"Au lieu de cela, Ibanez et sa bande se sont fourvoyés dans une série de drops à pleurer, qui colle si mal au style des Bleus. Hélas, trois fois hélas..."
Voilà pourquoi la France restera toujours la France ... et pourquoi on a pas une bonne équipe ...
capable du meilleur comme du pire, rien de constant, comme dirait Marc Lavoine .... c'est ça la France ...Irrespirable jusque dans les dernières minutes, la demi-finale de la Coupe du monde entre la France et l'Angleterre, opposition qui s'est principalement résumée à un gros duel entre avants, s'est décidée à cinq minutes du coup de sifflet final quand Szarzewski a commis une faute dans son camp pour permettre à Wilkinson de passer la pénalité de la gagne (9-14). Une terrible désillusion pour les Bleus qui, quatre ans après Sydney, bute une nouvelle fois sur les Anglais en mesure de défendre leur titre en finale.
Malgré Jauzion, le pied de Wilkinson a fait mal aux Français. (Reuters)Malgré Jauzion, le pied de Wilkinson a fait mal aux Français. (Reuters)
Et la finale s'envola... Le scénario de cette première demi-finale était écrit. Cette équipe de France avait pourtant les armes à sa disposition pour réussir ce que tout un peuple attendait d'elle après l'exploit de Cardiff face aux Blacks. Les Bleus n'ont pas su saisir leur chance et les regrets seront éternels car les hommes de Laporte, dont on craignait qu'ils n'auraient sans doute pas les ressources physiques pour franchir cette avant-dernière marche, étaient sans doute supérieurs à ce XV de la Rose loin d'être génial mais habité par une volonté de fer. A l'image du pack qui aura été à la hauteur de sa réputation. L'histoire est connue et à la fin, Jonny donne le coup de grâce...
Jonny Wilkinson n'est sans doute plus le joueur inclassable de 2003, tout comme cette équipe d'Angleterre n'est probablement pas la meilleure de cette Coupe du monde. Mais, comme le disait cette semaine Serge Betsen, "elle a ce que la France n'a pas", cet instinct de tueur qui aurait permis aux Bleus, si dominateurs en première période, de prendre le large et de plier ce match avant le repos... Au lieu de cela, Ibanez et sa bande se sont fourvoyés dans une série de drops à pleurer, qui colle si mal au style des Bleus. Hélas, trois fois hélas...
C'est pas le pied...
La première mêlée est attendue comme un pur moment de bravoure entre ces deux packs qui se sont donnés rendez-vous tout au long de la semaine. Elle met les Bleus à la faute. Et les conséquences sont terribles puisque sur la pénalité rapidement jouée par les Anglais, un coup de pied d'Andy Gomarsall s'en va mourir dans le coin gauche des 22 mètres tricolores. Damien Traille est en couverture mais inexplicablement, l'arrière tergiverse et laisse Josh Lewsey, qui a suivi, se saisir du ballon et sur sa percussion aplatir dans l'en-but. Un coup de froid vient de glacer le Stade de France, Raphaël Ibanez et ses coéquipiers sont déjà menés (0-5, 2e). Ne pas gamberger et vite réagir, les joueurs français s'y emploient et viennent investir le camp anglais avant qu'une pénalité de Lionel Beauxis ne redonne l'espoir à tout un pays (3-5, 8e). Mais le jeu au pied tricolore, censé mettre la France sur la voie du succès, est en berne en ce début de match et David Marty l'illustre amèrement sur ce contre qui redonne le frisson au public français (11e). La mêlée à cinq mètres qui s'en suit met les avants tricolores à rude épreuve mais le danger est écarté par un Elissalde vigilant.
Si mal parti, le XV de France a le mérite d'avoir su reprendre ses esprits et de mettre sous pression son adversaire, à l'image de ce placage signé Serge Betsen, en pleine possession de ses moyens, qui met le XV de la Rose sur le reculoir avant que la mêlée française ne fasse son oeuvre: Pieter De Villiers prend le dessus sur Andrew Sheridan et offre trois points face aux poteaux à son buteur, Lionel Beauxis (6-5, 18e). Les hommes de Laporte reprennent l'avantage et c'est le jeu des Bleus qui se met en place. Deux bons coups de pied de Beauxis et Traille repoussent l'Angleterre dans ses 22 mètres. La Rose qui s'agace de ce sursaut tricolore, Jason Robinson s'emmêlant les pinceaux sur la touche (22e). Sur l'action qui s'en suit, Pelous mène la charge mais le deuxième ligne percute de plein fouet Jonny Wilkinson. Le Toulousain ne s'en remettra pas, contraint de quitter la pelouse, remplacé par Sébastien Chabal (26e). Après Betsen à Cardiff, la France perd à nouveau un de ses cadres avant le repos. Faut-il y voir un signe... Pendant ce temps, la bataille tactique fait rage mais les artificiers sont en manque de réussite. Ni Beauxis sur drop (24e), ni Wilkinson, également sur un drop des 45 mètres (26e), mais aussi sur une pénalité de 55 mètres (29e), ne parviennent à débloquer la situation.
La domination territoriale des Français est incontestable mais la concrétisation tarde... Et Beauxis reste toujours aussi malheureux sur ces coups de pied avec ce nouveau drop hors cadre (34e). La conquête des Bleus est au beau fixe, mais ce jeu au pied stérile vendange une à une ces nombreuses munitions. Le combat n'en est pas moins âpre et laisse sur le carreau juste avant la pause l'auteur de l'unique essai de cette première période, Josh Lewsey claqué derrière la cuisse et contraint à son tour de laisser sa place (39e). M. Kaplan peut renvoyer les deux équipes aux vestiaires, il plane sur le Stade de France la nette sensation que le chat est maigre au regard de la domination des Bleus...
Et Wilkinson crucifia les Bleus
La finale est au bout de ces quarante minutes et Lionel Beauxis creuse d'emblée le score sur une pénalité offerte face aux barres par un Jonny Wilkinson très sévèrement sanctionné au sol (9-5, 44e). Mais les Bleus restent fâchés avec leurs pieds et Jauzion offre une énorme possibilité de contre qui, à défaut d'aboutir, permet à Wilkinson de ramener la Rose au contact (9-8, 47e). Les « Swing Low, Sweet Chariots » défient la Marseillaise en même temps que, comme on pouvait le craindre, les Anglais reprennent de l'ardeur. La 50e minute a sonné et avec l'heure des renforts pour les Bleus avec les rentrées de Frédéric Michalak et Dimitri Szarzewski. On croit l'effet immédiat sur ce subtil coup de pied d'Elissalde qui donne une mêlée à cinq mètres conclue par... un drop raté de Michalak (51e).
Un exercice dans lequel Wilkinson se rapproche de la mire mais touche du bois (60e). L'action se poursuit et Robinson place son slalom spécial dans la défense française. Il faut un placage impeccable de Betsen pour mettre l'arrière à la faute (62e). L'atmosphère devient irrespirable à mesure que les minutes s'égrènent. Enfin un pied français bien inspiré, celui de Jauzion, pour trouver Bonnaire qui, sur la touche, volleye pour Clerc qui, repris in extremis par une cuillère, donne à Chabal au soutien. Le géant barbu vient mourir à quelques mètres de la ligne adverse avant d'être sanctionné au sol sur la mêlée qui suit (68e). Lawrence Dallaglio, le vieux lion, entre en jeu, et l'Angleterre serre les dents (70e). Cette demi-finale est une histoire de drops... ratés et Toby Flood ne déroge pas à la règle (72e). Mais la France se recroqueville et s'expose... à la faute. Szarzewski commet l'irréparable sur un placage haut sur Robinson et Wilkinson ne se fait pas prier pour donner l'avantage à la Rose à six minutes du coup de sifflet final (9-11, 74e)! C'était écrit et le pire est à venir avec ce drop du génial blondinet qui cette fois passe: cinq points d'avance pour l'Angleterre (9-14, 78e). La France est crucifiée et les dernières charges n'y feront rien. L'Angleterre défendra sa couronne en finale!
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