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par matsu aiko » 17 avr. 2010, 18:12
Les mains adroites de la servante lissèrent la lourde chevelure, la pliant et la recourbant en boucles soyeuses avant de la fixer par de longues épingles d'ivoire incrustées de lapis lazuli.
- Mon peigne en ivoire blanc, Umeko.
La servante s'empressa de percher adroitement un haut peigne ajouré, orné de minuscules éclats de nacres, parachevant la coiffure. Le résultat était sophistiqué, mais dépourvu d'ostentation. Elle avait écarté d'un geste les propositions de coiffes compliquées. Ce n'était pas une réception officielle mais une réunion familiale.
- Laisse-moi, à présent.
- Oui, maîtresse.
Restée seule, Kokiden regarda le résultat d'un oeil critique. Le miroir lui renvoya l'image d'une femme élégante, aux traits aristocratiques, aux longs cils noirs, dégageant l'assurance tranquille de qui se sait maquillée et coiffée à la perfection.
Son fils avait atteint l'âge adulte ; mais elle avait encore la beauté, la finesse, le maintien parfait et les manières raffinées qui avaient su attirer l'oeil de l'Empereur. Les années d'exercice du pouvoir avaient ajouté cette suprême élégance, devenue une seconde nature, et l'autorité naturelle de qui a l'habitude d'être obéi. Tout, en elle, la proclamait impériale.
Ses traits s'assombrirent. Ce temps où elle avait été la favorite, faisant tourner toutes les têtes, était malheureusement bien lointain, comme en témoignait la désaffection de l'Empereur pour ses appartements.
Elle tourna sa figure de trois quarts. Là, au coin de la bouche, à peine visible, il y avait une petite ride, qui n'y était pas précédemment. Elle tapota du doigt la poudre de riz pour la faire disparaître.
Elle était encore belle. Mais les femmes, ici, ne régnaient que par les hommes. Que feras-tu, Kokiden, quand ta beauté se sera évanouie ?
- Maitresse, votre honorable Père, son Altesse le Ministre de Droite, est arrivé.
- Dites-lui que j'arrive.
Elle se composa un visage serein, et se leva dans un bruissement de soie. Ses mouvements étaient lents, gracieux, délibérés. Les servantes se plièrent en quatre sur son passage. Elle était l'Impératrice.
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matsu aiko le 17 avr. 2010, 19:54, modifié 2 fois.