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Intel sort de sa torpeur et livre une guerre des prix acharnée à AMD
LE MONDE | 13.06.07 | 13h43 • Mis à jour le 13.06.07 | 13h43
Le duel acharné entre Intel et Advanced Micro Devices (AMD), respectivement numéros un et deux du marché mondial des microprocesseurs, a encore gagné en intensité. Profitant de son avantage du moment, Intel annonce dans un document adressé à ses clients fabricants d'ordinateurs son intention de baisser de 50 % à partir du 22 juillet le prix de ses processeurs haut de gamme, la famille Core 2 Quad.
Lancées en novembre pour les serveurs et les ordinateurs personnels les plus puissants, ces puces à quatre "noyaux" sont vendues aujourd'hui 530 dollars (399 euros) pièce. En diminuant ses tarifs de moitié, Intel veut attaquer frontalement AMD au moment où l'entreprise de Sunnyvale en Californie s'apprête à mettre sur le marché sa propre gamme de processeurs à quatre "noyaux" baptisés Barcelona.
Henri Richard, responsable du marketing d'AMD, reconnaît être "préoccupé. S'ils abaissent sans aucune nécessité les prix dans le seul but de nous nuire, il n'y a aucune raison de se réjouir".
En un an, le rapport de forces entre les deux rivaux a totalement basculé. Il y a un peu plus de douze mois, Intel décidait de changer de stratégie après une chute d'un tiers de ses profits et de 20 % de son cours de Bourse. AMD triomphant annonçait au premier trimestre de 2006 des bénéfices records et voyait à Wall Street son titre atteindre un sommet à 42 dollars. Il a perdu depuis les deux tiers de sa valeur et s'échangeait mardi 12 juin en fin de séance à 13,80 dollars.
COURSE À LA MINIATURISATION
Le retour de fortune d'Intel a été spectaculaire. Le groupe de Santa Clara en Californie a été capable de rattraper son retard technologique, de prendre de vitesse AMD en commercialisant plus rapidement de nouvelles générations de processeurs et de profiter de sa taille sept fois supérieure pour lancer une guerre des prix sans merci. "Quand vous réveillez un géant, vous avez un problème", résume Brian Piccioni, analyste de BMO Capital Markets.
Intel a également réduit ses coûts et supprimé pas moins de 10 500 postes, soit 10 % de ses effectifs dans le monde. Son directeur général, Paul Otellini, annonce des économies de 2 milliards de dollars en 2007 et de 3 milliards en 2008.
A la fin de l'année 2006, les profits d'Intel ont certes reculé de 42 % mais AMD, incapable de résister, a enregistré une perte de 166 millions de dollars. Cette tendance s'est amplifiée en 2007. Au premier trimestre, le chiffre d'affaires d'Intel a baissé de 1 % mais ses bénéfices ont cette fois augmenté de 18 %, tandis que les ventes d'AMD plongeaient de 7,4 % et ses pertes atteignaient 611 millions de dollars.
En termes de parts de marché, le retournement est aussi spectaculaire... Selon les chiffres du cabinet d'études IDC, AMD a vu ses parts de marché mondiales de microprocesseurs pour PC passer de 20,8 % en 2005 à 26,6 % en 2006, tandis que celles d'Intel baissaient de 5 points à 71 %. Sur les trois premiers mois de 2007, les parts de marché d'Intel sont remontées à 81 % et celles d'AMD descendues à 19 %.
"Le succès d'AMD au cours des trois à quatre dernières années s'explique notamment car il a eu longtemps en face de lui un concurrent très affaibli", explique Steve Kleynhans, analyste de Gartner. Selon les experts, le rebond d'Intel a avant tout pour origine un virage technologique. Le groupe a abandonné une architecture vieillotte de processeurs qui dégageaient trop de chaleur et étaient constamment dépassés en performances par ceux d'AMD. En développant il y a un an des circuits de taille plus réduite (60 nanomètres contre 90 nanomètres) et en choisissant une architecture à multiples "noyaux", Intel a retrouvé sa supériorité.
Des puces plus petites coûtent moins cher à fabriquer, consomment moins d'énergie et permettent d'atteindre de plus grandes vitesses. Dans la course permanente à la miniaturisation, Intel a maintenant une avance estimée à un an sur AMD qui digère encore avec difficulté l'acquisition, en octobre 2006, pour 4,5 milliards de dollars du canadien ATI Technologies, spécialiste des processeurs graphiques.
A la fin de l'année, Intel doit lancer la production de circuits de 45 nanomètres, soit 45 milliardièmes de mètre. A cette taille, un processeur contient l'équivalent de 2 000 transistors sur la largeur d'un cheveu humain. Et le groupe n'entend pas s'arrêter là. Il a programmé pour novembre de nouvelles baisses de tarifs, de 24 % à 32 % cette fois, sur sa gamme moyenne de processeurs à deux "noyaux".
Le groupe de Santa Clara multiplie aussi les annonces de nouvelles puces plus performantes, pour les ordinateurs portables, pour les petits appareils électroniques nomades et pour les ordinateurs bon marché destinés à équiper les pays pauvres.
La bataille est d'autant plus féroce qu'AMD, qui lutte pour sa survie, promet bientôt des processeurs à huit "noyaux" et que la croissance du marché mondial des semi-conducteurs ralentit. Elle devrait être cette année d'à peine 2,5 %, selon le cabinet Gartner, notamment à cause de... la guerre des prix.
Eric Leser
Bon du coup je vais attendre encore un peu pour le portable de ma copine...
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