Un peu d’histoire…
Fondation
Mamoru Kyotei Toshi, la Cité du Traité Respecté a été érigée en l’an 345 au sein de la vallée Kintani. A l’époque, elle n’était guère plus qu’un village de taille conséquente nommé Nemui Kaminari Yama, juché sur une colline qui dominait la région, et qui prospérait grâce au potentiel commercial et à la fertilité considérables de la vallée. Cette dernière était initialement sise sur les terres du clan du Phénix. Mais le clan limitrophe, le clan du Lion ne l’entendait pas de cette oreille. A cette époque, le Clan du Lion n’avait plus connu la guerre depuis un long moment et connaissait, paradoxalement, des ennuis pour entretenir leur considérable armée. En conséquence de quoi il prétendait que de nouvelles terres lui étaient indispensables pour nourrir ses légions. Prétentions plus que discutables, répondait le clan du Phénix.
Il fallut un certain temps aux historiens du clan du Lion pour découvrir dans leurs archives une clause imprécise d’un décret impérial d’Hantei Ier. Ce décret était celui grâce auquel les terres de l’Empire avaient été partagées pour subvenir aux besoins et aux attentes des clans.
Cette fameuse clause rendait caduc le rattachement de Nemui Kaminari Yama aux terres Phénix. Il n’en fallut pas davantage au clan du Lion pour entamer une guerre de harcèlement qui dura des années. Intrigues politiques, incidents de frontière, techniques commerciales déshonorantes et autres escarmouches firent rage saison après saison pendant plusieurs années. Jusqu’au jour où en l’année 353, le clan du Lion obtint, grâce à un réseau d’informateurs, la preuve indiscutable de sa suprématie militaire. La guerre fut déclarée, et elle dura toute une semaine sans interruption. Les deux clans avaient rassemblé de puissantes armées dans la vallée Kintani, et le sang abreuva ses terres des jours durant. C’est au cours de cette guerre, lors de la bataille de la Rivière des Trois Pierres, que le clan du Lion connut à ses dépends la puissance des shugenja du clan du Phénix.
Au cours des mois qui avaient précédé ce conflit, le clan de la Grue n’était pas resté inactif. S’il s’était bien gardé de prendre part au conflit militaire direct, ses courtisans et autres représentants politiques manœuvraient dans l’ombre pour que leur clan soit désigné pour interrompre cette guerre. Hélas, une fois n’étant pas coutume, ce même clan de la Grue avait été la victime politique du clan du Lion, et un inopportun traité de non-agression empêchait les armées de la famille Daidoji d’intervenir. Toutefois Doji Mizobu, le Champion du clan de la Grue, força le destin en contournant le traité qui condamnait son clan au non-interventionnisme, en dépêchant une armée « de ravitaillement » sur place. Officiellement, cette armée était un contingent d’approvisionnement. Mais sous se prétexte officiel, Mizobu espérait que le clan de la Grue pourrait s’établir sur place pour « garantir la paix », et ainsi profiter des richesses de la vallée et de la ville. Après réflexion il décida de prendre parti pour le clan du Phénix, et coupa les ravitaillements en nourriture et en eau du clan du Lion. Privé d’approvisionnement, ce dernier fut contraint de cesser ses offensives, finalisant ainsi la première partie de son plan.
Mais l’Empereur Hantei Bosai, troisième du nom, n’était pas dupe. Dans le même temps, sans prévenir Doji Mizobu, il fit apprêter une délégation impériale, qui devrait rejoindre les lieux deux jours après l’arrivée du clan de la Grue. Puis il profita de la situation actuelle pour ordonner aux deux Clans de cesser le conflit. Cette intervention demeura dans les archives historiques sous le nom de Victoire par la Paix.
Lors de la signature de ce traité, si les garants de la paix furent les représentants du clan de la Grue, ceux de l’équilibre entre les trois factions furent sans conteste les membres des familles Miya et Seppun qui avaient rejoint les belligérants et "obliger" toutes les factions présentes à s’entendre. Le clan de la Grue fut pour le moins contrarié de constater leurs présences, mais il n’en montra rien puisque les représentants de la famille impériale, sur ordre exprès de l’Empereur, leur cédèrent, pour les cinquante ans à venir, le contrôle et l’exploitation de la région, pour les féliciter de leur intervention. Dans le même temps, et pour éviter que de nouvelles mésaventures semblables arrivent à nouveau, le Clan du Lion fût autorisé à exploiter les anciennes terres du Clan de la Ki-Rin, en attendant son retour. Seule le Clan du Phénix semblait avoir été lésé puisque dans l’affaire, il avait perdu un partie de ses terres pour les cinquante ans à venir sans rien y gagner en échange, si ce n’est le faite, non négligeable, d’avoir prouver aux yeux de tous, l’efficacité de ses shugenja en temps de guerre. Jamais plus l’armée du Clan du Phénix ne serait pris à la légère…
La délégation impériale fit, ensuite, du village de Nemui Kaminari Yama le garant de ce traité, le rebaptisant alors sous le nom de Mamoru Kyotei Toshi, la cité du traité respecté. Cette cité, qui s’agrandit de façon substantielle grâce aux infrastructures apportées par les quatre parties en présence, accueillerait désormais à superficies égales des districts Lion, Phénix et Grue, et sa neutralité ou protection serait assurée par les familles Otomo et Seppun, qui géreraient elles aussi un district. Chose peu commune et même exceptionnel, Il fut aussi décidé d’interdire le porte du sabre ou de toute une arme capable de faire couler le sang (entendait par là « tranchante ou perçante ») au sein de la cité
1 ; ceci pour marquer la particularité de l’endroit. Au lieu de cela les samurai été autorisés à porter un pendentif en forme de fleur de pécher pour symboliser leur rang et leur caste (cette fleur de pêcher étant, entre autres, le symbole de la paix à Rokugan), ce qui contribua la ville a être, tout naturellement, surnommée la Cité des Fleurs de Pêcher.
Mais si la paix fut signée et respectée, il est un homme qui ne l’entendait pas de cette oreille. Cette homme s’appelait Isawa Asahina, et en tant que Maître de l’Air au sein du Conseil des Cinq, il était l’un des plus puissants shugenja de son époque. Il avait jugé injuste et arbitraire que la victoire soit volée à son clan, injuste que les valeureux bushis de la famille Shiba aient donné leur vie pour en arriver là, injuste qu’une région qui leur revenait de droit puisse être ainsi donné, même temporairement, à l’un de ses voisins. Alors, pris d’une colère qui confinait à la folie, il quitta les terres de son clan, et se mit à arpenter les terres du clan de la Grue, qu’il estimait responsable de tout. N’est-ce pas grâce à leur intervention que la guerre avait finalement trouvé cette étrange conclusion ?
La vengeance du shugenja fut terrible et après chacun des ses passages dans les cités et villages, et il ne demeurait que mort, cendres et larmes. Il parcourut ainsi tout le territoire du clan de la Grue, allant du nord au sud, jusqu’à ce qu’une personne se dresse contre lui. La propre fille du Daimyo du clan de la Grue refusa néanmoins de prendre les armes contre cet homme que la rage avait rendu dément, et fit un rempart aux innocents de son propre corps pour éviter que le sang ne coule de nouveau. Agissant ainsi en martyr, elle réussit à ramener le Asahina à la raison, mais manqua y laisser la vie. Le Tensai, pour expier ses erreurs, l’épousa peu de temps après et veilla sur elle avec toute l’attention nécessaire jusqu’à sa complète guérison. Puis, pour se racheter auprès de ce clan, il en adopta le mon, et fonda la première famille de shugenja du clan. Leur vie serait désormais basée sur la non-violence et sur une dévotion sans borne au maintien de la paix. Leur symbole serait une grue tenant dans son bec une fleur de pêcher. La famille Asahina était née…
1 : A l’entrée des trois grandes portes de la cité des gardes de la famille Seppun confisquaient – un peu à la manière de ce qui se fait devant des établissements comme des auberges ou maisons de thé -, le temps de la visite, toutes les armes pour les ranger dans des boxes attribués à chacun. Toutefois, généralement, les gardes permettaient au samurai, qui savaient qu’ils allaient séjourner plusieurs jours dans la cité, la possibilité de conserver leur daisho au prêt d’eux, dans des étuis ou enrobés et attachés dans de la soie ou du linge blanc.
Evolution
Très rapidement la cité su instaurer des lois et coutumes qui lui était propre et que l’on trouvait nul par ailleurs dans l’Empire. Ainsi, outre la loi interdisant le port de l’arme au sein de la cité, Mamoru Kyotei Toshi développa aussi son propre festival. C’est aussi le seul endroit où les personnes de pouvoirs (le gouverneur ou les ambassadeurs) sont élus par les citoyens de la cité, par une forme de bulletin de vote un peu particulier
2.
Le premier gouverneur de la ville fut un certain Kakita Kyoku, un artiste et politicien accompli, qui réussit à réunir toutes les conditions favorables à l’extension et l’épanouissement de la cité. Sous son règne (qui dura près de vingt-cinq ans) Mamoru Kyotei Toshi prospéra jusqu’à devenir l’un des principaux lieux de visite du nord de l’Empire, notamment en faisant du festival de la Paix (une fête, s’étendant sur trois jours, qui commémore, à sa manière, les évènements ayant amenés à la création de la cité), qui a lieu tous les dix ans, un évènement festif digne des cours d’hiver des Clans majeurs. Cette époque est aussi marquée par l’émergence des codes et usages actuels propres à la cité, comme le droit de vote (uniquement pour citoyens – samurai - résidants dans la ville) permettant l’élection du gouverneur et des trois ambassadeurs (un quatrième ambassadeur, issu du clan du Scorpion, se rajoutera plus tard) des districts des familles Impériales, du Clan du Lion et du Phénix ; ainsi que l’interdiction du port du sabre.
Vint ensuite le règne de Doji Otogo, qui eut beaucoup moins de chance que son prédécesseur puisqu’il présida le festival de la Paix ayant vu le cadeau de la délégation du Clan du Phénix volé puis souillé par un démon tristement célèbre : Oni-no-Usu, le futur général de l’armée de l’Outremonde qui faillit mettre à feux et à sang tous le sud de l’Empire sans l’intervention de la garde impériale du jeune prince Fujiwa. Son règne fut aussi considérablement troublé par la Grande sécheresse qui frappa l’ensemble de l’Empire et qui stoppa net l’ascension de la cité. Pourtant ce fut aussi pendant ces sombres années que l’on parla pour la première fois du zoo impérial et du magnifique parc botanique (appelé communément "le Jardin Silencieux").
La prise de pouvoir de la souveraineté du Gozoku marqua le retour au premier plan de Mamoru Kyotei Toshi, parmi les cités les plus importantes de l’Empire. Kyuden Waboku fut notamment, à plusieurs reprises, choisis par l’Empereur pour accueillir la grande cour d’hiver annuelle.
En l’année quatre cents trois du Calendrier d’Isawa, la cité connu la seconde période charnière de son existence avec la fin de la régence du Clan de la Grue et le retour à la pérennité du Clan du Phénix, après cinquante années. La cité du traité respecté connu alors des années dite "de transition" où certaines lutes internes faillirent déstabiliser l'équilibre prôner par la cité.
Enfin la troisième et dernière période charnière de la cité fut lors de l’arrivé à Rokugan des étrangers Nanbanjin. A cette époque Mamoru Kyotei Toshi était considéré comme l’une des quatre cités les plus influentes de l’Empire avec Otosan Uchi – la capitale -, Bakufu et Ryoko Owari Toshi. Mais son implication avérée pour la cause gaijin – la ville fut même l’un des rares endroits où fut édifié une de leur cathédrale – entraîna sa chute, lorsque ces derniers furent pris à partit par le reste de l’Empire. A la suite de la bataille du Cerf Blanc, la cité du traité respecté connu une période sombre. Jusqu’à la prise de pouvoir de l’impératrice Hantei Yugozohime qui en fit de nouveau un lieu prisé pour les mondanités de la cour d’hiver...
2 : Une loi contestée que tenta, bien des fois, les clans de la Grue puis du Phénix, au cours de années qui suivirent d’abolir, mais sans succès jusqu’ici. Il était dit que seule la Voix de l’Empereur pourrait la supprimer, ce qu’il ne fit jamais, même sous la pression du Gozoku.
Un lion ne meurt pas, il dort...