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par Hida Koan » 04 janv. 2005, 18:02
Le Yakamo finissait tranquillement sa course dans le ciel, Dame Hitomi pointant le bout de son obsidienne à sa poursuite. Le paysage était baigné d'une lumière douce et chatoyante, un vent légèrement chaud, venant des Terres Brûlées, soufflait à travers les ramures des arbres. C'était un de ses instants magiques qui saluait la fin d'une belle journée, et qui invitait les gens à une nuit apaisante, à la lueur des étoiles.
Il marchait d'un pas lourd et décidé, le visage baissé vers le sol, courbé comme si un Ogre invisible s'était invité sur ses épaules. Il avançait sur le chemin sans prêter attention aux environs, suivant le sentier comme si lui seul décidait de sa destination.
"Konnichiwa, samurai-san !"
Il s'arrêta. Leva la tête, et aperçu un homme allongé sur le sol, près d'une colline non loin de là. Il s'appuyait sur le coude et mâchonnait une brindille.
"Vous semblez bien soucieux. Que peut bien faire un samurai du clan du Crabe aussi loin de ses terres, et de son devoir? Etes-vous perdu?"
" Qui t'a permis de m'adresser la parole? Tu ne sais donc pas à qui tu t'adresses? Je suis Hida Koan, et je vais là où je souhaite aller. Je ne suis pas perdu. Alors ne vient pas m'importuner."
"Oh! Navré! Je ne voulais nullement vous déranger. Mais vous sembliez un peu... comme qui dirait désœuvré... Et le chemin que vous souhaitez prendre n'est pas très sur, surtout si proche de la tombé de la nuit... Vous devriez faire attention."
"Attention? ATTENTION ?? C'est plutôt à toi de faire attention à tes propos! Si tu souhaites garder la tête sur les épaules... Et que pourrait-il bien y avoir sur cette route qui puisse m'effrayer? J'ai deja affronté l'Outremonde, vaincu ses séides, pourchassé l'Ombre, détruit un réseau d'agent Kolat... Je suis allié au clan du Dragon, protégé par une de ses plus puissantes Daimyo. Rien ne m'effraye. Surtout pas un chemin tranquille comme celui-ci. Il n'y a que toi, moi et la douceur de la nuit approchante..."
"Ah? Je crois plutôt que nous sommes un peu plus... nombreux que cela. Bien que la nuit soit effectivement approchante, et prévisiblement douce."
Hida Koan fit un tour rapide de l'horizon. Effectivement, ils n'étaient pas, ou plus, seuls. De nombreuses créatures les entouraient. Elles ressemblaient un peu aux nezumis, bien que plus petites et plus trapues, le museau beaucoup plus court. Mais elles avaient toutes un regard incroyablement intelligent.
"Qu'est-ce donc que cela, ronin? As-tu réservé un numéro avec tes animaux savants? Tu penses leur faire faire quelques tours et puis me demander des applaudissements?"
"Ronin? Mais... Ah ah ah !! Cher Crabe, cette délicatesse tellement familière chez vous me fera toujours sourire. Non je ne suis pas un rônin, et ces animaux savants sont mes sujets."
"Sujet?"
"Oui effectivement. Bienvenu sur les terres du clan de la Marmotte. Je me présente, Marumoto, son Daimyo."
Hida Koan réalisa vite son erreur. Un tel manque de politesse la plus élémentaire face au Daimyo d'un clan même si mineur que celui de la Marmotte, sur ses terres et face à ses... "Sujets", voila qui ne promettait pas un avenir radieux. Voila qui ne promettait pas d'avenir du tout. Bah, après tout, la mort serait sûrement un soulagement. Il était hors de question qu'elle retourne là-bas, pas après ce qu'elle y avait vu...
"Vous semblez un peu perturbé, Hida-san." Marumoto arborait un léger sourire. "Je ne connais toujours pas la raison de votre venu sur mes terres. Peut-être accepteriez-vous de me raconter cela autour d'un frugal repas?"
Un bref coup d’œil de Koan sur les marmottes environnantes lui fit sentir qu'un non serait mal avisé, très mal avisé.
"Oui, avec plaisir, Marumoto-sama."
Le cortège avait un côté singulier. Deux personnes affiliées à ce qui semblait être l'Homo Sapiens Sapiens (non ce n'est pas du nezumi) marchait à la tête d'une procession de créatures trapues, velues et qui se chamaillaient sans cesse. Des marmottes. Des animaux peu courants à Rokugan, apparus il y avait deux cents ans, dont la principale occupation était... de dormir, ou du moins d'occuper une position horizontale, seul ou à plusieurs...
Le soleil n'était plus qu'un point rougeoyant dans le lointain, les étoiles apparaissaient dans le ciel, et Dame Hitomi cachait la majorité de son anatomie. Une agréable douceur flottait dans l'air, et le calme aurait régné, si une horde bruyante de rongeurs ne suivait pas Hida Koan et Marumoto sur le sentier menant à leurs tanières. Ces derniers marchaient avec un certain mutisme, l'un ne sachant pas quoi dire après sa bourde récente, l'autre attendant de voir la réaction du premier. Finalement, Marumoto se décida à rompre le silence :
"Il fait bon ce soir" dit-il, "c'est une agréable arrière saison..."
"Ouais" acquiesça Koan "Au fait pour tout à l’heure, j’me suis p’tétre un peu… emporté…"
"C'est pô grave mon gars, te bile pas!"
"Pardon?"
"Je voulais dire: ce n'est rien, vous êtes pardonné, je ne me suis de toute façon pas présenté, et mes habits sont plus habituellement portés par des ronins que par des daimyos de clan..."
"Oui c’est plutôt moche comme tenue, je vous croyais être un de ces faiseurs de trouble que je croise souvent sur mon chemin. Je ne m'attendais d'ailleurs pas à rencontrer un Daimyo sur cette route, Mosomabu-sama."
"C’est Marumoto…"
"Oh pardon, Mabutoto-sama."
"C’est Marum… Non, rien. Laissez tomber. En quoi consiste votre déplacement, Koan-san?"
"Ca ne vous regarde pas. "
"Ok Fait à ta sauce! J'disais ça pour causer!"
"Ouais."
"Il n'y a aucun problème. Vous pourrez m'en parler quand vous trouverez le moment venu."
"Nan."
"Euh… Hmm… Ah tiens, nous voila arrivé chez moi!"
Ils s'arrêtèrent devant une petite colline recouverte d'herbe. Il y avait quelque chose à sa base. C'était comme... une porte. Une petite porte légèrement arrondie. Elle s'ouvrit, découvrant ce qui pourrait être le croisement improbable entre une marmotte et un humain. Guère plus d'1m20, une tête ronde, un sourire jovial, et une pilosité abondante. Surtout sur ses pieds nus.
"Ah Marumoto, te v'la d'retour! Té! T'es pas seul, c'est qui l'gaillard à coté de tisote?"
"Bonsoir Harry! Je te présente Hida Koan, un samurai du clan du Crabe. Il est en.. Mission diplomatique chez nous, pour tout dire."
"Eh ben salutation mister! Faite comme chez vous, les toilettes sont au fond à droite, scusez l'dérangement, mais c'est euh.. l'inventaire!"
Hida Koan était perplexe.
"Et dans ma langue ca donne quoi ?"
"Il vous souhaite la bienvenue et vous invite à rentrer." Expliqua Marumoto.
"Dis au fait à propos de... Tu sais quoi, le marché de... l'herbe à chat... Je peux te causer en privé, deux minutes?" demanda Harry à Marumoto.
"Oui bien sur. Je vous laisse le temps de régler quelques détails, Koan-san. A tout de suite."
"Euh… Ouais."
Marumoto et Harry s'éloignèrent un peu.
Hida Koan était stupéfié par ce qu'il vivait à l'instant. Quel clan étonnant que celui de la Marmotte. De quelle race pouvait bien être cet Harry? On aurait dit une version miniature d'un homme... Une malformation peut-être... Koan fut interrompu dans ses pensés par une marmotte qui lui tirait le bras.
"Bonjour! Vous êtes nouveau dans l'coin?"
"Ouais. Je suis... Quoi?! Vous parlez? Vous savez parler?"
"Bah oui! En quoi cela vous étonne? Je n'ai pas eu de malformation à la naissance vous savez? Ni d'accident grave... Alors je sais parler, oui... Ca vous direz un petit sushi sur le pouce? Ils sont frais!"
"Vous parlez de cela? Mais ça bouge encore!"
"Bah vous voyez à quel point ils sont frais! Tenez je vous fais même un prix, vous n'allez pas refuser notre hospitalité tout de même? Vous avez p’tétre peur ?"
"PEUR? Je n’connais pas la peur! Filez m’en un."
Marumoto et Harry revenaient de leur discussion.
"Bon on dit donc 4 koku du kilo OK?"
"Oui c'est un prix plus que correct vu la qualité du produit."
ARRRGGGHHH
"Argh?"
"Argh?"
Marumoto et Harry acoururent. Hida Koan était étalé sur le sol, inanimé.
"Mais que c'est-il passé ici?" Demanda Marumoto.
"C'est la faute de TIrek j'me-tranche-la-patte!" lui répondit une des marmottes présentes. "Il lui a vendu un de ses sushi!"
"Oh non... Bon, il devrait s'en remettre... C'est un samurai du Crabe après tout... Enfin j'espère..."
Une île grise. Hida Koan était assis le long du rivage. Il ne portait pour tout vêtement qu'un long pagne en tissu, une légère brise soufflait, caressant ses cheveux détachés. Rien que l'océan et le ciel pour horizon. Avec juste un problème, le ciel était rouge et l'océan noir. Il n'avait qu'un vague souvenir de ce qui s'était passé avant qu'il n'atterrisse là. Un daimyo d'un clan mineur, des bestioles, un village... Puis après le trou noir. Et le voila sur un îlot désolé, dans un paysage de cauchemar.
Il se leva, bien décidé de trouver un moyen de partir d'ici. En se retournant, il vit un squelette vêtu d'une toge noir qui se tenait debout, juste à coté de lui. Il s'appuyait sur ce qui semblait être un gigantesque kama.
"Ah d'accord" se dit-il, "je suis en plein cœur de l'Outremonde... Mais qu'est-ce que je fous ici, habillé comme ça en plus?"
"VOUS N'ETES PAS DANS L'OUTREMONDE EN FAIT" lui dit le squelette.
"Vous savez lire dans les esprits?" lui demanda Koan "Qui êtes vous? Que m'est-il arrivé? Où suis-je à la fin?"
"VOUS AVEZ MANGE UN SUSHI... IL N'ETAIT PAS FRAIS... PAS FRAIS DU TOUT..."
"Aaahhh !! Oui c'est vrai! Cette raclure a bien faillit m'empoisonner!"
"EN FAIT ELLE A REUSSI..."
"Attendez que je la retrouve! Je vais lui apprendre ce qu'il en coûte de martyriser l'estomac d'un Crabe!"
"VOUS NE POURREZ PAS Y ALLER, VOUS ETES..."
"Pas y aller? Pas y aller? Tu vas voir si je ne peux pas y aller! Laisse moi passer, j'ai un compte à régler!"
"CE N'EST PAS POSSIBLE. VOUS..."
"Pas possible? T'as 3 secondes pour me laisser passer!"
"CA NE SERT A RIEN, V... "
"1... 2..."
"EUH... OU AVEZ-VOUS TROUVE CE TETSUBO?"
"3."
Le coup fut instantané. Hida Koan assomma La Mort sur le coin du crane.
Rokugan, les terres du clan de La Marmotte
"Il revient à lui!"
"Ca y est il se réveille!"
Hida Koan papillota des yeux quelques instants. Il se trouvait à l'intérieur de ce qui semblait être une grotte aménagée. Une odeur d'herbes aromatiques flottait dans l'air. Deux nombreux visages le regardaient, affichant diverses expressions, comme l'inquiétude pour Marumoto, le soulagement pour Harry, et la gêne pour une marmotte qui cherchait à retirer une des sandales de Koan.
"Arg... Mon estomac..."
"On a eu les boules j'te dis pas on te croyait canné raide comme le marbre !" dit Marumoto
"Quoi?" lui demanda Koan.
"Je disais, on a eu extrêmement peur pour vous Koan-san. Nous avons craint le pire."
"Ca va, ça va... J'ai connu plus violent que cette indigestion... enfin, à y réfléchir non, mais ça ira..."
Hida Koan se releva, Marumoto ordonna aux marmottes de se retirer afin de laisser Koan respirer.
"Vous auriez un peu de sake?" demanda ce dernier.
"Euh.. Non..." lui répondit Harry "Mais j'ai un p'tit alcool fait maison dont vous me direz des nouvelles..."
Harry partit chercher dans un renfoncement après une bouteille et des coupelles. Il remplit l'une d'elles et la tendit à Koan.
"Non, donnez-moi la bouteille plutôt."
"Vous êtes sur? C'est que c'est vraiment fort.."
Le regard de Koan était éloquent.
"Comme vous voudrez..." Harry lui tendit la bouteille. Koan la bu au goulot d'une traite.
"Pas mal. Pas mal du tout. Je me sens mieux."
Koan sortit, Marumoto et Harry sur ses talons.
"Tu veux pas te laisser comater dans un bon plumard, tu d'vrais laisser la machine se reposer Koan..."
"Pardon?" Koan avançait vers le centre du village, là où se trouvait une petite place et où discutait un groupe de marmotte.
"Je disais, ne voulez-vous pas vous reposer un peu afin d'améliorer sensiblement votre condition physique, afin de poursuivre votre chemin en pleine forme?"
"Je vais très bien. Ce qui ne va pas être le cas d'une marmotte dans quelques instants."
Koan arriva au centre de la place, mis ses mains façon porte-voix, et cria:
"Que la saleté qui m'a vendu le sushi vienne ici tout de suite!! Je lui laisse 10 secondes, après je fonce dans le tas!"
Le silence s'abattit sur la place. Les marmottes, malgré leur collection de défauts, étaient très solidaires. Aucune ne broncha.
"10... 9... 8..."
"Dis Marumoto" demanda Harry, qui s'était sensiblement éloigné de Koan avec son daimyo à ses cotés, "Il l'a trouvé où son tetsubo?"
"7... 6..."
"Je ne sais pas. Je ne m'étais jamais rendu compte qu'il était aussi grand, même pour un crabe."
"5... 4..."
"Tu as vu la gueule du tetsubo? Il est énorme!"
"3... 2..."
"Je n'avais pas non plus remarqué qu'il était aussi musclé d'ailleurs. Ca va être violent. Je paris qu'il en assomme au moins 20."
"1..."
"Paris tenu."
"HIDAAAAAAAAAA...."
Et le chaos fut.
Fiiooouuuuuu.....
"Je dirais bien 20 mètres là..."
"Oh, possible, p't être même 25 mètres. Joli vol plané en tout cas. On en est à combien là?"
"Si je compte bien... 19."
"Ha! Ha! Allez encore un peu et je gagne mon pari."
"Mouais... Il fatigue là... Il tiendra sûrement pas... Ils sont à deux cents contre un quand même..."
"On verra."
Marumoto et Harry était assis sur un tronc d'arbre couché, sirotant un cocktail maison (à base de jus d'orange, de violette et de saké doux.). Ils regardaient tranquillement le combat entre Hida Koan et une meute de marmottes déchaînées. Ces dernières utilisant de nombreux ustensiles pour tenter de frapper le Crabe, comme des branches d'arbres, des barres de métal ou d'autres marmottes, mais sans jamais réussir à l'assommer définitivement. Il semblait mut par une force inépuisable, jouant de son énorme tetsubo comme d'autres jouent de la trompette. Déjà 19 marmottes misent hors de combat. Fiiooouuuu... Non 20. Marumoto avait gagné son pari.
Une sombre grotte, ailleurs.
Il faisait humide. Très humide. Une méduse asthmatique aurait même sûrement trouvé ça trop humide. De nombreuses flaques s'étaient installées sur le sol pierreux. Mais l'une d'elles ne semblait pas à l'aise, car elle bougeait. Elle avançait plus précisément, et elle était rouge.
Un voile de sable s'était étendu sur le paysage environnant. Un calme presque surnaturel régnait sur une place qui fut pourtant le lieu récent d'une exquise violence. Des débris jonchaient le sol, branches rompues, lames brisées, canines arrachées. Seul un homme se tenait debout en son centre, appuyé sur un tetsubo d'une grandeur inhabituelle. Il était recouvert de multiples contusions, de profondes entailles. Son armure était presque entièrement défaite. Et le sang. Son corps en était recouvert, ses cheveux étaient emmêlés de ce sang qui se coagulait. Il avait pourtant un visage qui reflétait un calme étranger chez lui. Peut être à cause des muscles relâchés, des paupières abaissées, des mèches lui tombant sur le front. Autours de lui se trouvaient des corps. De très nombreux corps. Des animaux brisés, le regard vitreux, la gueule ouverte comme pour pousser un cri silencieux vers le ciel. Un spectacle d'effroi.
Et pourtant.
Et pourtant.
Tous respiraient. La mort aurait-il eu peur de prendre son du? Ou le destin avait-elle (1) d'autres projets pour ces êtres? Quelqu'en soit la raison, ils reverraient tous d'autres jours se lever.
Marumoto s'approcha doucement du corps d'Hida Koan, accompagné de Harry. Il s'était douté des capacités de ce samurai-là. Il avait déjà vu de nombreuses choses étonnantes de part le passé. Cependant il était perplexe. Comment un humain avait pu supporter l'assaut d'une cinquantaine de ses plus féroces guerriers? Quelle sorte de magie avait bien put faire son office? Qui était-il réellement? Son instinct lui soufflait qu'il pouvait lui faire confiance, et pourtant son esprit doutait.
"Il est mort?" lui demanda Harry, lui aussi chamboulé par les événements.
"Non, il respire toujours. Il doit être tombé dans un léger coma. Je sens aussi son énergie vitale. Mais elle semble si infime par rapport à ce quelle avait dégagé tout à l'heure... Je n'arrive toujours pas à croire à ce qui s'est passé..."
"Ce n'était pourtant au début qu'une simple bagarre... Je ne sais même plus pourquoi cela a mal tourné... Un jeu... Ca ne devait être qu'un jeu... Pourquoi ce massacre?"
"Comment vont-elles?" demanda Marumoto à une des marmottes guérisseuses qui s'affairaient à panser une autre marmotte dont la patte droite formait un angle bizarre.
"Elles sont salement amochées Maître. Il faudra du temps et beaucoup de soin pour qu'elles s'en remettent. Mais aucune n'est morte. Ca semble si improbable avec ce... avec cette furie..."
"Mais elles vivent toutes. C'est tout ce qui importe. Faites de votre mieux. Mettez en oeuvre tous les moyens nécessaires. Appelez aussi les shamans de Cholt, qu'ils viennent nous aider."
"Bien Maître." répondit la marmotte en reprenant ses soins.
"Et lui?" demanda Harry
"On l'amène chez moi. Bascule le vers moi, on va le porter ensemble."
"Je n'ai pas spécialement envie de le toucher... Encore moins de l'aider après ce qu'il a fait..."
"Tu obéis Harry compris? Ne me fait pas me répéter..."
"Bien, bien..."
Harry fit le tour de Koan, prit appui sur la pointe de ses pieds, et le poussa vers Marumoto.
"Hmmph... Qu'est ce qu'il est lourd! Ca va aller?"
"Oui répondit Marumoto, mais dépêche-toi! Attrape-le comme moi, sous le bras, on va le mettre sur ma couche."
Marumoto et Harry transportèrent le corps inanimé de Koan jusqu'à la demeure ancestrale du daimyo de la Marmotte. Cette dernière était une des rares habitations du clan à être entièrement au-dessus du sol, tout en gardant les fenêtres rondes et les murs massifs typiques du style de vie marmottien.
"Hmmph... Je pense... Heureusement que Tante Josette n'est pas là... Tu sais ce qu’il se serait passé si elle.."
"Oui mais elle n'est pas là" coupa sèchement Marumoto. "Elle a des choses plus importantes à faire en ce moment."
"hmm Oui c'est vrai. Mais si elle avait été là.."
"... Elle l'aurait tué pour ce qu'il a fait. Sans aucun doute."
"Et en quoi cela serait un problème? Tu as vu ce qu'il a fait? Qui te dit que cette rage ne le reprendra pas quand il sera remis? Et qu'est ce qui empêchera cette fois là qu'il y ait des morts?"
"Moi."
"Si tu le dis..."
Ils arrivèrent dans la chambre de Marumoto, et allongèrent tant bien que mal Koan sur le lit. La pièce était sobre d'aspect, sauf dans un coin où toute une sorte d'objets hétéroclites était entassée. Des reliques du passé du clan, souvenir de la Grande Migration. Marumoto n'avait pas gardé pour lui les plus importantes, ni même celles ayant hérités d'un peu de magie, les nemuranai étant conservés dans un lieu à l'abri d'éventuelles indiscrétions. Non, juste des objets chers à son cœur, liés à Marumoto par le passé et l'amertume.
"Bon et maintenant?" demanda Harry.
"Je vais faire ce que j'ai à faire. Laisse-moi."
"Je croyais qu'il ne fallait pas le tuer?"
"Ce n'est pas ce que tu crois. Laisse moi s'il te plait."
"Je serais dans la pièce à coté si tu as besoin de moi..."
Harry sortit. Marumoto s'approcha du corps de Koan. Il le regarda quelques instants, puis sortit de son obi un petit wakizashi. Et le sortit de son fourreau.
Quelque part sur les terres du clan du Dragon.
Partir. Elle le devait. Voila trop longtemps qu'elle n'avait plus eu de message de lui. Son ambassadeur lui avait appris la veille la nouvelle qu'elle redoutait. Il était partit. Personne ne semblait savoir pourquoi, ou ne voulait le dire. Elle se demandait si elle ne devait pas demander une audience auprès de Kuon, mais elle n'avait plus le temps pour ça. Elle devait le retrouver. Elle avait promis. Ses devoirs de daimyo attendraient.
(1) Si la mort est un mâle nécessaire, le destin est une femme bien capricieuse
Marumoto s'approcha du lit où reposait un Koan meurtri, épuisé, et sans défense. Le wakizashi dans la main droite, il se tenait debout face à l'homme qui avait blessé un grand nombre de ses compères, un trop grand nombre. Le visage pâle, l'expression ferme, Marumoto tendit la main vers le visage du samouraï, une lueur dans le regard qui laissait transpirer toute sa détermination. D'un geste vif et précis, il attrapa une pomme posée sur l'étagère au dessus du matelas, s'assis sur un tabouret adjacent, et commença à éplucher grossièrement le fruit avec son wakizashi.
Il resta près de 15 heures à veiller sur Koan, une marmotte ayant entre-temps soigné les blessures de ce dernier, et Harry apporté une jarre de Pschiiiit sans sucre. Le temps passa lentement, la nuit succédant au jour, et le jour reprenant ses droits quelques heures après. Koan ne bougeait pas, respirait lentement, son état laissait présager qu'il serait parfaitement rétablit de ce combat. Marumoto se prit à penser qu'il avait le sommeil d'une marmotte, et cela le fit sourire.
"Marumoto?"
"Oui Harry, qu'y a-t-il?"
"Tu penses rester encore longtemps ici?"
"Oui. J’attends son réveil. Que l'on puisse finir notre discussion sur ce qui l'amène ici. Je ne pense pas que cela prendra encore beaucoup de temps."
"Hmm... D'accord. Mais sache que j’entends de drôles de choses depuis l'incident sur la place. Beaucoup de marmottes ne comprennent pas pourquoi tu le laisses en vie, encore moins pourquoi tu le veilles comme tu le fais. Certaines veulent même le voir pendus. Les esprits s'échauffent, et tu devrais leur parler."
"Je le ferai, mais quand Koan se sera réveillé, et que nous aurons put mettre certaines choses au point. Calme-les, dit-leur que je leur expliquerais tout le moment venu. Et si ça ne suffit pas, rappelle-leur que je reste leur Daimyo, et qu'elles n'ont pas à contester mes choix."
"Ok, Marumoto ça sera fait. A tout à l'heure."
"Ah! Au fait Harry..." dit Marumoto alors que son plus fidèle ami allait quitter la pièce.
"Oui?"
"Merci."
Harry eu l'air un peu surpris, et resta quelques secondes figé, puis il sourit, et s'en alla.
Deux jours passèrent encore, Marumoto veillant toujours un Koan inconscient. Harry lui ramenait régulièrement de quoi se sustenter, et prenait le relais, le temps à Marumoto de se rafraîchir. Kyuden Marmotte reprenait son cours habituel, les marmottes vacant à leurs occupations quotidiennes. Harry avait eu une explication lors d'une grande réunion, et avait fini par convaincre les marmottes "dissidentes" que Marumoto avait eu raison d'agir de la sorte. De nombreuses marmottes, après avoir pu évacuer tout le stress des derniers jours, commençaient même par éprouver une certaine admiration, voir une certaine sympathie envers ce samurai, le seul ayant tenu fasse à un tel nombre d'assaillants. Elles apportaient des victuailles ou de petits présents pour le Crabe, et espéraient qu'il se réveillerait bientôt.
Le soir tombait, le moment que Marumoto préférait, ce moment où la température se fait douce, où l'agitation de la journée disparaît, et où commence "Y a que le Nutella qui compte!", l'émission favorite de toute marmotte respectable.
Marumoto faisait une partie de Go avec Harry, la cinquième de la journée, qui s'était pour l'instant soldée par 4 victoires du Daimyo.
"J'avance mon pion en diagonale sur D23." annonça Harry.
"Ah! Ah! Cela déclenche ma carte piége "La Succube de la Tour Sombre", qui séduit ton pion et l'envoie attaquer ton Tortank!"
"Ah non c'est pas vrai! Je viens de perdre encore 6 points de vie !! Il ne m'en reste plus qu'un seul... Allez il me faut absolument "Fiole de Nutella" !! SVP SVP !! Top Deck !!"
"Alors?"
"Pffff.... "Chaussettes de Troll...", ça va pas m'être utile... C'est bon tu as gagné.."
"Hé hé hé... Tu t'appelles Harry, pas Yugi, tu sais?"
"Ouais bon ça va..." répliqua un Harry quelque peu boudeur.
"Je l'ai eu?"
"Bah oui que tu m'as eu Marumoto! Tu le fais exprès d'en rajouter une couche?"
"Je ne t'ai rien dit Harry!"
"Alors... Je l'ai eu?" demanda Koan, le visage tourné vers les deux compères stupéfaits.
D'un seul et même cri, Marumoto et Harry poussèrent un subit "Ah!" d'étonnement. Harry ayant en plus la gentillesse de tomber à la renverse, sa pantoufle volant à travers la fenêtre (heureusement ouverte), qui s'écrasa sur la tête d'une marmotte (Bobby, 6° dan de Tilleulbunga) qui se retourna et cru que cette infamie fut l'oeuvre d'une autre marmotte (Sandy, 5° dan de Chocobunga). Bobby insulta Sandy, qui répliqua, qui fut de nouveau insulté, et qui répliqua de plus belle. Les marmottes des dojos Tilleulbunga et Chocobunga sortirent, et ce fut parti pour une nouvelle discussion animée sur la bienséance en société.
"Harry, tu pourrais fermer la fenêtre STP? On ne s'entend plus..." demanda Marumoto.
Harry se releva, et contourna le lit en direction de la fenêtre, tout en fixant Koan d'un regard abasourdit.
"Alors je l'ai eu?" demanda Koan, qui se mettait en position assise. "Je l'ai eu cette petite fouine qui a voulu me tuer avec son sushi?"
"Une marmotte, pas une fouine Koan." rétorqua Marumoto. "Mais oui effectivement vous l'avez bel et bien eu. Elle, plus une cinquantaine de cousins, de frères ou d'amis. Vous vous sentez bien?"
"A l'écoute de cette nouvelle beaucoup mieux. Ça fait longtemps que je dors?"
"Ah peu près trois jours."
"Quoi?! Trois jours?! Argh! Je suis à la bourre! Bon faut que je file !!"
Koan sauta en dehors du lit, passa en trombe face à Marumoto, et sorti en courant.
"Dis Marumoto..."
"Oui Harry?"
"Tu crois que l'on devrait lui dire qu'il est sorti tout nu?"
Ah oui au fait!"
Koan venait de rentrer dans la pièce, quelques minutes après en être sorti précipitamment. Toujours nu, mais avec un gros lapin blanc tenu par les oreilles lui cachant la nudité.
"Vous savez où se trouve mon armure?"
"Oui Koan" lui répondit Marumoto, un léger sourire sur les lèvres. "Sur le tabouret, à coté du lit."
"OK merci." Koan lança le lapin par la fenêtre, et ce dernier en profita en plaçant ses oreilles de manière horizontale pour faire un vol plané.
"Dis, tu as vu?" souffla Harry à l'oreille de Marumoto. "Son... Son... Ses..."
"Oui Harry? De quoi parles-tu?"
"Mais de son... truc tu vois?"
"Son tetsubo?"
"Euh... Ouais on peut dire ça! Il est enoÔorme!"
"Ouaip c'est pas trop mal."
"Pas trop mal? Pas trop Mal?! Mais ça lui arrive aux genoux! C'est l'homme trépied! Ca rendrait jaloux tout joueur de baseball qui se respecte!"
"Et toi tu es jaloux?"
"Quoi?! Mais non voyons! Euh... Je joue pas au baseball de toute façon..."
Koan venait de finir de mettre son armure lorsqu'une marmotte du TenguBunga déboula en trombe.
"Maître! Venez vite! C'est une catastrophe!"
"Que se passe-t-il?" demanda Marumoto.
"Oh encore des problèmes... On peut pas être cinq minutes tranquilles non?" ronchonna harry.
"Elle est de retour! Tante Josette est de retour! Et elle est au courant pour la grosse bagarre! Elle est furax!"
Marumoto se prit la tête dans les mains, Harry se jeta sous le lit, Koan se cura la narine droite. La marmotte repartie aussi, avec une valise dans chaque patte semble-t-il. Un calme surnaturel régnait dans la pièce, juste après le départ de la vile annonciatrice, mais on pouvait sentir comme de profondes vibrations venant du dehors. Koan s'attaqua à la narine gauche.
"Bon il faut filer Koan. Si elle te trouve s'en est fini de toi." affirma Marumoto
"Pourquoi ça? Il est hors de question que je file comme un sale brouillard. Et c'est qui cette Tante Josette?"
"On dit trouillard." reprit une petite voix sous le lit.
"C'est... notre sensei, pour ainsi dire. Elle est beaucoup plus forte que toi Koan, surtout dans ton état. Il faut partir."
"Nan."
"Comment ça nan? Tu devais partir de toute urgence de toute façon, tu étais tellement pressé que tu as filé complètement à poil!"
"Ouais mais j'aime pas que l'on me dise de filer comme un lâche. Alors je reste."
"GNIIIIIIII... Bon restons zen!"
Marumoto alla à une armoire sur sa droite, en ouvrit une des portes, sortit un pot rempli d'une pâte marron, y plongea le doigt et commença à ingurgiter la mixture.
"T'as un pot pour moi?" demanda la petite voix.
Marumoto prit un deuxième pot et le fit rouler sous le lit. Puis après s'être un peu calmer, se mit à réfléchir à une tactique qui, il l'espérait, sauverait la vie de cet âne bâté de Crabe.
"Bien, vu que tu ne souhaites plus partir pour le moment..." monologua Marumoto
"Nan."
"Oui je sais. Bon comme tu vas rester ici..." re-monologua Marumoto
"Oui."
"Gniiiiii.... Tais-toi je pense! Alors donc," encore re-monologua Marumoto " il va falloir que j'éloigne Tante Josette d'ici."
"On parle de moi?"
Marumoto s'arrêta net. Le lit eut un sursaut. Koan lui se demandait si la narine droite avait été correctement inspectée. A l'entrée de la pièce se trouvait une jeune fille rousse, avec de grands yeux verts, une longue tresse retombant sur l'épaule, et habillée d'une légère armure de cuir. Elle s'appuyait sur le chambranle, et avec aux fonds des yeux une lueur qui aurait fait frissonner les tentacules d'un Oni no Samarco.
"Je vais être claire et concise, Marumoto-SAMA." dit elle d'une voix à la fois douce et dure (oui, elle seule en est capable.), "Qui, comment et pourquoi ?"
"C'EST LUI !!" hurla une voix qui sortait du sommier, un bras tendu vers Koan.
"Depuis quand les lits ont la parole? Alors c'est donc toi espèce de... de... Hein? Koan? C'est toi Koan?"
Un plop cinglant permit à tout le monde de savoir que la narine gauche était désormais une terre stérile. Koan se retourne vers Tante Josette.
"Quoi... Josie? C'est bien toi Josie? Mouarf trop fort, qu'est-ce que tu fous ici?"
"C'est à moi de te dire ça! Rhaa ça fait du bien de te revoir, mon gros bourriquot !"
Tante Josette se jeta dans les bras de Koan. Marumoto se tenait à l'écart, les yeux exorbités, la bouche ouverte. Puis se ressaisit et ouvrit un nouveau pot de Nutella.
Flood Thunder - Koan jin'rai
Mille ans pour régner
L'éternité pour briller
Ma vie pour servir
