De cette discussion "futile", Kei ressortit quand même avec un long exposé sur les sentiments exprimés par les fleurs, sur la façon de faire ressortir des émotions particulières - par un parfum, une forme évocatrice... et sur les menus bénéfices qu'on pouvait tirer de senteurs aidant à la concentration dans certains bâtiments dédiés à l'étude et l'entraînement martial. Elle eut aussi droit à quelques suggestions sur les arbres et arbustes - que nous ne faisons pas, trop d'encombrement pour ma modeste échoppe, mais je connais des spécialistes de ce type d'installations à l'extérieur - qui pourraient enchanter une demeure de dimension appropriée (ce que Inaruko appelait "appropriée" fit plutôt l'impression à Kei d'être "monstrueuse") et favoriser le développement harmonieux de sa famille.
- Vous savez, les lilas... Les lilas embaument, c'est entendu. Mais s'ils charment l'odorat, ils répondent avant tout à un besoin de votre cerveau, de douceur, de rondeur, de satiété. Voilà ce que donnent les lilas : la satiété de l'esprit. Le bonheur si vous êtes dans une phase heureuse, le réconfort au moins dans le cas contraire. Plantez un pied de lilas près de votre salon, et vous aurez un die tsuchi de sérénité dans le crâne. Si j'ose m'exprimer de façon militaire.
La conversation (le monologue pépiant vaguement relancé par des incitations grumeleuses de Kei) semblait ne plus vouloir finir, mais avec l'arrivée des prunes Inaruko demanda :
- Vouliez-vous m'entretenir d'un autre sujet ?