La part du feu
Scénario L5A de la 2nde édition de la convention de la Cage aux Rôles, de DOUAI (16 et 17 novembre 2013).
Petit rappel :
Sunda Mizu Mura, ou le Village de l’Eau Pure, est la plus grande cité des terres du clan du Crabe, et l’une des plus grandes de l’Empire. Plus de 100 000 âmes fourmillent dans ses artères pour entretenir le cœur économique de la famille Yasuki, et d’un clan entier, destiné à la guerre. Cette cité immense s’étale au bord de la baie des Poissons Morts, aux pieds des montagnes formant la Muraille bordant l’Océan. Elle encadre l’embouchure de la rivière de l’Or, axe de communication majeure vers les terres des clans du Scorpion et de la Licorne, sur laquelle les navires de commerce sont légions.
Protégée au Nord par des marécages et au Sud par les eaux chaudes de la baie, la cité ne craint actuellement qu’un seul ennemi : le feu. C’est afin de limiter les sinistres que la cité s’est dotée d’un corps inédit de soldats du feu. On les appelle les brigadiers, du nom de leurs unités, voire aussi les « voltigeurs », plus spécifiquement pour ceux du quartier des Arsenaux. Ces hommes et femmes, principalement heimin, sont formés par quelques samurai de la famille KAIU à la seule fin de protéger la cité des flammes. Ils patrouillent jour et nuit, un seau d’eau à la main, pour intervenir le plus rapidement possible. Afin d’augmenter leur implication et leur efficacité dans une ville à la corruption et l’oisiveté notoire, le sensei de la famille KAIU ont décidé d’inculquer les bases du bushido à leurs recrues heimin.
Le résultat est désormais là et, au regard de la Garde Grise (la milice locale) ou de la Garde des Eaux (la douane locale), les Brigadiers ont une réputation d’exemplarité qui grandit d’années en années. Ils sont très peu sujets à la corruption et au jeu des mains généreuses (les pots de vins) qui minent les soldats du feu des autres grandes villes, même si, dans certains quartiers, les tentations sont plus fortes. Ainsi, hormis aux quartiers du Roc (où se situe le quartier des plaisirs) et au Haut-Quartier (où siège le Conseil de la ville, aux mains des YASUKI), les brigadiers sont fiables. Du moins, dans leur majorité…
Introduction
Le vent doux du printemps souffle sur la baie des poissons morts, peu avant la fin du règne de Hantei XXXVIII. La clameur qui monte de Sunda Mizu Mura ne cesse jamais dit-on. Cette ville ne dort pas et ne pourra disparaitre. Du moins les kami des eaux devront-ils la préserver des flammes.
La brigade des Arsenaux, à l’Ouest de la grande ville, a subi un grave revers, récemment. Lors d’une intervention aux abords d’une papèterie en flammes, une bonne partie de son équipe de nuit a péri. Aussi, la chef de la brigade, Shiroko, s’est-elle mise en tête de recruter rapidement de nouveaux « voltigeurs » car le festival des saules va bientôt avoir lieu. Et les risques d’embrasement causés par les cerfs-volants enflammés lâchés en fin de cérémoniel sont toujours importants. En cela, KAIU Tsushige, le fondateur des brigadiers, lui vient en aide. Au lieu de prélever quelques éléments dans chacun des autres quartiers, il fait le pari de recruter ex-nihilo une nouvelle escouade. Ce défi est lourd de sens. Tsushige a toujours vu dans la création des brigadiers un moyen de promotion sociale des classes heimin, mettant en avant la qualité de tous ces hommes, qu’il perçoit comme naturellement moins enclin à la corruption, puisque ceux-ci n’ont guère le droit de posséder beaucoup de chose et que leur dévotion à leur travail – fonction inhérente de leur caste – les contraint à ne prospérer que par l’effort, le plus souvent.
Pour réussir son recrutement et donner leur chance à des âmes qu’ils espèrent forger comme vaillantes par leur responsabilité de brigadier, il a fait appel à une de ses relations politiques de la ville, Dame YASUKI Toyotomi, pour trouver facilement des profils intéressants. Pour la sécurité de sa cité et plaire, comme il sied, à ses « bons amis » de la famille KAIU, Toyotomi a accepté. Ses réseaux officiel et criminel ont rapidement repéré plusieurs personnes intéressantes. Après quelques jours de filature, elle s’est arrangée pour faire convoquer les meilleurs éléments à la caserne des Arsenaux.
Ce sont ces personnes qu’incarneront les PJs :
_ Kaigo (repentir) : jeune mère paysanne, dont le village en bordure des désolations KUNI a été ravagé par un oni. Pour échapper à la créature, elle a dû faire faire taire son jeune enfant – alors en pleurs - mais l’a étouffé. Après une période d’errance et de survie misérable, la jeune femme est venue en ville tenter de recommencer sa vie. Elle a travaillé comme bonne à tout faire au temple de Daikoku, puis au Temple Fumant du quartier des Arsenaux. Le prêtre du temple a vu que sa place était désormais à la Brigade du quartier. Elle obéit donc à son présage.
_ Kioku (souvenir) : l’homme qu’était avant ce jeune heimin servait d’exécuteur de basses œuvres pour un cartel réputé violent. Véritable psychopathe, il prenait plaisir à tuer les indésirables du cartel. Puis, il croisa un vieux bonze assit sous un saule en bordure des quais et se laissa captiver par son discours. Il lui parla de rédemption et de nouvelle vie, comme d’une nouvelle peau pour un serpent. Kioku accepta de le suivre chez un tatoueur qui lui arracha ses souvenirs et ses anciennes pulsions pour en faire un homme neuf de 25 ans. S’il sait qu’il peut désormais rêver à un destin glorieux, Kioku sait tout de même que sur l’intégralité de son dos peut se lire le triste roman de sa première existence, avec les détails atroces et les noms de ses victimes.
_ Tsuyomaru (devenir) : eta issu d’une longue ligné d’éboueurs, il s’était pris de passion pour la tannerie et en avait fait l’apprentissage dans le cité de la Grenouille Riche. Hélas, on ne change pas ainsi de vie chez les eta et, pour éviter des représailles à son mentor, il a pris le chemin de l’exil avec sa famille. Il savait que Sunda serait une cité moins regardante quant aux traditions et que la valeur d’un homme ambitieux pourrait s’y exprimer plus librement. Après s’y être fait embauché comme maroquinier pour une boutique tenu par la famille Ide, il ambitionna d’ouvrir son propre commerce. Hélas, le jeu des mains généreuses imposées aux artisans mit à mal son projet et le força à rechercher une autre activité.
_ Kaseigan (roche) : depuis son enfance, cette jeune fille est chérie par les kami de la terre qui n’ont de cesse de lui confier leurs secrets et leurs craintes. Profondément atteinte par cet état de grâce, la jeune femme a toujours paru dérangée et donc maudite par son entourage. Les superstitions sont encore plus prégnantes dans la caste paysanne et la jeune femme finit par se faire bannir de son village. Après un séjour dans un monastère où elle découvrit une étrange statuette peinte, elle partit pour la grande ville, comme nombre de jeunes des terres alentours, à la recherche d’un nouveau foyer. Sa kokeshi fétiche est en fait une statuette d’onyx peinte qui lui vaut, et l’attention des kami de la terre, et l’affection de seigneur Lune…
_ Makasu (vaincre) : ancien bushi de la famille HIDA, il fit le choix de la fraternité et non de l’honneur tandis qu’il servait sur le Mur. Mais là où ses frères d’armes le félicitaient au début, la honte du déshonneur prit bientôt place, le chassant à jamais du Mur pour l’affecter à la Garde Grise. Il y apprit à envier la parfaite dévotion des élèves du Sunda Mizu Ryu, et à abhorrer encore plus l’absence de scrupule de ses camarades de bataillon disciplinaire. Il profita des intempéries de la dernière mousson pour déserter de son poste et s’enterrer dans les ruelles crasseuses du quartier des Arsenaux. Cela remonte désormais à 5 ans et il pense être parvenu à se faire oublier en travaillant sur les docks. Bien qu’il ne s’émeuve plus guère des épopées honorables, il espère toujours son rachat futur. Il a confié son daisho au vénérable du Temple Fumant, en espérant devenir assez honorable pour le reprendre, un jour.
_ Keibo (estime) : ancien membre des Ecailles de la Carpe, cartel affilié à la famille YASUKI composé d’un grand nombre de ronin, cet homme d’âge désormais mûr a toujours été irréprochable car soigneux, et de ses actes, et des procédés employés pour parvenir à ses fins. Toutefois, la pression devenant trop grande avec les autres cartels, moins scrupuleux, et il fut décidé de faire un exemple en épurant son organisation de ses éléments les moins loyaux et des plus « sensibles ». En effet, le doigté de Keibo gênait considérablement ses maîtres qui virent en son raffinement un signe de faiblesse et de rejet de leur nature même. Keibo a accepté son sort avec philosophie et s’est mis à la recherche d’un nouveau groupe social qu’il pourra compléter, pour le parfaire.
Le scénario qui vous est proposé ici n’a pas tant pour but de permettre aux joueurs de retrouver le responsable de l’incendie ayant endeuillé la brigade des Arsenaux que de leur faire vivre l’expérience des soldats du feu d’une grande cité rokugani, avec ses challenges, ses douleurs et ses récompenses.
Pour chaque paragraphe de chaque chapitre, un certain nombre d’événements vous sont proposés. Libre à vous d’en tiré un ou plusieurs au sort afin de les faire jouer à vos PJs. Cette histoire se veut autant être jouable en convention que plus tard, dans le confort de son salon ou de son club, et alors de manière plus étoffée.
Le quartier des Arsenaux en relief :
Le quartier des Arsenaux comporte un grand nombre d’ateliers de forge et d’autres activités artisanales liées au bois. La proximité des Arsenaux le légitime amplement. Parcouru matin et soir par une foule besogneuse et farouche, les habitations, si elles sont moins présentent que dans d’autres quartiers, n’en diffèrent dans l’aspect que par la fine couche de suie qui ornent les façades. En effet, les vents locaux rabattent toujours une partie des fumées au sein du quartier et l’odeur y est parfois difficilement respirable. Les commerces ordinaires y sont bien moins présents.
Une grande attraction ici est le balai des vendeurs ambulants de nouilles ou autres mets qui parcourent les ruelles de long en large, se querellant parfois pour les abords d’une boutique, et surtout la petite place devant l'entrée des Arsenaux.
Les convois de combustibles et les balais des éboueurs poussant leurs misérables charrettes branlantes en nettoyant les rues rythment en permanence la vie du quartier.
Les bâtiments comportent rarement plus de 2 étages et il est courant de voir les toits parcourus par des brigadiers tenant un seau à la main. Les personnes qui travaillent ici se perçoivent comme une sorte d’aristocratie de la classe productive, surtout ceux officiant pour les Arsenaux ou du moins les forgerons. La misère y est moins présente, excepté aux abords d’ « A la faveur d’Ebisu ».
_ L’atelier Masuda « Derrière le mempo » : tenu par MASUDA Fukaada, neveu du daimyo de cette famille mineure, vassale de la famille KAIU (voir l’excellent webzine Le maraudeur, n°4). Celui-ci n’y est présent qu’à la mauvaise saison. On y fabrique de fameux kabuto inspiré du travail de Shigekazu, le meilleur forgeron jamais issu de cette famille. L’atelier est petit mais d’un grand sérieux. Il donne généreusement (mais cela reste modeste) à la brigade. Toujours 3 ou 4 ji-samurai sont présents dans la boutique. L’atelier a offert à Shiroko - la capitaine des brigadiers du quartier - une magnifique armure légère complète, couverte de métal, après une intervention décisive, il y a 3 ans, qui a sauvé le bâtiment et ses modestes dépendances.
_ Le salon de thé « le Cerf-volant » : mi-salon de thé (à l’étage), mi-taverne (au rez-de-chaussée), c’est un établissement convenable et toujours noir de monde. Un tripot est présent dans le sous-sol et n’est accessible qu’aux habitués ou aux clients les plus dispendieux. Son succès lui vient de sa cuisinière, Suiji, qui travaille à merveille le poisson de la baie et surtout de ses 5 filles, toutes serveuses et très mignonnes (et étrangement toujours célibataires).
_ « Le cerisier rouge » est une célèbre distillerie de sake, avec sa taverne de dégustation. Propriété de la famille YASUKI, on y produit une boisson de qualité standard en quantité très importante. C’est l’une des 3 plus grandes distilleries de Sunda. Elle se distingue par une partie de sa production, toujours artisanale et d’excellente qualité. La boutique en constitue l’unique point de vente dans l’Empire, ce qui explique l’intense commerce qui s’y opère les jours suivants un arrivage. Elle a pignon sur le carrefour des Futurs Echanges.
_ « Le fil de l’instant » est un ensemble de forges affiliées à la famille KAIU. La qualité de ses affûtages n’est plus à démontrer et les armes produites ici sont toujours un cran au-dessus des productions locales d’importance. De récentes tensions avec la famille YASUKI concernant les délais de production ont conduit l’arrêt d’un des foyers. En réponse, des actes d’intimidation subtils ont eu lieu (accidents bénins, cargaison égarée durant son trajet vers les terres du clan du Scorpion…). Nul ne sait où en est la situation et les employés restent impassibles, mais nerveux. Son gérant est l’artisan Zetsu.
_ Le maréchal-ferrant du « Vent du Nord » est un artisan du clan de la Licorne ayant racheté à grands frais une ancienne forge et tout son personnel qualifié. Protégé par la famille Ide, il propose depuis peu la mise à disposition de poneys pour sa clientèle la plus aisée (heimin, s’entend, mais parfois samurai).
_ « Le temple fumant » est ainsi dénommé en raison du manteau de fumée que les vents, guidés par les bâtiments du quartier, amoncèlent à sa périphérie immédiate. En dépit de l’odeur, l’intérieur du temple n’est jamais indisposé par les fumeroles et cela concourent à sa grande popularité auprès de la population laborieuse du quartier. Situé à proximité des Arsenaux KAIU, son vénérable (Kemuri) baptise toute nouvelle embarcation issue des ateliers protégés.
_ Le souffleur de verre Kouseki dirige une petite boutique réalisant des objets en verre assez artistiques, sans parler de plaques de verres résistants pour certains châteaux mineurs, notamment sur les îles de la soie. Les employés partagent leur four avec l’atelier Masuda. Ils sont très populaires au sein du clan de la Licorne dont les notables liés au négoce du verre prennent plaisir à venir comparer les savoirs faire du clan du Crabe aux leurs. L’essentiel de la production est écoulé auprès des clans de la Mante et de la Grue.
_ « Chez Weng Shâo » est LA référence en matière d’approvisionnement en matières premières et combustibles pour le quartier. Bois, charbon de bois et tourbe sèche transite dans les nombreux entrepôts de cet heimin opportuniste, qui succéda avec brio à son père sur ce marché unique. Bien qu’affilié aux YASUKI, Weng Shâo semble jouir d’un statut à part du fait de son charisme et de son implication dans la plupart des activités de la cité. Il est logiquement devenu le principal mécène des brigadiers, notamment du quartier, étant donné les risques pesant sur ses activités. Il est de notoriété publique qu’il a la faveur d’un ou deux shugenja de la ville. De là à penser qu’il les aurait généreusement récompensé pour avoir demander aux kami du feu d’épargner ses bâtiments, les rumeurs vont bon train.
_ « Aux 3 cèdres » est une échoppe de réalisation de mobilier en bois. Affiliée à la famille KAIU, il produit des biens de bon goût et qui savent le céder au rustique et fonctionnel pour de l’élégance sans excès. La classe moyenne heimin de Sunda loue dans son ensemble cette enseigne, tenue par la jeune Sugi.
_ Morita est le capitaine haut en couleurs d’un navire de pêche mouillant non loin de l’entrée des Arsenaux. Lui et ses collègues sont les seuls pêcheurs issus de ce quartier et se font un plaisir de tenir une criée unique à Sunda, car les poissons vendus sont proposés à la clientèle posés sur une énorme enclume, dans leur entrepôt. Et tout le cérémoniel se déroule sur fonds de chants des équipages. Morita est fils de forgeron, à l’origine, et affectionne particulièrement la population de son quartier, qui le lui rend bien, surtout Suiji, la cuisinière du « Cerf-Volant ». C’était le meilleur ami de Maguro, le sergent de l’escouade de brigadiers ayant péri récemment.
_ « A la faveur d’ Ebisu » est une grosse bourse au travail où chaque jour, des personnes plus ou moins désœuvrées viennent proposer leur force de travail pour les ateliers du quartier. Le personnel destiné aux arsenaux n’est jamais recruté ainsi, mais plutôt mobiliser directement après cooptation du propriétaire d’un autre atelier du quartier. Ainsi assure-t-on la fiabilité et la compétence des responsables de la production des navires du clan du Crabe. Un moine y officie en permanence pour apaiser les esprits et garantir, par ses prêches, la valeur morale et spirituelle des engagements passés en ces murs.
_ Les Arsenaux sont décrits suffisamment dans le guide de Sunda. Ils occupent pour rappel la moitié du quartier, comptent des entrepôts gigantesques et très hauts, et il en émane évidemment beaucoup de fumée. A noter la présence de fréquentes patrouilles sur les murs d’enceinte qui circonscrivent la zone, ainsi qu’à son entrée. Il s’agit essentiellement de bushis des familles KAIU et HIDA triés sur le volée, qui veillent à empêcher tout accès et tout stationnement sur la petite place attenante à l’entrée des Arsenaux. La force est une option souvent envisagée (une pluie de flèches après sommation, en général). Les Arsenaux sont en activité jour et nuit.
_ La caserne des brigadiers des Arsenaux est un bâtisse robuste de deux étages, située au centre du quartier et surmonté d’un mirador de deux étages supplémentaires. Sobre, simple. Dans la salle principale se trouve, sur un présentoir adapté, l’armure légère ciselée offerte par la famille MASUDA à Shiroko suite à une intervention opportune de sa brigade il y a 3 ans. De grandes réserves d’eau et un grand nombre de seau se trouvent au rez-de-chaussée.
_ Le sanctuaire de l’esprit des saules est constitué de grands jardins hexagonaux donnant sur la baie. Très bien entretenu et parcouru de saules, un exemplaire immense et magnifique s’y épanouit à son centre. Sujet à de nombreuses superstitions, ce lieu fait l’objet d’un festival destiné à préserver la population de a cité des épidémies pour l’année à venir.
Ce qui s’est passé avant l’arrivée des PJs :
Un incendie a été déclenché par Kiriko, une eta pyromane, dans une petite ferronnerie située le long de la rue Longue, du côté du quartier du Roc. L’endroit était très sale et mal organisé, ce qui attira l’attention de l’incendiaire, en quête de pureté pour sa ville. La grande papèterie attenante s’est rapidement embrasée par la suite, s’effondrant en partie en travers de la rue Longue, et propageant l’incendie au quartier des Arsenaux.
Tandis que l’équipe de nuit des Arsenaux était présente sur les lieux et proposait son aide à celle du Roc, une rixe s’est déclenchée. En effet, l’escouade de la Garde Grise de HIDA Kuma est intervenue pour faire déguerpir les brigadiers des Arsenaux et laisser le champ libre à ceux du Roc qui ne se sont pas souciés de la papèterie (le propriétaire, YASUKI Ken, ne réglait pas assez de « mains généreuses ». Il est donc en litige avec les Ecailles de la Carpe sur le montant des « contributions » à sa sécurité, d’où leur zèle à sauver la ferronnerie au détriment de la papèterie).
Il y eut plusieurs blessés de part et d’autres, notamment parmi les brigadiers du Roc, dont trois eurent le pouce brisé (la spécialité de Tetsuo, un des voltigeurs disparus ce soir là).
Il faut dire que la présence d’un kami du feu corrompu dans la papèterie n’arrangeait pas les choses. L’esprit tourmenté rêvait de s’offrir le vaste entrepôt et ses presses de combustible. Il accéléra la propagation des flammes, qui débordèrent tous les brigadiers présents. Il fallut abattre des maisons de part et d’autre de la rue pour stopper la propagation. L’incendie a causé une vingtaine de victimes, dont les 7 voltigeurs de la brigade des Arsenaux. Deux sont morts asphyxiés par les fumées toxiques. L’un s’est fait ensevelir sous une des maisons détruites pour limiter l’extension de l’incendie. Quatre ont été retrouvés carbonisés dans un petit entrepôt de bois précieux appartenant à Ide Shrellka, une diplomate du clan de la Licorne rarement présente en ville. Le feu avait dévoré une grande partie de la bâtisse quand les renforts de la brigade sont intervenus avec les riverains pour éteindre définitivement le brasier.
Le jour de l’incendie, au moment même où celui-ci sévissait, un important vol eut lieu dans une cache secrète de la famille YASUKI, non loin des quais. Ces armes devaient servir à équiper des membres de cartels soutenus par la famille en cas de besoin. Elles sont parties le soir même à bord d’un navire du clan de la Mante, dont le capitaine était fier d’avoir roulé un négociant du cru, un certain Utaigi, pour toute cette cargaison.
A savoir que l’un des partenaires de beuverie régulier de Maguro, l’ancien sergent de l’escouade qui a péri dans l’incendie, était un client régulier du « cerisier Rouge », est justement ce « Utagai ». Cet heimin est convoyeur, et en fait un membre du cartel Daidoji venu tâter le terrain du quartier pour mieux y implanter ses agents et torpiller comme le peu les affaires YASUKI.
Synopsis détaillé :
Il s’agit pour vous, honorable MJ, de composer votre morceau à partir de la trame livrée ci-dessous. Les éléments grisés sont accessoires. Ceux devancés d’un chiffre sont facultatifs et peuvent être choisis au hasard d’un jet de dé en fonction du temps à votre disposition.
Les événements liés sont marqués d’une à trois astérisque « * » en fonction de l’intrigue secondaire à laquelle ils renvoient.
La seule chronologie qui compte est la suivante : incorporation des PJs, le festival des saules puis le grand incendie.
Recrutement des nouveaux brigadiers et acclimatation aux quartiers pendant les préparatifs du festival des saules
a) Prise de contact avec les personnalités et endroits notables du quartier :
CADRE : insister sur l’ambiance du quartier, ses fumées, sa saleté, sa population spécifique. L’indifférence des habitants au début de l’histoire. Des odeurs de cendres et de métal chaud, puis épisodiquement, les embruns et la nourriture bas de gamme.
_ Présentation de la caserne par Shiroko, en présence de KIAU Tsushige
Le cérémoniel d’intronisation est très solennel (Jet Honneur pour anciens samurai ou jet Art de la Guerre ou connaissance bushido ND 15 : le serment s’inspire fortement du bushido (idéal de justice, de moralité). Remise de la plaque de bois laqué, montée en collier, signifiant leur fonction.
KAIU Tshushige est un samurai de renom et sa présence est un honneur fait à la Brigade. Premier contact avec Shiroko, LA capitaine de la Brigade (jet courtisan ND15 ou Intuition ND25 : le fait qu’elle soit une femme gène encore certains brigadiers. ND 25(ou 35) : « c’est ce qui a porté malheur à l’équipe de Maguro »). Makasu sera nommé « sergent » de patrouille.
_ Premiers repas d’équipe au « Cerf-Volant »
Ambiance bon enfant. Puis hommage aux morts de la Brigade (Maguro, le « sergent ». Tetsuo, le formateur à la lutte, puis Yoshita, Daito, Keitaro, Aki et Gobei). Evocation du festival des saules qui arrive d’ici un mois.
1_ Les rumeurs colportées par la vendeuse de nouilles ambulante.
- les affaires de Weng Shaô s’agrandissent, et les risques sur le quartier aussi…
- le sculpteur sur verre Hamono est un espion du clan de la Mante. Kouseki est de mèche…
- l’esprit des saules est contrarié par les incendies de ces temps-ci. Il faut plus d’offrandes…
2_ Rencontre des deux petits vieux des quais qui jouent au mahjong à longueur de journée en gloussant sur les navires, les poneys, les samurais… (Pendant le déblayage des abords d’une forge)
3_ Croiser une escouade de la Garde Grise (Ils portent tous des mempo dans les quartiers Ouest et Sud. Jet Intelligence ND 10 = assure leur anonymat pour leurs forfaits.)
4_ Les anonymes apportant spontanément des présents sur l’autel dédié aux morts de la caserne.
b) Premières missions sans grand relief :
CADRE : insister toujours sur l’ambiance du quartier, et surtout sur le décalage entre les missions et les risques encourus par les « voltigeurs » (les promenades sur les toits devraient être l’occasion de quelques frayeurs. La durée de la « formation » des PJs est d’environ un mois. Le regard des riverains sur eux devra changer progressivement.
1_Promenades sur les toits, sans puis avec seau d’eau, pour vérifier la provenance de certaines fumerolles
(Jet d’athlétisme ND15 pour circuler sur les toits, ND20 de nuit ou avec un seau.)
2_ Sauver un jeune chiot tombé depuis les quais
(Jet Athlétisme ND15, 20 une fois l’animal en main)
Sa propriétaire est une délicieuse lavandière heimin qui connait bien le capitaine Morita.
3_ Evacuer une vieille dame tombée dans une échoppe (et la porter jusque chez elle)
4_ Chasser les détritus aux abords du chantier de reconstruction de l’entrepôt d’Ide Shrellka
Réquisitionner des étas, entre autre, sous les commentaires des vieux joueurs de mahjong.
5_ patrouille de nuit et confusion avec des voleurs
Course poursuite de rigueur. (Jet d’athlétisme ND20 pour circuler sur les toits de nuit)
Les hommes du cartel de la Carpe Noire sont à cran après la perte de leur cargaison lors de l’incendie de la papèterie. (Jet d’Etiquette ND 15 (25 s’il y a eu rixe) pour apprendre d’eux que des vols ont lieu dans le quartier depuis quelques mois. Une belle réussite ou un bon roleplay permettra de savoir pour la cargaison d’armes lors de l’incendie de la papèterie. Jet de connaissance pègre ND 15 : ce sont des membres d’un cartel, et non de simples ronins et heimin en charge de la sécurité de quelques entrepôts.)
c) Premiers éléments concernant l’incendie qui trouva la mort de leurs prédécesseurs :
_ Plainte sur le désordre dans les rues, dans certaines boutiques ou ateliers.
_ Les habitudes de l’escouade tragiquement disparue (via Suiji et ses filles =>Tetsuo et sa prise des pouces. Il la leur avait apprise pour se défendre ; le capitaine Morita => Maguro buvait beaucoup…)
_ Quelques propositions de mains généreuses faites par les artisans du quartier aux nouveaux
(Des « amis » de monsieur Weng Shaô qui n’en sont pas pour protéger son nouvel entrepôt d’Ide Shrellka. En fait des Ecailles de la Carpe désireux de sonder les nouvelles recrues. Keibo pourra s’en rendre compte Jet de connaissance pègre ND 20.)
_ La supervision du démantèlement d’une maison endommagée après l’incendie tragique de la papèterie. (On y retrouvera le corps d’un samurai de la Garde Grise => Hiruma Takeshi)
_ Première confrontation à l’escouade de la garde Grise de HIDA Kuma (Après la découverte du corps de Takeshi, par exemple. Lui et 5 hommes, en armure lourde avec mempo. Devrait rester une bagarre. L’occasion de rappeler la puissance des bushi Crabe et l’avantage des armures.)
Le festival des saules, une fête sous haute tension
CADRE : les événements proposés ici sont à enchaîner sur un rythme haletant. Le but est de faire réaliser aux PJs les risques que comportent ce festival et les moyens dérisoires des brigadiers. Insister sur l’ambiance festive, la foule permanente, les odeurs de poudre et d’encens. La procession fait le tour de la ville avant de finir par le quartier des Arsenaux, au sanctuaire de l’esprit des saules.
a) Joies et péripéties du festival :
1_ L’enfant égaré à ramener à sa famille (Haruki, 7 ans,)
Trouver ses parents est impossible dans la foule du festival. Il sait venir du quartier des Franges, mais où précisément ? Il faut donc le gérer pendant le festival. C’est une Fortune mineure… il disparaitra en fin de festival.
2_ Les pétards et les accidents stupides qui y sont liés
Il faudra évacuer quelques personnes gravement blessées aux mains vers le Temple Fumant. (Jets de médecine ND15. Sur 7 pts de blessures soignés ; la victime sera stabilisé)
3_ Calmer des mouvements de foule, ou du moins de groupe
Deux bandes rivales des embarcadères du Sud et de l’Est. Ils se sont croisés pendant la procession, et comme ils ont bien bu… (Deux groupes de 30. Ils se calmeront après 4 à 5 H.S. de parte et d’autre ou si Etiquette, Tentation (contre de l’argent) ou Intimidation ND 20)
4_ Limiter les dégâts causés par une bagarre entre deux hommes
(Intimidation ou Etiquette ND20.) C’est une vendetta entre familles heimin, raison d’argent.
5_ L’homme qui profite du tumulte pour agresser une paysanne dans une ruelle
(Intimidation ou Etiquette ND15.) C’est un pauvre pervers. On le trouvera égorgé en fin de festival.
6_ Un voleur qui s’enfuit par les toits
En fait l’amant d’une riche commerçante. Elle lèvera sa plainte si on la lui amène.
7_ Les aléas de la coordination avec d’autres escouades de brigadiers
Une embrouille éclate avec une patrouille de la brigade du Roc, à propos de l’incendie des pousse-pousse dans la rue Longue. (Intimidation ou Etiquette ND 25. Ou mettre H.S. 4 des 10 gars d’en face.) Peut être dû à un pétard/fusée ou au kami du feu corrompu.
8_ Eteindre les départs de feu stupides à l’atelier « derrière le mempo » de la famille MASUDA
Sur des débris de caisse mal rangés, et effondrés par Ebi, un heimin du « Fil de l’instant » embauché depuis peu. (Intimidation ou Courtisan ND 30 : il a été payé par les Ecailles de la Carpe pour porter préjudice à la famille KAIU et à son atelier géré par Zetsu).
b) Les dessous du quartier (la nuit même du festival):
1_ Les faux voltigeurs travaillant pour la Mante , croisés au hasard d’une ronde (6 hommes)
Courtisan ND 15 pour se rendre compte de la supercherie. =>Course-poursuite ! Après bagarre ou médiation (Intimidation ou Etiquette ND 20), ils expliqueront qu’ils vident les entrepôts et boutiques que leur indique leur contact, dit « le vent », via des messages laissés dans des bouteilles de saké vides. C’est Ujitai en fait…
2_ La corruption dans les boutiques (Surprendre une escouade de la Garde Grise en pleine récolte…)
3_ Surprendre un détournement de convoi
Dénoncé par un « homme juste » auprès de la Garde Grise, qui interviendra pour récupérer la cargaison. En négociant (ND15 à 25, selon attitude des Pjs), on apprend que l’informateur est en fait un employé du fil de l’instant, qui en a marre de la pression actuelle qui plane sur la boutique et désire couler l’atelier pour forcer Zetsu à accepter les pots de vins.
4_ La rebouteuse, Meian et son discours sur la malédiction du quartier (« tout va finir par brûler ! »)
Elle est bien sujette à des visions mais vu son état mental et son hygiène de vie déplorables... Elle en profite malgré tout pour effrayer les commerçants et faire payer sa « protection ».
5_ Le capitaine Morita en proie à un odieux chantage impliquant son épouse, pour qu’il embarque à son bord un passager pour Fundai Mura.
Il s’agit d’un espion Mante qui enquête sur les nouvelles coques des navires marchands du clan du Crabe. Il a kidnappé Asa, la femme de Morita. Elle est ligotée dans un entrepôt.
6_ L’intervention de gros bras pour limiter l’arrivée des secours lors d’incendie dans des boutiques-ateliers
Suite à un incendie au « fil de l’instant ». Les hommes sont tous d’anciens employés virés pour inaptitudes ou comportements inappropriés dans cette forge. Recrutés à la bourse du travail « à la faveur d’Ebisu » par un étrange femme, dénommée Anko (ténèbre). Ils sont 15 et chercheront à casser du voltigeur. Inutile de négocier avant 3 ou 4 H.S. (ND 15 alors).Il s’agit d’un coup du cartel de la Carpe Sencha, qui bosse pour les Ecailles de la Carpe.
c) De nouveaux éléments sur la mort de leurs prédécesseurs :
_ L’absence de l’escouade de la brigade du Roc affiliée à la surveillance de la rue Longue, lors d’une entrevue entre les deux chefs de brigade ( aidera à percevoir la corruption de ce quartier)
_ La malédiction de la maison de Nagumo, un pêcheur, connu de Morita (l’esprit du feu corrompu y a trouvé refuge chez lui après l’incendie de la papèterie, puis il est retourné dans le nouvel entrepôt d’IDE Shrellka. La rebouteuse, Meian, l’aurait fait partir. Ce qui est vrai. Mais il n’est pas parti loin…)
_ Reprise d’incendie inexpliquée dans le nouvel entrepôt construit par Weng Shaô pour lui et Dame Ide Shrellka.