Hier sortait le second volet de
Twilight : Tentation.
Je vous avait dit que ma fille était fan (ma femme aussi d'ailleurs). Bref on lui avait promis qu'on irait le voir le jour de sa sortie. Ce qui fut donc le cas. Hier ma fille a eu le droit de "faire comme les grands" c'est à dire aller au ciné un soir de semaine (elle avait eu pour mission de faire ses devoirs parfaitement dans la journée).
Donc j'ai vu ce second opus des aventures de Bella. Qui ressemble bcp au premier d'ailleurs. Attention je spoile sans vergogne dans ce qui suit.
Question scénar' on a quand même un quasi copié-collé du précédent opus. Dans le premier Bella débarquait, un peu paumée, et se laissait séduire par un type trop mystérieux qui se révélera être un vampire. Là Bella se fait larguer par le vampire en question (sous le prétexte 100 fois usé du "je t'aime tellement qu'il faut que je te quitte pour te protéger, je souffre, tu souffre, mais c'est mieux ainsi mon amour") et se retrouve donc en dépression et après les 4 mois de vacance sentimentale réglementaire va se laisser séduire par un type trop mystérieux qui se révélera être un loup-garou. Comme avec le précédent, ça fonctionnera sur le mode du je t'aime mais je ne peux pas rester avec toi, mais si, mais non, mais si etc. Comme avec le vampire, elle découvrira ainsi les moeurs de ces loup-garous et s'apercevra qu'ils sont plutôt cool et gentil en fait et que même que la "famille" du gars elle est trop sympa mais que quand même c'est pas évident comme vie etc. Comme d'hab' aussi il n'y aura finalement qu'une relation platonique avec force plans serrés sur les corps des deux tourtereaux, souffles courts, lèvres à 2,5 cm les unes des autres, yeux dans les yeux et désiromètre qui explose le plafond en gerbes d'hormones... et reste frustré d'absence de passage à l'acte. Même pas un baiser...
Bref si vous avez aimé l'ambiance et la rythme du premier vous retrouverez vos marques vite fait. On change juste de gaillard, de style. Après le ténébreux, blafard, grunge, gothique, intellectuel, urbain on passe au flamboyant, bronzé, super musclé, sportif, proche de la nature et habile de ses mains. De là à dire qu'on nous sort coup sur coup les deux archétypes du mec qu'on a trop envie de se faire quand on est une fille au lycée il y a un pas que je franchi allègrement.
Et c'est là qu'on voit que c'est un film de nana. Non pas par son style un peu mièvre, fleur bleu etc... Rien à voir, c'est le cas mais c'est pas forcément des stéréotypes féminins ça (moi j'aime bien le genre d'ailleurs). Nan juste basiquement parce que c'est construit comme un fantasme de fille. C'est bourré de mecs musclés qui passent leur vie à poil et sont tous séduits à divers degrés par l'héroïne. Par rapport au premier il n'y a quasiment plus d'autre présence féminine d'ailleurs. Et les autres filles ne sont jamais des rivales. C'est un monde sans concurrente, où quasi tous les mecs sont attirés par la fille, soit vulgairement comme le débile à la moto (scène qui finit d'ailleurs un peu trop "facilement" à mon goût), soit maladroitement comme le blondinet, soit juste en passant comme ça avec un petite remarque comme les copains de Jacob soit, et c'est quand même le propos du film, dans une extase romantique absolue avec les deux archétypes de perfection masculine adulescente qui se battent pour elle.
Bah oui le premier point un peu nouveau ici par rapport au précédent c'est le triangle amoureux. Mais là aussi on est dans une sorte de perfection fantasmagorique. Le premier amour, stéréotype 1, se barre, comme ça la miss peut tenter de voir si avec stéréotype 2, ça passe mieux. Les mecs sont tellement généreux, tellement parfaits, qu'ils laissent Bella vivre son évolution sentimentale sans vraiment la brusquer, sans s'imposer, sinon juste pour lui rappeler à quel point ils sont amoureux d'elle, prêt à franchir toutes les lignes, à briser toutes les règles (celle des Volturi pour Edward, celle de la tribu des Quileutes pour Jacob), voir à mourir par amour. Bref deux gars parfaits, qui donnent toujours la primauté à la prise en compte des sentiments de celle qu'ils aiment jusque dans leur duel pour la conquérir. Certains dialogues ne dépareilleraient pas dans un bouquin de la collection Arlequin de ce point de vue. Même si globalement ça se tient très bien quand même, dès lors qu'on a accepté le postulat de base qui était qu'on est donc dans un pur fantasme féminin. Non que toutes les filles fantasment là dessus, de même que tous les mecs de rêvent pas de gang bang avec des porn stars lassives, mais disons que, quand on écoutait les réactions dans la salle, il était manifeste que ça marchait pas mal. On a même - attention spoiler total sur ce coup : c'est la dernière scène - la demande en mariage réglementairement super romantique avec allusion à l'éternité (d'autant plus vrai vu qu'on parle vampire). Et là il y a eu un soupir généralisé tellement évident et puissant dans toute la salle que ma fille m'a demandé "pourquoi elle font toutes ça les filles ?". Ce n'est donc pas que mon imagination
Bon, à part ça, on continue de développer l'univers et là on est dans les clous des histoires de vampire. On va découvrir les Quileutes qui sont donc des loups garous, ennemis héréditaires des vampires. Ils se présentent même comme les protecteurs des humains contre les buveurs de sang. C'est ancré dans les traditions chamaniques indiennes avec rite de passage (symbolique des rites de passage par les terres de chasse etc...). Ils ont tout le temps chaud, et donc se baladent torse poil et abdo sur-développés à l'air à longueur de temps. ils sont un poil susceptibles et se mettent facilement en colère en se transformant en gros loups. Leur forme transformée est celle de loups gigantesques (de la taille d'un poney en gros) et apparemment c'est à volonté ou sous le coup de la colère et non pas en fonction de la lune (pas d'allusion aux cycles lunaires ici).
De l'autre coté vu que la famille d'Edward c'est plutôt les vampires cool (le pendant végétarien des humains chez les vampires quoi), on nous présente les "anciens", les "premiers" vampires, gardiens de la tradition et des lois, dont la principale, sinon l'unique de fait est le secret. Conserver le secret de leur existence. Les Volturi donc sont à l'image des princes marchands italiens : décadents et raffinés, bref tels qu'on se représente des vieux vampires habituellement. Rien de neuf sous le soleil. Ils ont même récupéré l'idée du "vampire petite fille" comme dans entretien avec un vampire. Ils ne sont guère caractérisés finalement, ils font la loi, punissent (tuent) ceux qui s'en détournent, se font quelques orgies de sang frais à l'occasion, recrutent des humains pour maintenir les rangs, et vivent dans des décors imitant (mal) l'Italie de la renaissance et pis voilà. Ca permet juste de revenir un peu aussi sur les "pouvoirs" des vampires, visiblement chacun a un pouvoir propre : sentir les émotions, lire les pensés, susciter des émotions, lire l'avenir etc... Pas inintéressant mais rien de bien original tout ça.
Question réal', rythme, on reste dans le style du précédent avec un sentiment de torpeur, de langueur permanente. C'est toutefois un peu moins vrai que dans le premier, cette fois il y a un peu plus d'action, de baston ou autres trucs qui accélèrent le rythme. Quelques éléments drôles mais peu. Faut aimer ce côté un peu contemplatif, centré sur les émotions d'un personnage. Moi j'aime bien donc je ne me suis pas du tout ennuyé. Mais j'imagine qu'il y a moyen de se faire chier comme un rat mort si on est pas très fan du style.
Visuellement c'est toujours dans la lignée du précédent, des couleurs froides, une lumière claire, mais filtrée par les arbres. Le seul moment qui tranche vraiment, où il y a de la couleur c'est lors du passage chez les Volturis. Pas désagréable à nouveau.
Les sfx sont réussis. Les gros loups sont, la plupart du temps, très crédibles y compris dans les gros plans. Les émotions y sont, les mouvements sont plutôt pas mal reproduis. C'est bien fait, on y croit. Les combats, les scènes d'action, sont assez dynamiques, lisibles, entrainantes.
Le jeu d'acteur colle parfaitement au thème (romance pour fille), donc si on aime le thème on aimera les jeux d'acteurs. Paroles chuchotées, tirades romantiques, questionnement existentiel etc. C'est assez bien foutu je trouve. Pas trop de fausses notes, donc c'est plaisant.
Bref, c'est un film, plus encore que le premier, vraiment très "typé". C'est pas vraiment du grand public, au sens "il en faut pour tous les goûts", c'est un film qui segmente, assume son thème principal et met tout en oeuvre pour le servir. Ca se passe dans un univers classique, sans inventivité particulière, mais qui est honnêtement traité et décrit.
Moi j'ai bien aimé. Les filles de la salle ont visiblement plus qu'aimé pour la plupart et je pense même que certaines ont eu des orgasmes à répétition pdt la projection. Il faut bien avouer que le Jacob, peut être plus encore que le Edouard, est un pur fantasme sur pattes.
J'ai bien conscience de généraliser abusivement quand je parle des "filles" en général mais bon...