demission de la fac

JBeuh · Message par **JBeuh** » 16 oct. 2007, 13:29

Je voulais juste revenir sur ce que j'ai pu écrire auparavant.

A la fac de Droit de Rouen, je n'avais rien vu de bizarre... Mais en grattant un peu, y'a quand même des choses... Une étudiante à qui est refusé même de présenter un dossier pour obtenir une allocation de recherche... Pas le droit de le retirer! Arrivée 3° de son master II, elle a appris que des allocations étaient disponibles (D'autres master n'en ont pas demandées). Le 2° de son master ainsi que la 15° ont été prévenus et peuvent déposer des dossiers. Ils sont tous les deux soutenus par leur directeur de recherche, optionnellement le directeur du Master II et une personne ayant de l'influence dans la fac. La 15° n'a même pas eu la moyenne sur son mémoire (6/20). La demoiselle déboutée a obtenu 16/20, elle avait contacté un professeur étranger réputé (une référence dans sa matière) pour faire sa thèse en cotutelle avec lui, ce que ce dernier a accepté.
D'ailleurs, alors que des allocations de recherches ministérielles étaient disponibles, une étudiante ayant décroché une allocation régionale (moins dotée, moins réputée) aurait pu obtenir une allocation ministérielle (elle avait fait un dossier, lequel était aussi bon que le mien). Cette dernière lui fut refusée : "on ne fait pas la fine bouche quant aux allocations", aurait répondu le prof sus-cité du Master II. Et lui d'essayer de placer ses poulains pour ces allocations... D'un point de vue "on essaye d'avoir un maximum d'étudiant en thèse, ok". De celui là, c'est pas top. D'autant que ça veut dire que si elle n'avait pas candidaté à la régionale, elle aurait eu une ministérielle... Y'a des baffes qui se perdent (mais en contrepartie, on lui a refilé l'unique poste de monitorat libre)...

Du point de vue de la fourniture d'heure de TD, cela dépend aussi du copinage. Je n'en ai pas eu, au motif que tout était pourvu et que les actuels seraient reconduits à leur place. Chose que je peux comprendre. Une amie, voyant un prof qu'elle connait bien, lui a dit qu'elle n'a pas de TD. Immédiatement, il lui annonce qu'il va lui en fournir un dans sa matière, que c'est à 95% sûr. Pas mal pour des postes prétendument saturés. Et le président de l'école doctorale, que j'ai contacté dernièrement, était totalement surpris de voir que je n'avais ni monitorat ni vacation.
Et sur une demande pour un monitorat dans une autre fac (après un appel au tout venant, en disant en gros qu'il y en avait pour d'autres), on m'a dit clairement qu'on privilégierait des locaux en premier lieu.

Bon, je ne m'offusque pas plus que ça sur le fond. Je prépare un dossier de cotutelle avec la Norvège. Je devrais passer les deux prochaines années universitaires à l'étranger. Mais la méthode laisse quand même un goût un peu amer. La forme est désagréable.

JBeuh, qui continue quand même parce qu'il apprécie la recherche et l'enseignement...

Shoju · Message par **Shoju** » 16 oct. 2007, 15:03

Tiens pour relancer un caillou : un pote vient de démissionner de son doctorat (en 3ème année) et part enseigner dans le secondaire (il est agrégé aussi).

La raison ?

Chaque année, tout le monde (entendez MC, prof, permanents divers) lui refile toutes les copies à corriger. Ils avancent l'argument qu'ils sont au-dessus pour faire ce travail ingrat. Ils se retrouvent avec 260 copies (en droit) à corriger pour 2 semaines. On ne manque pas non plus de le harceler au téléphone pour être sûr que le boulot avance.
Quand il a fait mine de se plaindre la première fois, on lui a fait comprendre que c'était comme un bizutage et que s'il l'ouvrait trop il pouvait dire byebye à un poste quelconque de permanent.

Il a tenu 2 ans avant de "réaliser" (de se souvenir) qu'il avait l'agreg et que certes c'est moins glorieux de dire "j'suis prof en lycée", mais que pour sa propre santé morale, mieux valer dire : "ciao"

Message par **Kakita Inigin** » 16 oct. 2007, 15:05

Ils se retrouvent avec 260 copies (en droit) à corriger pour 2 semaines

Veinard.

Comprends pas qu'un prof accepte de laisser ses copies à qqn d'autre.

Pénombre · Message par **Pénombre** » 16 oct. 2007, 15:41

on confie un enseignement de masse à des élites qui s'autogargarisent et se cooptent entres elles et ne sont pas là pour dispenser leur savoir mais pour le créer (et le vendre pour certains)

et puis, on s'étonne que ça n'ait jamais rempli son objectif initial, à savoir de former le mieux possible un maximum d'étudiants en fonction de leur filière.

Le plus comique, c'est qu'on a des tas de gens extraordinaires pour faire avancer les choses au niveau de la recherche mais que ça n'est pas forcément à eux qu'il aurait fallu confier l'enseignement des résultats de ces recherches. Parce que majoritairement parlants, ils ne sont pas empreints de l'idée de répandre la connaissance et de former des individus mais de perpétuer leurs travaux de chercheurs et de former leurs successeurs, qui leur serviront de seconds couteaux pendant un paquet d'années en attendant.

pas les bonnes personnes, pas les bons principes, pas les bons moyens et pis après, ben on peut encore s'estimer heureux que malgré le gàchis du système on ait pas mal d'étudiants qui en sortent en cours de route sans être des crétins incultes inaptes à se faire une vie potable.

Mais c'est bien en dépit de la manière dont fonctionne la machine...

et la seule alternative qu'on a à ça c'est soit les filières pro ou on te donne du boulot en échange de quoi on te transforme en spécialiste aussi largué qu'un immigré arrivé avant hier sur les questions qui se posent à chaque citoyen et à chaque individu dans une société, soit les filières prépas et compagnie ou l'on te fait cravacher pour que tu aies une chance d'échapper au marasme ambiant.

au passage, les prépas qui avaient pour ambition initiale de pousser vers les couches supérieures les enfants des milieux modestes se portent très bien question promotion sociale, merci. De 1987 à 2007, la proportion d'étudiants des milieux défavorisés y est passée de 29 à 9 % ... (rapport du Sénat du 25 septembre sur la diversité sociale et l'égalité des chances)

Message par **Kakita Inigin** » 16 oct. 2007, 15:49

au passage, les prépas qui avaient pour ambition initiale de pousser vers les couches supérieures les enfants des milieux modestes se portent très bien question promotion sociale, merci. De 1987 à 2007, la proportion d'étudiants des milieux défavorisés y est passée de 29 à 9 % ... (rapport du Sénat du 25 septembre sur la diversité sociale et l'égalité des chances)

Message par **Moto Shikizu** » 16 oct. 2007, 16:44

ca t'etonne ? les prepas et les grandes ecoles c'est un tas de petites mafia (d'autant plus si elles sont reputees). Du coup, il faut etre "fils ou fille de" ou eventuellement "neveu ou niece de" quelqu'un ayant fait ce cursus pour avoir toutes les billes sur le comment/qui/ou. Si tu arrives sans info (les infos donnees a tout a chacun ce n'est rien) tu galeres et tu dois ouvrir des tas de portes qui sont deja ouvertes pour les autres. Exemple le plus flagrant, le fils du Directeur des Mines de Paris il ya une 15 aine d'annnees, a calmement avoue a tous ses camarades d'internat que le seul obstacle pour lui c'etait l'ecrit, car a l'oral il connaissait tous les examinateurs (ils les rencontraient frequemment chez lui avec son pere). Autre exemple, des petites infos qui filtrent aupres d'anciens de telle ou telle ecole avant les concours ("ce serait bien de reviser la topologie et la mecanique des fluides...."). Sachant que la prepa ca n'est pas un concours d'amitie mais une guerre ou la majeure partie des gens sont la pour ecraser les autres et vaincre, les infos ne filtrent souvent qu'apres (quoi tu n'etais pas au courant sur les oscillations harmoniques ?). Alors comment veux tu que les personnes ne venant pas du tout du systeme s'en sorte ? Des exceptions existent bien sur, mais le resultat pour la majorite c'est soit une petite ecole, soit repartir en Fac. En consequence apres avoir su que le pourcentage de reussite est faible vis a vis des sacrifices consentis que crois tu que les gosses et parents decident au moment de choisir Prepa ou Fac ? ...

Sachant de plus que ce que je raconte la vaut apres pour le monde du travail, que ce soit dans le prive ou le public. C'est comme cela que les ministere sont trustes a haut niveau par les X quand ce ne sont pas des Enarques (les pauvres ENS devant se contenter de portions congrues sauf dans de rares cas qui semblent ne pas interresser les deux ogres). Dans le prive, on a l'X bien sur, Centrale, Mines, Arts et Metiers, Ensae, etc... Tout est base peu ou prou sur un systeme de caste qui ne veut pas avouer son nom...

Message par **Kakita Inigin** » 16 oct. 2007, 16:55

Hum en fait qui l'avoue (enfin ... qui dit "réseautage").
Non ce qui m'a étonné c'est les chiffres. (le principe c'est bon je suis aps allé à l'Unef au lieu de rester sagement corpo pour rien ...)

Message par **Kõjiro** » 16 oct. 2007, 17:12

D'une manière générale dans l'enseignement supérieur la part des fils d'ouvrier / employés a baissé relativement à il y a une vingtaine d'année (mais j'ai plus les chiffres). C'est juste encore plus sensible dans les prépa...

Pénombre · Message par **Pénombre** » 16 oct. 2007, 17:35

oui, mais à l'université, les étudiants des milieux défavorisés n'ont jamais atteint 29% des effectifs à l'entrée...

qui a dit "détournement" au fond de la salle ?