Kõjiro a écrit :Pour le coup, j'ai eu un peu le même genre de réaction que JBeuh. J'ai un poil plus de recul d'ailleurs vu que c'est la septième année où j'enseigne à la fac et globalement j'ai exactement les mêmes impressions pour le moment : lacunes parfois surprenantes* en "français" (que ce soit l'ortho ou la grammaire mais même la syntaxe avec des phrases vraiment mal gaulées) mais des compétences accrues dans d'autres domaines, notamment les NTIC. Après sur les facultés de raisonnement, la capacité à apprendre et comprendre ma matière (qui n'est pas une matière facile d'approche ni qui a bonne réputation) franchement en 7 ans je n'ai pas de "baisse" de niveau. Ni de hausse. J'ai des oscillations autour d'un niveau moyen avec des hauts et des bas selon les années. Si je compare avec mes souvenirs (flous mais pas trop) de "moi au même niveau d'étude apprenant la même matière" je pense qu'ils n'ont pas spécialement à rougir. Ni moi.
* Ca me surprend parce qu'il me semble qu'à mon "époque" pourtant pas si lointaine on faisait effectivement plus d'effort de ce point de vue. Ou bien on était meilleurs parce qu'on avait peut être plus bossé ce sujet, ou qu'il y était accordé une plus grande attention, ou autre. Franchement j'en sais trop rien. Je sais par contre que ce n'est pas spécifique aux étudiants. Dans mon taf je reçois énormément de mails bourrés de fautes, de compte rendu de réunion avec des fautes. Rien qu'hier, j'ai un collègue de l'insee qui m'a envoyé un mail avec le classique "un espèce de" suivi d'un nom masculin. De même quand mes étudiants me rendent leurs devoirs je corrige un peu les fautes d'otho ou de conjugaison mais surtout je leur file des conseils de formulation. Je ne sais pas si tout le monde fait de même ou bien se concentre sur le fond uniquement, parce que "c'est le plus important et que la capacité à rédiger correctement s'acquièrera plus tard en pratiquant" (discours que j'ai entendu plusieurs fois). Ce qui n'est pas forcément idiot non plus d'ailleurs. Dans un temps limité, faut il consolider les fondamentaux les plus importants quitte à négliger certains aspects ou bien faut investir tous les sujets quitte à n'en approfondir aucun correctement ? Pas évident comme choix.
A mon sens, le souci de "ça s'arrangera avec la pratique", c'est que si tu pratiques mal tout seul et que personne ne te reprend, ben ta pratique ne s'améliore pas forcément d'elle-même. C'est même plutôt rare et pas spécifique à l'écriture. Je sais, aussi, que ça n'est pas à des enseignants du supérieur de se lancer dans le réapprentissage de l'écrit par les étudiants, hein, comprenons nous bien. Mais si les enseignants à ce stade ne le font pas, malheureusement, il n'y a personne d'autre pour le faire à part l'étudiant lui-même. Et si on ne le pousse pas à la roue, faut pas non plus s'attendre à ce qu'il mène tout seul de front à la fois ses études et un "réapprentissage scolaire" partiel.
Perso, je suis pas un féroce partisan du respect de la langue française, qui pour tout dire me fait sérieusement ch... dans toutes ses lubies d'accentuation, de conjugaison, d'exception et d'accords qui ne s'accordent que quand on ne sait pas se mettre d'accord sur pourquoi ils le font. Je pense qu'on pourrait avoir une langue tout aussi riche sans forcément se trimballer des ç, des ë, des ù, des â et j'en passe, par exemples.
Il est quand même regrettable qu'à l'écrit on se retrouve déjà depuis un moment de fait dans la situation suivante :
- une petite minorité de gens qui sont encore illettrés, car oui, il y en a.
- une grosse proportion de gens ki mètrise male le fransai alors que c'est la langue maternelle de leur famille depuis des générations
- une proportion de gens assez réduite mais encore conséquente qui arrivent à s'exprimer de manière lisible, voire joliment tournée, même s'ils sont à la ramasse sur pas mal de ces foutues règles qui sont pour la plupart aussi pertinentes que les détails les plus ardus du code napoléonien.
- une petite minorité de champions qui peuvent se faire plaisir à rivaliser en matière de maîtrise de la langue écrite (je parle de maîtrise des règles, pas d'art, hein) et qui le reste du temps sont de fait ghettoisés par une majorité qui soit arrive seulement à les lire, soit ne les comprend même pas.