100 minutes - la Compil

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Modérateurs : Magistrats de Jade, Historiens de la Shinri

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Kõjiro
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Message par Kõjiro » 23 nov. 2007, 10:13

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"Les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée. Trop de citoyens veulent la civilisation au rabais" - Henry Morgenthau, remettant son rapport sur l'utilisation abusive des paradis fiscaux par les contribuables au président Roosevelt en 1937.

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Pénombre
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Message par Pénombre » 04 déc. 2007, 11:39

La télé, en moins de 100 minutes.

Il y a bientôt dix ans, un concours de circonstances et un manque d'intérêt fondamental pour la chose ont fait que j'ai cessé regarder la télé. En bref, j'avais pas la possibilité de la recevoir sans beaucoup de bricolage et aucune envie de m'y mettre. A part quelques documentaires et séries télé, j'avais déjà la pénible impression de ne pas rater grand-chose.
Et puis, dans l'intervalle, j'avais enfin pu avoir une connection internet. La génération montante, qui vit dans l'instantané, ne peut pas comprendre l'époque lointaine ou l'on surfait sur des modems 33600 et ou l'on était tarifé à la minute, ce qui nous poussait tous à nous connecter après 22h00 et avant 7h00 du mat. (Enfin, d'essayer… parce que le créneau 21h50/22h30, c'était un peu l'embouteillage…). Tout ça pour dire que ça prenait beaucoup de temps et que malgré tout (et malgré le fait que le net était encore peu développé à l'époque), j'avais quand même l'impression de ne pas autant perdre ce dit temps que vautré devant ma téloche.
Et puis vinrent d'autres trucs un peu anodins comme le mp3, Napster et les premiers sites ou l'on hébergeait des scans en jpeg et en pdf d'ouvrages en tous genres. Ensuite… ben on s'est tous retrouvés célèbres de manière anonyme quand on a participé devant nos claviers à la plus grande opération mondiale de distribution de contrefaçons de l'histoire de l'humanité. Je me sens fier sur ce coup là, vous pouvez pas comprendre… c'est quand même quelque chose de passer plus souvent à la télé que les gars qui gagnent des milliards en trafiquant de la came ou en piochant dans les caisses publiques. Quand je pense aux khmers rouges qui sont restés anonymement aussi célèbres que moi en génocidant un tiers de la population de leur pays alors que j'arrive tout juste à tuer un cafard sans avoir de remords sur la conscience, je trouve que question rapport "moyens employés/buzz obtenu", ça le fait, hein…

Les années ont passées, fort heureusement pas uniquement devant mon moniteur d'ordi (j'ai quand même acheté une psone, une ps2 et un lecteur de dvd pour que la télé arrête de me narguer toute seule dans son coin…). Je me suis rendu compte que dans mon entourage et au boulot, ça faisait drôle de rester sur le bas côté de la route pendant que tout le monde parlait de trucs ou de gens dont j'ignorais tout. Enfin, presque tout. Parce que bien évidemment, impossible de passer devant un kioske à journeaux ou une caisse de supermarché sans voir un tas de couv' de magazines vous parler des galipettes de machine ou des déboires de bidule.
J'avais en fait l'impression un peu paradoxale de voir et d'entendre plus de choses concernant la télé qu'à l'époque ou je la regardais.
Surtout, il se dégageait de tout cela une impression du genre "tu vois, tu as bien fait" qui avait le mérite de flatter les chevilles d'un égo surdimensionné. Naif que j'étais, je me demandais si je ne me prenais peut-être pas un peu trop pour le nombril du monde… ayant déjà oublié que les gens passant à la télé que je ne regardais plus pouvaient à eux seuls donner des leçons en la matière à l'ensemble de l'espèce humaine. Même mettant aussi dans la balance l'Omniprésident qui n'a absolument rien inventé ni apporté dans ce domaine. Même pas au niveau quantitatif.

Goebbels, qui fort heureusement est né trop tot et malheureusement mort bien trop tard, aurait pu faire un tas de choses s'il avait eu la télé à sa disposition mais le petit Nicolas n'arrive pas susciter autant de cette sombre magie pernicieuse qui embrigade les peuples dans des causes idiotes à coups de phrases creuses alors qu'il a bien plus de moyens à sa disposition et a le mérite de n'avoir pas encore révélé au monde que la France compte prendre le contrôle de la planète. Et pourtant, un certain nombre d'interventions dans des pince-fesses internationaux auraient du mettre la puce à l'oreille de certaines personnes… pauvres fous, vous rigolerez moins quand nous déferlerons sur vos ranchs texans et qu'on ira étendre notre linge sur la grande muraille de Chine.

Mais même à ce niveau là, ça ne fait pas aussi crédible que si c'était le Grand Kim qui depuis son morceau de Corée avait défié le monde entier. Du haut de ses trois millions de sujets affamés et endoctrinés, dans un combat homérique à environ un contre 2000 et avec deux pétards nucléaires au rabais contre assez de neutrons pour transformer toute la planète en enseigne lumineuse galactique pour le prochain million d'années. Kim, ça aurait été un affrontement titanesque qui aurait fait passer 300 pour une aimable nombrilographie hollywoodienne et non comme un "hommage" aux délires marginalement rétrogrades de nos illustres Anciens. Des gens qui avaient au moins le mérite à l'époque, et sans télé, de savoir parfois prendre avec un peu d'humour les excès regrettables dus aux overdoses de testostérone. On a perdu beaucoup de choses depuis, notamment un certain sens de l'autodérision. Et c'est pas le petit Nicolas et ses amis de la télé qui pourraient égaler un tel souffle épique. Les bastons des banlieues encouragées en sous-marin par la tendance moralisatrice-apocalyptique de la néo-droite decomplexée, pour un grand pays comme le notre, ça fait pitoyable. Ca serait même comique si ça ne témoignait pas du fait que personne n'a rien voulu résoudre depuis un certain mois de novembre 2005 parce que le clientélisme politique racoleur, c'est bien plus porteur…

Il est vrai qu'il est plus facile de suivre le cours de la rivière, comme dirait mon ami Lao-Tseu. Quand on vit dans la télé, de la télé et par la télé, il est plus aisé de se gargariser en public de ses quarante ans d'audience plus ou moins imposés au téléspectateur qui n'a rien à faire de ses dimanche après-midi… à part peut-être éteindre le poste et jouer à WoW ou tenter de faire mieux avec ses voisins qu'aux Sims.
Il est plus aisé aussi de se trémousser aux disques de diamant pour vendre son dernier tube, qui deux fois sur trois s'avère être un mauvais remake d'un truc sorti soit la semaine dernière, soit au siècle dernier (et qui souvent était devenu culte à l'époque parce qu'il était déjà mauvais à la base…). Mais quand on l'aura vu et entendu 418978978484 fois en six semaines, forcément, on trouvera ça bien. Nos amis du défunt KGB qui eux aussi ont lu 1984 avaient largement expérimenté là-dessus et nous avons hérité d'eux une recette télévisuelle toute simple: le subliminal marche peut-être bien, le surliminal par indigestion forcée marche certainement mieux.

En dehors de ça, la télévision est aussi un outil culturel et distrayant. J'en conviens d'autant mieux que par la force des choses et l'évolution des offres internet, j'ai fini il y a deux mois par m'y remettre. Les quatre premières semaines, avec le bouquet intégral, ça a été assez amusant. Surtout de voir que sur cinq chaines différentes, j'ai eu droit au même reportage en l'espace de deux jours. Ensuite, étant sur Orange, je suis donc retombé en bouquet réduit. Cette formule géniale ou vous avez une palette de chaines même pas rangées dans l'ordre (c'est-à-dire intercalées avec les chaines auxquelles vous n'avez pas droit…) et d'autres par bouquet payant. Je suis assez sceptique envers mes contemporains qui sont en mesure d'accepter de payer 9 euro par mois pour avoir soit des films, soit des documentaires, soit des séries mais pas un panaché des trois à la fois.
Surtout quand on sait que bon, ça ne coute pas plus cher ni à diffuser, ni à recevoir que si vous ne prenez rien.

Pardon ? quelqu'un dans le fond de la salle me dit que c'est du racket… parlez plus fort, monsieur. Ah, vous avez Free et vous avez donc un bouquet intégral. Oui, on m'en a parlé. Je vais vous citer mon voisin du dessous à ce propos, vu qu'il est chez Free aussi.
"Le bouquet intégral, je l'ai eu. Ca fait onze semaines que personne chez Free est foutu de m'expliquer pourquoi je n'ai plus rien du tout et j'en suis à ma troisième freebox". Donc, monsieur, je crois que vous pouvez vous rasseoir. On est pas sur le même banc de nage mais on est bien dans la même galère. Je vous épargne la version intégrale de mon voisin, ça mériterait juste de passer à la télé vu le niveau de vulgarité dont il a fait preuve.

Mais bon, gratuitement, j'ai quand même droit à CNN qui ne parle que de l'actualité de l'autre côté de l'atlantique sur 95% de son temps d'antenne. Et des chaines chinoises. C'est génial de payer pour des chaines francophones et d'avoir gratos des chaines chinoises qui ne parlent que de ce qui se passe en chine, en chinois sous-titré chinois… quelqu'un a pris la peine de dire aux ploucs qui ont trouvé ça génial que la plupart des asiatiques en France étaient aussi chinois que Marco Polo ? On leur a communiqué les effectifs des classes ou le chinois est étudié ? Je sais que le péril jaune après 25 ans de galère est de retour en bonne forme dans les consciences mais bon, nos grand-parents qui vivaient pourtant à une époque moins civilisée parait-il, on leur faisait pas ingurgiter la radio allemande sous prétexte que nos voisins teutons risqueraient un jour de nous envahir… d'ailleurs, c'est ce qu'ils ont fait au passage et ils étaient bien plus empressés d'apprendre la langue de Molière pour parler aux filles de Paris que d'écouter les classiques germains anonnés avec l'accent de Marseille ou de Toulouse…

Sinon, la télé, c'est plutôt le désert en fait. Surtout le soir. Soit il n'y a rien sauf si on aime le football et les séries françaises qui tentent de perpétuer le succès de Navarro ou celui de trucs US assez minables mais en plus nul, soit on a trois films potables d'un coup aux mêmes heures et ensuite, plus rien pendant dix jours. Quand on est vraiment verni, on a pas de football mais du rugby. Y parait que c'est beaucoup plus noble comme sport et surtout, il parait que c'est pas encore totalement corrompu par la logique de l'audimat. Donc, on va se dépécher d'exploiter le filon avant que ça change.

Restent les documentaires. J'avoue que oui, j'aime bien les documentaires mais pas forcément tout le temps. En particulier, je n'aime pas le documentaire d'actualité brulante, surtout quand il concerne certains coins de notre beau pays. Ca ressemble à des morceaux de reportage caméra au poing matinés de commentaires et d'apartés repris d'on ne sait où, voire d'un autre reportage. Avec la crédibilité d'une émission de téléréalité. Sauf que dans la téléréalité, on fait ses choux gras en arrosant les participants au passage pour les remercier de s'être rendus ridicules (ce que certains font d'autant plus volontairement que sans ça ils resteront des anonymes, ou le redeviendront après une éphémère tentative de sortir du néant ou se termina leur carrière d'il y a dix ans…). Dans l'actu-docu par contre, on ne rétribue personne. On vous prend des morceaux de vrais gens, avec leurs vérités à eux et on en fait une espèce de brouet pas forcément soucieux d'authenticité et certainement aussi impartial que je le suis en général, c'est-à-dire pas du tout pour ceux qui auraient un doute. Sauf que moi, je suis pas payé pour vous infliger ma mauvaise foi. Et c'est bien dommage…

L'actualité elle-même… alors là, parlons en. Jamais, mais alors jamais, je n'ai vu des gens agir aussi ouvertement pour jouer les moralisateurs sauce faux dévots qu'à la télé. Il y a quelques années, on reprochait aux médias d'avoir joué les autruches à propos du cancer d'un certain Mitterand F. qui comptait pourtant peu d'amis politiques dans le petit monde de la télé.
Maintenant, ce risque est tout à fait écarté. C'est à celui qui fera le plus la lèche mais se justifiera en se permettant quelques écarts pour la forme. Comme les bouffons d'antan. Vous savez, ces gens qui étaient rétribués par le trône et n'ont jamais aidé ou contribué à renverser personne.
Les vrais critiques du système, ils restaient à la rue ou dans les basses fosses à l'époque des rois. Maintenant, les vrais journalistes, ils vont au Darfour ou ils se recyclent dans le documentaire mais ils ne présentent pas l'actualité. D'ailleurs, on ne voit plus depuis très très très très longtemps de journaliste aux journaux télévisés. Ce qu'on voit, ce sont des présentateurs qui nous dispensent une bonne parole déjà préformatée et à laquelle ils ont le droit d'ajouter une petite touche personnelle convenue. Avant, on avait des femmes comme Denise Fabre qui annonçaient la suite du programme et on appelait ça des speakerines. Maintenant, on a des clientélistes en costard qui présentent la suite du JT et on appelle ça des "journalistes"… Quand ils lasseront ou se lasseront, ils se mettront à faire des émissions littéraires ou ils iront montrer leur âge péniblement ravalé sur les plages de Cannes et jouer les quincas fleur bleue. En attendant d'ouvrir un restau pour inviter Johnny à bouffer, d'écrire un roman historico-romantico-autobiographique et deux ou trois trucs du genre qui montrent qu'il n'y a pas que les hommes politiques qui savent vivre sur leurs rentes.

Quand on a vraiment de la chance, on voit un envoyé spécial. Il a cent vingt secondes pour vous montrer ce qu'on veut bien lui laisser vous montrer. Quand on parle de Washington, il a les quartiers comme il faut derrière lui. Quand c'est Mogadiscio, il ne vous dit pas que pour ces deux minutes, soit il est resté à l'hôtel sans oser sortir, soit il a risqué sa vie pour une information que ceux qui le payent ne veulent que parce que sinon ce sont les concurrents qui l'auront. Il a un peu plus de latitude que le gars qui le présente chez nous, probablement parce qu'il est loin. De toute manière, bibi le gars du JT lissera derrière tout ce qui aurait pu dépasser.
A toutes fins utiles, s'il n'a rien à dire qui convienne, on lui fera lire le script dicté par Paris. En cas de guerre, on peut aussi envoyer un peu plus de monde, pour le maquiller un peu et changer les carreaux de la fenètre de sa suite de luxe le temps du tournage, juste pour faire style "j'étais sous les bombes lors de la deuxième guerre en Irak".
Sinon, ben éventuellement il peut quand même essayer de faire son boulot correctement, hein. Il a le droit. On attendra juste qu'il se fasse enlever ou dézinguer pour en faire un martyr et là, on montrera des trucs à lui que trois mois plus tôt on aurait préféré qu'il les jette. On parlera beaucoup de lui, ce qui est bien, mais pas du tout ou presque des gens dont il voulait parler, ces gens qui continuent à crever mais qui ne sont tolérables qu'en doses homéopathiques à la télé. Comme la mauvaise conscience au sein de l'église catholique pendant l'holocauste…

Ou alors, il peut aussi montrer la vérité mais surtout, surtout ne pas faire de commentaire.
C'est tendance maintenant sur certaines chaines télé à la fin du journal : on te montre un mouvement de foule, une baston ou une manif qui dégénère et personne te dit pourquoi. Quand tu vois 400 femmes en sari se filer des coups de baguette ou se tirer les cheveux dans la rue en Inde, est ce que c'est un règlement de comptes ? une cérémonie religieuse bizarre ? les prémices d'une épuration ethnique encadrée par la police ? un carnaval local ou un spectacle de rue ? On le saura jamais. C'est juste 400 bonnes femmes qui se mettent sur la tronche… et on t'a laissé quatre minutes devant l'écran avec elles à ne rien comprendre.
Et quand tu vois des gars un peu plus par chez nous avec des jeans et des foulards balancer des trucs sur des gars avec des matraques et des casques qui leur cognent dessus, est ce qu'on te dit qui a commencé ? ce qu'ils faisaient là ou même si ça avait lieu à Marseille, Amsterdam ou Berlin ? Non. On te montre juste du mouvement de foule et un peu de violence urbaine, sans aucun commentaire.
L'inverse de la propagande : le fait réduit à sa simple expression sensationaliste. Déconnecté de tout lien de temps, d'espace ou de causalité. Totalement inutile.
Vas te sentir "informé" après ça mon ami.

La télé, donc, je m'en suis passé pendant dix ans. Je reprends le train en marche et qu'est ce que je vois en mieux ?
Absolument rien.
En pire ? et bien, tout ce que j'aurais pu lui reprocher avant n'a pas changé. Sauf que les taux on varié en plus : on te prend plus pour un con, on montre plus de cons (vrais ou rétribués pour faire vrai) et on te vend plus de conneries qu'avant.

Trois fois plus de chaines, absolument aucun gain qualitatif. Mais alors, aucun. A moins de se contenter d'un seul genre de truc, de s'accrocher maladivement à une chaine destinée aux minorités monomaniaques revendicatives en mal de reconnaissance. Bref, de faire de l'autisme télévisuel en ayant 200 chaines pour n'en regarder qu'une seule.
Mais bon, entre Trace qui montre de la revendication sociale rappeuse à 20.000 euro le tournage de clip et GameOne qui n'a plus mes orientations ludiques, difficile de se trouver sa niche égotique.

Restent Pink TV et KTO… en attendant Allahakbarchannel, viveleroy, sarkone, corsicu nazione et combien d'autres ? Je pense qu'au lieu de regarder la télé, je vais en faire une moi aussi. PénombreTV que ça s'appellera. Ca parlera de gens comme moi qui trouvent qu'on ne parle pas assez d'eux. Ca ne sera regardé que par des gens comme moi bien évidemment. Et puis quelques perdus du fin fond de la nuit. Faut bien qu'ils aient quelque chose à se mettre sous la dent quand ils ont besoin de descendre quelqu'un avec leurs collègues au boulot. Je leur en veux pas, hein. Ca fera toujours un peu grimper l'audience…
La télé, quelle merveilleux outil d'ouverture sur le monde, hein. Je vais me sentir tellement plus proche du reste du monde qui m'acceptera tellement plus comme je suis quand j'aurais une télé pour moi parlant de moi à des gens comme moi.

Mais croyez le ou pas, je n'ai rien contre la télé.
Parce que dans tout ça, il reste des choses amusantes, intéressantes et parfois de l'information un peu sincère et pas de la propagande camouflée. Un peu d'ouverture d'esprit aussi.
Mais pour changer la télé, faudrait peut-être commencer par changer les gens qui la font. Avant eux, faudrait peut-être surtout changer ceux qui la regardent. Ceux qui profitent de leur liberté pour regarder des conneries et les porter à des taux d'audience cataclysmiques.

On nous dit souvent "mais proposer ça ne sert à rien, personne ne le regarde". Mais ça dérange qui alors ? ceux qui ne le regardent pas… ou ceux qui ne le proposent pas ?
Si on échange 100 minutes de connerie regardées par 20 millions de gens contre 100 minutes de trucs moins cons regardés par 20.000 personnes, est ce que c'est forcément une perte pour notre culture, notre esprit, notre intelligence ? Ou est ce que c'est juste une perte de gros sous ?

La télé est-elle là pour se servir de nous ou pour nous servir ?

Est-ce que c'est une bonne chose de combler le vide par du rien ?

Voilà, si vous avez lu ça en moins de cent minutes, ben j'ai une mauvaise nouvelle pour vous. Et une bonne nouvelle aussi.

La mauvaise, c'est que ca prendra beaucoup plus de 100 minutes pour faire changer les choses.

La bonne, c'est qu'on n'est qu'au début de la saison un et y a pas d'audience minimale requise. Qu'on soit 1, 5000 ou 1 milliard, le spectacle continue quoi qu'il arrive.

Alors tout est permis pas vrai ?

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Kõjiro
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Message par Kõjiro » 08 févr. 2008, 12:37

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Moto Shikizu
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Message par Moto Shikizu » 08 févr. 2008, 12:56

oblige de faire un up sur ce sujet, c'est pas normal... Mais que fait Penombre ? ;)
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Kyorou
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Message par Kyorou » 08 févr. 2008, 12:59

Il s'est peut-être réconcilié avec la vie ? :langue:
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Message par Pénombre » 27 févr. 2008, 21:44

La Sarkozie, en moins de 100 minutes

C'est l'histoire d'un pays qui a connu bien des avanies avant de devenir aux yeux de beaucoup de gens qui n'y ont jamais mis les pieds une sorte de pays de cocagne. Malgré une période d'impérialisme transcontinental pas très tendre, diverses guerres européennes assez sanglantes, un gouvernement collabo très soucieux d'envoyer des gamins dans des camps d'extermination et d'autres péripéties du genre. Finalement, malgré le ridicule propre aux démocraties, on aurait pu croire que ce pays qui possédait des idées à défaut du pétrole et des prémices plus généreux que ceux de la moitié du reste de l'humanité aurait pu, bon an, mal an, finir par devenir quelque chose de vraiment potable. Je veux dire, un truc ou l'on cesserait d'enquiquiner l'ami africain pour des histoires de gros sous, ou l'on cesserait d'enquiquiner l'ami arabe pour des histoires de vieilles rancoeurs coloniales et ou l'on parviendrait enfin sans forcément virer au délire soviétique à concilier les désirs effrenés des héritiers spirituels de la monarchie nombriliste et les besoins de la majorité d'une population, qui a souvent le tort de préférer réver poser son cul sur les trônes des rois de pacotille plutôt que de songer à les foutre sur un bucher (les trônes, pas les rois de pacotille... quoi que...)
Ca aurait pu s'appeler la France, ce pays qui aurait été suffisamment aimé pour que personne n'ait envie de le quitter, même sur ordre d'un fils d'immigré parvenu. Et étant aussi fils d'immigré, je me sens pas spécialement xénophobe en disant ça, hein. J'aurais juste préféré que l'autre fils d'immigré, là, il ferme sa grande gueule ne serait-ce que par respect pour tous les gens qui sont morts pour ce pays qu'il n'est pas foutu de respecter. Surtout que personne lui a demandé de choisir entre sa connerie et ce pays, hein... au contraire....

D'ailleurs, s'il en est là aujourd'hui, au passage, je dois adresser quelques remerciements.
Merci à 31.8% de mes concitoyens inscrits sur les listes électorales. Merci, chers compatriotes, d'avoir fait en sorte qu'au second tour, gràce à vous, parmi tous les candidats on ait finalement eu le choix entre l'autre spécialiste de la bravitude à constance idéologique variable et notre président actuel. Je vous aime tous. Vraiment. Tellement que je me demande parfois si je devrais pas vous quitter et vous laisser seuls à bord de la Sarkozie, voguant vers ces rivages lointains que vous désirez tant qu'au jour d'aujourd'hui, vous êtes mêmes 38% à saliver d'anticipation en regardant l'horizon...

Il y a un type qui disait un jour "la seule chose plus froide que le zéro absolu, c'est le coeur de l'homme. La seule chose plus vide que le néant absolu, c'est l'esprit de l'homme". Je sais pas qui était cet homme mais je sais qui il n'était pas. Il n'était pas l'un des 38% de mes compatriotes à être satisfait d'un président qui ne leur a strictement rien apporté à part du marivaudage bas de gamme digne des grands moments de la téléréalité.

Mais bon, je dis ça sans animosité aucune. N'étant ni chomeur, ni immigré, ni musulman, ni agent de la SNCF, je ne suis pas une victime de la Sarkozie. Juste un type qui se rappelle d'une autre petite phrase un peu idiote qui commence par "quand ils sont venus chercher les juifs, j'ai pas bougé..." et qui se termine sur un truc plutôt pathétique. Surtout quand on sait que dans cette logique du grand jeu qui s'appelle "Aujourd'hui, qui sera le Coupable ?", à la fin, y a personne qui gagne. Personne. Sauf le présentateur et les annonceurs... pensez-y la prochaine fois qu'on parlera de victimes qui passent à la télé.

La Sarkozie, puisque c'est mon sujet du jour, c'est très différent de la France mais pas trop quand même. Comme dirait son président, j'vous explique : La Sarkozie prend le contrepied de ce qui aurait rendu la France sympa et s'acharne par ailleurs à évoluer dans ce qui la rend aussi antipathique que... je sais pas moi, une république bananière du centrafrique à la botte du grand capital par exemple ? Au hasard...

Par exemple, au nom de la rupture, la Sarkozie considère que les droits de l'homme, la constitution, le principe de solidarité, le service public, la présomption d'innocence, , l'égalité des citoyens devant la justice, l'amélioration du niveau de vie à travers celui du niveau de santé et des conditions de travail ne sont pas de mises.
A l'inverse, travailler plus longtemps pour toucher moins de fric et être plus souvent malade mais moins bien soigné, c'est à la mode. Etre une victime aussi, d'ailleurs. Enfin, pas pour tout le monde. Les étrangers et les malades mentaux privés de droits civiques et condamnés à la taule ne sont pas des victimes. Jamais. Normal, ils ne votent pas... sinon, tous les autres, nous sommes des victimes. C'est vachement important d'être une victime, surtout quand on vous dit qui est le coupable. Surtout quand il est déclaré coupable comme ça, en dépit de la vérité. Qu'il soit un étranger, un chomeur ou un délinquant, voire les trois à la fois, il est de toute manière forcément coupable de quelque chose et on est forcément sa victime.

La Sarkozie, c'est le pays qui a hérité de cette nation ou on met une majuscule à Lettres et ou par voie de conséquence, on sait faire de jolies phrases dans une jolie langue, même et surtout quand ça ne veut rien dire. Ca ne dérange personne en Sarkozie qu'on reçoive à bras ouverts des chefs d'états qui ont tout de l'archétype du gros connard au pouvoir. On sait dire de très jolies choses aux grands démocrates comme Poutine ou Kadhafi mais à côté de ça, on est beaucoup plus lapidaire envers les gens exagérément soucieux de ces machins abscons du genre la Constitution ou les Droits de l'Homme. Poutine et Kadhafi, ce sont des mecs très bien qui ne menacent jamais un électeur français, hein. Pas comme les droitsdel'hommistes et autres complices des "racailles". Des pauvres cons quoi, pour reprendre une phrase à la mode... c'est vrai qu'ils sont pauvres ces gens là. Ils ne peuvent pas acheter de chasseurs Rafale par exemple.... et en plus, ils sont complices de ceux qui veulent empêcher le sauveur du pays de protéger les "victimes" tout en ne touchant surtout pas, ni ici, ni ailleurs, aux bourreaux.

Mais bon, c'est ça la rupture : les gens un peu moralisateurs de chez nous sont des arriérés, limite des agents de la racaille internationale alors que les dictateurs d'à côté et nos anciens seconds couteaux d'afrique eux sont des amis qu'on prend plaisir à recevoir et auxquels on ne mégote pas son aide au nom des principes généreux qui caractérisent notre belle nation... demandez à ce grand humaniste qui préside le Tchad depuis 1990 grâce a l'armée française, la rupture, rien que ce mois-ci, il a trouvé que c'était vraiment quelque chose de bien... le changement dans la continuité, y a que ça de vrai comme dirait l'autre. Tiens, je vous ai pas dit, c'est aussi un copain à Kadhafi, notre ami du Tchad... forcément, on est entre gens de bonne compagnie, hein. Pas comme les gars qui ont la même couleur de peau que lui mais qui sont traqués par la police française. Des fois que les maçons embauchés au black par les filiales à Bouygues soient responsables des menaces terroristes et de l'insécurité de nos belles villes.... c'est clair que la poudre de parpaing c'est terrible comme came... parlons pas du potentiel destructeur des bombes au méchoui...

Dans le même genre d'exercice de rupture, on est très soucieux de défendre la liberté de croyance chère à notre pays laïc quand on parle des scientologues mais pas quand il s'agit de musulmans... c'est clair qu'on est forcément plus proche de Tom Cruise ce grand prosélyte d'une arnaque internationale dont il n'est pas le dernier à profiter et qui manipule des milliers de gens que de Béchir le bougnoule qui menace la sécurité nationale et notre identité culturelle parce qu'il insiste pour tuer un mouton dans une baignoire et prier cinq fois par jour... on a une laïcité très clientéliste en fait. C'est un peu comme dans mon patelin, Nice. Cette ville touristique si accueillante qui sait très bien faire la différence entre les émirs et les arabes...

Sinon, au cas ou vous auriez un doute, la Sarkozie, c'est une nation moderne. Notamment, c'est une nation de Droit.
Pas comme ces trous perdus de la brousse ou l'on vit encore sous la coupe du chef qui décide tout seul et change la coutume quand ça lui plait. Comment on appelle ça déjà ? ah oui, le fait du prince. Un truc vraiment préhistorique, hein.

J'vais vous dire, c'est pas dans un pays qui a coupé la tête à un roi que ce genre de chose pourrait se produire. Surtout de la part du mec qui représente l'histoire et les valeurs du dit pays, hein. Et qui se promène en public avec une fanfare qui joue la marseillaise... en Sarkozie, on est soucieux d'Egalité, de Fraternité et de Liberté. Non, sans blague. Tiens la preuve :
On ne fiche pas les gens, on ne les traque pas pour faire du chiffre, on ne les monte pas les uns contre les autres pour faire plaisir au MEDEF (ce club des victimes les plus méritoires du pays qui sont souvent contribuables au Luxembourg, en Suisse, à Endorre ou à Monaco....), on leur garantit une vraie protection sociale et un accès équitable à la justice partout sur le territoire et on est préoccupé de morale publique. Notamment, on ne s'esbaudit pas dans des yachts appartenant à des magnats marginalement clientélistes quand on est chef d'un état républicain soucieux de son image. On ne se commet pas non plus avec des chanteurs en délicatesse avec le fisc réfugiés en Suisse quand on traque ces dangereux chomeurs qui détournent des milliards. On ne cautionne pas les ministres volant en jet privé aux frais du contribuable pendant qu'on brade des pans entiers du réseau des autoroutes (bénéficiaires...) et qu'on envisage de privatiser la SNCF. On n'encourage pas les dépassements d'honoraires médicaux alors que dans le même temps les remboursements des honoraires non dépassés eux diminuent... on ne touche pas un salaire d'un boulot qu'on n'exerce plus tout en dinant avec un patronat si soucieux de casser le SMIC...

Surtout, comme on est dans un pays moderne et pas dans une tribu de primitifs, on est très soucieux de faire des générations à venir des citoyens conscients de la richesse de leurs racines et du cheminement unique de cette petite nation au drapeau tricolore, Pas seulement de la main d'oeuvre bon marché tout juste capable de lire sa lettre de licenciement et dont la seule fierté devrait s'exprimer dans les stades de foot, ce symbole de tout ce qui fait la grandeur nationale... c'est clair que le foot, ça en dit long question solidarité, fair-play, esprit sportif et ce genre de choses...

Sinon, j'ai une bonne et une autre bonne nouvelle.

La première bonne nouvelle, c'est qu'au jour d'aujourd'hui, la Sarkozie a encore un peu plus de quatre ans devant elle. Si vous faites partie des 31.8% de votants UMP au premier tour des présidentielles et des 38% de satisfaits en ce beau jour de février 2008, vous devez vous sentir vachement soulagés, hein ?

La deuxième bonne nouvelle, c'est que ceux qui ne sont pas comme vous, eux, ils ont pas fini de déguster. Mais je suppose que vous devez trouver ça assez satisfaisant en fin de compte. Après tout, pour une fois, c'est bien vous, chers compatriotes et "victimes" qui êtes à l'honneur. Ca se voit que les choses ont changé, hein. Sur vos bulletins de salaires, sur vos remboursements sécu, sur vos feuilles d'imposition, sur les rayonnages de votre réfrigérateur et sur vos têtes aimables et si sereines par rapport à l'époque ou nous vivions dans des temps préhistoriques d'insécurité et d'obscurantisme. Avant que la Sarkozie ne change nos existences et nous amène à être plus heureux "ensemble".

Cependant, comme ça, en passant, j'ai comme un pressentiment.

Le pressentiment que vous n'avez pas mis assez de vaseline et que bientôt, ça va faire un peu mal...

Mais bon, on vous l'avait déjà dit il y a un moment. Pas qu'une fois en plus. Malheureusement, la sécu n'étant plus ce qu'elle était, on ne rembourse plus comme avant ni les consultations en proctologie, ni la pose de prothèse auditives et je vous parle pas des greffes de cerveau qui ne sont même pas possibles techniquement.

Dommage hein ?

Enfin, si vous avez lu ça en moins de 100 minutes, vous avez encore un peu de temps devant vous.

Sais pas moi, vous pourriez travailler plus pour mettre un peu de tune de côté pour le proctologue.

Parce que pour les greffes de cerveau, faudra vous débrouiller tous seuls et là, sans vouloir vous vexer, j'ai comme un doute...

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Message par Goju Kaze » 27 févr. 2008, 21:58

Ah oué, quand même... Euh, merci.

:kaze:
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Message par Moto Shikizu » 27 févr. 2008, 22:00

que dire a part :bow: ?
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Message par Kakita Inigin » 27 févr. 2008, 23:13

Pénombre président !
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Message par Kyorou » 28 févr. 2008, 09:15

Kakita Inigin a écrit :Pénombre président !
Inigin, veux-tu bien cesser de mettre à l'épreuve la modestie incomparable de Pénombre ?

Si ça se trouve, c'est comme ça qu'il a commencé, l'autre (même si, de son côté, ça n'a jamais dû déchirer, question modestie). :lol:
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Message par Kõjiro » 28 févr. 2008, 09:48

Le problème c'est que sur ce sujet plus que dans les autres il y aurait eu moyen de très largement dépasser les 100 minutes. Et, en plus, il est probable que chaque minute à peine ajoutée au texte il y en aurait deux ajoutables aussitôt. Rapporter les faits de la Sarkozie c'est vider une baignoire qui se rempli à débit max avec une petite cuillère. L'équivalent d'un des douze travaux d'Hercule, sauf que des Hercules on en a plus en stock depuis longtemps. Surtout chez les gens qui rapportent les faits et enquêtent (journalistes on dit je crois).

C'est peut être ça le concept de la Sarkozie : une immense accélérateur de particules ou nous jouons le rôle des électrons ou autre neutrons qu'on veut envoyer les uns contres les autres de plus en plus vite.

Encore que non en fait, c'est pas ça. Un accélérateur de particules a un but autre que le mouvement perpétuel et est utile en soi. Les gesticulations médiatiques de la clique au pouvoir ne servent aucun autre but que de créer le mouvement. Générer un beau siphon, qui aspire tout le monde et le maintient en mouvement. Et comme chacun sait, tant qu'on bouge on doit regarder dans le sens du mouvement si on veut pas finir écrasé. Exit la vision périphérique là où les choses se passent, bienvenue les œillères médiatiques qui détournent de l'essentiel vers le superficiel.

Encore que non en fait. Bis. C'est pas "une diversion" comme le disait un Elfe célèbre amateur de maximes philosophiques. Par contre c'est bien "Une mort certaine, une faible chance de succès" comme le disait son pote Nain. Enfin une mort, du peu de réflexion qu'il nous reste, une mort intellectuelle pas forcément physique. Le physique ça permet de travailler plus, pas forcément l'intellect. 'fin bref, tout ça pour dire, que non c'est pas une simple diversion.

Quand on nous annonce que chaque gamin va prendre en charge un petit juif déporté par Vichy et/ou les Nazis, ou quand on fait une loi super polémique pour créer la prison pour anticipation de crimes qui ne va concerner que 30 cas, ou quand on propose des tests adn pour détecter si le gamin que vous avez amené avec vous en France est bien le votre et pas un que vous avez acheté avec votre pack "immigration réussie, papier assurés" sur l'aéroport avant de venir piquer mon travail, ma femme et mes allocs', on pourrait se dire, qu'à chaque fois ça a valeur de diversion, vu que soit on sait que ça ne va pas s'appliquer soit on défend un truc qui finit par concerner 1,3 cas en moyenne annuelle. Bin oui, c'est une belle diversion, ça sert à faire oublier qu'en douce on fait passer des trucs "moins graves" mais qui touchent nettement plus de monde.

Alors si le degré de nuisibilité d'une politique on ne l'évalue pas seulement en fonction du niveau d'atteinte à nos principe ('fin ce qu'il en reste) mais qu'on pondère ça par le nombre de personnes qui s'en prennent plein la tronche alors ce qui passe "en douceur" est pire que ce qui est dénoncé. Souvent. Donc oui chiffon rouge pour toute cette frange de l'opposition qui regarde aux principes (et ils ont raison) mais moins au concret. Et ça marche. Mais là où c'est fort c'est que dans la destruction progressive de ce qui fait notre identité d'origine dont parlait Pénombre ça a aussi un impact. Diversion avec effet concret. Franchement le concept est top. Car chaque chiffon rouge prépare le suivant et surtout les actes concrets qui suivent et sont de pire en pire. Bref une stratégie itérative avec renforcement des effets. La spirale quoi.

Pour le reste je vais relire le truc de Pénombre, parce qu'à défaut de pouvoir faire quelque chose pendant les 4,3 années à venir grâce aux 30 et quelques pourcents de gens cités préalablement, ça me permet de détourner quelques minutes le regard de ce qui se passe dans ce beau pays en lisant des trucs qui me font plaisir. Ca fait pas avancer le shmilblick mais ça permet de dcesser de regarder le massacre collectif, le dépeçage du cadavre encore vivant d'une France fantasmée par ses habitants pendant des années (et d'ailleurs faut arrêter de rêver un peu), durant un peu moins de 100 minutes. C'est toujours ça de pris.

Merci Pénombre.
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Message par Pénombre » 21 avr. 2008, 10:35

L'écriture d'un scénario pour L5a en moins de 100 minutes

Parfois, mais parfois seulement, nous avons tous un don surnaturel. Par exemple, j'ai comme qui dirait la nébuleuse et subliminale impression qu'il y a des gens qui sont en train de plancher sur des scénario pour L5a. Là, tout de suite. Ou qui aimeraient bien y parvenir. C'est un don que j'ai, que voulez vous. Y en a qui ont un don pour la musique, d'autre pour la peinture, pour le fric, pour les femmes, pour faire des ronds de fumée ou pour s'attirer des ennuis. Moi, c'est pour découvrir les évidences.


Sache donc, O Ami MJ qui a parfois du mal à mettre ses idées en forme qu'il y a plusieurs ingrédients indispensables à la rédaction d'un Vrai Scénario, jouable, lisible et tout ça. Et on va en parler là, ici, tout de suite. Non, tu ne rêves pas. Oui, je sais, je suis un grand philanthrope. Si ça me rapportait un peu de temps en temps, je serais même prèt à philantroper plus pour tout dire mais j'ai comme qui dirait l'impression que j'ai pas pris le bon créneau pour ça. J'ai un don pour sentir ce genre de choses aussi, vous pouvez pas comprendre. Mais passons et revenons en à l'écriture de scénarios.

Alors, en premier lieu, il faut un Thème. Le Thème, c'est le truc qui explique pourquoi l'intervention des joueurs sera nécessaire parce que sinon, ça va foirer grâve. Bon, le Thème le plus évident, c'est de sauver le monde, bien évidemment. Sauf que sauver le monde une fois par semaine pendant des années, ça finit par lasser. Le maitre de jeu autant que les joueurs. Généralement, on préfère donc se réserver la sauvegarde du monde à une fois par campagne, c'est déjà bien assez. Pour un simple scénario donc, on ne sauve pas le monde. Voilà, c'est dit. Même si le monde en l'occurrence ça se limite à un pays asiatisant marginalement xénophobe bordé de peuplades inintéressantes qui n'ont été détaillées que pour vendre des cartes à jouer. Faut envisager ça à l'échelle en dessous, en clair.
Ca veut dire que pour les joueurs bornés qui veulent avoir l'impression que sans eux tout part en sucette, on peut se contenter de leur proposer de sauver le patelin du coin, ou le seigneur qui crèche dans le château sur la colline au fond du décor. Enfin, ce genre de trucs quoi. C'est jouable en quelques heures, y a pas trop de noms biscornus à retenir et les frais en matière de décors sont relativement réduits.
Après, pour les joueurs bornés qui veulent avoir l'impression qu'ils ne font pas comme tout le monde, on peut leur proposer autre chose aussi, hein. Genre Trouver le Nemuranai Oublié, ou Démasquer le Vilain Maho Tsukai. C'est des variantes un peu subtiles que tout le monde il peut pas en saisir la complexité et c'est pour ça que ça peut marcher aussi. Non, sans déc…

Il faut aussi un Vilain Méchant. Et là, on a un problème. Généralement, soit on se contente du minimum syndical, soit on essaye de le rendre un peu plus attractif. Le minimum syndical, c'est le Vilain Méchant qui a un plan à la noix et qui aura au mieux deux phrases de réplique pour bien montrer qu'il est vilain et méchant avant qu'on le découpe en morceaux. C'est pratique, économe, ça mange pas de pain et de toute manière, tout le monde en a rien à foutre passé deux heures de jeu.
Le Vilain Méchant customisé avec des options, c'est plus chiadé. Ca demande de lui donner une Motivation un peu emballée quoi, déjà. Un machin qui sorte un peu du je-fais-le-méchant-parce-que-c'est-prévu-dans-le-scénar. Son truc de méchant, ça doit être assez vraisemblable pour qu'on pense qu'il a un Plan et si possible, ça serait bien que vos joueurs terminent la partie en s'autocongratulant parce qu'ils ont eu l'impression qu'à eux tous, dopés à la caféine et aux amphés, ils ont eu un mérite quelconque à se montrer plus malins qu'un seul pauvre mj solitaire et surmené qui contrairement à cette bande de branleurs n'a pas une minute de libre durant la séance, lui. Ben oui. Le souci, voyez vous, c'est que ça demande pas mal d'efforts pour faire un méchant avec les options qui font bien, et que c'est assez frustrant de savoir que comme c'est pour un scénario, ben il va pas resservir. En plus, la bande de branleurs autour de la table, une fois qu'ils ont déjoué le plan d'un méchant un peu vaguement cogité, impossible de leur resservir le truc pendant les dix sept années qui suivent sans que de suite y ait un petit conn… pardon, un petit "malin" qui la ramène parce qu'il se souvient de la fois d'avant.
Tout ça pour dire que le plus pénible, ça sera donc de faire un méchant un peu attractif dont la durée de vie ne dépassera pas une poignée d'heures. Ca vous aura peut-être pris dix fois plus de temps à le concevoir qu'il n'en faudra aux joueurs pour le transformer en sushi une fois qu'ils lui auront mis la main dessus. Pour réduire la pénibilité de ce travail de titan que les joueurs ne sont jamais foutus d'apprécier, il y a deux astuces. La première, qui le fait super dans L5a, c'est le méchant qui force le respect au point que les joueurs devront lui dire qu'il doit s'ouvrir le bide plutôt que de l'écharper comme des sagouins. Ca peut avoir l'air cheap mais au moins, vous pourrez soigner les dernières répliques et la sortie de scène du méchant comme ça vous plait. C'est pas les autres, là, ces branleurs, qui pourront saborder le truc quoi. Ca restera votre méchant jusqu'au bout en clair. Et vous pourrez partir le cœur serein en sachant que même s'ils pensent avoir gagné, c'est pas les joueurs mais vous qui aurez eu le dernier mot. Non mais sans blague…
L'autre astuce, c'est l'arbre qui cache la forèt. On sort du cadre strict d'un scénario intro-intervention des joueurs-conclusion et dans le jargon, on appelle ça une fin ouverte. Du genre que les joueurs ils terminent la séance après avoir trucidé le méchant, leurs persos ils se barrent le sourire aux lèvres et juste avant de replier les paravents, vous leur faite un bref descriptif comme quoi en fait ils se sont fait baiser en beauté. Vous savez bien, c'est comme tous ces films ou épisodes téloche ou juste avant le générique, tadaaa, on voit que le méchant il est pas mort, ou qu'il a un petit frère, ou qu'il n'est que le sous-fifre du vrai méchant. Ce genre de trucs qui laisse présager un Le Retour du Méchant suivi de La Vengeance du Méchant, suivi de Vous n'en Avez Pas Fini avec Mon Méchant et autres platitudes du genre. Oui, c'est vraiment très très cheap. Et vos joueurs ne manqueront pas de le leur faire remarquer. N'empèche que ca fait des années qu'ils vont au cinoche ou achètent du DVD pour voir exactement ce genre de trucs et qu'ils le payent au prix fort en prime alors je serais eux, je la fermerai avant de la ramener sur ma supériorité intellectuelle… non mais, faudrait pas qu'ils aient l'impression qu'en dehors du jeu ils sont vraiment malins, hein. Bande de branleurs…

Une fois que vous avez un Thème et un Méchant, il vous faut des Protagonistes. Il sont juste là pour meubler et rallonger la sauce. Ils ne servent strictement à rien du tout, sauf à faire en sorte que la séance dure 4 heures et pas huit minutes trente. Normalement, vous devriez en avoir un stock sous la main mais bon, à toutes fins utiles, voilà ce qui peut toujours servir :
- le Flicaillon Tatillon : dans n'importe quel jeu, le représentant de l'ordre local et borné est un obstacle qui permet de compliquer les choses à plaisir sans se fouler. Plus vous le rendez antipathique, plus les joueurs auront envie de le peler vivant avec une lime à ongles et pendant ce temps là, ils ne feront strictement rien de constructif pour avancer dans le scénario. Vous devriez pouvoir grater une bonne heure de jeu rien qu'avec ce figurant in-dis-pen-sa-ble. En plus, à Rokugan, ce pays marginalement crypto-fasciste qui ferait bander un président français presque aussi bien que sa femme s'il en connaissait l'existence, les représentants de l'ordre ont toujours une position inattaquable. Au mieux, vous pouvez même décider que le champion d'émeraude passait dans le quartier et vos daimyos et autres magistrats joueurs n'ont plus qu'à boucler leur grande gueule et compter les grains de poussière sur le tatami en attendant qu'on leur dise qu'ils peuvent arréter de se prosterner. Quand je vous disais que le Flicaillon Tatillon, c'était pain béni…
- la Bonnasse Inaccessible mais Pas Trop : ça marche aussi bien avec une table de garçons que de filles, et encore mieux quand elle est mixte. Toute Bonnasse est forcément le centre de l'attention des joueurs possédant le génome XY et suscite immanquablement dans le même temps des feux d'artifice de perfidie féminine abondamment alimentée par des commentaires dépréciateurs ciblant aussi bien le pnj que les joueurs du sexe masculin. Sortez la bonnasse, dites lui de montrer un tout petit peu ses gambettes ou de remuer son éventail et installez vous confortablement dans votre fauteuil, va y avoir du spectacle de l'autre côté du paravent. Si la bonnasse est une Scorpion, elle sera automatiquement considérée comme une pute et ça sera très probablement en dessous de la vérité. Si elle est Grue, elle rappelera à vos joueurs que déflorer les pétasses de Neuilly ça peut avoir des côtés sympas. Si elle est Lion, tout le monde se demandera si elle est pas frigide. Si elle est Phénix, on peut la faire pleurer comme une madeleine avec n'importe quelle tragédie au rabais impliquant un pauvre petit lapin, un oisillon gentil, Bambi ou un truc du genre. Les bonnasses Licorne connaissent des trucs dont tout bon samurai rokugani et xénophobe n'a jamais entendu parler, ce qui les rend super-attractives. Les bonnasses ronin cherchent un célibataire qui puisse leur donner un patronyme et celles de la Mante feraient n'importe quoi du moment qu'on leur promet une croisière et plein de koku à la clef. Les bonnasses Dragon parlent trop mais on peut leur raconter à peu près n'importe quoi qui semble démesurément subtil vu de très loin, ça marche nickel. Enfin, les bonnasses Crabe étant des hommasses digne d'un mauvais rêve teuton de lendemain d'Oktoberfest, elles devraient vous permettre au cas où d'identifier en moins de cinq minutes tout joueur ou joueuse ayant des tendances homosexuelles refoulées. On sait jamais, ça peut vous servir un jour en dehors du jeu, selon vos propres inclinaisons et la personne en question. Ben quoi, on fait tous du jeu de rôle pour se faire plaisir, pas vrai ?
- le Mec Loyal Qui Doit Mourir Pour la Cause : généralement, ce genre de figurants sert à deux choses : soit il est là pour s'ouvrir le bide afin de rappeler à vos joueurs qu'il y a des choses à propos desquelles on ne rigole pas. (Mais alors pas du tout. D'ailleurs, l'Humour ne figure pas du tout au nombre des sept vertus du Bushido, hein). Soit il est là pour mourir de manière absolument hideuse afin de montrer à vos joueurs qu'ils ont intérêt à garer leurs miches et à ne pas faire n'importe quoi. Genre se rendre tout seul dans le repaire du Vilain Méchant qui a tous ses gros bras avec lui. En général, dans un cas comme dans l'autre, ça marche environ 40 secondes et puis après, y a toujours un crétin pour penser que ça ne le concernait pas et pour foncer dans le tas. Tuez le sans hésiter de la manière la plus ignominieuse qui soit et ne faites même pas semblant d'être désolé. C'est pas comme si vous ne l'aviez pas prévenu, cette andouille…
- Le Mystique Qui Peut Pas Parler Comme Tout le Monde : bon, là, c'est à double tranchant. Un Mystique va gonfler tous les joueurs à la table, sauf un. C'est mathématique. Y a toujours un mec à la table qui va essayer de comprendre ce que vous voulez lui expliquer de manière détournée. Généralement, il va tomber dans tous les panneaux et forcément, parce que vous aurez un peu préparé le coup à l'avance, il finira par trouver la bonne réponse mais juste à la dernière minute, voire trop tard. Si c'est pas trop tard, il aura tendance à pérorer un peu devant les autres joueurs dans le style "vous voyez, fallait réfléchir un peu bande de nazes" et si c'est trop tard, de toute manière il pourra toujours sauver la face dans le style "si vous m'aviez écouté, on serait pas tous morts". Avec ce genre d'astuce, vous pouvez entretenir une saine ambiance de haine mutuelle entre les joueurs. Ce qui fait que même trois personnages et cinquante scénarios plus tard, la moindre apparition de Mystique dans les parages devrait provoquer une mini-guerre mondiale de l'autre côté des paravents. Que voulez vous, on a les petits plaisirs que l'on peut. En plus, personne vous soupçonnera d'avoir créé le Mystique juste pour ça. Génial, non ?
- Le Pauvre Prolo Obséquieux et Martyrisé : encore un grand facteur de division. Des études approfondies ont permis de prouver que la totalité des joueurs de jeux de rôles étaient des individus fondamentalement frustrés et insatisfaits de leur vie réelle. Et si on compte ceux qui ont déjà développé des tendances schizophréniques, on dépasse même la totalité du public concerné, c'est tout dire. Le pauvre heimin qui fait carpette va donc immanquablement provoquer l'émergence des tendances latentes de vos joueurs. Soit ils se montreront tellement odieux qu'ils mériteraient qu'on les guillottine, soit ils seront d'un humanisme touchant et naif proprement exaspérant. Généralement, on a les deux tendances à la table et donc, ça peut faire du sport. Pour peu que le prolo se révèle par la suite être un maho-tsukai ou un agent d'une vaste conspiration aussi puissante qu'inefficace qu'il n'est pas besoin de nommer, les échanges entre les joueurs peuvent atteindre des sommets intéressants en matière d'insultes à caractère plus ou moins personnel.
Vous l'aurez compris, les figurants sont là à la fois pour ramener vos joueurs dans le scénario (parce que chaque membre de cette bande d'égomaniaques rêve de n'en faire qu'à sa tête) et à les diviser pour vous permettre de souffler un peu. C'est qu'ils ont toujours l'avantage numérique sur le mj, les joueurs. Alors pas de quartiers.

Alors, nous avons donc un Thème, un Vilain Méchant et une certaine quantité de Protagonistes qui sont là pour rallonger la sauce. Il nous reste deux choses qui sont entièrement facultatives mais peuvent s'avérer utiles :

- le Deus Ex Machina : pour ceusses qui ne sont pas assez blasés de leur rôle de MJ au point d'avoir cessé de parler comme le quidam moyen, le Deus Ex Machina, c'est le type qui peut tout résoudre en deux coups de cuillère à pot juste quand vous en avez besoin. C'est-à-dire quand l'autre bande de nazes a tellement sabordé son roleplay qu'il vous faut faire intervenir cette arme ultime afin de terminer le scénario. Le Deus Ex Machina doit forcément être très charismatique (sauf quand il doit passer inaperçu), quasiment omniscient pour ce qui vous intéresse (et totalement ignare ou muet en ce qui concerne ce qui intéresse les joueurs) et imbutable par n'importe quoi sauf si vous avez besoin de lui faire faire une sortie dramatique. Le Deus s'utilise avec moults précautions, parce que ses interventions ont tendance à rendre vos joueurs un tantinet jaloux et agressifs assez rapidement. C'est pas parce qu'ils ont tout foiré qu'ils veulent renoncer au fait d'être le centre de l'univers, que voulez vous…

- une Récompense : je vais vous révéler un grand secret, un des arcanes suprème des auteurs de scénario, un truc que 95% des mjs n'osent imaginer parce que ça leur fait trop peur : il faut toujours être très généreux avec les récompenses que l'on donne à ses joueurs. Enfin, s'ils arrivent à la ligne d'arrivée, bien sûr. Oui, même quand ils terminent le scénar en sueur, à moitié claqués et parce que vous les avez poussés au cul à grand coups de Deus Ex Machina dans les fesses, il faut largement les récompenser. Pour deux raisons. La première, c'est que c'est bon pour leur petit orgueil. S'ils sont contents, ils vous aiment, s'ils vous aiment, ils sont prèts à tout pour que vous fassiez d'autres scénarios. Du genre à payer la pizza, à se porter volontaire pour le tour de café, à vous préter un tas de DVD/jeux vidéo/bouquins que vous ne voulez pas acheter (surtout si vous leur rappelez mine de rien que ça vous coute très cher tous ces bouquins pour mj…). Les plus entreprenants sont même prèts à vous donner le numéro de tél perso de la bonnasse qui leur sert de frangine et à lui parler de vous en bien, c'est tout dire à quel point l'euphorie les rend stupides… des joueurs heureux font le bonheur du mj, ne l'oubliez jamais. Et si vous écrivez des scénarios que d'autres feront jouer, ils vous seront gré d'avoir pensé à leur petite personne. N'écoutez pas les esprits chagrins qui ont peur de trop contenter les joueurs, allez-y franco et sans état d'âme. Surtout, ce qui nous mène à la deuxième raison d'agir ainsi, surtout parce que vous pouvez toujours tout leur reprendre… ben oui. Et que lorsque vous avez repris à un joueur son joujou magique du moment, ou que vous lui avez demandé de biffer ses trois pauvres points de Gloire durement acquis, il sera prèt à tout pour que son personnage les récupère. Ce qui veut dire que vous n'aurez même pas à vous casser la tête à écrire un nouveau scénario avant un moment, le sevrage de Récompense (ou "Régime sans Carotte" dans le jargon du mj néo-behaviouriste) suscitera des excès de zèle remarquable de la part des joueurs. Moins vous leur direz pourquoi ils ont perdu leur Récompense, plus ils essayeront de bien interpréter leurs personnages, plus ils feront attention à la moindre de vos Paroles. Un surcroit de pizza/caféine/DvD/publicité auprès des frangines n'est pas du tout improbable non plus. Et là, vous atteindrez enfin la porte du nirvana de l'auteur de scénario, obtenant enfin le Résultat Suprème : plaisir maximum pour un effort nul.
Et ça, ça sera la consécration. En tant que MJ, vous atteindrez l'état de jouissive omnipotence de Bouddha lui-même et en tant qu'auteur de scénario, tous les mjs de la planète se prosterneront à vos pieds et loueront votre nom chaque jour. Le bonheur, quoi.

Voilà, je pense que vous avez tout ce qu'il faut pour passer à l'action. Un dernier petit détail, cependant : si vous mettez plus de 100 minutes à écrire un scénario, vous êtes mal barrés. Non sérieux, parce que les autres tarés de l'autre côté de l'écran, là, il leur faudra beaucoup moins de 100 minutes pour foutre en l'air la séance si vous ne faites pas attention. C'est vraiment antinomyque de notre démarche de création qualitative : plaisir maximal par l'effort minimum. C'est vrai qu'ils sont pénibles, les joueurs. Mais on a pas encore réussi à faire du jeu de rôles avec des robots reprogrammables, alors va falloir se les fader pendant encore un bon moment.
Et oui, ça risque de durer bien plus de 100 minutes…

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Ide Akio
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Message par Ide Akio » 21 avr. 2008, 15:56

Fa-fa-FABULEUX !!! :clap:

Très bon démontage du scénar-type de L5A. :)
"Soyez doux avec le faible, le vieux et l'ignorant. Au cours de votre vie, vous serez les trois."

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Message par Kakita Inigin » 21 avr. 2008, 16:09

Il est bien parti, là, j'attends la suite.
Que je lirai en avant-première, avant de l'envoyer partout en France, bien sûr. :france:
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Message par Kzo » 21 avr. 2008, 16:58

:lol:
Comme d'hab t'as mis le doigt où il fallait.
"Je suis un gentil, j'ai que des amis et plus d'ennemis :mal:"

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