[Nouvelle] Iuchi Mushu Chroniques

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Iuchi Mushu
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[Nouvelle] Iuchi Mushu Chroniques

Message par Iuchi Mushu » 02 oct. 2009, 14:08

Voilà, il y a longtemps que je devais le coucher sur papier. Je vais commencer petit avec le prologue de l'historique de mon premier perso à L5R qui a connu une campagne de 3 années et écrire un peu chaque fois que l'inspiration est là et que ma mémoire ne me fait pas défaut, ça date quand même de 1999 à 2002. Vos commentaires sont les bienvenus

Prologue

Je suis née Iuchi et à l'heure où Amaterasu couche son orbe sur la plaine, le vent des montagnes souffle sur le Shiro de ma famille. Un vent fort et froid qui peut vous glacer jusqu'aux os mais qui vous fait sentir que vous êtes vivant.

A l'aube qui se lève, les crinières libres des chevaux de mon clan accompagnent leurs hennissements au contact des éléments si proches de leurs sabots, fières montures de nos Vierges de bataille.

J'ai toujours été curieuse des Terres Brûlées et à l'apprentissage serein de mon sensei, je rêvais du premier Iuchi et de Shinjo, de leur fabuleux voyage, de leurs découvertes, de ce contact avec ce peuple, les Ujik-hai. Quelle magie emploient leurs sorciers ? Quels sont les Kami qui leurs accordent la puissance ?

Alors j'écoute mon grand-père parler de ses expériences le soir sous la lumière des lanternes, des cavaliers Shinjo chaudement vêtus à l'approche de l'hiver, de ces senteurs gaijin, de ces épices fortes, de leur thé noir, de cet encens parfumé mais lourd et des guerriers de ce peuple. On dit que leur sang coule dans les veines de la famille Moto. Et quand je vois la garde blanche, les armures qui brillent et les bannières du clan de la Licorne qui flottent au dessus de leur Daimyo Moto Terumori donô, je me dis que le fossé qui sépare notre bushido des coutumes de ces barbares dont le chef se nomme "Le Khan" n'est somme toute qu'une mince frontière que mon honneur m'empêche de franchir.

Ces histoires font le tour de l'Empire et jusqu'à "La maison des histoires étrangères" à Ryoko Owari, la fierté et les mystères de mon clan s'épandent telle une douce fumée enivrante et viennent accompagner les soirées de samouraïs de tout clan. Mais au plus profond des Terres Brûlées, une vérité murmure ce que nul ne veut entendre.
"Ceux qui n'oublient pas le passé, sont maîtres de l'avenir" (Sima Qian)

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Re: [Nouvelle] Iuchi Mushu Chroniques

Message par Iuchi Mushu » 03 oct. 2009, 10:01

Première partie

Aujourd'hui bien des choses ont changé, je foule les sables des Terres Brûlées comme dans mes rêves et à mes côtés marchent les Ujik-Hai de la garde noire, en silence, le silence des morts, ceux qui ont défendu Shiro Moto.
Le soir, lorsque la lune est pleine, autour du feu je regarde les visages de ces hommes, je comprend ce que me racontait mon grand père, je revois dans leur yeux la fierté des guerriers du désert, cette fierté que j'ai trouvé au plus profond des yeux de chaque guerrier de la famille Moto, chaque samouraï qui s'est battu à mes côtés et aux côtés de mes compagnons du clan du Crabe. Je sais maintenant que leur sang coule dans les veines de mon clan et maintenant dans celles de mon cœur.

Un peu plus de deux années passées depuis ma première rencontre avec le daimyo de cette famille, Moto Terumori dono. A l'époque, il y avait si peu de temps que j'avais passé mon gempukku que j'avais encore le cœur empli de grands espoirs. Je pensais que tous plaçaient l'honneur au dessus de tout. Aujourd'hui je sais qu'il n'en est rien.

Que sais-je encore des circonstances qui nous amenèrent à rejoindre au plus vite Shiro Moto, mes compagnons et moi ? Parfois il me semble avoir perdu ces souvenirs et pourtant je sais qu’ils sont là. Mais comme tout événement qui trouble l’âme, notre mémoire nous préserve de nos souvenirs, de nos peurs, de nos cauchemars comme quand nous sommes enfant mais hélas je n’étais plus une enfant quand tout ceci a commencé. J’étais shugenja et je servais un seigneur.

J’ai oublié son prénom mais elle était du clan du Scorpion. Fille d’un général, on me chargea de l’escorter avec d’autreS. Elle était shugenja elle aussi et faisait des recherches sur la magie hors de nos frontières. « Pour contrer un ennemi, il faut le connaître » dit-on. Mais jusqu’où faut-il aller ?
Quoi qu’il en soit, à la limite des terres de mon clan, nous avons campé la première nuit. Seule la lune éclairait de son regard froid notre campement et peut-être aurais-je dû y voir là un présage mais je ne vis rien. Je me couchais et Moto Mishima prit le premier tour de garde. Aussi jeune que moi et que Moto Musashi avec qui j’avais sympathisé, elle était fière et empressé de servir son clan.
C’est ce qu’elle fit cette nuit là sans l’ombre d’une hésitation et c’est ainsi que tout commença.

Dans les ombres du campement, elle patrouilla silencieusement et ses pas l’amenèrent à la tente de la shugenja Soshi. Les murmures qu’elle y entendit, les voix, les ombres dansantes à la lanterne vacillante mirent ses sens en alerte. Elle écouta encore puis d’un revers de main ouvrit le pan de la tente. Ce qu’elle y vit ne fit aucun doute dans son esprit et la tête de la jeune shugenja roula sur le sol.

La confusion fut totale et quand l’alerte fut donnée, les séides du Sombre Seigneur déchiraient déjà les chairs et engloutissaient les âmes de nos hommes. Ce fut une nuit d’horreur comme je n’en avait jamais imaginé. Nous ne furent vivants que parce que nous avons battu en retraite, notre première honte. Nous nous étions dit que notre devoir nous imposait de signifier les évènements au plus vite afin qu'ils puissent être endigués, nous en avions été incapable à trois et la totalité de l’escorte avait été décimé devant mon impuissance magique. Aussi accompagnés de Moto Tsuchima et Moto Musashi avons nous rallié la forteresse la plus proche : Shiro Moto, afin de faire notre rapport.
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Re: [Nouvelle] Iuchi Mushu Chroniques

Message par Iuchi Mushu » 11 janv. 2010, 16:28

Lorsque je vis Shiro Moto pour la première fois, il me sembla imposant et fragile à la fois. Niché au cœur de 3 collines comme une rose de pierre dans une plaine d'herbes sèches et de sable, ses murailles crénelées hautes de 7 à 8 mètres étaient battues par les vents. Cela donnait à la pierre un aspect crayeux. Son immense porte formée de 2 battants donnait accès à une cour carrée et démesurée dans laquelle devait se rassembler hommes et chevaux mais j'étais dans l'incapacité d'en estimer le nombre.
Surplombant cette cour, un chemin et des tours de garde, aussi froides et imposantes que dressées fièrement vers le ciel. Au centre, le Shiro en lui-même d'un aspect austère, des arrêtes brutes de murs, tranchantes comme la volonté et la force de ses guerriers. On pouvait aisément penser que nul n'arriverait à bout de telles murailles et que cette bâtisse était à l'abri des temps. Les événements allaient me démontrer le contraire.

Mes deux compagnons revenaient chez eux et semblaient malgré les évènements heureux, moi j'étais mal à l'aise et oppressée par le décor et je ne pouvais m'empêcher de penser qu'alors que nous pénétrions entre ces murs, à quelques kilomètres de là, des créatures de l'Outre Monde sortaient par dizaine d'un puits pour ravager nos villages et nos terres.

Alors je le vis, Moto Terumori sama, le daimyo de la famille Moto pas plus grand que la moyenne des samouraï , en apparence calme, le visage hâlé par le soleil, l'œil vif et aiguisé, il me dévisagea et je m'inclinais, bafouillant mon nom, ce que mes compagnons n'avaient pas à faire, ils s'inclinèrent avec un grand respect. A ses côtés se tenait une samourai-ko du clan du crabe, d'une belle stature, en armure lourde, elle se déplaçait comme si elle portait un kimono de soie légère.
Nous fîmes alors le rapport des évènements, l'escorte de la samouraï du clan du Scorpion, la découverte de sa pratique de magie noire sous sa tente à la tombée de la nuit à travers un livre étrange qu'elle possédait dans ses bagages, sa décapitation par Moto Musashi et ensuite la création du puits à la tombée du livre sur le sol et ce malgré la mort de Yogo Yasuko.

Comme un traumatisme, la prononcée de ces mots ramena à mon esprit la vision de l'araignée géante aux dards empoisonnés alors qu'elle prenait vie et essayait de nous exterminer. Je me rappelais avoir fouillé dans ma sacoche à la recherche du parchemin comme une frénétique, mon esprit bouillonnait et si j'avais appris tout cela par cœur avec mon sensei, jamais je n'aurais pu imaginer l'horreur de ces créatures et la peur qui serre le cœur et les tripes quand l'affrontement survient. Un violent frisson me parcourut alors que nous évoquions tous les détails de ce cauchemar, la samourai-ko fulminait comme allergique à nos propos, je ne compris cette réaction que bien plus tard. Une fois notre récit terminé, elle fit part à Moto Terumori de l'extrême urgence de la situation et du fait qu'il fallait avertir les forces les plus proches de la passe de Beiden afin que soit enrayé la puissance du Dieu Sombre. Elle-même s'en chargerait. Elle aboya des ordres secs et je vis partir avec ses hommes, Hida Tadako, Général du clan du Crabe. J'avais l'impression d'être une fourmi à côté d'un cheval et ce sentiment me poursuivit longtemps en présence d'Hida Tadako.

Nous restions avec Moto Terumori, ses yeux lançaient des éclairs, ce que j'attribuais à la colère. A ses côtés se tenait un jeune homme, ses traits fins contrastaient avec ceux Moto Terumori, plus épais, bien que ce soit un terme que je n'aime pas employer, je dirais plus rustres, sa coiffure était impeccable et il avait des yeux d'un gris foncé très profond, j'appris au courant des minutes qui suivirent qu'il s'agissait de Moto Soro, le fils de Terumori sama.
Ils étaient si différents que l'on avait du mal à croire que c'était père et fils mais la même fierté brûlait dans leur yeux, celle de la famille Moto.

Rapidement des ordres furent donnés et la forteresse, en état d'alerte se mis à grouiller d'activité, chaque samourai, chaque ashigaru savait exactement ce qu'il avait à faire et en quelques heures, tout fût prêt. Mais prêt à quoi ? J'avais difficile à le comprendre. Moto Terumori était un homme efficace et il avait déjà dressé ses plans de bataille mais sans cesse je me demandais si vraiment les créatures du puits allaient arriver jusqu'ici ? Ne pourrait-on les stopper avant ? Je restais avec Moto Tsuchima et Moto Musashi peu coutumière de ce genre de situation, jamais je n'avais vu une forteresse s'ébranler ainsi à l'appel de la guerre, j'avais mal à la tête de cette effervescence et du stress grandissant qui montait en moi. Comme pour répondre à la gravité de la situation, Moto Terumori me fit attribuer une armure lourde pour le combat. Ce que je portais des années après comme une seconde peau me parût ce jour là, peser une tonne. Je n'avais aucune idée de ce qu'était qu'enfiler une armure lourde et là dans l'une des salles du shiro, on m'aida à monter chaque pièce de ce carcan qui allait me sauver la vie quelques heures plus tard.

Certes, je n'étais pas ignare, des armures j'en avais déjà vues, mais l'armure de la famille Moto a ceci de particulier qu'elle est d'un blanc éclatant avec des martelages qui donnent à certains endroits des reflets et lorsque le soleil rougeoyant la frappe, on dirait des tâches de sang. Je ne pouvais m'empêcher de penser que le blanc est la couleur de la mort, nous allions tous mourir...Etait-ce là le présage de cette armure ?
On me remit un mempo pour protéger mon visage, noir et blanc il représentait le visage sombre d'un acteur de théâtre kabuki. Harnachée puis seule, je regardais ce masque, il me donnait des frissons tellement il avait l'air sévère. J'examinais la pièce dans laquelle je me trouvais, du mobilier simple la meublait et de grands tapis étaient posés au sol, influence des terres étrangères à la limite de notre clan, ces tapis avaient toujours des couleurs chaudes mais là dans cette armure blanche j'étais glacée, je sentais son poids sur mon corps comme le poids de ma faute, celle de n'avoir pas pu maîtriser une situation que l'on nous avait confié. Aujourd'hui je me dis que notre jeunesse et notre inexpérience ont bien servi les acteurs qui se trouvaient derrière les paravents, ils n'auraient pas pu espérer mieux que ce petit shugenja naïf et fier du clan de la Licorne.

Je m'approchais des fenêtres pour voir dans la cour, les cavaliers sur leur monture en rangées bien ordonnées, tous vêtus de l'armure blanche. A leur tête Moto Soro coiffa son heaume, solennellement d'un geste mesuré. J'étais impressionné de voir comme ces hommes allaient embrasser leur destin avec tant de sérénité et de discipline. Cette image me hanta longtemps et la nuit, des mois plus tard alors que la cour était vide, j'entendais le piaffement des sabots martelant l'impatience des chevaux et transpirant la nervosité de leur cavalier, invisible aux yeux humains mais perceptible par les sens de l'animal.

La troupe s'ébranla avec à leur tête Moto Soro, il les mènerait jusqu'à la passe de Beiden afin de renforcer les troupes d'Hida Tadako. Nous restions au côté de Moto Terumori , retranchés à l'intérieur des murs, au nombre de dix, dix samouraïs.
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