De rien, Tsu
Plus sérieusement, je vois sur facebook se constituer un groupe de gens indignés par cette mesure, et ce qui me dérange, c'est qu'on y balance les noms (et profils FB) des gérants de la société incriminée. Avec des qualificatifs comme "inique" ou "compère" et que dans l'historique des posts, on trouve quelques petits malins pour proposer du spamming, du mail-bombing et j'en passe.
Je sais pas très bien si déposer une marque et déposer un "nom commun" relèvent de la même chose. Ni si la justice en l'occurrence ira dans le sens du plaignant. On peut très bien avoir un cas d'arroseur arrosé au final.
En tout état de cause, ça n'est pas la création d'un groupe sur facebook ou une pétition qui pourraient influencer une décision de justice qui n'est pas encore rendue. Et qui concerne uniquement le fait de considérer, ou pas, que l'usage d'un terme reproché à une association entre dans le cadre de la loi.
Quand le texte d'une pétition est le suivant :
MurderParty est un nom usuel et centenaire dans la communauté du jeu de simulation. Il ne peut faire l'objet d'un dépôt de marque
Il me semble totalement hors de propos vis à vis de plusieurs critères :
1 - d'abord, Murder Party est aussi un nom utilisé dans divers autres domaines, y compris une marque déposée dans plusieurs cas (un nom de film, aussi). Il reste à prouver que l'activité d'une association dans un cadre non lucratif et non commercial est compatible avec l'usage d'une marque dans un cadre commercial. C'est une affaire de juristes et d'avocats, évidemment.
2 - dans le domaine du jeu de simulation, l'usage de ce terme n'est
pas forcément centenaire. Aussi loin que je sois remonté dans le passé, j'en arrive aux années 1950. Cela peut invalider l'argument en tant que tel, par inexactitude.
3 - la "communauté du jeu de simulation" n'a aucune valeur officielle, ou juridique. Elle n'existe pas. On peut parler d'individus partageant l'usage d'un terme (ce sont des personnes physiques), d'associations et de structures, même (d'autant qu'elles existent en tant que personnes morales) mais la "communauté" dans son ensemble, je doute qu'elle soit juridiquement reconnue.
4 - les arguments mis en exergue dans les points 1 à 3 ne permettent en aucun cas de justifier le propos "il ne peut faire l'objet d'un dépot de marque" qui est une opinion, sans aucune valeur juridique en l'occurrence.
5 - la plainte déposée contre Carte Blanche cible une association. Il aurait donc été approprié de a) dénoncer le caractère non-fondé de la dite plainte au regard de l'activité de l'association et b) élargir au delà du cas particulier pour évoquer la pertinence même de la démarche de dépot de marque, en rapport avec a)
Alors, à titre perso, je trouve que cette pétition a toutes les chances de faire plouf parce qu'elle s'adresse à des juristes sans faire aucunement référence à des arguments juridiques sur lesquels ils pourraient s'appuyer pour dire que les pétitionnaires ont raison d'attirer leur attention sur le problème.
- soit elle cible l'INPI, qui jugera de toute manière de la conformité légale ou pas du dépot de marque et n'ira pas chercher plus loin. De fait, l'INPI attendra de toute manière que le jugement en cours soit rendu. Je ne vois rien dans le texte de la pétition qui inciterait l'INPI à en tenir compte.
- soit elle cible le tribunal, qui jugera de l'affaire Carte Blanche. Il pourra ou pas prendre en considération la pétition mais risquera de toute manière de la traiter comme hors de propos et la zappera aussi sec, vu son caractère nébuleux.
Par contre, dans l'intervalle, on aura assisté à des règlements de compte, on aura nommément mis des individus au pilori autour d'un litige commercial et provoqué la constitution d'un groupe de lobbying aux visées vraiment opaques, vu que son seul moyen d'action actuel (la pétition) n'a pas un contenu très clair au regard de ses objectifs affichés (notamment le contenu de sa page facebook).
Alors je me demande si tout ça résulte de l'énervement, d'une maladresse de profane, ou de visées un peu plus roublardes exploitant les bons sentiments - pas forcément illégitimes - du public.
Et je n'ai aucun moyen de trancher.
Et je n'ai aucunement l'intention de le faire. Pas avant de savoir quelle décision de justice aura été prise et de savoir, par rapport à elle, quelle forme d'action ciblée visant à dénoncer un cas précis de dépot de marque peut avoir lieu. Et avec quelles perspectives de succès.