

Modérateurs : Magistrats de Jade, Historiens de la Shinri
Je peux me permettre une remarque bêtement factuelle sur la politique de l'immigration ? Quelque soit le gouvernement, il y a grosso modo 100 000 immigrés en France chaque année.Globalement sa politique prend place là ou pendant 21 ans de gouvernement de gauche (d'ailleurs est il besoin de rapeller qu'un certain François était le maitre de la manipulation et du controle des journalistes avec des techniques dignes de la guestapo?) il n'y en a pas eu (immigration en tête), et il y a vraiment une attente et un besoin réel d'en avoir une aujourd'hui. Voilà, donc pour moi il fait juste son taff.
C'est en grande partie ce qui fait que les choses vont si mal. Quand un ministre d'état (le n°2 du gouvernement se plait on a rappeller sans cesse), président du premier parti politique du pays, président du plus riche conseil général de france, maire de la plus riche commune de france n'arrive pas à ne pas faire ces répugnants amalgames alors qu'en plus il a lui les chiffres il n'y a que deux solutions : ou bien il est complètement débile et devrait être viré au plus vite pour incompétence aggravée, ou bien il le fait exprès et donc joue sur des amalgames pour servir ses intérêt...Asako Keitaro a écrit :Par exemple pour les émeutes, les masses étaient composées de français mais en grand partie de racailleux des banlieux (d'ou l'amalgame banlieusard=etranger)
La firme Sarkozy
Lunettes de soleil, costumes Ralph Lauren, téléphone portable dernière génération. Le tutoiement est de règle, la décontraction apparente, l'engagement entier. Prière d'appeler le patron "Nicolas", d'être rapide et précis. Si tout se passe comme prévu, on tapera dans la main du voisin, comme le font les sportifs après la victoire. Si les choses vont vraiment bien, la décompression aura lieu au Buddha Bar, un lounge bar à la mode, près des Champs-Elysées. Bienvenue dans l'équipe de Nicolas Sarkozy.
Un monde à part. Très masculin, plutôt jeune, capable de s'enthousiasmer pour un coup tactique ou le dernier tube du chanteur Calogero. Cette équipe-là est convaincue que l'action peut tout et qu'un peu de cynisme ne nuit pas aux convictions. A droite, ceux qui résistent à son emprise appellent cela "la firme". Référence au best-seller de John Grisham décrivant une entreprise totalitaire dominant entièrement ses cadres.
"Nous recevons chaque jour des dizaines de candidatures de types qui veulent travailler pour Nicolas", assure l'un de ces aventuriers de la politique. Mais pour en être, il faut être capable de sacrifier ses soirées et sa vie de famille au "patron". Savoir dénouer des crises, maîtriser la communication, manoeuvrer les députés, observer l'adversaire (Jacques Chirac, Dominique de Villepin, les socialistes, c'est selon). Et diffuser les informations pouvant lui nuire. Le fils cadet du couple Hollande-Royal est interpellé par la police, dans la nuit du 2 au 3 mai, après une soirée arrosée avec des copains ? Aussitôt, l'histoire est glissée à l'oreille des journalistes. Dominique de Villepin est sifflé en province ? Sa "disgrâce" est largement répercutée. Sarkozy perd quelques points dans les sondages ? Un argumentaire relativisant la baisse est aussitôt fourni.
"J'ai toujours pensé que la politique était affaire de professionnels", sourit le président de l'UMP. "Ce ne sont pas forcément des gens fous de débat, remarque le sénateur Gérard Longuet, nouveau venu chez les sarkozystes, mais leur côté va-t-en guerre est séduisant."
En face, les chiraquiens de longue date, les derniers fidèles de Dominique de Villepin, dénoncent cette "petite mafia". Ils savent que toute la bande joue les vierges effarouchées lorsqu'on évoque l'affaire Clearstream et assurent que les informations distillées dans la presse viennent directement de la place Beauvau. Matignon soupçonne le conseiller aux relations avec le Parlement, Frédéric Lefèbvre, 42 ans, cheveux longs ramenés en arrière comme les tueurs des films de Tarantino, de toutes les intrigues. N'a-t-il pas convaincu des dizaines de députés UMP de "sécher" la séance parlementaire du 16 mai, alors que le premier ministre affrontait une motion de censure.
Les villepinistes croient déjà entendre Pierre Charon, 55 ans, le plus drôle de la bande, faire le tour des rédactions de journaux pour glisser un écho vachard sur Matignon. Ils savent comment le chef de cabinet, Laurent Solly, 36 ans, réclame un compte rendu précis au préfet en place, lorsque Dominique de Villepin s'est rendu dans un département.
L'Elysée raille le réseau diplomatique que David Martinon, 35 ans, tente de constituer pour Sarkozy. Et s'agace de voir le directeur général de l'UMP, Jérôme Peyrat, 43 ans, ex-collaborateur de Jacques Chirac, fournir aujourd'hui à la bande sa connaissance de "l'ennemi de l'intérieur". Les chiraquiens s'insurgent de l'activité d'Emmanuelle Mignon, 38 ans, chargé de collecter les bonnes idées que son "patron" mettra en scène. Parfois, enfin, ils envient le recrutement par la "firme" du directeur de cabinet Claude Guéant, 60 ans, un préfet unanimement estimé qui encourage l'appétit des loups sarkozystes avec la sévérité et le paternalisme d'un entraîneur de football.
Un dernier ralliement remarqué. Celui du publicitaire Jean-Michel Goudard, le "G" d'Euro-RSCG. Depuis un mois, celui-ci s'est installé place Beauvau. M. Goudard avait été le maître d'oeuvre, avec Claude Chirac, de la réussite de Jacques Chirac, en 1995. Mais c'est chez lui à New York, qu'au lendemain de la défaite d'Edouard Balladur, Nicolas Sarkozy avait passé deux semaines. Cette fois, Jean-Michel Goudard l'a promis, il veillera sur la prochaine campagne de "Nicolas".
Ce que les chiraco-villepinistes détestent par-dessus tout, pourtant, au-delà des arrogances du petit groupe qui navigue entre le ministère de l'intérieur et l'UMP, c'est l'ironie de Nicolas Sarkozy lui-même. Cet "air d'avoir déjà gagné" qui se manifeste lorsqu'il s'avance vers un ministre, un député ne l'ayant manifestement pas rejoint : "Et toi, tu comptes faire quoi l'année prochaine ?"
"C'était déjà les méthodes de Sarko en 1995", dénonce le député de l'Essonne Georges Tron, qui était, à l'époque, du côté des balladuriens et soutient aujourd'hui Dominique de Villepin. La plupart des députés villepinistes ont ainsi vu un rival, poussé par la direction de l'UMP, venir leur contester la présidence de leur fédération locale, lors des élections internes. "Les renforts policiers que j'avais réclamés, après les émeutes de banlieue, ne m'ont jamais été accordés, afin de me mettre en difficulté", affirme même M. Tron, qui ajoute : "Avec Sarkozy, si vous êtes un séide, tout va bien. Sinon, c'est la guerre." La guerre ? Une bataille en tout cas, dans laquelle le futur candidat UMP à la présidentielle paraît ne rien vouloir laisser au hasard.
Pas même sa vie privée. Dans la "firme", Cécilia Sarkozy avait une place à part. Contestée, parfois. Beaucoup passaient par elle pour accéder au "patron". Plusieurs hauts fonctionnaires ou députés avaient fini par lui attribuer leur mise à l'écart. "Elle seule avait la capacité de dire à Nicolas si un tel est fiable ou pas, assure Roger Karoutchi, sénateur des Hauts-de-Seine et ami du couple. Son jugement était juste, elle verrouillait." On l'avait même vu exiger de relire toutes les notes destinées à son mari, y compris celles de Brice Hortefeux, ami de vingt-cinq ans, aujourd'hui ministre.
Son départ, en mai 2005, n'a donc pas déplu à ceux qui acceptaient de se dévouer à "Nicolas", pas à son épouse. L'équipe s'est d'ailleurs immédiatement reconstituée. Un nouveau chef de cabinet, Laurent Solly, l'a remplacée et l'organisation autour du candidat n'a pas paru modifiée. Mais les multiples allers et retours de l'épouse, et surtout le retentissement donné à la crise traversée par le couple ont eu des conséquences. Ils ont donc été gérés à la fois comme une affaire personnelle et un sujet politique. La preuve ? Cet aveu de Nicolas Sarkozy : "Ce qui fait la crédibilité d'une ambition, c'est le prix personnel qu'on est prêt à payer pour l'assouvir. J'habite la même peau, quels que soient ma fonction et l'événement auquel je dois faire face."
Il n'empêche que le ministre de l'intérieur n'a pas hésité à convoquer et à faire pression sur le patron de First Edition, Vincent Barbare, afin qu'il renonce à la publication d'un livre sur ses déboires conjugaux. La plupart des journalistes et des directeurs de chaîne ont eu droit, eux aussi, à une leçon sur le respect de la vie privée dispensée par celui qui mettait si volontiers en scène son couple et leur fils, Louis. Aujourd'hui encore, Nicolas Sarkozy assure : "Ni Cécilia ni moi n'avons jamais parlé publiquement de divorce. Vous pouvez d'ailleurs écrire dans Le Monde : "Il refuse obstinément d'évoquer sa vie privée.""
Le nouveau retour à Paris de Cécilia Sarkozy, le week-end de la Pentecôte, a pourtant été aussitôt officialisé par une sortie publique main dans la main, chez un chausseur de luxe, rue du Faubourg-Saint-Honoré.
L'épouse du président de l'UMP est apparue à nouveau, discrètement, dans les coulisses d'une conférence de presse. Ensemble, ils ont passé un week-end à Séville sous les objectifs des photographes. Elle a retrouvé un bureau Place Beauvau. Comme avant.
Car la "firme" s'est beaucoup inquiétée des conséquences politiques des difficultés conjugales de son candidat. Nicolas Sarkozy n'a jamais douté que Dominique de Villepin ironisait sur son compte à propos de ses déboires conjugaux. En décembre 2005, le responsable opinion publique de l'UMP, Manuel Aeschliman, a donc fait réaliser deux sondages qualitatifs en province - réputée plus rigide en matière de moeurs. Y figuraient plusieurs thèmes sur la sphère privée des élus, dont cette question : "Voteriez-vous pour un célibataire ?" L'équipe en a tiré la conviction que le célibat n'est plus discriminant. Mais Nicolas Sarkozy n'a pas caché qu'il le jugeait comme "un handicap".
L'équipe n'a pas échappé, dans cette tourmente, à un certain repli sur elle-même. A la fois pour protéger le patron et "parce que rares sont ceux, parmi ces jeunes gens, qui osent lui dire des choses désagréables", concède un élu sarkozyste. "Je n'ai pas de rapports de force avec mes collaborateurs", affirme pour sa part Nicolas Sarkozy. Mais qui oserait vraiment l'affronter ? La députée de Meurthe-et-Moselle Nadine Morano note ainsi "l'incroyable cortège qui accompagne Nicolas" dans le moindre de ses déplacements. Bien sûr, aucun de ceux qui entourent Nicolas Sarkozy ne s'imagine en courtisan. Mme Morano clame que, lorsqu'elle a été nommée secrétaire nationale de l'UMP, elle a prévenu le patron du parti : "D'accord, mais je ne suis pas là pour cirer tes pompes."
Les poids lourds, Patrick Devedjian, François Fillon, Roselyne Bachelot, Pierre Méhaignerie, Michel Barnier, Gérard Longuet, qui espèrent un ministère en cas de victoire, s'affirment "libres". Le flagorneur, c'est toujours l'autre. Mais le transfert de la "cour" - qui autrefois se pressait à l'Elysée ou à Matignon -, vers la place Beauvau est d'abord le signe d'un nouveau rapport de forces entre Sarkozy et les chiraquiens.
Nicolas Sarkozy n'a pourtant jamais cessé de placer ses pions. Son retour, en juin 2005, au ministère de l'intérieur a d'abord été pensé dans cette perspective. Tant pis si les résultats du ministère en matière de lutte contre la délinquance sont mitigés. Ce qui compte à ses yeux, c'est que, désormais, l'ensemble des patrons de la police et des renseignements généraux lui sont fidèles : Michel Gaudin à la direction générale de la police nationale, Martine Monteil à la tête de la police judiciaire, Frédéric Péchenard patron de la PJ parisienne, Bernard Squarcini préfet délégué pour la sécurité à Marseille, et Joël Bouchité, directeur central des renseignements généraux. "Je nomme les bons", se défend Nicolas Sarkozy. Mais, selon son entourage, il n'a pu obtenir le remplacement à la tête de la DST de Pierre de Bousquet de Florian, à qui il reproche de ne pas l'avoir prévenu dans l'affaire Clearstream.
Il n'a pas non plus, en apparence, bouleversé le corps préfectoral, si important en période électorale. Mieux, il a nommé à des postes importants plusieurs préfets venus de la gauche, comme dans son département des Hauts-de-Seine, où il a placé Michel Bart, ancien directeur de cabinet de Jean-Pierre Chevènement et de Daniel Vaillant. "S'il a montré son absence de sectarisme pour les grands préfets, note cependant un bon connaisseur du corps, la nouvelle génération de sous-préfets, celle qui arrivera aux responsabilités dans les toutes prochaines années, est très verrouillée par les sarkozystes."
Ces derniers feignent de négliger ces nominations. "L'idée qu'on puisse dominer l'administration est une utopie, assure le député des Hauts-de-Seine Patrick Devedjian. Ces gens-là vous jurent fidélité, mais ils s'occupent d'abord de leur carrière. Si Sarkozy est en position de gagner, il pourra compter sur leur zèle. S'il perd, ils prépareront le régime suivant."
Reste la presse. Nicolas Sarkozy la travaille depuis toujours. Sa force est de n'avoir jamais négligé les sans-grade tout en tutoyant la plupart des propriétaires de médias. On connaît sa proximité avec Martin Bouygues (TF1). Son amitié pour Arnaud Lagardère (Hachette). Ses bonnes relations avec Edouard de Rothschild (Libération) ou Bernard Arnaud (La Tribune). Arnaud Dassier, fils du patron de LCI Jean-Claude Dassier, a rejoint l'équipe UMP pour s'occuper d'Internet. Nicolas Sarkozy lance parfois aux journalistes qui l'accompagnent : "Je connais tous vos patrons." Surjouant la connivence, il peut prendre un journaliste par l'épaule tout en lâchant : "Ah, la complicité du pouvoir et de la presse !"
Mais il a une connaissance parfaite du fonctionnement des médias et de leurs contraintes techniques. A Cotonou (Bénin), où il effectuait un voyage à la mi-mai, alors que les communications Internet étaient trop encombrées pour que les télévisions nationales puissent diffuser leurs images, son staff est allé jusqu'à négocier avec l'Etat béninois pour qu'il réserve un instant toute la puissance de l'Internet local à TF1, France2 et France3. Enfin, lors des difficultés conjugales de Nicolas Sarkozy, on a vu Pierre Charon - "je suis l'oeil de Nicolas sur Paris", s'enorgueillit ce dernier - faire le tour des rédactions et des éditeurs pour menacer de procès ceux qui révéleraient le nom de la journaliste du Figaro, devenue un temps sa compagne.
Il va pourtant falloir gérer la suite : ces semaines d'incertitude qui le séparent du véritable démarrage de sa campagne. Et la montée en puissance de Ségolène Royal qui, en l'attaquant sur son créneau, veut faire la preuve que la "forteresse Sarkozy" n'est pas imprenable. Beauvau serait-il devenu un piège pour le candidat ? Le sujet reste l'un des plus débattus parmi les sarkozystes.
"Tu dois consacrer aux gens plus de temps et même accepter d'en perdre, lui a répété le publicitaire Thierry Saussez, ami de vingt ans. Pars du ministère à l'été. Ce sera une forme de respiration avant d'aller à la bataille." Mais qui aujourd'hui, parmi les affidés du candidat, l'imagine vraiment se retirer, même quelques semaines, sur son Aventin ? "L'ascèse du candidat ? Il n'en a pas le tempérament. Il n'y arrivera pas", assure Manuel Aeschliman. "L'approche d'un tel rendez-vous s'accommode mal d'une période de retrait", a tranché pour l'heure Sarkozy. Il laisse son équipe préparer arguments et ripostes contre tous les adversaires possibles. Lui, feint de n'y pas penser : "Je ne regarde pas sur les côtés. Je cours dans mon couloir."
LES IMPASSES D’UN MODÈLE RÉPRESSIF
Sur quelques contes sécuritaires venus d’Amérique
Ce document, extrait de nos archives vous est proposé gratuitement.
La nouvelle percée électorale de l’extrême droite en France s’explique à la fois par un mal social et par une peur. La peur, c’est celle de l’« insécurité », que les médias et les principaux candidats ont presque toujours déclinée sous l’angle de la violence de rue, presque jamais sous ceux de la précarité, de l’éducation, des salaires. Ce tropisme vient de loin, dans le temps et dans l’espace. C’est aux Etats-Unis qu’il a d’abord habillé la question de la délinquance et du crime d’un discours d’apparence scientifique. Enfantant ainsi les mythes savants de la nouvelle pensée unique sécuritaire.
Par Loïc Wacquant
Professeur à l’université de Californie, Berkeley, et à la New School for Social Research, New York.
Une panique morale sévit à travers l’Europe autour des « violences urbaines » et de la « délinquance des jeunes » qui menaceraient l’intégrité des sociétés avancées et appelleraient en retour des réponses pénales sévères. La mise en scène politique de la « sécurité », désormais entendue dans sa stricte acception criminelle - après que le « crime » lui-même eut été réduit à la seule délinquance de rue, c’est-à-dire, en bout de chaîne, aux turpitudes des classes populaires - a pour fonction de permettre aux dirigeants en poste ou aspirant, de réaffirmer la capacité d’action de l’Etat au moment où ils prêchent unanimement son impuissance en matière économique et sociale(1). La canonisation du droit à la sécurité est le corrélat de la déréliction du droit au travail, inscrit dans la Constitution mais bafoué par la pérennité du chômage de masse et par la montée du salariat précaire, lesquels dénient toute sécurité de vie à ceux, chaque jour plus nombreux, qui y sont condamnés.
Sur les grandes chaînes de télévision, le journal de 20 heures s’est mué en chronique des faits divers judiciaires, qui subitement fourmillent et menacent partout : là un instituteur pédophile, ici un enfant assassiné, plus loin un bus de ville caillassé. Les émissions spéciales se multiplient, tel le « Ça peut vous arriver » du 13 février dernier sur TF1 qui, à la rubrique des violences scolaires, déroule l’histoire d’un gamin suicidé à la suite d’un racket de cour d’école primaire, cas totalement aberrant mais prestement érigé en paradigme, pour les besoins de l’Audimat. Les hebdomadaires regorgent de reportages révélant les « vrais chiffres », les « faits cachés » et autres « rapports explosifs » sur la délinquance, où le sensationnalisme le dispute au moralisme, sans oublier de dresser périodiquement l’effroyable cartographie des « quartiers interdits » et d’égrener les « conseils pratiques » indispensables pour faire face aux dangers décrétés omniprésents et multiformes(2).
Pseudoscience
Partout est ressassée la lancinante complainte sur l’inaction des autorités, l’impéritie de la justice et l’indignation apeurée ou excédée des braves gens. Le gouvernement multiplie les mesures d’affichage répressif dont même ses membres les plus obtus ne peuvent pas ignorer qu’elles n’ont aucune prise sur les problèmes qu’elles sont censées traiter. Un exemple : l’achat ruineux d’un gilet pare-balles pour chaque policier de France alors que 97 % d’entre eux ne viennent jamais au contact du moindre malfrat armé durant toute leur carrière et que le nombre de policiers tués dans l’exercice de leurs fonctions a diminué de moitié en dix ans.
L’opposition de droite n’est pas en reste, qui promet sur tous les sujets de faire la même chose, mais en plus vite, plus fort et plus dur. A l’exception des représentants de l’extrême gauche et des Verts, tous les candidats aux postes électifs ont ainsi promu la sécurité au rang de priorité absolue de l’action publique. Et ils proposent à la va-vite les mêmes solutions primitives et punitives : intensification de l’activité policière, focalisation sur les jeunes (d’origine ouvrière et immigrée, s’entend), les récidivistes et les noyaux durs de criminels des banlieues (ce qui exclut commodément la criminalité en col blanc ou en écharpe tricolore), accélération des procédures judiciaires, durcissement des peines, extension du recours à la détention, y compris pour les mineurs, alors même qu’il est amplement démontré que l’incarcération est éminemment criminogène. Enfin, pour permettre le tout, ils réclament l’accroissement sans freins des moyens consacrés au maintien de l’ordre social par la force. Il n’est pas jusqu’au chef de l’Etat, délinquant multirécidiviste, qui, toute honte bue, ose appeler à l’« impunité zéro » à l’encontre des infractions même bénignes dans les quartiers déshérités.
Cette nouvelle figure politico-discursive de la sécurité qui, dans tous les grands pays d’Europe, réconcilie la droite la plus réactionnaire avec la gauche de gouvernement tire l’essentiel de sa force d’imposition de ces deux puissances symboliques contemporaines que sont la science et l’Amérique - et, mieux encore, de leur croisement, la science américaine appliquée à la réalité américaine.
De même que la vision néolibérale en économie s’appuie sur les modèles d’équilibre dynamique construits par la science économique orthodoxe made in USA, pays qui détient un quasi-monopole sur les prix Nobel dans cette discipline, l’actuelle vulgate sécuritaire se présente sous les dehors d’un discours savant qui prétend mettre la théorie criminologique la plus pointue au service d’une politique résolument rationnelle, donc idéologiquement neutre et finalement indiscutable puisque guidée par de pures considérations d’efficacité et d’efficience. Tout comme la politique de soumission au marché, elle provient directement des Etats-Unis, devenus la société phare de l’humanité, la seule de l’histoire dotée des moyens matériels et symboliques de convertir ses particularités historiques en idéal transhistorique, et de le faire advenir en transformant partout la réalité à son image (3). Ainsi, c’est à New York que les responsables politiques français (mais aussi britanniques, italiens, espagnols et allemands), de droite comme de gauche, se sont rendus en pèlerinage ces dernières années afin de marquer leur détermination retrouvée à terrasser la criminalité de rue et à s’initier pour ce faire aux concepts et mesures mis en place par les autorités américaines (4). Adossée à la science et la politique du crime control éprouvées en Amérique, la pensée unique sécuritaire se présente sous la forme d’un enchaînement de mythes savants dont il est urgent d’examiner la trame et de décortiquer les ressorts.
1. Une Amérique « supercriminelle » aujourd’hui pacifiée et dépassée par la France : selon ce premier mythe, les Etats-Unis étaient jusqu’à récemment ravagés par des taux astronomiques de criminalité mais ils auraient, grâce à leurs innovations policières et pénales, résolu l’équation du crime, à l’instar de New York. Dans le même temps, les sociétés de la vieille Europe se seraient, par laxisme, laissé happer par la spirale des violences urbaines. C’est ainsi que M. Alain Bauer, PDG de Alain Bauer Associates, firme de conseil en sûreté, accessoirement conseiller de ministres socialistes et grand maître du Grand Orient de France, a pu annoncer avec fracas que, suite au « croisement historique des courbes » entre les deux pays en 2000, « la France est plus criminogène que les Etats-Unis (5) ».
Propagée par les médias établis, cette révélation démontre qu’en matière d’insécurité on peut dire tout et n’importe quoi et être pris au sérieux dès lors qu’on entonne le refrain répressif et catastrophiste à la mode. En effet, il est établi depuis une bonne décennie, grâce à l’International Crime Victimization Survey (ICVS)(6), que les Etats-Unis ont des taux de criminalité tout à fait ordinaires quand on les mesure à l’incidence de la « victimation » - et non pas à partir des statistiques de la criminalité déclarée auprès des autorités, dont les spécialistes savent qu’elles mesurent mieux l’activité de la police que celle des délinquants. A l’exception, notable et explicable, des homicides, les taux américains sont depuis longtemps comparables et même généralement inférieurs à ceux de moult autres sociétés avancées.
Ainsi, en 1995, les Etats-Unis arrivaient deuxième derrière le Royaume-Uni pour les vols de voitures et pour les coups et blessures ; troisième, loin derrière le Canada, en matière de cambriolages ; septième pour ce qui est des atteintes sexuelles ; et en queue de peloton pour l’incidence des vols simples, avec un taux inférieur de moitié à celui des Pays-Bas.
Toutefois, avec 10 meurtres pour 100 000 habitants au début de la décennie passée, et 6 pour 100 000 aujourd’hui, leur taux d’homicides demeure six fois supérieur à ceux de la France, de l’Allemagne ou du Royaume-Uni. Les Etats-Unis ont donc un problème spécifique de violence mortelle par armes à feu, fortement concentré dans les ghettos urbains. Cette violence est liée, d’une part, à la libre possession de quelque 200 millions de fusils et pistolets (4 millions d’Américains en portent un sur eux au quotidien), d’autre part, à l’enracinement de l’économie illégale de la rue dans les quartiers déshérités des métropoles.
Exagération du rôle de la police
La pente de la criminalité violente en France, et plus largement en Europe, ne rapproche pas davantage ces pays du « modèle américain » dominé par la violence létale. Le taux d’homicides dans l’Hexagone a chuté d’un cinquième en dix ans, passant de 4,5 pour 100 000 habitants en 1990 à 3,6 en 2000. Si les coups et blessures volontaires ont augmenté notablement, ces violences, loin de frapper « tous et partout », restent concentrées au sein de la population jeune d’origine ouvrière et sont généralement bénignes : dans la moitié des cas, les agressions signalées aux autorités sont exclusivement verbales ; elles n’entraînent d’hospitalisation ou d’arrêt de travail que dans un cas sur vingt (7).
Affirmer, donc, que l’Amérique était « supercriminelle » mais qu’elle ne l’est plus depuis l’avènement de la tolérance zéro, alors que la France le devient (sous-entendu : parce qu’elle n’a pas su importer d’urgence cette mesure) ne relève pas de la thèse criminologique, mais de la foutaise idéologique.
2. A New York comme ailleurs, c’est la police qui a fait fondre la criminalité. Un récent rapport du Manhattan Institute, centre névralgique de la campagne mondiale de pénalisation de la misère, affirme ce mythe avec emphase : la baisse continue de la statistique criminelle aux Etats-Unis serait due à l’action des forces de l’ordre, une fois celles-ci libérées, comme à New York, des tabous idéologiques et des carcans juridiques qui les enserraient (8). Mais là encore, les faits sont têtus : toutes les études scientifiques concluent que la police n’a pas joué le rôle moteur et majeur que les partisans de la gestion pénale de l’insécurité sociale lui accordent, tant s’en faut.
Première preuve, la baisse de la violence criminelle à New York est intervenue trois ans avant l’accession au pouvoir de M. Giuliani, fin 1993, et elle a continué sur la même pente après son installation à la mairie. Mieux, le taux d’homicides commis sans arme à feu diminue régulièrement depuis 1979 ; seuls les homicides par balles, dont le nombre s’était envolé entre 1985 et 1990 en raison de la diffusion du commerce du crack, ont chuté depuis 1990. Aucune de ces deux courbes ne marque d’inflexion particulière sous M. Giuliani(9).
Deuxième preuve, le reflux de la criminalité violente est tout aussi net dans les villes qui n’appliquent pas la politique dite de tolérance zéro, y compris celles qui, optant pour une approche opposée, s’emploient à établir des rapports suivis avec les habitants de manière à prévenir les atteintes plutôt que de les traiter par la répression pénale à outrance. A San Francisco, une politique d’orientation des jeunes délinquants vers des programmes de formation, de conseil et de traitement social et médical a permis de dégonfler le nombre des entrées en maison d’arrêt de plus de moitié tout en réduisant la criminalité violente de 33 % entre 1995 et 1999 (contre 26 % à New York, où le volume des admis en détention a augmenté d’un tiers dans l’intervalle). Troisième preuve, New York avait déjà mis en oeuvre, en 1984-1987, une politique de maintien de l’ordre similaire à celle déployée après 1993, avec pour résultat une augmentation prononcée des violences criminelles... La stratégie policière adoptée par New York durant la décennie 1990 n’est donc ni nécessaire ni suffisante pour expliquer la chute de la criminalité dans cette ville.
Six facteurs indépendants de l’activité de la police et de la justice se sont combinés pour réduire fortement l’incidence des atteintes violentes dans les métropoles américaines. D’abord, une croissance économique sans précédent par son ampleur et sa durée a donné du travail à des millions de jeunes jusque-là condamnés à l’inactivité ou au « business », y compris dans les ghettos et barrios, où le chômage a nettement reculé même si la majorité de ces emplois restent précaires et sous-payés. Ensuite, le nombre des jeunes (de 18 à 24 ans notamment) les plus portés aux infractions violentes a baissé, ce qui s’est traduit quasi mécaniquement par un reflux de la criminalité de rue. Par ailleurs, le commerce de masse du crack dans les quartiers déshérités s’est structuré et stabilisé ; les consommateurs se sont tournés vers d’autres stupéfiants que le crack (marijuana, héroïne et méthamphétamines), dont le trafic génère moins d’exactions parce qu’il opère par réseaux d’interconnaissance plutôt que par échanges anonymes dans des lieux publics (10).
Outre ces trois causes économiques et démographiques, un effet d’apprentissage a éloigné les jeunes nés après 1975 des drogues dures et du style de vie qui leur est associé, par refus de succomber au destin macabre qu’ils avaient vu frapper leurs grands frères, cousins et amis : toxicomanie incontrôlable, réclusion criminelle, mort violente et prématurée. Ensuite, les églises, écoles, associations diverses, clubs de quartier, collectifs de mères d’enfants victimes de tueries de rue se sont mobilisés dans les zones de relégation et ont activé, partout où ils le pouvaient encore, leur capacité de contrôle social informel. Leurs campagnes de sensibilisation et de prévention ont accompagné et renforcé le mouvement de retrait des jeunes de l’économie de prédation de la rue. Cette dimension est totalement occultée dans le discours dominant sur la chute de la criminalité aux Etats-Unis. Enfin, les taux de violence criminelle affichés par les Etats-Unis au début des années 1990 étaient anormalement élevés et ils avaient donc toutes chances de s’orienter à la baisse, d’autant que la combinaison des facteurs qui les avaient fait bondir hors de la norme (tel l’essor initial du trafic du crack) ne pouvait perdurer.
La conjonction de ces six facteurs suffit amplement à expliquer la décrue de la criminalité violente aux Etats-Unis. Mais le temps long et lent de l’analyse scientifique n’est pas celui, rapide et saccadé, de la politique et des médias. La machine à propagande de M. Giuliani a su mettre à profit ce retard naturel de l’investigation criminologique pour combler le vide d’explication par son discours préfabriqué sur l’efficience de la répression policière. Un discours séduisant puisque, charpenté par la trope de la responsabilité, il a fait écho à la thématique individualiste et utilitariste charriée par l’idéologie néolibérale aujourd’hui hégémonique. Mais admettons, pour les besoins de la démonstration, que la police ait effectivement eu un impact notable sur la criminalité à New York. Toute la question reste alors de savoir comment elle aurait produit ce résultat.
3. Derrière la tolérance zéro, la réorganisation bureaucratique. Selon la mythologie planétaire diffusée par les think tanks néolibéraux et leurs relais, médiatiques et politiques, la police new-yorkaise aurait terrassé l’hydre criminelle en appliquant une politique particulière, appelée tolérance zéro, qui s’attache à poursuivre sans relâche les plus petites infractions sur la voie publique.
Ainsi, depuis 1993, toute personne prise en train de mendier ou de divaguer en ville, de mettre son autoradio trop fort, de salir ou de graffiter la voie publique, est censée être automatiquement arrêtée et dépêchée derechef derrière les barreaux : « Finis les simples contrôles au commissariat. Si vous urinez dans la rue, vous irez en détention. Nous sommes décidés à réparer les "vitres brisées" [les moindres marques extérieures de désordre] et à empêcher quiconque de les briser à nouveau. » Cette stratégie, affirme son chef William Bratton, « marche en Amérique » et marcherait tout aussi bien « dans n’importe quelle ville du monde(11) ».
Ce slogan policier de la tolérance zéro a fait le tour du monde alors que c’est une notion écran qui cache, par le fait même de les amalgamer, quatre transformations concourantes mais distinctes du maintien de l’ordre public. La police de New York a d’abord engagé une vaste restructuration bureaucratique : décentralisation des services, aplatissement des niveaux hiérarchiques, rajeunissement des cadres, indexation de la rémunération et de l’avancement des commissaires de quartier sur les chiffres qu’ils produisent. Ensuite, ses moyens ont été décuplés : les effectifs policiers sont passés de 27 000 en 1993 à 41 000 moins de dix ans plus tard, au prix d’un gonflement du budget de la police, alors que dans le même temps le budget des services sociaux était amputé. La police a également procédé à un déploiement de nouvelles technologies informatiques, dont le système Compstat permettant de suivre en temps réel l’évolution des délits et crimes afin de redéployer à flux tendu les effectifs policiers dans les secteurs touchés. Enfin, elle a révisé les procédures de l’ensemble des services selon les schémas des cabinets de conseil en ingénierie d’entreprise et mis en place des actions ciblées contre le port d’armes, le trafic de stupéfiants, la violence conjugale, les infractions au code de la route, etc.
Qui vole un oeuf... ?
Au total, une bureaucratie réputée poussive, passive, corrompue, et qui avait pris pour pli d’attendre que les victimes du crime déposent plainte pour se contenter de les enregistrer, s’est muée en véritable firme de sécurité zélée, dotée de moyens humains et matériels colossaux et d’une attitude offensive. Si cette mutation bureaucratique a eu un impact notable sur la criminalité - ce que personne n’est parvenu à démontrer -, cet impact n’est cependant pas dû à la tactique adoptée par la police.
4. De la « vitre brisée » aux « couilles brisées ». Le dernier mythe sécuritaire planétaire venu d’Amérique est l’idée selon laquelle la politique de tolérance zéro jugée responsable du succès policier de New York s’appuierait sur une théorie criminologique scientifiquement validée, la fameuse « théorie de la vitre brisée ». Celle-ci postule que la répression immédiate et sévère des moindres infractions sur la voie publique enraye le déclenchement des grandes atteintes criminelles en y (r)établissant un sain climat d’ordre - arrêter les voleurs d’oeufs permettrait de stopper les tueurs de boeufs potentiels. Or cette prétendue théorie est tout sauf scientifique puisqu’elle a été formulée, il y a vingt ans, par le politologue ultraconservateur James Q. Wilson et son compère George Kelling sous la forme d’un texte de neuf pages publié non dans une revue de criminologie, soumise à l’évaluation de chercheurs compétents, mais dans un hebdomadaire culturel à gros tirage. Et qu’elle n’a jamais reçu, depuis, le moindre début de preuve empirique.
Ses partisans citent toujours en renfort un ouvrage du politologue Wesley Skogan, Disorder and Decline, publié en 1990, qui traque les causes et les remèdes aux dislocations sociales dans quarante quartiers de six métropoles américaines. Mais ce livre démontre en fait que c’est la pauvreté et la ségrégation raciale, et non le climat de désordre urbain, qui sont les principaux déterminants du taux de criminalité en ville. Par ailleurs, les conclusions statistiques ont été invalidées en raison de l’accumulation des erreurs de mesure et des données manquantes. Enfin, son auteur lui-même accorde à la fameuse « vitre brisée » le statut de simple « métaphore(12) ».
Il y a plus drôle : l’adoption du harcèlement policier permanent des pauvres de New York n’a, de l’aveu même de ses inventeurs, aucun lien avec une quelconque théorie criminologique. La fameuse « vitre brisée » n’a été découverte et invoquée par les officiels new-yorkais qu’a posteriori, afin d’habiller d’atours rationnels des mesures populaires auprès de l’électorat (majoritairement blanc et bourgeois), mais discriminatoires dans leur principe comme dans leur application, et ainsi donner un tour novateur à ce qui n’était qu’un retour à une vieille recette policière. M. Jack Maple, qualifié de « génie de la lutte contre le crime » par M. Giuliani, qui fut l’initiateur de cette politique dans le métro avant de l’étendre à la rue, le dit d’ailleurs sans ambages dans son autobiographie, Crime Fighter, parue en 1999 : « La "théorie de la vitre brisée" n’est qu’une extension de ce que nous avions l’habitude d’appeler la "théorie du brise-couilles" (breaking balls theory). » Issue de la sagesse policière ordinaire, qui stipule que si les flics poursuivent avec insistance un criminel notoire pour des peccadilles, il finira, de guerre lasse, par quitter le quartier pour aller commettre ses méfaits ailleurs.
Le maître d’oeuvre de la politique policière de M. Giuliani se gausse ouvertement de ceux qui croient en l’existence d’un « lien mystique entre les incidents mineurs relevant du désordre et les atteintes criminelles plus graves ». L’idée que la police pourrait faire baisser la criminalité violente en s’attaquant aux incivilités lui semble « pathétique » et il donne une foule d’exemples contraires tirés de son expérience professionnelle. Puis il compare le maire qui adopterait une telle tactique policière à un médecin qui « ferait un lifting à un cancéreux », ou à un chasseur sous-marin qui attraperait des « dauphins plutôt que des requins ».
Jack Maple serait sans doute étonné de lire la « fiche n° 31 » rédigée par les « experts » français de l’Institut des hautes études de la sécurité intérieure (Ihesi), organisme de « recherche » du ministère de l’intérieur. Destinée à guider les maires de France dans l’établissement des contrats locaux de sécurité, cette fiche indique : « Des recherches américaines ont montré que la prolifération des incivilités n’est que le signe avant-coureur d’une montée généralisée de la délinquance. Les premières conduites déviantes, si minimes semblent-elles, pour peu qu’elles se généralisent, stigmatisent un quartier, polarisent sur lui d’autres déviances, sont le signe de la fin de la paix sociale au quotidien. La spirale du déclin s’amorce, la violence s’installe, et avec elle toutes les formes de délinquances : agressions, cambriolages, trafic de stupéfiants, etc. (cf. J. Wilson et T. [sic] Kelling, "la théorie de la vitre cassée"). C’est en se fondant sur les acquis de ces recherches que le chef de la police de New York a mis en place une stratégie de lutte dite "tolérance zéro" contre les fauteurs d’incivilités, qui semble avoir été l’un des facteurs de la très forte réduction de la criminalité dans cette ville (13). » On réprime difficilement un sentiment d’incrédulité devant une telle déferlante d’âneries transatlantiques caractérisées. Car la tactique de harcèlement policier des pauvres engagée par New York n’est que l’application pleinement assumée des théories indigènes fondées sur le bon sens pratique des policiers. Et ce bon sens n’a, en la matière, pas grand sens.
Une supercherie intellectuelle
Une évaluation rigoureuse, conduite par les deux meilleurs spécialistes américains, de l’ensemble des travaux scientifiques destinés à tester l’efficience de la police en matière de lutte contre le crime a conclu que ni le nombre des policiers lancés dans la bataille, ni les changements internes d’organisation et de culture des forces de l’ordre (tels que l’introduction de la police communautaire ou dite de proximité), ni même les stratégies de ciblage des lieux et des groupes à forte propension criminelle (à l’« exception possible et partielle » des programmes visant le trafic de rue de stupéfiants) n’ont par eux-mêmes d’impact sur l’évolution des infractions.
Et, ironie finale, les auteurs désignent le dispositif Compstat et la tolérance zéro comme « les candidats les moins plausibles pour expliquer le recul de la criminalité violente » en Amérique (14)...
A la manière de poupées gigognes, quatre mythes savants venus d’outre-Atlantique s’emboîtent de manière à former une chaîne d’apparence syllogistique permettant de justifier l’adoption d’une politique de nettoyage de classe qui est foncièrement discriminatoire. Elle repose en effet sur une équivalence entre agir hors norme et être hors la loi, elle vise des quartiers et des populations soupçonnées par avance, si ce n’est tenues pour coupables par principe. S’il est vrai que la société américaine a été pacifiée par l’action de la police, alors même que les autres pays sont frappés par une déferlante de crimes, grâce à la politique de tolérance zéro qui elle-même s’appuie sur une théorie criminologique solide (la « vitre brisée »), alors comment ne pas s’empresser d’importer ces notions pour mettre en oeuvre les dispositifs qu’elles semblent fonder en raison ? En réalité, les quatre propositions-clés de la nouvelle vulgate sécuritaire made in USA sont dépourvues de toute validité scientifique et leur efficacité pratique relève d’une croyance collective sans fondement dans la réalité. Mises bout à bout, elles servent de rampe de lancement planétaire à une supercherie intellectuelle qui, en donnant une caution pseudo savante à l’activisme échevelé des services de police, contribuent à légitimer le basculement vers la gestion pénale de l’insécurité sociale que génère partout le désengagement économique et social de l’Etat.
Loïc Wacquant.
(1) Cf. Loïc Wacquant, Les Prisons de la misère, Raisons d’agir, Paris, 1999.
(2) Lire Annie Collovald, Violence et délinquance dans la presse : politisation d’un malaise social et technicisation de son traitement, Editions de la DIV, Paris, 2000, et Serge Halimi, « L’insécurité des médias », in Gilles Sainati et Laurent Bonelli (dir.), La Machine à punir, Dagorno, Paris, 2001.
(3) Voir Actes de la recherche en sciences sociales, Paris, nos 138 et 139, juin et septembre 2001, consacrés à « l’exception américaine ». Lire aussi « L’Amérique dans les têtes », Manière de voir, no 53.
(4) Lire « Ce vent punitif qui vient d’Amérique », Le Monde diplomatique, avril 1999.
(5) Le Figaro, 18 juin 2001. « Etude » reprise par France Inter : cf. « Le « Far West » de Radio France », Le Monde diplomatique, août 2001. Lire aussi Pierre Rimbert, « Envahissants experts de la tolérance zéro », Le Monde diplomatique, février 2001.
(6) L’International Crime Victimization Survey est une enquête par questionnaire auprès des ménages conduite tous les quatre ans depuis 1989, sous l’égide du ministère de la justice néerlandais qui compare les taux de victimation criminelle dans les principaux pays avancés.
(7) Laurent Mucchielli, Violences et insécurités. Fantasmes et réalités dans le débat français, La Découverte, Paris, 2001, p. 67.
(8) George L. Kelling et William H. Souza, « Does Police Matter ? An Analysis of the Impact of NYC’s Police Reforms », Civic Report, n° 22, Manhattan Institute, New York, décembre 2001.
(9) Jeffrey Fagan, Franklin Zimring et June Kim, « Declining Homicide in New York City : A Tale of Two Trends », Journal of Criminal Law and Criminology, 88-4, été 1998, pp. 1277-1324.
(10) Sur le fonctionnement quotidien du trafic du crack à East Harlem, lire Philippe Bourgois, En quête de respect. Le Commerce du crack à New York, Editions du Seuil, Paris, 2001.
(11) William W. Bratton avec Peter Knobler, Turnaround : How America’s Top Cop Reversed the Crime Epidemic, New York, Random House, 1998, p. 229 et 309.
(12) Cf. Loïc Wacquant, « Désordre dans la ville », Actes de la recherche en sciences sociales, 99, septembre 1993, et Bernard E. Harcourt, « A Critique of the Social Influence Conception of Deterrence, the Broken Windows Theory, and Order-Maintenance Policing New York Style », Michigan Law Review, 97-2, novembre 1998, pp. 291-389.
(13) Institut des hautes études de la sécurité intérieure, Guide pratique pour les contrats locaux de sécurité, La Documentation française, Paris, 1997, pp. 133-134. Sur l’Ihesi, lire Pierre Rimbert, op. cit.
(14) John E. Eck et Edward R. Maguire, « Have Changes in Policing Reduced Violent Crime ? », in Blumstein, The Crime Drop in America, Cambridge University Press, New York, 2000.
LE MONDE DIPLOMATIQUE | mai 2002 | Pages 6 et 7
http://www.monde-diplomatique.fr/2002/05/WACQUANT/16519
http://rdereel.free.fr/volCZ1.html
On s’émeut périodiquement, en France, des conditions de vie dans les prisons : surpeuplement, vétusté, misère, violence, viols... Dernièrement, le livre du docteur Véronique Vasseur a déclenché un torrent de reportages journalistiques, suivi de la constitution d’une commission d’enquête et de déclarations empressées des parlementaires(1). Que vous inspire cet épisode ?
On voudrait se convaincre qu’il vaut toujours mieux parler de la prison que de ne pas en parler, ne serait-ce que pour briser l’omerta qui protège l’institution, sauf qu’il est des manières d’en parler qui n’en sont pas et qui, au final, peuvent s’avérer contre-productives en créant l’illusion qu’on s’est saisi du problème alors qu’on n’a fait que l’éviter. On peut se demander d’ores et déjà ce qui restera une fois passée cette tempête médiatique, sans parler du plus ahurissant : voir un quarteron de PDG et d’hommes politiques ayant fait de brefs séjours derrière les barreaux dans des conditions totalement atypiques, érigés par les médias en Zolas des pénitenciers! Trois mois après la polémique déclenchée par Médecin-chef à la Santé, pas la moindre mesure concrète n’a été prise et les commissions d’enquête parlementaires, curieusement, se sont assignés des travaux herculéens, ce qui renvoie à six mois leurs conclusions - alors qu’on sait déjà tout ce qu’on a besoin de savoir.
Dans le brouhaha déclenché par le récit de scènes de la vie ordinaire à la Santé, scènes qui n’auront pas surpris ceux qui se sont frottés d’un peu près à la réalité de l’enfermement, je relève d’abord le fait que ni les journalistes ni les responsables politiques - qui, à vrai dire, ne débattent jamais qu’entre eux - n’ont jugé bon de lire les recherches récentes de sciences sociales sur le sujet, alors qu’il en existe d’excellentes, fondées sur des observations de terrain fines et méthodiques plutôt que sur des impressions passagères et personnelles(2). C’est à se demander pourquoi l’État paie des sociologues. Je suis frappé ensuite par la tonalité moralisatrice du débat. On feint de découvrir, pour s’en scandaliser, que les prisons de France ne sont pas «dignes de la patrie des Droits de l’homme» alors qu’en vertu même de la loi, l’institution pénitentiaire fonctionne en marge du droit, en l’absence de tout contrôle démocratique, dans l’arbitraire administratif et l’indifférence générale (je pense à cette incarnation banale du despotisme bureaucratique qu’est le prétoire, le «tribunal interne» de la prison où l’administration joue avec la vie d’êtres humains sans contrôle ni recours, avec pour seul souci le maintien de l’ordre intérieur). La prison, supposée faire respecter la loi, est en fait, de par son organisation même, une institution hors-la-loi. Censée porter remède à l’insécurité et la précarité, elle ne fait que les concentrer et les intensifier, mais tant qu’elle les rend invisibles, on ne lui demande rien de plus.
Pour qui se soucie réellement des conditions d’accueil et de vie des détenus, il n’était pas besoin d’attendre la publication du journal du docteur Vasseur. Il suffisait de parcourir telle étude du Ministère de la Justice datée de 1997 - ou celles qui l’ont précédée de loin en loin - qui relevait qu’un reclus sur quatre en maison d’arrêt vit dans des conditions «très difficiles, voire alarmantes», enfermé 22 heures par jour à deux, trois ou quatre dans moins de 9m2 dans des conditions d’hygiène épouvantables. Dans nombre de centrales, comme celle de Nantes, les condamnés à des peines courant jusqu’à cinq ans croupissent à deux dans des cellules individuelles offrant moins de 2m2 disponibles après qu’on y ait casé tant bien que mal le mobilier supplémentaire : à quand la «tolérance zéro» pour ces violations systématiques de l’article 716 du Code de procédure pénale qui stipule l’encellulement individuel ? Tout le reste, traitements brutaux et propos racistes, humiliation des familles et des visiteurs, misère matérielle et violences quotidiennes, est depuis longtemps très bien documenté.
Mais, surtout, ce débat a soigneusement éludé la question de fond, à savoir: à quoi donc peut servir la prison au vingt-et-unième siècle ? On s’apercevrait, si on la posait, que nul ne sait plus pourquoi au juste on enferme les gens. On invoque rituellement la philosophie thérapeutique et on continue de (se) faire croire que la prison a pour mission de « réformer » et de « réinsérer » ses pensionnaires, alors que tout, de l’architecture à l’organisation du travail des surveillants en passant par l’indigence des ressources institutionnelles (travail, formation, scolarité, santé), le tarissement délibéré de la libération en conditionnelle et l’absence de mesures concrètes d’aide à la sortie, la nie. Il suffit de citer ce surveillant de maison centrale qui disait : «La réinsertion donne bonne conscience à certains. Pas à des gens comme moi, mais aux politiques. En maison d’arrêt c’est pareil. Combien j’en ai vu me dire, “chef, vous inquiétez pas, je reviendrai jamais !” et paf ! six mois après… La réinsertion, c’est pas en prison qu’on la fait. C’est trop tard. Faut insérer les gens en donnant du travail, une égalité des chances au départ, à l’école. Faut faire de l’insertion.»(3) Mais on est infichu d’« insérer » les jeunes chômeurs et les Rmistes, alors vous pensez, les repris de justice !
Aux États-Unis, les choses semblent au premier abord plus claires: on a carrément jeté aux orties l’idéal de la réhabilitation, puis on a adopté par défaut l’objectif de «neutralisation» des criminels violents. Mais alors comment justifier l’embastillement d’un million de petits délinquants qui ne posent de danger pour personne? Et comme la dissuasion est un échec patent, on s’est finalement tourné vers la rétribution: «Faire que le détenu sente le détenu», humilier, enfermer pour faire mal, punir pour punir. Mais lorsque le public s’aperçoit du coût humain et financier de ce «théâtre de la souffrance» pénale, il n’est plus trop sûr d’en vouloir. On est en vérité empêtrés dans ce que le sociologue écossais David Garland appelle la «crise du modernisme pénal»(4), et l’on n’en sortira pas sans engager une réflexion de fond, politique au sens noble du terme, sans freins ni tabous, sur le sens de la peine et donc de l’emprisonnement. Le véritable défi, en l’occurrence, ce n’est pas d’améliorer les conditions de détention, même si c’est à l’évidence une nécessité urgente, mais de dépeupler rapidement les prisons en engageant une politique volontariste de décarcération par le développement des peines alternatives à la privation de liberté. La France pourrait descendre en deux ans de 54.000 à 24.000 détenus sans que la sécurité des citoyens ne soit en rien compromise, pour peu que les gouvernants fassent preuve d’un soupçon de courage.
Dans Les Prisons de la misère, vous avancez la thèse selon laquelle il existe un lien étroit entre la montée du néolibéralisme et le renforcement des politiques sécuritaires, aux États-Unis d’abord, en Europe ensuite. Vous résumez cette évolution par une formule lapidaire : «Effacement de l’État économique, abaissement de l’État social, renforcement et glorification de l’État pénal».
Cette formule a pour but d’indiquer qu’on ne peut pas comprendre les politiques policières et pénitentiaires dans nos sociétés sans les replacer dans le cadre d’une transformation plus large de l’État, transformation elle-même liée aux mutations de l’emploi et au basculement du rapport de forces entre classes et groupes qui luttent pour son contrôle. Et, dans cette lutte, c’est le grand patronat et les fractions «modernisatrices» de la bourgeoisie et de la noblesse d’État qui, alliées sous la bannière du néolibéralisme, ont pris le dessus et engagé une vaste campagne de sape de la puissance publique. Dérégulation sociale, montée du salariat précaire (sur fond de chômage de masse en Europe et de «misère laborieuse» en Amérique), et regain de l’État punitif vont de pair : la « main invisible » du marché du travail précarisé trouve son complément institutionnel dans le «poing de fer» de l’État qui se redéploie de sorte à juguler les désordres générés par la diffusion de l’insécurité sociale. À la régulation des classes populaires par ce que Pierre Bourdieu appelle «la main gauche» de l’État, symbolisée par l’éducation, la santé, l’assistance et logement social, se substitue (aux États-Unis) ou se surajoute (en Europe) la régulation par sa «main droite», police, justice, et prison, de plus en plus active et intrusive dans les zones inférieures de l’espace social. La réaffirmation obsessionnelle du « droit à la sécurité », l’intérêt et les moyens accrus accordés aux fonctions de maintien de l’ordre viennent à point nommé pour combler le déficit de légitimité dont souffrent les responsables politiques, du fait même qu’ils ont abjuré les missions de l’État en matière économique et sociale.
Bref, le virage sécuritaire négocié par le gouvernement Jospin en France en 1997 (ou par celui de Tony Blair et de Massimo D’Alema l’année d’avant), n’a pas grand lien avec la prétendue «explosion de la délinquance des jeunes», dont la statistique officielle montre qu’elle n’est qu’un petit pétard(5) - pas plus qu’avec les fameuses «violences urbaines» (terme qui est un non-sens statistique et sociologique) qui ont récemment envahi les médias. Ce virage sécuritaire a en revanche beaucoup à voir avec la généralisation du salariat précaire et l’instauration d’un régime politique qui permettra de l’imposer. Régime que je qualifie de «libéral-paternaliste» car il est libéral en haut, à l’égard des entreprises et des catégories privilégiées, et paternaliste et punitif en bas, envers ceux qui se trouvent pris en tenaille par la restructuration de l’emploi et le recul des protections sociales ou leur reconversion en instrument de surveillance.
Vous retracez la montée de l’État carcéral aux États-Unis, où la dérégulation de l’économie et le démantèlement des aides sociales se sont accompagnées d’un développement prodigieux du système carcéral, et ce dans une période où la criminalité stagnait puis décroissait. L’étude statistique montre que la croissance des détentions aux États-Unis s’explique par l’enfermement des petits délinquants, et vous écrivez à ce propos : «Contrairement au discours politique et médiatique dominant, les prisons américaines sont remplies non de criminels dangereux et endurcis, mais de vulgaires condamnés de droit commun pour affaires de stupéfiants, cambriolages, vols, ou simples troubles à l’ordre public, pour l’essentiel issus des fractions précarisées de la classe ouvrière» frappées de plein fouet par la flexibilisation du salariat et le recul social. Comment les pouvoirs publics sont-ils parvenus à justifier ce brusque changement de cap ?
Suite au revirement politique et racial de la décennie soixante-dix qui a porté Ronald Reagan à la Maison blanche, les États-Unis se sont employés à remplacer leur (semi) État-providence par un État policier et pénitentiaire au sein duquel la criminalisation de la pauvreté et l’enfermement des catégories déshéritées font office de politique sociale envers les plus démunis. On peut décrire succinctement cet avènement de l’État pénal en Amérique selon cinq dimensions. La première est la croissance sidérante des populations incarcérées: elles quadruplent en vingt ans pour atteindre aujourd’hui deux millions, dont plus d’un million de condamnés pour des infractions non-violentes. Ce chiffre représente 740 détenus pour 100.000 habitants, soit huit fois plus que la France, l’Italie ou l’Allemagne - c’était deux fois plus en 1960 - ou encore deux fois le taux de l’Afrique du Sud à l’acmé de la lutte contre l’apartheid. La seconde tendance est l’extension continue de la mise sous tutelle judiciaire par le biais des condamnations avec sursis et de la conditionnelle, tutelle qui s’exerce désormais sur six millions d’Américains, soit un homme sur vingt et un jeune Noir sur trois, et qu’étend la prolifération des banques de données criminelles, dont certaines sont en libre service sur internet, ainsi que le fichage génétique. (Une nouvelle ère du panoptisme pénal s’est ouverte en 1994 avec le vote par le Congrès du DNA Identification Act qui a créé, sous l’égide du FBI, une banque nationale de données génétiques entrée en service en 1998 et qui, à terme, contiendra les empreintes ADN de tous les condamnés au pénal, voire de l’ensemble des personnes arrêtées par les services de police). Troisième tendance, le décuplement des moyens des administrations pénitentiaires, promues troisième employeur du pays avec plus de 600.000 fonctionnaires, juste derrière la première firme au monde par le chiffre d’affaires, General Motors, et le géant de la distribution Wal-Mart, alors que dans le même temps les budgets des services sociaux, de santé et d’éducation subissent des coupes draconiennes : moins 41% pour l’aide sociale et plus 95% pour les prisons durant la seule décennie 1980.
Toutefois, même en sabrant dans les crédits alloués aux services sociaux, le «grand renfermement» des pauvres et des précaires en Amérique n’aurait pas été possible sans la contribution du secteur privé: l’emprisonnement à but lucratif refait donc son apparition à partir de 1983 pour s’accaparer très vite le douzième du «marché» national, soit quelques 150.000 détenus (trois fois la population pénitentiaire de la France). Ces firmes cotées en bourse sur le marché Nasdaq affichent des taux de croissance et de profit record et sont les chouchous de Wall Street. La «nouvelle économie» étatsunienne, ce n’est pas seulement internet et les technologies de l’information : c’est aussi l’industrie du châtiment! À titre indicatif, les prisons d’État de Californie emploient deux fois plus de salariés que Microsoft... La dernière tendance n’est pas la moins révélatrice puisqu’il s’agit du « noircissement » continu de la population recluse qui fait qu’en 1989, pour la première fois de l’histoire, les Afro-américains fournissaient plus de la moitié des reclus alors qu’ils ne pèsent que 7% dans la population du pays. La prison est devenue un prolongement-substitut du ghetto après que celui-ci soit entré en crise suite à la vague des émeutes urbaines des années 1960(6).
La politique sécuritaire dite de «Law and order» qui se déploie à partir des années 1970 est d’abord une réplique aux mouvements sociaux des années 1960 et notamment aux avancées du mouvement de revendication noir. La droite américaine se lance alors dans un vaste projet de réarmement intellectuel en créant des think-tanks, ces instituts de conseil en politiques publiques qui vont servir de rampe de lancement idéologique à la guerre contre l’État-providence, indissociable du refus de l’intégration des Afro-Américains. (L’attrait des politiques sécuritaires provient pour bonne partie du fait qu’elle permettent d’exprimer dans un idiome d’apparence civique - assurer la paix et la tranquillité des citoyens - le rejet de la demande noire d’égalité, comme en Europe aujourd’hui le refus xénophobe des ressortissants du Tiers-Monde). Une fois remportée la bataille du « moins d’État » social et économique, ces instituts vont se consacrer à la promotion du « plus d’État » policier et pénal qui lui fait pendant en matière de justice. Par exemple, à New York, c’est le Manhattan Institute, crée en 1978 à l’instigation d’Anthony Fischer, mentor de Margaret Thatcher, qui ressuscite et promeut la soi-disant théorie de la «vitre cassée» (pourtant scientifiquement discréditée) afin de légitimer la politique de «tolérance zéro» du maire républicain Giuliani.
Cette politique revient à effectuer un «nettoyage de classe» de l’espace public, en repoussant les pauvres menaçants (ou perçus comme tels) hors des rues, parcs, trains, etc. Pour l’appliquer, le Chef de la police de New York transforme son administration en véritable entreprise de sécurité, avec des objectifs chiffrés de baisse mensuelle de la criminalité à atteindre coûte que coûte, grâce à l’embauche de 12.000 agents supplémentaires pour un total de 48.000. Chiffre à comparer aux 13.000 employés des services sociaux de la ville restant après une chute des effectifs de 30 % en cinq ans. Du fait des violences policières routinières et discriminatoires qu'elle suscite ou nécessite, cette politique agressive de maintien de l’ordre est très fortement contestée à New York même, y compris parmi ses principaux bénéficiaires, la classe moyenne blanche. Ce qui n’empêche pas certains de nos politiciens fins criminologues de proposer de l’importer en France...
En 1662, Colbert adressait aux parlementaires cette lettre : «Sa Majesté désirant rétablir le corps de ses galères et en fortifier la chiourme par toutes sortes de moyens, son intention est que vous teniez la main à ce que votre compagnie y condamne le plus grand nombre de coupables qu’il se pourra, et que l’on convertisse même la peine de mort en celle des galères»(7). Les condamnés servaient ainsi de main-d’œuvre gratuite au pouvoir. Dans Surveiller et Punir, Foucault argue que la prison, plus encore que les galères, sert le pouvoir économique. Est-on revenu aujourd’hui à cet état de fait ?
Pas au sens où l’exploitation économique des prisonniers serait la cause ou la raison de l’augmentation spectaculaire de l’incarcération aux États-Unis et, à un degré moindre, en Europe de l’Ouest. C’était vrai à l’origine historique de l’emprisonnement pénal. Au seizième siècle, le Bridewell de Londres, la Zuchthaus d’Amsterdam et l’Hôpital général de Paris remplissent une triple fonction: confiner, réformer et mettre au travail. Georg Rusche et Otto Kirschheimer montrent dans leur livre classique, Peine et structure sociale, que l’emprisonnement doit alors «rendre socialement utile la force de travail de ceux qui refusent de travailler» en leur inculquant sous contrainte la soumission au travail de sorte qu’à leur libération «ils aillent d’eux-mêmes grossir les rangs des demandeurs d’emploi»( 8 ). Mais ce n’est déjà plus vrai à la fin du XVIIIème siècle, la période qui intéresse Foucault, et c’est plutôt l’inverse à la fin du vingtième siècle : les prisons d’aujourd’hui entreposent d’abord les rebuts du marché du travail, les fractions déprolétarisées et surnuméraires de la classe ouvrière, plutôt qu’une armée de réserve. Un détenu sur huit à peine en Amérique exerce un travail et les proportions sont encore plus faibles de ce côté de l’Atlantique. Quoi qu’en disent les critiques du soi-disant «complexe carcéro-industriel», l’emprisonnement n’est pas une «industrie» rentable pour la société, tant ses coûts sont faramineux (25.000 dollars l’année par pensionnaire dans un pénitencier d’État en Californie et 70.000 dollars dans la maison d’arrêt de New York). On fait fausse route à vouloir trouver un lien direct entre incarcération et profit économique. Cela ne veut pas dire que l’emprisonnement de masse ne sert pas une fonction économique indirecte : celle de discipliner les fractions les plus rétives du nouveau prolétariat des services en élevant le coût des stratégies d’attente ou de fuite dans l’économie informelle et illicite de la rue.
Mais, surtout, il ne faut pas penser l’avènement du «libéral-paternalisme» sous le seul signe de l’exploitation et de la répression. Il faut le concevoir aussi, comme le suggérait Michel Foucault dans son analyse célèbre de l’invention de la sexualité, sous la catégorie de production. La transition de l’État-providence à l’État-pénitence est éminemment productrice : productrice de nouvelles catégories, telles celles de «quartiers sensibles» ou de «violences urbaines» ; productrice de nouveaux discours, tel celui que serine le gouvernement de la gauche plurielle en France sur la «sécurité» entendue au sens étroit de sécurité physique des biens et des personnes, décisoirement coupée de son socle social et économique; productrice enfin de nouvelles institutions et de nouveaux agents, comme les entreprises de «conseil en sécurité» et les «adjoints de sécurité» (16 000 emplois-jeunes recrutés pour aider à mieux « fliquer » les zones périurbaines minées par le chômage et l’emploi flexible), ou encore de dispositifs juridiques (comparution immédiate, composition pénale) qui, sous prétexte d’efficience bureaucratique, instaurent une justice différentielle selon l’origine ethnique et de classe.
Quel peut être le rôle des intellectuels pour amener ce débat sur les questions de fond ? Pourquoi ne pas intervenir régulièrement dans les pages «Horizons-Débats» dont vous dénoncez la propension à céder à la panique autour des «violences urbaines»? Cela ne vous permettrait-il pas de toucher l’opinion publique et non pas seulement les gens qui auront pris la peine de lire Les Prisons de la misère? Ne faut-il pas prêcher les insouciants, en plus de prêcher les convaincus? Vous êtes un universitaire reconnu et partagez ce point de vue avec nombre de collègues éminents, il n’y a aucune raison que la presse n’accueille pas votre point de vue.
Je dois vous dire que la dernière partie de votre question témoigne d’une naïveté étonnante à propos des médias. Outre que les lecteurs des grands quotidiens parisiens ne constituent pas à eux seuls l’«opinion publique», croyez-vous que la qualité scientifique et la force des idées soient ce qui décide de ce qui passe ou non dans les journaux, y compris dans leurs rubriques «idées»? Une sociologie élémentaire de la profession montre au contraire que les journalistes apprécient et célèbrent avant tout ceux qui pensent comme eux, de manière journalistique, selon les catégories du sens commun politique et social du moment - ce n’est pas une carence individuelle, c’est une contrainte structurale qui pèse sur eux(9). Tout ce qui rompt le ronron de cette pseudo-politologie molle qui leur sert d’instrument d’appréhension de la société a toutes chances d’être perçu comme une agression, ou de n’être pas perçu du tout (demandez à la rédaction de Libération pourquoi ce quotidien, qui se veut progressiste et critique, et qui publie pratiquement un article par jour sur les questions de justice et de prison, n’a pas même mentionné l’existence de mon livre(10), pourtant déjà traduit en huit langues et très lu par les militants et les détenus - j’ai tenu mon premier débat public après sa parution avec les prisonniers de la Santé, justement).
Aujourd’hui les grands médias ne sont pas un instrument du débat démocratique mais un obstacle à contourner pour pouvoir l’engager. C’est dire qu’il faut pour cela passer par d’autres formes de communication, revues, lettres d’informations, forums, et trouver ailleurs des soutiens, auprès des syndicats, associations, coordinations et collectifs engagés dans des luttes sociales variées. Par leur questionnement critique, fondé sur l’observation et la comparaison, les chercheurs ont un rôle-moteur à jouer pour reformuler en termes audacieux et réalistes à la fois la question du châtiment et pour s’efforcer, avec tous ceux qui œuvrent à son pourtour et en son sein, juges, avocats, intervenants extérieurs, militants, prisonniers et familles des prisonniers, de faire enfin entrer la prison dans la cité.
La vraie question a se poser :Toshi a écrit :Pourquoi sarco avec la tripoté qu'il se tape y a personne qui lui parle de l'anti-américanisme ambiant dans son pays ? (le coup du caniche de bush ça risque de le suivre longtemps ....)
Le nombre double chaque année soit : 40 000 en 1998, 80 000 dès 1999... Pas besoin d'attendre 2002... En 2002 on devrait être à 640 000 avec un doublement chaque année... De 82 000 à 640 000 on doit avoir ce qui correspond au "quasimment"... Une paille.En 1997, la France a enregistré 20 000 demandes d'asile. Ce nombre a quasiment doublé chaque année pour atteindre 82 000 fin 2002.
En 2004 ce total est à 57 616 dont 50 547 premières demandes (-1,1% par rapport à 2002) et 7 069 rééxamens (+294,9%)."Pour bien comprendre les statistiques jointes ci-dessous, il convient de savoir que l’OFPRA comptabilise (depuis 1989) tous les dossiers de demande d’asile enregistrés sur la base du principe : un dossier = 1 personne = 1 identité = une demande d’asile. Jusqu’en mai 2002, cela ne concernait que les adultes et les mineurs isolés ; désormais, les mineurs accompagnants se voient également attribuer un numéro de dossier personnel, rattaché à celui du parent référant..
C'est plutôt que bcp de gens de font pas de nuances. Les américains ont des choses formidables à nous apporter sur tous les domaines mais ils en ont d'autres que je préférerais qu'ils gardent. Notamment certaines choses qui fascinent le nabot...Hida Ichi a écrit :La vraie question a se poser :Toshi a écrit :Pourquoi sarco avec la tripoté qu'il se tape y a personne qui lui parle de l'anti-américanisme ambiant dans son pays ? (le coup du caniche de bush ça risque de le suivre longtemps ....)
le problème est-il que Sarkosy aille faire le pitre aux Etats-Unis,
ou que l'anti-américanisme est si présent dans notre pays ?
Sarkozy ou l’obsession calculée des «géants noirs» de banlieue
17/06/2006
Le Conseil des ministres du 31 mai 2006 a donné l’occasion au ministre de l’intérieur, et surtout au candidat auto désigné de la majorité présidentielle, Nicolas Sarkozy d’enfoncer encore un peu le clou sur sa cible favorite de ces derniers temps, les Noirs, ceux de banlieues, de préférence africains ou originaires d’Afrique.
Alors que la question de la délinquance des mineurs pose, semble t-il problème, encadrée par un dispositif législatif équilibrant éducation, prévention, sanction, «l’ordonnance du 02 février 1945», des voix s’élèvent pour marquer la barre au plus répressif. C’est en ce sens que Nicolas Sarkozy, s’adressant au Garde des sceaux Pascal Clément, à propos de la situation dans les banlieues parisiennes de Gagny et Montfermeil dont on craint un nouvel embrasement a lancé :
«Les mineurs de 1945 n’ont rien à voir avec les géants noirs des banlieues d’aujourd’hui qui ont moins de 18 ans et font peur à tout le monde». [Source : Le Canard Enchaîné, mercredi 17 juin 2006, P.2].
Fanon 1 avait prévenu, le nègre est phobogène ! Mais l’accumulation de propos délibérés mettant les Noirs à l’index n’est ni le fruit d’une observation clinique des facultés de violence sui generis des Mélanodermes, ni le hasard de combinaisons malencontreuses de mots égarés qui seyent au rang du président de l’UMP.
Il faut revenir à la fin d’année 2005, en pleine pornographie politique négrophobe, la culture africaine, la polygamie, les langues africaines portaient le chapeau des insoumissions des banlieues, et Nicolas Sarkozy ne se gênait pas pour affirmer, selon le Gri-Gri international [1er décembre 2005] que les Noirs étaient violents, plus violents que les Arabes, en particulier les Ivoiriens et les Congolais…2 Pour d’autres allumés de la majorité, la culture africaine, toujours elle, ne s’adaptait que trop mal aux valeurs d’égalité françaises, etc.
La surenchère des seconds couteaux ne change pas une réelle stratégie politique ethnique rondement menée qui se déploie chaque jour sous nos yeux. Pour éviter l’épouvantail d’un vote noir, pire encore un vote coalisé d’anciens colonisés, de Noirs et d’Arabes français dont l’issue est on ne saurait plus incertaine, la stratégie du candidat Sarkozy consiste à anticiper sur la formation d’un électorat sanction non-blanc. Pour ce faire deux approches sont menées concomitamment, la première consiste à isoler les Noirs des Arabes par un traitement différencié et très lisible des uns, arabes, rarement cités directement pour les faits de violences urbaines, encouragés à institutionnaliser leur pratique religieuse avec éventuellement le financement public des lieux de culte -mosquées-, la nomination d’un préfet qui serait issue de cette communauté etc.
En docilisant ainsi l’électorat arabe, sous la pression internationale des résistances islamistes, Nicolas Sarkozy crée une brèche entre les deux termes d’une possible alliance objective sur le terrain des discriminations, du racisme et de l’histoire républicains.
L’autre pan de la stratégie ethnique du présidentiable d’origine hongroise, consiste, en suscitant et instrumentalisant des associations et personnalités ultramarines et autres noires, à diviser le plus possible l’électorat noir entre originaires plus ou moins lointain d’Afrique. Les attaques ciblées sur les Noirs renvoient ainsi régulièrement à l’Afrique, au moment justement où des personnalités médiatiques caribéennes -certes rares-raillent les sans-papiers africains insistant sur les différences immuables entre Antillais et originaires du continent noir 3. Curieuse coïncidence !
Notons que dans les faits de nouvelles proximités entre Africains et Négro-Antillais de France se renforcent autour des cultures nègres, des civilisations africaines précoloniales, avec souvent dans les premiers rôles des Antillais se désignant eux-mêmes comme Africains des Caraïbes…
Autre troublante coïncidence, le fait que des groupuscules associatifs noirs, trouvent une étonnante visibilité hexagonale pour des actions supposées être de démonstration de force, offrant sur un plateau d’argent aux caméras pas franchement négrophiles l’opportunité d’un bombardement médiatique justifiant les thèses racialisantes sur la violence des Noirs…4
A l’arrivée la charge négrophobe de l’UMP réussit à miner le terrain d’une coalition entre électorats noir et arabe, qui aurait pu largement faire avancer le débat sur l’égalité républicaine. Dans une seconde cascade, elle impacte les énormes rapprochements culturels et sociologiques entre Africains et Afrodescendants des Antilles, le tout en vue d’un étouffement d’une sensibilité politique émergente, plus ou moins indépendante des clivages classiques et porteurs d’une véritable nouvelle donne politique, et bien sûr électorale.
Moralité, dussent-ils être fabriqués dans les laboratoires des services de renseignements, et pour d’aucuns émarger aux frais d’associations sorties du sol comme des champignons, les Noirs n’ont pas fini d’être aussi violents, inintégrables, criminellement bilingues que l’espoir de victoire de Nicolas Sarkozy aux présidentielles de 2007 l’exige. Et comme le degré de réaction communautaire aux pires propos et exactions racistes est nul ou presque il n’y a pas de raison que la machine électorale stoppe sa fuite vers la xénophobie, sauf si cela s’avérait contre-productif dans les intentions de vote.
Pierre Kassenti.
Toi tu connais pas de Sikh. Je te jure, c'est pas des gens qui te donnent envie de les chambrer. Ils ont un espece de majesté et d'aura de puissance, c'est assez impressionnant. Le plus impressionnant encore c'est leur capacité de séduction.Toshi a écrit :(même si à la question : "mais personne c'est jamais foutu de votre gueule quand vous etiez petit ?" le type invité répond "non non .... "
louche
Non ce nombre augmente chaque année depuis un moment, je peux te renvoyer à une réponse que je t'avais faite à ce sujet au début du mois:Kakita Inigin a écrit :Je peux me permettre une remarque bêtement factuelle sur la politique de l'immigration ? Quelque soit le gouvernement, il y a grosso modo 100 000 immigrés en France chaque année.
Mais pas depuis que la gauche est au pouvoir.
Depuis 1945.![]()
Et ce chiffre est stable.![]()
Donc une politique de l'immigartion pour lutter contre l'invasion en réponse au laxisme des gouvernements degauche ...quoi.
maintenant, sur sarko, il fait du simplisme et de la démagogie en expliquant qu'il faut choisir son immigration, ou qu'on est en mesure de le faire. Et j'aime pas qu'on me prenne pour un con.
L'immigration augmente donc, mais ce qui est alarmant ce n'est pas le nombre d'immigrés, mais le nombre de sans papiers, ceux là sont issus entre autre en grande partie des immigrés "légaux" ayant un titre de sejour temporaire qui ne rentrent pas chez eux après et brulent leur passeport pour tomber dans le vide existentiel des sans papiers.Oui ça c'est l'immigration déclarée. Ajoute le reste tu verras que ça fait un paquet.
Parlons juste des procédure de l'OMI, c'est à dire des immigrés recensés lors de leur entrée en séjour long:
2000: 89 722
2001: 99 517
2002: 117 330
2003: 128 424
2004: 133 454
Maintenant prenons aussi en compte les cartes de sejour temporaires (dont beaucoup "perdent" leur passeport et deviennent des sans papiers à la fin de leur titre s'il n'est pas renouvelé):
1999: 19 876
2000: 31 140
2001: 34 682
2002: 43 681
2003: 62 171
2004: 75 017
Et oui ça augmente bien chaque année, alors si tu rajoutes à ça le fait qu'on n'ait aucune politique en matière d'immigration, à part celle d'un certain yoyo et de son gouvernement qui régularisa en masse quelques 80 000 immigrés (ce qui n'eu comme effet que de conforter ceux ci dans le bon droit de leur action)...
J'accumule de l'info depuis des années. Je me tape une revue de presse personnelle d'environ 1 heure chaque jour et plus le week end sur les sujets qui me semblent intéressants. Sarkozy fait partie de mes mots clés...Goju Kaze a écrit :Au passage : T'es en verve écolo Kojiro avec tout ce recyclage.
Même si vu comme ça![]()
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