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par Hida Matsuura » 04 janv. 2004, 21:11
J'avais dit à Mirumoto Hijiko-san, il y a quelques mois, que son idée de concours pour les Fortunes Perdues m'avait soufflé un Défi / Focus / Frappe, qui s'était finalement transformé en petit scénario. Je viens de le retrouver en farfouillant dans mes données...
Note : il est nécessaire de posséder "Mimura" pour que le travail soit pré-maché. Sinon, il vous faudra pondre tout un village en détails (fonctions, PNJ, bâtisses, politique, intrigues, etc.) pour le jouer...
Les Geôles du Vent
Introduction
Shiro no Kyokai est une forteresse du clan du Crabe sise à la frontière nord des terres du clan. Cela fait plusieurs étés que les troupes du clan du Crabe sont en guerre locale contre celles d’une forteresse Scorpion situées plus au nord, pour la possession d’une parcelle de terrain sans réelle importance stratégique, située dans la zone franche entre les deux clans. Il y a un certain temps déjà que les réelles raisons d’un tel conflit ont été étouffées par le prétexte pragmatique de l’honneur bafoué. Mais récemment, un membre haut placé de la famille Miya héraut de l’Empereur, a rendu visite aux partis en présence, et a ordonné la paix. Il a fait muter certains dirigeants militaires un peu trop vindicatifs, et a « suggéré » que la bande de terre en question soit gérée conjointement par les deux clans, et que cette collaboration soir scellée par un mariage. Le climat politique est tel qu’il n’est vraiment pas le moment d’encourir la réprobation de l’Empereur. En conséquence, les deux clans ont fait un effort remarquable : le clan du Scorpion marie la fille d’un daimyo très en vue (et pourquoi pas la seconde fille d’un daimyo de famille ?). Le clan du Crabe, pour sa part, ne peut pas se permettre de marier un homme d’aussi noble extraction. C’est pourquoi il offre, en guise de dot, une statuette de jade représentant Jurojin, la Fortune de la Longévité. C’est un don inestimable, et au delà de sa seule valeur matérielle, l’on prête à cette statuette certaines vertus : elle apporterait chance et prospérité sur le long terme aux personnes qui s’en montrent dignes. Cet artefact est sous la garde jalouse de la famille Hida depuis toujours. Autant dire que le héraut Miya doit avoir des relations très bien placées.
Le ver dans le kaki…
Ou plutôt les deux vers. Yasuki Kisuragamo et Soshi Chotomi sont deux samouraï à la tête d’un important réseau commercial. Ces sont ces deux personnes qui fournissent aux belligérants la nourriture, ainsi que le matériel et les infrastructures nécessaires à l’état de guerre. Même s’ils vendent à leur propre clans à un tarif préférentiel, inutile de préciser qu’ils dégagent un large bénéfice. En d’autres termes, ce conflit est leur poule aux œufs d’or, et ils n’ont aucune envie de le voir s’arrêter. L ont donc élaboré un plan somme toute assez simple : ils ont chargé deux de leurs âmes damnées, un shugenja et un ronin, de voler la fameuse statuette. Le clan du Crabe, incapable d’honorer ses engagements, perdra la face, et fera par la même occasion une insulte mortelle au clan du Scorpion. Ce dernier, s’il ne veut pas perdre la face à son tour, devra demander des comptes à son tour, et l’issue du problème sera immanquablement la reprise des conflits.
Quelques jours avant le scénario…
Le clan du Crabe a fait escorter la statuette de Jurojin jusqu’à Shiro no Kyokai par une caravane Yasuki très bien protégée, et le voyage s’est déroulé sans encombre. Dans le même temps, à la forteresse, Hiruma Tomotori se présente furieux devant son daimyo. Il vient d’apprendre que son propre frère, un incapable notoire selon lui, vient d’obtenir grâce à un jeu de faveurs le poste de conseiller financier auprès du couple de futurs jeunes mariés. Ne pouvant davantage tenir sa langue, le jeune et fougueux bushi dit clairement ce qu’il pense de son frère devant le daimyo et son entourage. Choqué, on lui demande de retirer ses paroles, ce qu’il refuse. Le ton monte, jusqu’à l’inévitable dénouement : Tomotori est déchu de son nom de famille, et il est chassé des terres seigneuriales pour son impudence. Sa situation va entraîner plusieurs conséquences importantes pour ce scénario.
La nuit la plus longue
Cette nuit-là, grâce aux pouvoirs du shugenja, Shosuro Shinyo et Okoto, les deux exécuteurs des basses œuvres des dirigeants de réseaux commerciaux (vous me suivez, là ?), pénètrent dans la forteresse Crabe, et dérobent la statuette de jade. Le hasard veut qu’ils tombent nez à nez avec le jeune Tomotori, revenu malgré l’exil pour s’enfuir avec la jeune femme qu’il aime, une servante heimin du château. En l’espace d’un instant, comprenant la situation, il est frappé d’un éclair de loyauté, et dégaine pour mettre hors de combat les deux voleurs. Il réussit à leur arracher la statuette, mais l’arrivée de la garde, alertée par le bruit, met fin à l’altercation. Les deux voleurs s’esquivent en toute discrétion grâce au shugenja, et Tomotori, paniqué, s’enfuit avec la statuette sans trop réfléchir à ce qu’il fait. L’un des gardes a le malheur de le reconnaître au cours de sa fuite, et il ne doit son salut qu’à une très bonne connaissance des lieux. Aux aurores le lendemain, un groupe mené par un magistrat du clan du Crabe se lance à la poursuite du « deux-fois traître » qui a dérobé la statuette : ce sont les PJ…
La piste verte
Les deux malandrins sont très rapidement entrés en contact avec leurs employeurs, qui voient dans cette affaire de bonnes et de mauvaises nouvelles : d’abord, l’apparition ex nihilo d’un bouc-émissaire parfait. Par contre, il peut être maladroit de lui abandonner la statuette quand on peut récupérer un tel objet. Les deux dirigeants commerciaux tiennent à ne rien laisser au hasard, et à entrer malgré tout en possession de l’objet du vol. Les deux malandrins se lancent donc à corps perdu à la poursuite de Tomotori. Les talents de pisteur exceptionnels du ronin sont très utiles pour retrouver sa trace et gagner sur lui. De son côté, Tomotori se refuse désormais à abandonner la statuette de jade à qui que ce soit, de peur qu’elle ne soit pas en sécurité. Il fait route vers Mimura, un village où sa bien-aimée et lui-même comptaient s’établir , situé dans la zone franche entre les terres du clan du Crabe et celui du Scorpion. Il l’atteint après deux jours soutenus à dos de poney. Impulsif, il a fait route jusqu’ici sans réellement réfléchir, mais comme il connaît bien les lieux (il y a passé une partie de son enfance), il compte bien faire en sorte que ses poursuivants perdent sa trace dans ce milieu urbain. Ces derniers, arrivés environ deux ou trois heures après lui de manière discrète, se servent des pouvoirs du shugenja pour vérifier qu’il n’a pas quitté la zone, et en concluent (avec raison) qu’il passera au moins la nuit ici. Il ont alors l’idée d’un stratagème pour l’empêcher de repartir, et refermer un piège autour de lui : en fin de journée et au cours de la nuit, ils usent de poisons et de prières pour faire tomber malades une dizaine de personnes prises au hasard, et pour en faire mourir deux. Les rumeurs les plus folles ne mettent pas longtemps à courir… Les PJ arrivent à Mimura au cours de cette nuit, traquant Tomotori. Les deux voleurs n’y peuvent rien faire pour empêcher leur présence, mais elle risque de leur poser certains soucis. Au petit matin, les deux malandrins mettent en scène leur arrivée en ville, déguisés et grimés. Il se font passer pour un magistrat d’Emeraude et son yoriki, et déclarent gravement qu’une mystérieuse épidémie a commencé à ravager le village. Pour cette raison, Mimura est placée en quarantaine jusqu’à nouvel ordre, et même le Seigneur local ne peut rien contre un tel ordre.
La crise de la quarantaine
Reportez-vous aux renseignements et aux PNJ du livret sur Mimura pour tirer les conséquences d’une telle isolation. Ceci devrait donner lieu à quantité d’intrigues secondaires qui devraient dynamiser et densifier ce scénario. Voici également quelques événements qui pourront rythmer la partie.
- Régulièrement, de nouvelles personnes tombent malades. Pour info, les moyens utilisés sont d’ordre à la fois naturel (poisons) et magique (prières), ce qui risque de compliquer l’enquête des PJ. S’ils ne découvrent pas rapidement le pot aux roses, les responsables n’hésiteront pas à faire mourir deux ou trois personnes supplémentaires dans les heures et les jours à venir pour plus de vraisemblance. Et, qui sait, l’un des PJ pourrait bien être le suivant… Les symptômes devront être divers et variés, allant de la classique diarrhée jusqu’aux fièvres en passant par des crises de panique et des délires en tous genres.
- Le « Magistrat d’Emeraude et son yoriki » agissent de nuit, après un quelconque couvre-feu qu’ils instaurent pour avoir les coudées franches. Ils fouillent le village sans ménagement, et font ce qu’ils jugent nécessaire pour retrouve la trace de la statuette. Leur attitude pourra attirer le doute et la méfiance.
- Une nuit, une jeune femme essaie de pénétrer dans le village en quarantaine. Il s’agit de Mikoto, la servante heimin amoureuse de Tomotori qui, très inquiète et incapable d’en supporter davantage, s’est enfuie de Shiro no Kyokai pour rejoindre Tomotori à leur point de rendez-vous. Si elle est capturée, elle restera muette comme une tombe, tant par amour que par loyauté envers lui.
- Les PJ recevront régulièrement des haïkus pour dénoncer les agissements du « magistrat d’Emeraude ». Tomotori veut les mettre sur la piste, mais sans pour autant trop en dire, pour ne pas s’impliquer, et sans se nommer, car son avis serait alors caduc, et de nouvelles recherches plus intensives seraient alors ordonnées.
- Les privations et autres restrictions en tous genres ordonnées par le Magistrat d’Emeraude » et les inquiétudes posées par l’épidémie vont pousser les paysans et les heimins à bout, tant et si bien qu’une petite révolte éclatera au bout de quelque temps. Au cours d’une échauffourée, les deux malandrins vont être pris à partie par les révoltés. Il sera intéressant de savoir pour qui les PJ vont prendre parti, sachant que certaines lois ordonnées par leurs « geôliers » sont véritablement injustes…
Au final, Shosuro Shinyo et Okoto ont vu au fil des heures la situation leur échapper, et une quarantaine qui ne devait être qu’une mascarade de quelques heures s’enterre et devient un problème qu’ils ne maîtrisent plus. Ils n’arrivent à localiser ni Tomotori, très à l’aide dans un milieu familier, et aidé et caché par certains des villageois, ni la statuette, très bien dissimulée. Il est probable qu’ils chercheront à fuir après quelques jours, si leur supercherie n’est pas découverte avant.
Matsuura, bushi qui devrait tenir ses idées davantage à jour...