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par Pénombre » 13 mars 2009, 15:14
Les évidences dont on ne tient pas compte pour ne pas froisser les copains, c'est une constante de la "lutte contre le piratage" depuis Napster et à part amener des gens pas forcément coupables devant des tribunaux, ça n'a jusqu'à présent absolument eu aucun impact. Dixit les "victimes" elles-mêmes...
Non seulement la loi Hadopi ne réglera en rien le problème du piratage en termes économiques mais de toute manière, elle n'a aucune efficacité en termes techniques
par contre, elle permet de se gargariser dans les pince-fesses en tapant le carton avec les patrons de la FNAC ou d'EMI et d'emmerder le monde en prétendant défendre des artistes, ce qui fait toujours bien.
Elle permet surtout d'en profiter pour légitimer les acteurs "culturels" principaux dans leur position dominante sans offrir de véritable opportunité à la diversité créative de mieux rayonner. On défend les gens qui gagnent le plus et on laisse les "petits" qu'on plaint à haute voix continuer à se démerder tous seuls. Parce qu'en fait, on n'en a rien à fiche : il n'a jamais été question de multiplier les artistes ou les studios en "aidant à la création" mais de faire en sorte que les gros éditeurs et ceux parmi les artistes qui sont liés à eux conservent leur rente. Je n'ai vu aucun engagement à mieux subventionner ou aider la création. Et pourtant, c'est pas ce qui manque comme opérations dans le budget du ministère de la culture. C'est même une de ses raisons d'être. Mais sur cet aspect là de la "création", ben c'est silence radio. Donc, hier sera comme demain en la matière et ce sont surtout les gens bien installés qui en profiteront.
Ca rappelle furieusement cette gymnastique de soit-disant défense des petits commerces qui s'accompagne de défiscalisations et d'assouplissements permettant surtout une implantation accrue des grandes surfaces... alors que le petit commerçant continue à payer plein pot en matière fiscale, patronale et foncière...
Surtout qu'avec l'affaire MGMT vs UMP et l'histoire des conflits des intermittents du spectacle, on sait très bien à quel point le respect des créatifs-sous-payés, c'est important pour les gens qui nous dirigent...
On ne parlera pas des relents politico-opportunistes du flicage systématique du citoyen devenu consommateur et possible délinquant, dans l'intéret de "mieux le connaitre" et dans celui de "défendre les victimes" évidemment.
Juste un aparté d'ailleurs sur la différence entre la prévention et la répression : dans le cadre de Hadopi, je suis désolé de dire qu'avertir les gens qu'ils vont être sanctionnés s'ils continuent n'est pas de la prévention.
La prévention, c'est d'empêcher que le problème se pose, donc de faire en sorte que l'envie massive du recours au piratage disparaisse pour que ne reste qu'une portion congrue de pirates. Là, on ne s'intéresse pas au problème, on s'intéresse juste aux coupables...
Le problème du piratage (et non le traitement des pirates...) persiste dans les débats, notamment quand on parle d'offre légale, mais il n'est consenti qu'à contrecœur par le gouvernement, qui s'aligne sur la position des majors (et pas forcément des artistes...) qui est très simple à résumer : d'abord on vous tape dessus et après, on pourra proposer les offres légales qu'on veut parce que de toute manière, on ne vous laissera pas plus qu'avant la possibilité de choisir.
On a vu ce que ces offres imposées ont donné avec les DRM : au final, il a fallu laisser tomber. Après avoir décrété que c'était une bonne idée et à force de se faire emmerder, les majors ont baissé les bras. Et encore, principalement parce qu'elles étaient plus occupées à se goinfrer qu'à chercher l'interopérabilité. Forcément, tous ensemble contre le consommateur et chacun pour soi le reste du temps, pas vrai ?
L'a fait quoi le gouvernement soucieux du pouvoir d'achat et de défendre les intérêts du consommateur/citoyen dans l'intervalle et depuis Dadvsi. Ben il a dit que ça serait bien de faire mieux, messieurs les utilisateurs de DRM... et puis c'est tout.
Mais dans l'intervalle, ça a lésé combien de consommateurs qui ont joué le jeu ?
On va les indemniser ces "victimes" là ? Non, puisque en tant que consommateurs, elles sont "libres de choisir" pas vrai ? Elles n'avaient qu'à... faire quoi au juste ?
En fin de compte, oui, la culture est bien une marchandise comme les autres.