1110, mois du chien (novembre) :
RESUME : Après plusieurs mois d'idylle avec Retsu (un compagnon de promo), Kei rentre chez elle une dernière fois, avant son gempukku, et ça va mal se passer. Après cela elle rompra avec le jeune homme.
Parties avec Retsu : [0.0-MR-HK] Du début... à la fin. et suites
Les mois avaient filé très vite et la cérémonie du gempukku approchait. Ca s’appelait cérémonie mais c’était plutôt un examen, ce serait dans quinze jours. Pour l’occasion il pouvait rentrer chez eux une dernière fois « avant le diplôme ». Elle n’en avait pas très envie, d’autant plus que sa mère lui avait demandé de passer à la maison au plus vite il y a une semaine… Sachant qu’elle rentrerait peu de temps après, Kei n’avait pas obtempéré. Elle était bien ici, à passer le peu de temps de libre qu’ils avaient, avec Retsu. Elle était amoureuse de lui. Ca lui avait pris pas mal de temps pour s’en rendre compte. Au début le sentiment était tellement fondu à leurs plaisirs charnels qu’elle n’avait pas bien identifié l’amour derrière le désir. Le coincer entre deux shoji dès qu’elle pouvait, faire le mur pour aller à l’Auberge de l’Ombre dès qu’ils avaient un moment de libre, ou se porter volontaire avec lui pour n’importe quelle corvée qui nécessitait d’être un peu à l’écart… Ce n’était initialement pas l’idée qu’elle avait de l’amour romantique. Ses appétits avaient même eu l’air de le perturber, lui. Il lui avait avoué, un soir, quand ils s’étaient retrouvés à briquer le parquet de la salle des bains « Je n’imaginais pas ça comme ça Kei-chan ». Elle avait été tout de suite peinée, déçue et vexée, mais il ne s’en était pas aperçu et avait continué « Je pensais que les filles étaient moins portées sur l… plus… plus platoniques, tu vois ? ». Alors il l’avait regardé, elle était à deux doigts soit d’exploser, soit de pleurer. Elle commença d’une voix sourde « Traite moi de pute tant que tu y es. Si tu crois vraiment que… » mais il s’était approché en quelques secondes, l’avait plaqué contre lui et lui avait coupé la parole « Non mais ça me va très bien ! Ca me va très bien. C’est parfait, tu m’entends ? C’est parfait… Je vais te montrer comme c’est parfait d’ailleurs ». Alors il l’avait porté dehors, exactement au même endroit que la première fois qu’ils s’étaient donnés l’un à l’autre. Et risque ou pas de se faire surprendre, ils avaient passé encore une fois un très agréable moment.
Mais c’est quand il fut envoyé pour son stage obligatoire d’une semaine à la Garde Grise, à la garnison ouest, près de chez elle, qu’elle se rendit vraiment compte de ses sentiments. Elle avait peur qu’il lui arrive quelque chose. Elle avait fait son stage l’année précédente. Elle savait bien que quelque chose pouvait arriver. Ce n’était qu’un ramassis de grosses brutasses qui courraient les rixes de taverne. Alors au bout de deux jours il lui manquait tellement qu’elle était allée le surveiller, un peu, pour être sûre que ça allait. Visiblement ça allait, c’était un bleu de chez bleu mais comme il était grand et bien bâti, les Gardes ne l’emmerdaient pas trop. Il se fondait pas mal dans le décor, sauf au niveau de l’âge. Et puis le deuxième soir où elle était sortie en cachette pour le voir, elle s’était fait attrapée par un Garde Gris,. Il l’avait déjà repérée la veille au soir, elle et aussi le baiser qu’elle avait volé à Retsu, quand il avait fait le tour du bâtiment. Il était en poste depuis des années, il l’avait déjà vu et savait où elle vivait. Pensant lui faire une fleur, au lieu de la ramener au dojo, il la ramena chez ses parents. Il échangea quelques paroles avec sa mère, alors que celle-ci l’avait déjà renvoyée au premier étage. Le lendemain matin, la renvoyant au dojo à coups de pieds dans le derrière, sa mère lui avait passé une bonne soufflante, mais point de mention de Retsu. Elle ne retourna plus le voir de la semaine. Elle eut peur qu’il ne revienne jamais. C’est là qu’elle se rendit compte des sentiments qu’elle avait pour lui tant elle trouvait cette possibilité dramatique. Il revint cependant, vivant et entier. L’histoire se tassa un peu. Pourtant cinq jours après le retour de Retsu au Sunda Mizu Ryu, arriva une nouvelle enseignante, qui dépareillait du lieu au moins autant qu’un Asahina sur un champ de bataille : Mushu la professeur de « bonnes manières ». Elle s’installa dans une petite chambre, près des bains, avec sa suivante. Force avait été de constater que le Garde Gris n’avait peut-être pas tenu sa langue… Il n’y avait qu’une heure de cours par semaine mais personne ne s’en plaignait réellement, c’était une heure à ne pas se faire martyriser physiquement, c’était déjà ça de gagné… Retsu et Kei avaient continué à se voir autant que possible, même si c’était un peu plus compliqué, les deux femmes nouvellement arrivées semblant tout le temps trainer partout.
Elle dit au revoir à tout le monde de la main « A dans deux jours ! », elle était la première à s’éclipser pour le WE, c’est elle qui habitait le plus près et elle pouvait rentrer seule chez elle. Elle regarda Retsu et lui sourit. Hirozaku le frappa amicalement sur l’épaule comme pour le féliciter. Un troisième a finit par être au courant, pourtant Shigueru et Kamodo avaient été des tombes. Quelques fois ils se faisaient charrier, mais rien de bien méchant… Sauf quand c’était Kido, qui était un gros crétin jaloux, qui se posait quand même pas mal de questions. C’étaient des rumeurs, seuls trois amis étaient vraiment au courant. Quand elle arriva chez elle, elle vit que la carriole de son père n’était pas là. Lui et Utagawa avait du partir dans un des villages voisins pour recruter de la main d’œuvre pas trop chère pour la saison qui se présentait bien.
Les volets étaient clos, la boutique était fermée, c’était bizarre. Elle entra sans frapper. Elle trouva sa mère, le Garde Gris d’il y a quelques mois, celui qui l’avait attrapé dans la rue, la suivante de Mushu et une vieille dame qu’elle n’avait jamais vu. Elle en resta comme deux ronds de flan. Sa mère se leva, posa la main sur l’épaule du garde en un petit mouvement convenu. Il vint se placer derrière elle, bloquant la porte. Shairei s’approcha et lui assena une claque à lui détacher la tête des épaules. « Petite trainée. C’est ça que tu fais de ton temps ?! Ton père s’est saigné pour que tu puisses aller là-bas et c’est ça que tu fais ?! Il vient à peine de finir, les Fortunes soient louées, la huitaine de sabres qu’il avait promis afin que tu fasses tes études ! Et toi tu passes ton temps à te faire trousser par un péquenaud. » Les deux autres femmes dans la pièce regardaient leur pieds, gênées. L’homme était imperturbable, il ne regardait même pas. Il devait être là
juste au cas où, après tout ça faisait quatre ans qu’elle suivait l’enseignement Hida. Kei ne réagit pas du tout. Elle n’avait jamais, ais jamais, vu sa mère comme ça. C’était inconcevable, ça ne collait tellement pas à la réalité qu’elle resta les bras ballants. Sa mère se reprit un peu et arrêta d’hurler… Au lieu de ça elle siffla comme un serpent « Si tu crois qu’on va te laisser gâcher ta vie ma pauvre. Bon gré mal gré tu feras ce qu’on te dit. J’ai appris que tu avais du retard. » Kei ne percuta même pas. « Plus d’une semaine. » Elle ne bougea pas mais senti la colère affluer. « Tu n’as pas souillé tes draps la semaine dernière, Hanabi me l’a dit » et sa mère regarda la femme d’âge moyen, la suivante de Mushu… Et enfin elle comprit, alors elle se mit à hurler complètement hors d’elle « Sale chienne, va, espionne ! » Elle commença à bouger et deux bras d’acier la ceinturèrent, l’empêchant de bouger. « Lâche moi toi connard… Mais regarde moi espèce de pu… ». Sa mère lui redécolla une tarte aussi forte qu’un coup de poing, elle lui fendit l’arcade sourcilière. Kei fut aveuglée par son propre sang, et un peu sonnée aussi. Sa mère en profita :
« - J’ai du faire jouer nombre de mes faveurs afin que Hanabi puisse entrer dans le dojo. C’est une femme bien, contrairement à toi, alors parle-lui correctement.
- Salope, lâcha Kei entre ses dents. La prise sur elle se resserra.
- Ca c’est Hikuchi, un vieil ami, une chance que ce soit lui qui t’ai vu et pas un autre. Il me doit de grands services encore… Et ça, ça c’est pour toi. »
La vieille femme qui n’avait encore pas bougé s’avança une flasque à la main.
"- Ca va régler le problème.
Elle comprit ce qui allait se passer.
- Non ! Non, Maman ! cria-t-elle la colère cédant la place à la panique.
- Tout va s’arranger après tu verras.
- Non ! Maman, non… Maman s’il te plait, gémit-elle. Maman, on va se marier, il m’a demandé, je n’ai pas répondu encore. C’est bon Maman, c’est arrangé. Arrête s’il te plait…
Elle pleurait maintenant. Quand la vieille fut tout près elle lui décocha un gros coup de pied dans les tibias. C’est sa mère qui récupéra la flasque pendant que la
faiseuse d’anges allait récupérer un peu dans un coin.
- Franchement, ma fille, Matsudeira… Tu crois vraiment qu’on va te laisser faire ça ? On n’a pas travaillé si dur pour que tu finisses avec un type comme ça. C’est des demi-samurai ces gens. Tu mérites mieux et tu auras mieux."
Elle se débattit beaucoup et sa mère eut bien du mal à agir, jusqu’à ce que le garde gris la maintienne en place avec un seul bras, la décollant du sol et lui tint la tête fermement en appliquant sa grosse main sur toute la partie supérieure de son visage. Lui bouchant ainsi le nez ce qui n’était pas du tout idiot dans le cas présent. Shairei lui fit boire toute la flasque, sans en gaspiller une goutte. Le garde la lâcha au sol comme un vieux paquet de linge sale. Elle se roula en boule et pleura.
« Va sur la paillasse là-bas » elle lui montra un coin de la pièce dans lequel on avait mis de la paille et par dessus une couverture rêche. Ca dura quatre bonnes heures, à avoir mal, à pisser le sang et quelque fois se tordre de douleur. Tout le monde resta dans la pièce. Elle n’eut jamais si honte de sa vie, même quand Shigueru et Kamodo les avaient surpris dans les bains. Ca n’avait rien à voir. La vieille femme veillait quand même à ce que tout se passe bien. Quand tout eut l’air d’être tari, sa mère s’approcha, lui passa la main sur le front en un geste faussement protecteur. Tout en regardant Kei , elle s’adressa au bushi Hida. « Tu peux y aller Hikuchi-san. Si ma fille approche encore ce moins que rien tu le tueras. Tu le feras n’est-ce pas ? » « Sur mon honneur, Shairei-sama, je le ferai. » Et la jeune fille sut qu’il ne mentait pas.
Quand elle retourna au dojo deux jours après, elle n’alla même pas saluer Retsu. Il était encore resté ici, plutôt que de rentrer chez lui. Elle s’appliqua à l’éviter autant qu’elle put. Et ce ne fut vraiment, vraiment pas facile. Elle restait constamment avec Shizuka, pour ne pas pouvoir être seule avec Retsu. Elle ne disait plus rien du tout et était beaucoup moins joyeuse qu’avant. La nuit, seule, elle pleurait, ses constants cernes le disaient pour elle. Et chaque fois qu’il tentait de lui parler, elle se dérobait. Elle passa quinze jours infernaux...Puis vint le gempukku.