puis, après tout, moi je n'ai rien à me reprocher. »

Si elle est furieuse, c'est d'abord parce qu'elle est visée par une plainte pour « vol » – objet de sa convocation par la police judiciaire – déposée par l'avocat de Liliane Bettencourt, Me Georges Kiejman, qui l'accuse notamment de ne pas avoir restitué, au moment de son départ, divers documents comptables.
*
« Dédé “arrosait” large»

Parmi ceux-ci, trois carnets de caisse donc, correspondant aux “exercices” 2006, 2007 et 2008. Claire T. s'insurge : elle affirme au contraire les avoir remis à la milliardaire, par l'entremise de l'ex-avocat fiscaliste de cette dernière, Me Fabrice Goguel. Interrogé par nos soins la semaine dernière, Me Goguel nous avait confirmé la version de la comptable : «Claire m'avait effectivement remis une liasse de documents, dont trois cahiers de caisse. Je n'ai même pas regardé ce qu'ils contenaient, c'était le cadet de mes soucis, je me suis empressé de les remettre à leur destinataire, Liliane Bettencourt, qui a dû les ranger dans ses archives, dans son hôtel particulier de Neuilly-sur-Seine.»

Ces fameux carnets nourrissent tous les fantasmes depuis que le conseil de Claire T., Me Antoine Gillot, a déclaré sur les ondes de RMC, vendredi 2 juillet, que les fonds en espèces retirés par la comptable et remis au couple Bettencourt pourraient avoir profité à des hommes politiques. «Ça fait partie des possibilités», avait-il lâché, énigmatique, au micro de Jean-Jacques Bourdin. En précisant toutefois que sa cliente n'avait jamais remis d'argent directement à qui que ce soit. Sur ce point, les confidences de Claire T. sont explosives. Son témoignage, que nous avons recueilli en exclusivité, confère définitivement au dossier Bettencourt le statut d'affaire d'Etat.

Elle raconte : « Je disposais de ce qu'on appelle un “accréditif” à la BNP. D'abord à l'agence Saint-James de Neuilly-sur-Seine, puis à celle de l'avenue de la Grande-Armée , dans le XVIe. Cette autorisation me permettait de retirer en liquide 50.000 euros par semaine. Pendant longtemps, je remettais ces sommes directement à André Bettencourt. Puis à partir de début 2007, du fait de la dégradation de l'état de santé de “Dédé” – c'est comme ça que nous le surnommions dans la maison –, je les confiais à Patrice de Maistre. »

Gestionnaire de la fortune de la milliardaire, Patrice de Maistre est au cœur des enregistrements clandestins effectués au domicile de Mme Bettencourt par son majordome. A qui étaient destinés ces fonds en liquide ? « Une partie servait à payer des médecins, des coiffeurs, du petit personnel, etc. Et une autre, c'était pour les politiques », assène Claire T. Qui se fait plus précise : « Dédé, et il ne s'en cachait pas, a toujours financé la droite. C'était un vrai défilé d'hommes politiques dans la maison, ils venaient surtout au moment des élections. Dédé “arrosait” large. Chacun venait toucher son enveloppe Certaines atteignaient même parfois 100.000, voire 200.000 euros. »
*
150.000 euros pour la campagne de Sarkozy via Woerth

Selon la comptable, « les visiteurs les plus assidus étaient des responsables du Parti républicain. Il leur remettait une enveloppe tous les deux ou trois mois. Parfois 10.000, 20.000 ou 30.000, d'abord en franc, puis en euro, car là aussi, tout augmente !Je sais que Dédé avait contribué, juste avant mon arrivée, au financement en liquide de la campagne d'Edouard Balladur. Cela dit, comme il était généreux, il ne m'étonnerait pas qu'il ait aussi financé les activités politiques de Jacques Chirac ».

S'agissant du financement politique, on en vient au point sensible. Très sensible, même. Celui concernant Eric Woerth. Le seul que Claire T. ait évoqué devant les policiers, car le seul sur lequel elle a été interrogé. « C'était à la fin du mois de mars 2007. Patrice de Maistre, qui était devenu celui qui “s'occupait” des politiques du fait de la maladie de Dédé, m'a convoqué pour me demander d'aller retirer à la banque une somme trois fois supérieure à l'habitude, à savoir 150.000 euros. J'ai refusé, en expliquant que mon accréditif ne me le permettait pas. Il s'est énervé, en me disant que la banque ne nous refuserait pas ce service. Je lui ai demandé la raison pour laquelle il lui fallait absolument récupérer un tel montant, et là, il m'a répondu : “Mais enfin, c'est pour financer la campagne présidentielle de Sarkozy ! Je dois donner de l'argent à celui qui s'occupe du financement de la campagne, Eric Woerth. Et 50.000 euros, ce n'est pas suffisant.”»

Claire T. reprend son récit : «Malgré l'insistance de Maistre, qui a quasiment piqué une crise de nerfs, j'ai refusé. Je me souviens même avoir appelé Eva, mon interlocutrice à la BNP de la place Vendôme, l'agence où Liliane Bettencourt a son compte principal, pour lui demander son avis. Je ne lui ai pas parlé du financement de Sarkozy, mais elle a bien compris... Elle m'a dit que je devais refuser, qu'il ne fallait pas que je dépasse mon accréditif, sinon cela risquait d'alerter Tracfin (le service anti-blanchiment de Bercy, NDLR). Donc je me suis rendue comme d'habitude avenue de la Grande-Armée, j'ai retiré 50.000 euros, que j'ai remis à Liliane Bettencourt, qui a ensuite donné l'enveloppe à Maistre, devant moi. Et j'ai rempli le carnet de caisse, avec, en regard de la somme, la mention “Bettencourt”, que j'ai écrite moi-même. Je faisais toujours comme ça lorsqu'il s'agissait de l'argent destiné aux politiques, car il ne fallait pas de trace écrite. Si Liliane Bettencourt leur donne les carnets de caisse, les policiers pourront vérifier mes dires. Je me souviens de la date de ce retrait destiné à la campagne de Sarkozy : c'était le 26 mars 2007. »
*
«Sarkozy aussi allait voir les Bettencourt pour récupérer de l'argent»

Comme libérée de pouvoir enfin soulager sa conscience, Claire T. poursuit son récit. « Comme les 50.000 euros ne suffisaient pas, Maistre s'est rendu – ou a envoyé quelqu'un, je ne sais pas – en Suisse, pour prélever en urgence le complément, à savoir 100.000 euros. D'après ce que j'ai compris, il n'a pas puisé dans le compte de Vevey mais plutôt dans celui de Genève. De toute façon, il allait toutes les semaines en Suisse... Ensuite, Maistre m'a dit qu'il allait très vite dîner avec Eric Woerth afin de lui remettre, “discrètement” comme il m'a dit, les 150.000 euros. Et le dîner a bien eu lieu très rapidement... »

Les fonds, à en croire la comptable, étaient donc destinés à la campagne du candidat de l'UMP lors de la dernière présidentielle, avec qui elle assure que Patrice de Maistre avait également dîné, dans les mois précédant son élection. « Maistre était très fier de côtoyer Sarkozy », se souvient Claire T. Nicolas Sarkozy. Un nom que l'on entendait souvent dans le superbe hôtel particulier des Bettencourt, et ce bien avant que Claire T. ne se mette au service du richissime couple.

Maire de Neuilly-sur-Seine entre 1983 et 2002, M. Sarkozy était souvent l'hôte des Bettencourt. « Il venait déjeuner ou dîner avec Cécilia », se souvient Claire T. Lui aussi avait-il droit aux « attentions » accordées aux personnalités politiques en visite chez les Bettencourt ? Un brin hésitante d'abord, mesurant sans doute la gravité de ses propos, Claire T. confirme :

« Nicolas Sarkozy recevait aussi son enveloppe, ça se passait dans l'un des petits salons situés au rez-de-chaussée, près de la salle à manger. Ça se passait généralement après le repas, tout le monde le savait dans la maison. Comme M. et Mme Bettencourt souffraient tous les deux de surdité, ils parlaient très forts et de l'autre côté de la porte, on entendait souvent des choses que l'on n'aurait pas dû entendre. Encore une fois, tout le monde savait dans la maison que Sarkozy aussi allait voir les Bettencourt pour récupérer de l'argent. C'était un habitué. Le jour où il venait, lui comme les autres d'ailleurs, on me demandait juste avant le repas d'apporter une enveloppe kraft demi-format, avec laquelle il repartait. Je ne suis pas stupide quand même, inutile de me faire un dessin pour comprendre ce qu'il se passait... »
*
13.000 euros par mois pour Florence Woerth

On en revient au cas Woerth, qui intéresse tant les policiers. Et à sa femme, Florence, qui travaillait depuis fin 2007, sous l'autorité de Patrice de Maistre au sein de Clymène, la structure financière qui gère les actifs de l'héritière de L'Oréal. Florence Woerth a-t-elle été, à ce titre, informée des pratiques d'évasion fiscale révélées par les enregistrements clandestins ? Une question que se pose désormais ouvertement le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, à en croire un rapport évoqué par Le Monde dans son édition datée du 6 juillet.

Claire T. n'est pas certaine de détenir la réponse. « Florence Woerth était au courant des placements, pas forcément des fraudes fiscales. Et pour cause : elle n'était pas souvent là. Elle prenait souvent de longs week-ends, se rendait régulièrement en Suisse où elle disait avoir une propriété. En fait, il apparaissait évident qu'elle avait été uniquement placée là parce que son mari était ministre du budget. Patrice de Maistre ne s'en cachait pas d'ailleurs, mais il a vite regretté son choix, il n'était pas content d'elle. » En bonne comptable, Claire T. se souvient que l'épouse de l'actuel ministre du travail « avait un bon salaire : environ 13.000 euros par mois, plus une prime de fin d'année de l'ordre de 50.000 euros ».

Claire T. confirme par ailleurs que Liliane Bettencourt a bien bénéficié en 2008 d'un remboursement de 30 millions d'euros de l'Etat français au titre du bouclier fiscal, mais aussi, autre révélation de Mediapart, que la milliardaire « n'a jamais eu à subir le moindre contrôle fiscal depuis au moins 1995. Je n'ai jamais vu le moindre inspecteur des impôts, je peux le certifier. Ça, on peut dire que nous étions tranquille par rapport au fisc ! Je me souviens même, un jour de 2008, avoir téléphoné, paniquée, à la personne des impôts qui s'occupait de Mme Bettencourt. En arrêt maladie, j'avais oublié d'envoyer la déclaration d'impôt sur le revenu, je n'avais envoyé que l'ISF... C'était une grosse bévue. J'avais peur que l'on nous sanctionne d'une lourde amende. Logiquement, on aurait dû nous infliger une pénalité de 10%, soit environ 4 millions d'euros. Mais mon interlocuteur a rigolé, il m'a dit de ne pas m'en faire, que Liliane ne subirait aucune pénalité, ce qui a été le cas ».

Partie en mauvais termes avec ses employeurs, qui lui reprochaient – comme au majordome, qui a du coup décidé de placer un dictaphone espion dans la maison – d'avoir « mal » témoigné devant la police dans le cadre de la plainte pour « abus de faiblesse » déposée par la fille de la milliardaire, Claire T. n'en veut pourtant pas à Liliane Bettencourt. Elle se dit au contraire « choquée qu'elle soit tombée sous la coupe de personnes qui ne pensent qu'à la dépouiller de ses biens ».

Ainsi, s'agissant de la fameuse île d'Arros, aux Seychelles, dont elle n'ignore aucun secret, la comptable assure que « c'est bien François-Marie Banier, via une fondation, qui en est l'ayant droit ». Prise dans un ouragan politique dont elle ne soupçonne manifestement pas la portée, Claire T., sur les conseils de son avocat, va sans doute se « mettre au vert », le temps que la tempête se calme. Il lui faudra à l'évidence être patiente.
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Re: Actualité politique et sociale - Saison 2010 - Episode 1

Message par Kõjiro » 07 juil. 2010, 13:49

L'affaire Woerth vu par Pernaud... La vidéo : http://obsvideo.nouvelobs.com/video/xdx ... _news.html
Le 13h de Jean-Pierre Pernaut, journal le plus écouté du midi, a mis un peu de temps à évoquer l'affaire Woerth, lancée le 16 juin par le site Mediapart. Il faut attendre le 30 juin pour qu'un reportage et un plateau y soient consacrés. Le 2 juillet, un autre sujet annonce... l'intervention de Liliane Bettencourt le soir-même au 20h de la chaîne. Enfin, ce 6 juillet, les derniers rebondissements sont évoqués: "des rumeurs" lancées par "des sites internet"...
Rappelons que que le JT de Pernaud fait près de 50% de part d'audience tous les midi... Et est regardé par près de 6 millions de personnes.
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Re: Actualité politique et sociale - Saison 2010 - Episode 1

Message par Bayushi Otojiro » 07 juil. 2010, 14:22

Mais non, tf1 n'est pas à la botte du gouvernement. Qu'est-ce qui peut bien vous faire croire ce genre d'inepties ?
Il n'y a nul honneur en dehors de celui-ci : servir l'Empereur.

Actuellement Seppun Otojiro.

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Re: Actualité politique et sociale - Saison 2010 - Episode 1

Message par Kõjiro » 09 juil. 2010, 09:14

La majorité actuelle ne se contente pas d'"oublier" opportunément de faire quelques contrôles fiscaux elle créé surtout sans cesse plus de moyens de défiscaliser. Un point de vue intéressant, argumenté et illustré de données sur la question de la fiscalité de la succession et de l'impact de la loi TEPA sur ce domaine.

Héritage: euthanasier le rentier

Avec Lilliane "je claque plus de 25.000 smics par mois" Bettencourt on avait une excellent illustration de ce qui incite si fortement la droite à favoriser les lignées d'héritiers et la reproduction sociale. Ces derniers le lui rendent bien.
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"Les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée. Trop de citoyens veulent la civilisation au rabais" - Henry Morgenthau, remettant son rapport sur l'utilisation abusive des paradis fiscaux par les contribuables au président Roosevelt en 1937.

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Re: Actualité politique et sociale - Saison 2010 - Episode 1

Message par Toshi » 09 juil. 2010, 09:58

faut arreter de mater des pornos chez libé :lol:

Médias 09/07/2010 à 00h00
Oral : le beau job de Pflimlin

Audiovisuel . Désigné par Sarkozy, le futur président de France Télévisions passait, hier, sa première audition devant le CSA qui donnera son avis lundi. Une prestation classique, carrée et sans surprise.

http://www.liberation.fr/medias/0101646 ... e-pflimlin

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Re: Actualité politique et sociale - Saison 2010 - Episode 1

Message par Kõjiro » 09 juil. 2010, 10:01

Pas mal le titre effectivement :lol:

Mais bon en même temps de ces deux là (Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts) ça ne m'étonne guère...
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"Les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée. Trop de citoyens veulent la civilisation au rabais" - Henry Morgenthau, remettant son rapport sur l'utilisation abusive des paradis fiscaux par les contribuables au président Roosevelt en 1937.

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Re: Actualité politique et sociale - Saison 2010 - Episode 1

Message par Kõjiro » 09 juil. 2010, 10:31

Ca faisait longtemps... Le titre de l'article a l'air con ? Bin lisez le...

Une nuit en cellule parce que sa « tête est pleine de cheveux »
Seydou Niang, Sénégalais, est consultant en France pour Tostan, une ONG qui favorise le développement durable en Afrique. Il fait des allers-retours fréquents entre Paris et Londres, où vit sa femme. Dans la nuit du 24 au 25 juin, alors qu'il rejoint la Grande-Bretagne en car, un contrôle d'identité le conduit en prison.

Jeudi soir dernier, j'avais hâte de retrouver chez elle, à Londres, ma femme Sarah, enceinte de huit mois. Je suis monté avec impatience dans le bus de nuit Eurolines qui quittait Paris en fin de soirée. Nous avons atteint la frontière française à Calais vers 1 heure du matin. Je m'attendais aux questions de routine auxquelles mes allers-retours m'ont habitué ; j'étais loin d'imaginer ce qui allait se passer…

Selon les cinq policiers qui contrôlaient les pièces d'identité, visas et permis de séjour des passagers, le passeport que je leur présentais n'était pas à moi : ils étaient persuadés que les photos figurant sur mes visas n'étaient pas les photos de l'homme qu'ils dévisageaient. J'ai tenté de les convaincre que ces papiers étaient bien les miens. Rien à faire.
« On m'a menotté, on m'a installé dans une voiture de police »

Ils m'ont fait descendre du bus. Ils ont voulu me faire signer un procès-verbal selon lequel je reconnaissais être en possession de documents illégaux. Je suis resté le plus calme possible mais dans ma tête, ça tournait de plus en plus vite. J'ai lu avec attention le papier qu'on me fourrait dans la main : quand j'ai compris ce que ça signifiait, j'ai refusé avec force.

« Tu vas partir en garde à vue pour 24 heures, le temps qu'on vérifie tes mensonges ! »

On était passé au tutoiement.

« Je n'ai pas le choix, faites ce que vous voulez, mais ce passeport est le mien. »

- « Tu as le droit d'appeler une personne de ta famille en France pour la prévenir. »

- « Ma femme est en Angleterre, en France j'ai mes collègues… »

- « Non, non, juste quelqu'un de ta famille. Si tu n'as pas quelqu'un de ta famille en France, signe là. »

On m'a tendu un papier où il était écrit que je ne souhaitais contacter ni mes parents ni mes employeurs. J'ai encore refusé. Je serrais les dents, mon estomac était une boule dure écrasée au fond de mon ventre. Mon cerveau tapait à toute force contre les parois de mon crâne. J'ai pensé très fort à tous ceux qui échouent ici sans connaître un mot de français.

On m'a fait passer les mains derrière le dos, on m'a menotté, on m'a installé dans une voiture de police. Dans la nuit humide de Calais, je suis allé en prison pour la première fois de ma vie.
« Je me suis accroché à ma dignité comme à une bouée »

Du fond de la cellule, je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Entre des murs insalubres, une chambre de 3 mètres sur 4 : un banc en ciment, des couvertures à l'odeur fétide. Les toilettes, au centre de la pièce, protégées de la vue par une barrière de 50 centimètres de haut, étaient nauséabondes. Dans ce monde-là, les caméras de surveillance traquent le moindre centimètre carré ; depuis le poste de contrôle, la sentinelle peut observer jusqu'aux hommes qui défèquent.

Pendant les heures qui ont suivi, je me suis accroché à ma dignité comme à une bouée. J'ai pensé à ma famille, à mes amis, aux gens que j'aime. A mon travail avec Tostan, aux droits humains. A ma venue en Europe. Aux miens au Sénégal, à ma terre du Fouta, à mon village : mais j'ai tout vu, j'ai tout entendu, j'ai tout senti, du fond de la cellule.

Les matins ordinaires, je me réveille à l'odeur chaude du café que fait couler mon colocataire, j'envoie un message à ma femme. Je prépare mon sac pour la journée, je monte dans le RER qui m'amène au centre de Paris.

Mais ce matin-là n'était pas un matin ordinaire ; j'étais en prison. Une main s'est glissée furtivement derrière la porte de ma cage ; on m'a jeté ma nourriture comme on jette sa pitance à un chien.

Ensuite, ce fut l'audition. Cinq policiers, quatre hommes et une femme, ont voulu m'intimider. Perchés sur leurs certitudes, ils éructaient en me toisant ; mais c'étaient eux qui étaient enragés. En vain, j'ai juré sur tous les saints que je leur disais la vérité. Ils ont fait venir un physionomiste qui m'a reconnu sur les photos de mon passeport ; ils n'étaient toujours pas convaincus.

En direction des policiers, j'ai articulé :

« Si vous étiez des professionnels comme lui, vous auriez reconnu que je suis l'homme qui est en photo sur mon passeport.

- Nous sommes des professionnels, c'est pour ça qu'on sait que ce n'est pas toi. »

On m'a traîné dans une pièce adjacente et on m'a photographié sous tous les angles, comme un criminel. J'avais juste envie que ça s'arrête. Au point de leur donner raison, de les laisser m'envoyer au Sénégal, pour que cet enfer se termine. J'étais à bout.
« Ta tête est pleine de cheveux, il faut te raser »

Ils ont fini par appeler un procureur, qui a examiné mon dossier et m'a fait relâcher.

« Ok, on voit que c'est bien toi », m'a lancé la policière. « Mais tes photos ne sont pas claires, nous on t'a vu différemment. Ta tête est pleine de cheveux, il faut te raser. »

A 11h30, j'étais officiellement libre. J'ai dû repartir dans la pièce infecte où j'avais passé la nuit, le temps qu'arrive la patrouille pour me ramener à la gare. J'ai insisté pour qu'on ne ferme pas la porte derrière moi : j'étais un homme libre. A midi, on m'a déposé à la gare routière de Calais. Je n'avais pas un papier, rien pour prouver ma détention.

« Débrouille-toi pour continuer sur Londres, maintenant. »

Londres, j'y suis arrivé tard dans la soirée. J'avais été déclaré disparu par ma femme, folle d'inquiétude : mes collègues à Paris avaient tenté toutes les démarches possibles pour avoir de mes nouvelles. Les policiers anglais, que Sarah avait contactés après plusieurs heures d'attente, avaient appelé leur homologues français de Calais au moment où j'étais en garde à vue, pour leur demander s'ils me détenaient : on leur a répondu non.

J'ai été blessé : j'étais révolté. Aujourd'hui, j'ai puisé dans ma colère pour vous raconter cette histoire, une histoire toute simple de dignité bafouée, pour que vous sachiez ce qui peut arriver quand on prend le bus de Paris à Londres et qu'on a la tête pleine de cheveux.
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Re: Actualité politique et sociale - Saison 2010 - Episode 1

Message par Kõjiro » 16 juil. 2010, 15:44

Petite revue de presse du jour sans Bettencourt :

Sarkozy et l'impôt : trois contrevérités et un dogme

Du Sarko-bash classique : c'est presque devenu trop facile vu comment il multiplie les idioties. Sarkozy, c'est le Jésus de la contrevérité assenée avec aplomb. Faut vraiment s'appeler Pujadas pour ne pas le voir (voir plus bas). Mais au-delà de ce défouloir, l'article présente également des éléments chiffrés de comparaison sur notre situation vis à vis de l'impôt relativement aux autres pays. Ils donne également quelques éléments intéressants notamment sur l'effet d'une mise à niveau des taxes sur certains revenus non issus du travail au même taux que celles sur le travail (hop 45 milliards).


Plus simple encore que le Sarko-bash, le BHL-trap. Il cherche, il cherche, c'est pas possible autrement... Après avoir crû en l'existence d'un philosophe spécialiste de la masturbation kantienne BHL récidive en confondant Taddéï le présentateur et Taddeï le joueur de foot... Il faut lire ce bazar tellement c'est énorme...

Après Botul, BHL trébuche sur un faux Taddei (Le Point)

Au delà de la méprise très inquiétante sur la manière de s'informer de notre philosophe de compèt' (eh, excusez du peu, mais le gars il tient un bloc note dans un des newsmag les plus lus de France et doit toucher mon salaire chaque semaine pour sa seule pige, donc on peut espérer qu'il le fasse un poil sérieusement quand même...) il faut lire la réponse de Taddeï aux mises en accusation de BHL, bcp plus grave et éclairante sur sa manière de construire une cathédrale pseudo-intellectuelle sur une base de sable. Ou comment jeter des anathèmes et construire toute une réflexion à partir de deux mots qu'il n'a manifestement pas compris en l'alimentant avec ses propres fantasmes. Stupéfiant. Bon c'est pas comme si c'était étonnant non plus...

Bon sinon, je ne comprend pas pourquoi Sarkozy a refilé une breloque de plus à son pote Martin. Question cirage de pompe Pujadas est en train de dépasser tous les espoirs que l'on pouvait placer en lui, se révélant presque comme le nouveau Pernaud des villes (en plus petit). On comprend mieux pourquoi il a fait son interview juste sur le service public. Manière de donner un nonos à Pujadas qui du coup le lui a bien rendu avec une langue épaisse et douce. On peut espérer que pour 2012 TF1 veillera à se mettre au niveau de leur opposant en flagornerie. La compèt' entre chiens de salon il n'y a rien de mieux.

Sarkozy, Aubry : Pujadas, intervieweur à deux vitesses
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