Car tu dois toucher la lame, or seuls les samourais ont ce privilège.
une fois qu'elle est baptisée et acceptée par celui qui la portera seulement.
Avant, elle n'est qu'un bout de métal et le forgeron a ses propres rites purificatoires pour ne pas la "souiller". C'est lorsque le samurai la fait sienne qu'elle est considéré comme abritant les mânes des ancêtres et pas avant.
- le forgeron réalise la lame en rassemblant les matériaux (fer, charbon), en les portant à la température appropriée dans son four puis en coulant le métal en fusion dans un moule avant de le marteler et le tremper
- le polisseur en affute le corps et le tranchant, ajoutant éventuellement des motifs dans l'acier, si sans le forgeront la lame est médiocre (trop rigide, trop souple, déséquilibrée...), c'est le polisseur qui lui donne son tranchant et son apparence
le samurai enfin accepte ou non la lame. S'il la refuse, elle part à la poubelle ou est "déclassée" et si les artisans son peu scrupuleux, elle termine peut-être dans les mains d'un ronin...
s'il l'accepte, alors elle cesse d'être une lame pour devenir sienne et non seulement les heimin mais n'importe qui à part lui ne saurait la toucher
sans sa permission (cf toute la mystique des "offenses" au samurai faite par ses pairs à travers sa lame...).
accessoirement, si un samurai autorise autrui à prendre ou toucher sa lame, c'est son affaire. Que ce n'importe qui soit un autre samurai, son seigneur (mais il serait malavisé de refuser à son seigneur de toute manière...), son épouse ou ses domestiques. C'est lui et lui seul qui est juge de son propre honneur en la matière. (la plupart adopteront sans doute par défaut la ligne de conduite la plus simple : personne ne touche mon katana sauf si qqun d'un rang supérieur à moi ou qui semble vouloir m'honorer en voulant le contempler le demande...).
donc, rien n'empèche un heimin d'être forgeron. Par contre, les samurai souhaitant toujours être plus honorables que le reste du monde, un forgeron samurai ne saurait faire moins qu'un heimin et bénéficiera des meilleurs matériaux, outils, eau (très important l'eau dans la forge...), locaux et même assistants possible.
à part quelques grands forgerons genre Yasurugi ou Togashi Nyoko, la plupart des "samurai forgerons" sont plus probablement des polisseurs que des frappeurs de marteau qui vont passer 4 jours à veiller en permanence dans une pièce isolée à s'affairer autour de l'acier en fusion pour ne pas le gacher et en ressortir couverts de charbon (cf l'excellent documentaire d'arté sur la forge des sabres).
A l'inverse, je doute que les célèbres forgerons Kaiu qui doivent faire du productivisme à outrance et sont peu attachés à certaines convenances se privent eux de mettre la main à la pate et même d'accepter l'aide de heimin du moment que tout le monde sait ou est la place de chacun
je pense que c'est l'imagerie "fantasy" exploitée à outrance qui explique qu'AEG en soit venue à raconter quelques trucs romantiques totalement déconnectés du travail du métal. C'est un travail long, pénible, ingrat et salissant qui n'a rien de bien esthétique sauf dans ses phases finales (le polissage) ou cela demande beaucoup de précision, de concentration et de constance.
j'imagine davantage nos samurai/forgerons rokugani comme des contremaitres qui font marteler le métal par d'autres en surveillant ce qui se passe gràce à leur expérience avant d'intervenir dans les phases plus "nobles et délicates" de la finition. Ce qui explique d'ailleurs pourquoi il y a des katana de qualité médiocre : on les produits vite et sans supervision ou sous la direction de fumistes.