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par Pénombre » 31 juil. 2006, 09:27
à cause du pétrole et pas parce que les USA en ont besoin
parce que ça permettrait à certaines nations du coin de devenir plus influentes.
rappelez vous, pour les moins jeunes, l'époque de "en france on a pas de pétrole, on a des idées" ou l'OPEP était presque assimilé à Satan parce que c'était forcément toujours leur faute le prix du pétrole.
et puis, petit à petit, on a découvert que l'argent de l'OPEP était en quasi-totalité entreposé dans des banques occidentales...
et que le prix du baril de brut et le prix de la même quantité à la pompe, ben c'était lié à des gens sans rapport avec l'OPEP
et que l'OPEP c'est censé être une association entre nations, ce qui n'arrange pas toujours les affaires des entreprises du secteur pétrolier
accessoirement, la fameuse crise pétrolière de 73, c'était un boycott des pays occidentaux soutenant Israél lors de la guerre du Kippour par l'OPEP. Pas une crise pétrolière du tout en fait, une sanction économique comme les USA en ont imposé de manière aussi unilatérale à pas mal de gens (Cuba en tête).
au fait, l'OPEP, c'est qui :
- Arabie Saoudite
- Iran
- Irak
- Koweit
- Venezuela
ce sont les membres fondateurs qui ont été rejoints par :
- Qatar
- Indonésie
- Lybie
- Emirats Arabes Unis
- Algérie
- Nigéria
- Equateur (qui n'en fait plus partie)
- le Gabon (idem)
c'est curieux, mais depuis 1960 (la fondation de l'OPEP), la majorité de ces noms ont été mentionnés dans diverses choses comme des coups d'état, des guerres, des dictatures... actuellement, les relations entre les USA et des pays comme la Lybie ou l'Iran, voire le Venezuela n'ont rien de bien réjouissant. Les Emirats Arabes et l'Arabie Saoudite qui ont souvent courtisé les occidentaux soufflent de plus en plus le chaud et le froid et on a fait courir beaucoup de rumeurs en tous genres sur eux lors de (deuxième) guerre contre l'irak.
dans les études en sciences politiques, c'est devenu un lieu commun de dire que le soutien des USA à la naissance d'Israél et par la suite est lié à plusieurs facteurs dont l'intéret d'avoir sur place un allié puissant. Avant que certains n'y voient (c'est de l'humour sur la Voix...) une nouvelle manifestation du complot juif mondial, rappelons quand même que même si Israél possède via certains lobbyes américains une belle influence sur la politique extérieure des USA, cette nation est en même temps privée de réel allié dans sa région du monde et totalement dépendante du soutien américain. Le fameux "miracle israélien" n'a jamais visé autre chose que de tenter de réduire cette dépendance en musclant l'économie nationale. Même les autres partenaires des USA dans le coin (comme l'Arabie Saoudite) soufflent en deux tons envers Israél, reconnaissant du bout des lèvres leur droit à exister sans froisser dans le même temps les palestiniens qui sont les véritable dupes de cette affaire. Les USA et Israél, à moins d'un changement radical en ce qui concerne la palestine, se sont condamnés eux-mêmes à continuer dans la voie de ces 60 dernières années.
Les américains (et Israél) doivent également compter avec la Lybie qui a l'art et la manière de se redorer le blason alors que Kadhafi a longtemps été le démon numéro 1 des occidentaux, un homme sur lequel on a écrit bien plus de choses que sur Saddam et sur Ben Laden. Mais un homme qui sait tenir les réseaux qu'il contrôle et qui sait comment tirer le meilleur parti possible des concessions qu'il doit nous faire.
Khadafi est une personnalité controversée, à la fois un tyran et un héros aux yeux des peuples du coin, une sorte de dictateur au sens grec du terme question image. Et il a bien voulu ouvrir aux capitaux étrangers nombre de secteurs économiques de son pays. C'est pas forcément le type à avoir dans le collimateur mais en même temps, plus on réduit l'influence de ses voisins et/ou alliés, plus on l'isole. Des nations de poids comparables n'ont pas de leaders aussi charismatiques dans la région, donc, il représente encore (à 64 ans ce qui reste jeune en politique) un facteur de risque : un homme qui pourrait aider à l'émergence effective de cette fameuse "pan-arabie" dont on parle depuis 80 ans, une pan-arabie qui serait à la fois riche en pétrole mais aussi fortement inclinée question religion (pas au point ou les occidentaux veulent bien le dire mais en tous cas avec plus d'accointances envers l'islam que le christianisme, et ne parlons pas de judaisme...).
donc, bien que ce spectre soit la plupart du temps un chiffon qu'on agite pour faire peur, il y a la crainte à Washington et ailleurs que tôt ou tard, les pays de l'OPEP installés dans la région se trouvent plus de raisons de s'allier effectivement que d'entretenir leurs vieilles rivalités. Jusqu'à présent, les querelles d'ordre religieux et l'influence des puissances occidentales ainsi que les divergences sur la question palestinienne ont toujours pu empécher ça. Quitte à ce qu'on file un coup de main. Hors de toute considération humanitaire ou historique, la fondation d'Israél a été aussi un moyen de se donner un allié dans la place, de focaliser par moments l'attention et de retarder autant que possible la naissance de cette union potentielle.
parce que si la moitié des pays producteurs de pétrole au monde se mettaient d'accord pour autre chose que le poids du baril de brut, y a pas mal de choses sur le continent africain et au moyen-orient qui risqueraient de changer. Pas forcément en "mieux" mais en tous cas pas forcément dans l'intéret des USA.
contrôler le pétrole, c'est pas seulement un objectif économique, c'est aussi empécher que des gens avec des velléités d'autonomie puissent disposer de cette même richesse collective sans qu'on regarde par dessus leur épaule comme on le fait actuellement.