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par Hida Ichi » 08 juin 2005, 10:28
Il est vrai que dans mon Rokugan, on est plus proche d'une société de type Tokugawa, fermée, stricte et rigide que d'une société d'une autre époque médiévale japonaise où les Heimins seraient plus libres.
La société n'est pas aussi stricte que cela, mais le heimin qui fuit son village met en danger ses concitoyens, car ils devront assumer ses tâches pour compenser son départ. Ils devront compenser en travaillant plus, la part d'impôts qu'il ne peut plus payer. Bien sûr cette solidarité forcée à l'intérieure des familles/communautés fait qu'il aura du mal à trouver une place pour lui dans une nouvelle communauté qui ne l'accueillera pas à bras ouverts, sauf cas exceptionnel. Bien sûr, si le heimin fuyard peut s'enfuir pour la ville où il s'intégrera dans un tissu urbain anonyme.
L'organisation de la vie des Heimins dans mon Rokugan se fait selon un strict système où en fonction du nombre de ses membres, une famille obtient une certaine surface de champ à cultiver (je m'inspire de lois agraires japonaises d'une époque très ancienne (Xème-XIIème siècle). Le Rokugan étant une société surtout agricole, c'est l'exemple le plus simple pour comprendre comment marche le système économique et le modèle social qui va avec.
Par exemple, une famille avec un père, deux fils adultes, ainsi que leurs épouses : 6 personnes en tout obtient une certaine surface de champ à cultiver. Cette surface de terres est censée donner une certaine récolte donc une certaine quantité d'impôts. Cette surface est redéfinie régulièrement et c'est une des responsabilités des fonctionnaires impériaux (Magistrats d'Emeraude) de vérifier les ressources potentielles de chaque village et ainsi d'informer ses supérieurs des impôts potentiels prélevables. En fait, ce n'est pas le Magistrat qui fait la redistribution des terres, mais il compte pour cela sur les autorités locales qui tiennent un recensement des ressources en hommes et des ressources propres d'une communauté.
Exemple, un village de 200 habitants (X hommes, Y femmes, Z enfants) et une surface de T1 terres à riz donnant de bonnes récoltes, une surface T2 de terres à riz donnant une récolte moyenne, et une exploitation forestière donnant A planches de bois de bonne qualité, B planches de bois de mauvaise qualité. Tout ceci est recensé et compté une fois par an au minimum et c'est la charge du yoriki du village qui remonte ces données au niveau du Magistrat local (j'ai inventé une unité territoriale appelée le district) qui en répond devant son Daïmyo. A défaut du yoriki de village, c'est le Chef du village et les Anciens qui sont responsables.
Si à la suite d'un problème qui fait diminuer la population du village, on met certaines terres en jachère, tandis que les bonnes terres sont données à exploiter aux familles survivantes. Si au contraire, la population augmente, on essaye de mettre en cultures des terres supplémentaires ou d'avoir d'autres ressources exploitables. Et si il y a rien de chez rien, les autorités locales doivent trouver à ces gens un travail autre part dans la province, dans un endroit où un village a subi des pertes dues à une bande de brigands ou dans une région qui est déboisée et dont les terres sont mises en culture.
Si une famille veut travailler plus que les terres que l'Empereur lui a confié (puisque les terres sont propriétées impériales et que tous travaillent pour lui), elle peut louer ses bras sur d'autres parcelles appartenant à des samouraï par exemple, ou avoir une activité complémentaire : jardinage de fruits/légumes, petit artisanat local. Cela peut-être aussi un moyen pour une famille de payer ses impôts si la récolte n'a été bonne. Les impôts sont payables en riz, ou en argent.
Et c'est là que les marchands locaux comme les colporteurs rentrent en jeu. Imaginons la famille Yamada qui en plus de sa récolte de riz produit des paniers en osiers, le colporteur Taro passe deux fois dans l'année pour acheter aux Yamada leur production, il les paye en échange de leurs marchandises qu'il va ensuite vendre en ville au marché. Les Yamada peuvent utiliser leur argent pour payer leurs impôts ou acheter eux-mêmes les produits dont ils ont besoin. Ou M. Yamada va claquer son argent avec la prostituée locale.
Dans notre économie rokugani, le colporteur, ainsi que la prostituée doivent payer des impôts pour exercer leur autorité, une patente ou des impôts en fonction du nombre de chevaux de bâts utilisés par exemple.
En ce qui concerne les autres activités comme la production de cultures non vivrières, ou l'exploitation des ressources naturelles comme l'exploitation sylvestre, minière, la pêche, des rendements moyens sont demandés aux bucherons, mineurs, pêcheurs, et les impôts sont calculés en fonction de cela. Si les revenus sont au delà de la production requise, tout le monde y trouve son compte, si la production est en deçà, des gens vont devoir s'exploiter et il a intérêt à avoir une bonne raison.
Toute personne sortant hors de ce cadre réglementé, un colporteur sans patente, un paysan en fuite, a quitté l'Ordre Céleste, comme il est hors de l'Ordre Céleste, il n'a pas d'utilité/d'existence sociale et on peut en faire ce qu'on veut. Le colporteur devient un contrebandier et on a "bouilli" des gens en place publique pour moins que cela. Le paysan en fuite devient une sorte d'esclave en fuite, et un samouraï peut/doit l'amener aux autorités locales où on tâchera de lui trouver une tâche utile comme un travail dans la mine de sel locale exploitée par un Yasuki adepte du "chat à neuf queues".
Et ainsi va la vie dans ce sympathique Rokugan.