[Roleplay 5.4] Les fleurs de Kyuden Kakita...

[Seppun Kurohito]

"- Yasuyo sama, je vous présente les respects de ma famille. Je pensais avoir entraperçu les beautés de ce palais. J’en découvre une qui les éclipse toutes. »

La voix du shugenja résonna dans la salle, désormais presque vide.

La princesse de la famille Doji resta à distance respectable, et ne masqua que légèrement la surprise d'un salut aussi flatteur.

Cousine par le sang du Champion, Yasuyo avait toute la grâce des filles de Doji, mais une force palpable se dégageait de sa personne.
A son côté, chacun pouvait admirer Naishi, l'une des 5 épées légendaires forgées par Doji Yasurugi, à l'aube de l'Empire.
Kaneda pouvait sentir l'aura de puissance du nemuranai. De nombreuses rumeurs prétendaient que Dame Doji en personne était apparue à sa descendante, la chargeant d'une mystérieuse mission...
Elle avait déjà parcouru la moitié de l'Empire et n'était pas de ces frêles femmes destinées à vivre dans l'ombre d'un époux.

Sans se démonter aucunement, elle salua le jeune shugenja sans faire mine d'avoir entendu le compliment sur sa beauté.
"- Yogo-san... Ravi de vous rencontrer."

Mais déjà, un cortège de serviteurs et de demoiselles semblaient attendre que la princesse rejoigne le souverain et le seigneur Noritoshi... Sans attendre de réponse, elle rajouta :
"- Je suis certaine que vous découvrirez ici de nombreuses fleurs dont la beauté captera votre attention. La cour en est pleine...
Puissiez-vous vous chez nos chers cousins de la famille Kakita..."
Il y avait peut-être même un air de défiance dans sa voix. Avec un salut rapide, elle quitta la salle, suivie par un groupe de flagorneurs et leurs cortèges de murmures et de bruissements de soie.

Alors que le jeune shugenja regardait partir la jeune Doji, une courtisane ne suivit pas le groupe, demeurant en arrière, le regard posé sur le masque lisse de porcelaine.
Les cheveux artistiquement remontées en une coiffe sophistiqué, parsemés de broche de jade et de perles brillantes, elle portait ses cheveux noirs comme le jais et non teints comme nombre de ses soeurs de Clan.
Son visage maquillé avait la finesse de la Grue, mais ses yeux n'étaient guère du bleu azur coutumier, mais d'un vert aussi profond que l'émeraude. Si elle n'était pas d'une beauté à couper le souffle, elle émanait un pouvoir subtile. Le parfum capiteux rajoutait à cette impression de sensualité cachée.
Son large kimono bleu et or dépeignait une forêt de bambous sous un soleil ardent. Le obi, large et conforme au bienséance, était noué par un large noeud qui retombait derrière lui en une courte traîne.
Le mon de la famille Doji apparaissait sur les manches amples.

Assurément, la courtisane était de la noblesse de la Grue. Ses manières étaient exquises, parfaites, bien qu'elles manquaient de la timide retenue demandée généralement aux femmes de la cour.

Refermant son large éventail de papier, elle salua courtoisement le Scorpion, un sourire confiant aux lèvres. Sa voix, douce et courtoise, témoignait d'une haute éducation.

"- Vous devez être Yogo Kaneda... Je suis heureuse que nous nous croisions enfin. Je suis Doji Michiko, parente et dame d'atour de la Dame Kakita Mai-donô. Voudriez-vous faire quelques pas en ma compagnie ?"...

A quelques pas, une jeune fille certainement issue d'une famille modeste de samurai, restait hors de portée de voix, mais ne s'éloignait jamais de Michiko.
Elle devait sans doute lui servir de kogoto ("chaperon")...

[Seppun Kurohito]

"- Vous devez être Yogo Kaneda... Je suis heureuse que nous nous croisions enfin. Je suis Doji Michiko, parente et dame d'atour de la Dame Kakita Mai-donô. Voudriez-vous faire quelques pas en ma compagnie ?"

Le shugenja salua la courtisane, laissant un reflet éclairer un instant le lisse masque de porcelaine.
"- Tout le plaisir est pour moi Michiko-sama, soyez-en sûre. Je vous suis bien volontiers. Je n'aurai pu espérer plus grâcieuse hôtesse pour traverser les Jardins Merveilleux de votre Clan."

A la différence de la dame Yasuyo, Michiko reçut le compliment avec un radieux sourire, et ils partirent côte à côte, à pas lents. La demoiselle d'honneur suivait de près tout en gardant la tête baissée, mais sa paleur trahissait une certaine tension, ou du moins de la fatigue.

Doji Michiko ouvrit son éventail sitôt passée les larges arcades et l'écarta en signe de présentation du magnifique spectacle qui s'offrait à eux. Le bruit de la canne du shugenja s'arrêta un instant, alors qu'il admirait les déploiements de couleurs, de senteurs et de sons que dégageaient les vastes espaces verts.
Au loin, la cour atteignait déjà le grand lac et semblait s'être arrêtée.

Avec une voix chantante, Doji Michiko désignait quelques endroits notables au fil de leur traversée, mais aucun signe sur le masque pâle ne montrait vers où se porter l'attentionde Kaneda.
Arrivée au milieu d'une large bosquet traversé par un sinueux ruisseau argenté, la dame de la Grue ralentit un instant, jetant discrètement un regard vers un banc en chêne ouvragé qui profitait de l'ombrage d'un haut cyprés.

Prenant cela comme un signe, le shugenja prit la parole, soucieux de faire figure d'hôte agréable.
"- Peut-être voulez-vous vous reposer un instant, Madame ?"

A ces mots, la jeune kogoto leva les yeux, alors que Michiko cachait les siens derrière l'élégant éventail de papier. Bien que sa posture indiquait une certaine gêne, Michiko reprit la parole d'une voix qui trahissait un évident amusement.
"- Je vous remercie pour votre sollicitude, Kaneda-sama, mais je ne pense pas que ces lieux soient propices à une halte. Nous ne devons pas être en retard..."
Il sembla à Kaneda qu'elle fuyait le regard de son chaperon.

Sans réellement comprendre le jeu de la demoiselle, le jeune Yogo haussa les épaules et invita la dame à reprendre le chemin.
Toutes ces politesses de cour étaient si encombrantes parfois...

La fin du trajet fut plus rapide, et Michiko garda un air affable tout du long. Un léger sourire se devinait néanmoins sur ses lèvres peintes. Arrivés près du lac, Michiko et Kaneda furent salués par un petit groupe de courtisans restés en arrière du cortège et attendant leur tour pour traverser le Pont aux Dragons.
La courtisane présenta Kaneda à quelques samurai de la famille Kakita de moindre importance qui la traitait avec grand égard. Puis, le remerciant, elle rejoignit les dames, laissant Kaneda seul pour emprunter le pont.

Ce faisant, alors qu'il s'éloignait, le Scorpion put encore entendre la silencieuse kogoto de Doji Michiko finir de converser avec quelques membres de la petite noblesse, sur un ton empreint de gravité.

"...lui a même proposé un halte dans la Clairière des Amants..."

Déjà, le cérémonial du déjeuner commençait.