alors...
je n'ai pas de réponse à fournir mais je vais aborder plusieurs cas de figure histoire de cerner le problème au niveau social.
- ronin, c'est une punition et pas des moindres. Bien qu'il arrive que certains seigneurs fassent de leurs vassaux des ronin avec des arrière-pensées (genre "je suis officiellement ronin mais en fait je sers toujours le clan même si à part mon seigneur tout le monde l'ignore et me traite comme un chien"), la plupart du temps, c'est presque le déshonneur ultime. A part être executé (c'est à dire tué comme un criminel non-samurai et pas avoir le droit de s'ouvrir le ventre), c'est censé être le pire chatiment possible. D'ailleurs, bien qu'un samurai ne puisse se faire seppuku sans permission de son maître, certains ronin considèrent rapidement que justement n'ayant plus de maître ils peuvent s'ouvrir le ventre et cesser d'éprouver de la honte. Ca n'est pas censé être très honorable comme comportement mais ça arrive.
- si on reprends l'exemple de la souillure, il y a plusieurs attitudes possibles. On peut considérer que le souillé peut encore servir mais de manière différente d'avant (chez les crabes par exemple…), on peut décider de l'envoyer de force dans un monastère ou dans un trou perdu sous le prétexte plus ou moins sincère de lui donner l'occasion de tenter d'endiguer sa corruption. On peut aussi attendre du souillé qu'il demande et reçoive la permission de s'ouvrir le ventre (ou faire pression pour qu'il en vienne à demander ça alors qu'au départ il aurait préféré vivre). On peut aussi décider de marquer le coup et de le traiter publiquement comme un incapable qui n'aurait jamais du recevoir la souillure et donc faire de lui un ronin. Ca n'est pas forcément très honorable comme attitude de la part d'un seigneur mais il n'est dit nulle part qu'un seigneur doive forcément être exempt de défauts, surtout si la sanction est présentée de manière à ce qu'elle
semble justifiée. En fait, le seigneur peut faire ce qu'il veut tant que ça ne lui fait pas perdre la face et dans le cas de la souillure, on attend surtout de lui que d'une manière ou d'une autre il fasse quelque chose. Du moment que le quelque chose montre qu'il a agi et "réglé le problème" (en isolant la victime, ou en lui donnant de nouvelles fonctions en rapport avec son état, ou en l'autorisant à se donner la mort de manière honorable… l'exil ou l'execution montrant clairement que la victime est bien davantage considérée comme un
criminel…) Ca dépend donc à la fois du seigneur, de la victime, de leurs rapports et des circonstances. Parce que au final, même si un seigneur veut sincèrement protéger un vassal, il n'est pas censé perdre la face pour lui, c'est même plutôt l'inverse. Donc, le seigneur peut faire ce qu'il veut du moment que ça semble "approprié" au cas particulier. La question est donc de savoir : que veut-il ?
- pour le viol, je vois ça de manière similaire, sauf qu'en plus il y a la possibilité la plus simple et la plus "rokugani" qui n'existe pas (officiellement…) avec la souillure : on fait comme si de rien n'était. C'est à dire que ton seigneur il te regarde dans le blanc des yeux et il te dit "bon, j'ai bien entendu. Maintenant, moi j'en ai rien à battre parce que je considère que vous êtes toujours digne de me servir. Alors, je vous marie à un de mes vassaux (si ton seigneur est plus "hypocrite" et te juges encore utilisable, c'est aussi un moyen de te "récompenser" en t'offrant une position sociale peut-être plus avantageuse pour que tu arrètes de l'ennuyer avec tes histoires… sinon, c'est tout simplement un moyen de te permettre de sauver la face et ça, c'est "honorable") et c'est réglé. Si le vassal que tu vas épouser est bien vu du seigneur, il va le coincer entres 4 yeux, lui dire ce qui t'es arrivé et lui ordonner de faire comme si de rien n'était (= de faire comme s'il épousait une vierge). Sinon, il prendra un jeune type qui ne "connaît pas la vie" et personne ne se rendra probablement jamais compte de rien. A noter que la notion de virginité rokugani est un peu space parce qu'elle n'est pas censée entrer en ligne de compte au sens judéo-chrétien du terme (pureté et tout ça) mais que dans le même temps, on paye cher pour déflorer soi-même une jeune geisha. Disons, sans faire dans le pavé qu'arriver au mariage déflorée n'est pas forcément une honte même si d'une manière générale toute preuve d'une relation charnelle hors mariage est censée témoigner du bien peu de cas qu'on attache à son devoir (le seigneur et rien que le seigneur…). Et encore, des Mantes, Crabes ou Licornes seront certainement un peu moins collet-monté là dessus… après, y a les attitudes de tes parents et autres proches et même en Rokugan, y a des variations considérables d'un individu à l'autre.
- je vois pas très bien ce que le champion d'émeraude vient faire là-dedans. Que, en passant, tu lui dises que tu as été violée à son service, c'est pas forcément une bonne idée. Ca revient à dire "ça ne se voit pas mais c'est parce que vous m'avez envoyé là bas que je l'ai mauvaise". C'est le champion d'émeraude. Il ne t'as rien demandé, il t'a "réquisitionné à ton seigneur" et si tu as un problème, tu vois ça avec lui. A la limite, en admettant que toi et le champion d'émeraude êtes amis, tu pourrais lui en parler mais disons que d'une manière générale, pour lui tu n'es qu'une nénette "prétée" par son seigneur et qui continue à mener sa vie de samurai de clan. Si le champion te demande si tu es à la hauteur de ta réputation, la sincérité peut t'amener à lui dire la vérité mais à la base, si tu as été sélectionnée et que personne ne t'as rien demandé pour vérification, c'est que tu es censée être assez honorable pour servir le trône. D'une certaine manière (c'est toute la joie de la sincérité rokugani), admettre que tu n'es pas sans tàches ou le cacher sont tout aussi embarrassants : d'un côté, tu offenses le champion parce qu'il a sélectionné qqun d'indigne, de l'autre tu lui mens. Pour en revenir à l'essentiel, je penses que tu as tort d'impliquer le champion d'émeraude là dedans : lui ne te dois absolument rien. C'est même à la limite si tu continues à le servir une obligation de la fermer sur tes malheurs parce que tu dois te montrer digne représentante de l'empereur.
La solution médiane est préférable : en parler à ton seigneur et lui dire que tu as "botché" et te tient prète à l'assumer comme il le souhaite. Même s'il sait bien qu'on ne peut pas forcément se défendre d'un viol, tu respectes vis à vis de ton suzerain les convenances (= tu t'excuses et te considère comme fautive afin de ne pas lui imposer ta faute et lui donner la possibilité de sauver la face ou de faire comme si de rien n'était en reportant toutes les conséquences quelles qu'elles soient sur toi) et donc, s'il est un minimum subtil, il appréciera la forme à défaut d'apprécier la vérité. Libre à lui, ensuite, de savoir s'il veut étouffer ça et te laisser au service du champion d'émeraude, étouffer ça et "t'escamoter" sous un prétexte vraisemblable, te "chatier" discrètement et raconter des bobards au champion ou frapper fort afin de jouer au Lion Honorable en te tranchant la tête et en l'envoyant au champion sans forcément révéler la vérité mais avec de plates excuses du genre "navré, nous avons appris que machine n'était pas digne de vous servir et plutôt qu'elle risque de déshonorer votre faveur, je vous prie d'accepter notre acte de contrition. Bien évidemment, nous sommes en mesure de vous fournir en remplacement des gens plus honorables si vous souhaitez toujours nous faire confiance. C'est un incident regrettable mais nous ne vous ennuirons plus avec cela."
C'est là encore possible, mais ça dépend à ce niveau des relations entre ton seigneur et le champion d'émeraude. Ta mort ou ton exil peuvent leur être utile ou nuisible en fonction de ce qu'on en dit et des liens qu'ils ont ainsi que de leurs objectifs l'un par rapport à l'autre.
Tout acte public est à double tranchant car peut placer celui qui le commet à la fois dans la position du "juste qui fait ce que l'honneur lui commande" mais aussi simultanément du "gars qui a failli et essaye de sauver les meubles" et même du "pébron des montagnes qui n'a rien compris et fait le mariole en se rendant ridicule et en offensant ceux qu'il prétend honorer".
Tu remarqueras au final que ton honneur personnel n'a guère d'importance dans tout cela, à part à tes propres yeux. C'est à toi de voir si tu te considères comme déshonorée ou pas mais le reste du monde s'en fiche tant que tu ne dis rien ou que tu arrives à présenter ça d'une manière qui rende ton "sacrifice" honorable : si tu as accepté ce déshonneur pour remplir ta mission et qu'en plus tu proposes de t'ouvrir le ventre, alors personne ne sera étonné que ton seigneur considères que tu es encore digne de le servir puisque tu as prouvé (enfin, tu as présenté ça comme ça) que rien ne t'empécherait de faire ce qu'on attendait de toi et que dans le même temps tu serais prète de toi-même à en assumer toutes les conséquences.
A contrario, si tu la boucles et fais comme si de rien n'était jusqu'au jour ou on révèle la vérité, tu peux aussi dire un truc du genre "je n'ai pas honte de ce qui m'est arrivé mais je ne voulais pas embarrasser le reste du monde avec mes péripéties insignifiantes. Qu'est ce que ma vertu a à voir avec mon sens du devoir ? Je suis une samurai, pas une paysanne pleurnicharde qui a besoin qu'on reconnaisse qu'elle fait des efforts pour servir. Un samurai sert et n'attend pas qu'on le remercie pour ça. Donc, un samurai sert et ne la ramène pas devant ses supérieurs avec des histoires sans importance". Et là, tu regardes le gentil courtisan bayushi qui voulait faire le malin à tes dépens se pendre avec sa propre ceinture de kimono parce que certains secrets sont des armes… à double tranchant
Jamais simple, la vie d'un rokugani
