sourceL'action des ministres bientôt soumise à une évaluation a écrit :Par Fabien NOVIAL AFP
PARIS (AFP) - Dans une démarche très inhabituelle, chaque ministre sera évalué dans son action selon une grille de critères chiffrés, ce qui pourrait les obliger à redoubler d'efforts pour ne pas faire les frais d'un éventuel remaniement.
Construction de logements sociaux, nombre de brevets déposés ou encore accueil des élèves handicapés: les 15 ministres ainsi que le Haut commissaire aux Solidarités actives Martin Hirsch devront régulièrement "rendre des comptes" à François Fillon, qui les recevra individuellement prochainement.
"La politique est un domaine comme les autres, qui doit rendre des comptes à nos concitoyens", a ainsi affirmé jeudi le porte-parole du gouvernement Laurent Wauquiez, en présentant cette nouveauté à la presse. Selon lui, cette démarche a trois objectifs: pouvoir "ajuster le tir", "rendre des comptes sur ce qui change concrètement" et "évaluer chaque ministre".
Les "tableaux de bord" pour chaque ministère ont été établis avec l'aide d'un cabinet privé en stratégie, Mars & Co. Mais ce dernier a terminé son travail, et ne participe pas à l'évaluation, a-t-on précisé à Matignon.
La démarche a été entamée il y a quatre mois, selon M. Wauquiez, mais sa philosophie n'est pas neuve puisque depuis le projet de loi de finances 2006, chacune des "missions" du gouvernement est assortie d'objectifs et indicateurs, souvent chiffrés, détaillés dans les annexes au projet de loi de finances.
Contacté jeudi, Bercy confirme avoir reçu une trentaine d'indicateurs, comme l'indice des prix dans la grande distribution.
Le ministère de l'Education cite parmi les critères retenus à son égard le "nombre d'heures supplémentaires réalisées par les enseignants", "l'accueil des élèves handicapés" ou encore la "progression de l'assouplissement de la carte scolaire".
"C'est une grande nouveauté. Ces indicateurs sont dans la droite ligne de la feuille de route" envoyée au ministre de l'Education Xavier Darcos début juillet, note le ministère. "Ca ne nous fait pas peur, au contraire. Ca permet d'évaluer l'action, de mettre en oeuvre ce qu'on nous demande de mettre en oeuvre", a-t-on commenté dans l'entourage du ministre.
La ministre de la Culture Christine Albanel sera jugée sur l'"évolution de la fréquentation totale des lieux culturels" et celle de "la fréquentation des musées quand ils sont gratuits", selon une source proche de Matignon.
Quant à Brice Hortefeux, ministre de l'Immigration, il sera notamment évalué suivant le "nombre d'étrangers admis au titre de l'immigration de travail".
Parmi d'autres critères retenus pour d'autres ministères, une source gouvernementale cite le "taux de consultation ne donnant pas lieu à une prescription de médicaments" pour la Santé, le nombre de brevets déposés pour la Recherche ou le "nombre de dossiers de surendettements" pour le Haut commissaire aux Solidarités actives.
L'action de la Chancellerie est évaluée notamment sur le taux d'application de la loi sur la récidive ou sur le nombre d'aménagements de peine, d'après une source judiciaire.
"Je ne savais pas que j'allais être évaluée, je l'ai appris à la sortie du conseil" des ministres, a commenté Christine Boutin, ministre du Logement et de la Ville. "Que tous les hommes et les femmes qui cherchent à se loger puissent le faire le plus rapidement possible, c'est le critère principal que je me donne pour m'évaluer moi-même", a-t-elle ajouté.
Aurélie Filippetti, députée de Moselle, porte-parole du groupe PS à l'Assemblée nationale, a jugé cette initiative "grotesque" et "dangereuse, parce que la politique n'est pas affaire de chiffre, de quotas et de rendement".
Une réaction :
sourceBenoît Hamon juge pitoyable le système d'évaluation des ministres a écrit :PARIS (AFP) - L'eurodéputé socialiste Benoît Hamon a jugé "pitoyable" vendredi le système d'évaluation des ministres annoncé la veille par le gouvernement, estimant que "le meilleur baromètre" de leur action, ce sont les élections.
"Les politiques sont évalués, à la différence des grands managers, aux élections", a déclaré M. Hamon sur LCI. "On verra aux prochaines élections municipales, c'est le meilleur baromètre".
"C'est assez grotesque objectivement", a-t-il poursuivi.
"Et c'est surtout pitoyable quand on sait que M. (Brice) Hortefeux va être jugé sur le nombre de personnes qu'il aura raccompagnées à la frontière, avec l'arbitraire que ça signifie (...). Je trouve ça objectivement pathétique", a-t-il dit.
"Quelque part, ce gouvernement et surtout le président de la République, j'ai le sentiment que ce n'est plus tout à fait la France", a ajouté M. Hamon.
Et sur l'endroit ou sont placés les déportés quantifiés :
[quote="Dans les centres de rétention, une ambiance "carcérale""]LE MONDE | 03.01.08 | 17h45 • Mis à jour le 03.01.08 | 17h45
Le mouvement de protestation qui a agité les centres de rétention de la région parisienne semble marquer le pas. Mais la tension y est toujours palpable. Voici dix jours que plusieurs dizaines d'étrangers sans papiers ont commencé une grève de la faim et remis sur le devant de la scène le sort de ces centaines d'hommes et de femmes en instance de reconduite à la frontière.
Le 20 décembre, les étrangers du centre du Mesnil-Amelot, situé au bout des pistes de l'aéroport de Roissy, avaient rédigé un cahier de doléances dénonçant leurs conditions de vie. Arrestations "arbitraires", conditions de rétention "indignes", fouilles "humiliantes", comptages de nuit répétés, manque d'hygiène, les auteurs criaient leur colère d'être "traités comme du bétail" (Le Monde du 29 décembre). Pour appuyer leurs revendications, les résidents commençaient une grève de la faim. Une semaine plus tard, c'était au tour des étrangers maintenus au centre de Vincennes de se lancer dans la contestation en refusant de réintégrer leur chambre en pleine nuit.
Ces coups d'éclat se sont amplifiés depuis 2004, année de la mise en oeuvre de la loi Sarkozy sur l'immigration qui a, notamment, allongé les délais de rétention. La réforme a permis de multiplier par six le délai maximum - de 5 à 32 jours - pendant lequel un étranger sans papiers interpellé et en attente d'une reconduite à la frontière peut être gardé dans ces centres fermés.
Mille huit cents places fin 2007 contre 700 en 2002 : les chiffres de la rétention montrent l'ampleur du phénomène. L'objectif est de pouvoir garder les sans-papiers le temps que les autorités obtiennent le laissez-passer des consulats étrangers et mettent en oeuvre l'expulsion.
Ce durcissement de la politique d'immigration s'est accompagné, pour les préfectures, d'objectifs chiffrés en matière d'interpellation et de reconduite. Le seuil à atteindre est ainsi passé de 10 000 éloignements en 2002 à 25 000 en 2007. Un niveau que le ministère de l'intérieur a du mal à réaliser : Brice Hortefeux avouait, le 25 décembre, que ses services étaient parvenus à organiser 21 000 reconduites à la frontière d'étrangers en situation irrégulière.
PROMISCUITÉ ET DÉSHUMANISATION
Cette pression sur les préfectures a un effet sur les centres de rétention, qui ont vu affluer les sans-papiers depuis trois mois. Les associations de défense des étrangers ont constaté un accroissement des situations humaines difficiles : travailleurs installés clandestinement depuis des années en France, familles avec enfants en bas âge, malades...
La politique de construction du ministère de l'intérieur, qui a privilégié la création de grosses structures - Le Mesnil-Amelot compte 140 places, celui de Vincennes deux fois 140 - a aussi aggravé les conditions de vie dans les centres : la promiscuité et la déshumanisation sont plus propices aux tensions et aux incidents. "Si les conditions matérielles se sont améliorées avec le plan de modernisation mis en place par le gouvernement, l'ambiance s'est dégradée du fait du caractère de plus en plus carcéral de la rétention", assure Laurent Giovannoni, secrétaire général de la Cimade. Le constat est partagé par David Assouline, qui effectuait une visite à Vincennes, mercredi 2 janvier : "On sent une tension qui s'accroît avec la politique de chiffre du ministère", assure le sénateur PS de Paris.
Sylvia Zappi
Article paru dans l'édition du 04.01.08[/quote]
