Mais avant la restauration du titre du champion de Jade, c'est la famille Isawa qui s'en occupait.
Moi je verrais bien un accord tacite entre Isawa et Kuni :
"Bon les Kuni s'occupent de tout ce qui est maho et souillé et les Isawa s'occupent du reste".
En fait, c'est plus compliqué.
Avant l'arrivée des enfants célestes, les humains ont diverses croyances et la magie du sang est entres autres pratiquée par la Tribu d'Isawa. Elle est encore "pure".
Lorsque Fu Leng ressort du Puit Suppurant, l'irruption de l'essence du Jigoku corrompt cette forme de magie, mais les Isawa ne s'en rendent pas compte de suite.
Durant la guerre contre Fu Leng, Isawa refuse initialement d'aider Shiba, mais les suivants de l'outremonde s'en prennent à Gisei Toshi et tuent une de ses soeurs. Il la lie par un rituel de magie du sang à la ville pour qu'elle la protège éternellement. Peu après, Shinsei parvient à lui faire comprendre les risques qu'il court et Isawa décide que son peuple renoncera à la magie du sang.
En quittant les siens pour rejoindre les Tonnerres, il ordonne à ses frères et soeurs survivants de constituer le Conseil des Maitres, pour prendre la tête de sa tribu (de la famille Isawa donc) et d'entrée de jeu, Shiba ayant mis genou à terre devant lui, le Conseil devient la véritable autorité du clan.
Cependant, un des frangins d'Isawa refuse d'abandonner la magie du sang, et à l'insu de l'empire, les "True sons of Isawa" deviennent les premiers maho-tsukai de l'histoire.
Peu après la guerre, Kuni Nakanu fait ses études sur la Souillure, et la nécromancie. Il meurt durant ses expériences mais ses notes lui survivent et des bribes de ses recherches sont dispersées dans l'empire. Les notes elles-mêmes ne seront "officiellement" redécouvertes qu'en 499 par Iuchiban, mais il est vraisemblable que d'autres s'en seront inspirés dans l'intervalle, avec des succès modestes.
En 153, Soshi Saibankan crée la magistrature impériale. D'entrée de jeu, ses prérogatives concernent tout ce qui relève du "blasphème", ce qui est logique puisque c'est la magistrature de l'empereur et que l'autorité religieuse suprême, c'est lui. La maho existe déjà comme concept, depuis qu'Isawa a renoncé à la magie du sang, mais elle reste floue car peu de gens y sont confrontés et qu'on mélange les pratiques interdites des shugenja et les rituels utilisés par ceux qui suivaient Fu Leng.
A fur et à mesure que Hantei Genji solidifie l'unification des croyances existantes (il règne jusqu'en 247), le Conseil des Cinq (qui au départ était constitué par la fratrie d'Isawa à laquelle le Tonnerre déclara simplement "guidez mon peuple") prend de l'ascendant pour devenir une autorité spirituelle majeure. En fait, pour tout ce qui relève des kami surtout, mais pas seulement. Ils ne supplantent pas l'empereur, mais en matière de magie, ils sont les experts incontestables de l'empire.
En 283, Isawa Akuma invoque Oni no Akuma. Suite à cet évènement, les Isawa créent les inquisiteurs. Ils rendent compte au conseil des maitres, mais ce sont les Asako qui s'occupent de leur formation (et quand on connait la "bonne entente" qui règne entre les Asako et les Isawa, ça a du être sport...). Le rôle des inquisiteurs est de traquer les shugenja qui se livrent à des pratiques interdites, qui regroupent donc la nécromancie et l'invocation d'oni, ainsi que l'usage de sang dans la magie. C'est ça, le terme "maho", parce que de fait, nécromancie et invocation d'oni impliquent obligatoirement usage du sang et qu'à l'inverse, ce même usage du sang permet également bien d'autres choses. Mais la maho reste affaire de cas isolés : corruptions accidentelles, serviteurs de Fu Leng en maraude, recherches hasardeuses... il apparait que ces savoirs restent enfouis dans le corpus des savoirs Isawa entres autres, probablement parce que les True Sons et d'autres se les transmettaient en douce et qu'il arrivait qu'on tombe dessus aussi.
En 339, le magistrat Isawa Chuda qui depuis la mort de son père de la main d'un maho-tsukai a une obsession envers ces individus, démasque un maho-tsukai et sauve l'empereur. Il se voit autorisé à fonder le clan du serpent dont la vocation est de traquer dans l'ombre les pratiquants des arts noirs. Clairement, les Inquisiteurs (Chuda n'en était pas membre) n'ont pas la côte, et à travers eux le Conseil pas davantage, en ce qui concerne la maho.
En 510, deux autres magistrats impériaux démasquent Iuchiban la veille de son coup d'état. Aucun des deux n'est un Inquisiteur. Le clan du Crabe décide à la suite de cet évènement de créer les Tsukai-sagasu. On découvre aussi l'existence des Adeptes du Sang qui suivaient Iuchiban.
Je n'ai pas de date exacte de l'institution du Champion de Jade, mais il me semble que c'est postérieur. Pour mémoire, le premier tenant du titre était justement un Kuni. Le Conseil va s'efforcer de miner cette position car le Champion de Jade a le droit de regarder jusqu'à leurs recherches les plus secrètes. Clairement, le Conseil a beau être un référent majeur, quelqu'un d'autre est chargé de le surveiller par crainte de maho et de rendre compte à l'empereur. Il faut cinq générations au conseil pour rendre cette position inintéressante et dans l'intervalle, il maneuvre pour que les Inquisiteurs rejoignent les rangs de la Magistrature Impériale. En effet, légalement parlant, les ME ont des prérogatives que les Inquisiteurs n'ont pas... notamment, ils sont totalement prioritaires en ce qui concerne les affaires dont ils ont la charge et ces affaires incluent tout ce qui touche de près ou de loin à l'outremonde et à la maho.
Si on suit les choses chronologiquement, on voit donc que le Conseil des Cinq, malgré sa création des Inquisiteurs, n'a jamais été considéré comme le seul ni même le principal référent en matière de maho, et qu'il a même été plusieurs fois humilié par le fait que des gens extérieurs à lui et ses affidés Asako ont neutralisés les menaces maho pesant sur l'empereur (Isawa Chuda et Soshi Takasho/Akodo Minobe).
Pire encore, la création du clan du Serpent et celle du Champion de Jade montre clairement que l'on avait décidé que des gens extérieurs au Phénix auraient le dernier mot en matière de maho. A part rattraper la sauce en dézinguant le poste du champion de jade et en incrustant les Inquisiteurs dans la magistrature impériale, le Conseil ne reprend pas la prééminence officiellement. En fait, il parvient juste à se rendre incontournable en magouillant, alors que clairement, on avait attribué ces affaires à d'autres personnes.
Les Tsukai-sagasu du Crabe n'ont pas forcément de place dans la magistrature impériale. Beaucoup la rejoignent, mais on peut imaginer que la plupart sont déjà fort occupés sur les terres du Crabe à plein temps.
En résumé :
- légalement parlant, ce sont les Magistrats de l'Empereur qui ont la préséance pour tout ce qui relève du blasphème en général, et de la maho/magie du sang en particulier. C'est dans leur charte d'ailleurs.
- les Inquisiteurs font partie de la magistrature, donc, ils bénéficient de cette préséance. Mais ça n'était pas ce qui était prévu à l'origine.
- Les chasseurs de sorciers ont les mains pleines avec leurs affaires et ne rejoignent pas forcément la magistrature.
- le Conseil des Cinq peut aller se rhabiller : son rôle n'est pas de servir de référent mais de conseiller l'empereur (l'autorité suprême y compris religieuse) et le champion d'émeraude et/ou de jade selon l'époque (le gars qui dirige les magistrats auxquels la loi accorde la prééminence sur ces affaires magiques). Il a un certain poids indirect par le fait que bon, les Isawa restent un référent en général pour la magie et que les Inquisiteurs continuent à lui rendre compte, mais, officiellement, ceux-ci répondent au champion de l'empereur et plus au conseil. Comme leur formation est toujours assurée par les Asako, on peut d'ailleurs supposer que ces derniers - juste pour faire bisquer les Isawa - s'assurent que c'est bien ce qui se passe, aussi souvent que possible.
Allons maintenant examiner la question du blasphème religieux, puisque ça relève de la charte des magistrats impériaux : le blasphème consiste en toutes les pratiques qui ne sont pas considérées comme faisant partie des pratiques religieuses normales. Les pratiques normales consistent en quoi : rendre culte aux fortunes, rendre culte aux ancêtres, rendre culte aux kami fondateurs de l'empire, respecter les kami présents en toute chose, ne pas toucher de la chair morte sous peine de devoir se purifier, ne pas pratiquer de la magie impliquant du sang. Ca, c'est la loi. Evidemment, lorsque les Iuchi sont arrivés dans l'empire avec leurs amulettes gravées, on a pu se poser la question de savoir si leurs pratiques étaient ou non blasphématoires, au sens large du terme. Mais comme elles ne relevaient pas de la magie du sang, on les a validées.
Officieusement, certains rites Iuchi impliquaient le sang en termes de magie (cf, Iuchi Nagol) et les Iuchi ont vite compris - douloureusement - qu'ils feraient mieux d'y renoncer. Ce qu'ils ont fait sans que personne ne s'en rende compte.
il y a aussi une zone de flou à propos du fait que le sang intervienne dans plusieurs actes symboliques : serment d'allégeance que fait un samurai (signature avec son sang... cf. voie de la licorne), tatouages des ise-zumi (sans parler de ce qui se passe vraiment, un tatouage, c'est toujours du sang qui coule...). Bien que ces actes soient indéniablement "sacrés" ou "ésotériques", ils ne consistent pas à appeler les kami/les kansen en versant du sang, donc, ils ne sont pas de la maho, point. C'est uniquement pour cela qu'on les autorise. Même si on les trouve "exotiques" (les tatouages sont très peu répandus hors du clan du dragon, notamment dans la caste samurai), ce sont des pratiques tolérées. Tout comme le culte d'Onnotangu à la capitale était toléré (cf le Mémorial de Seigneur Lune à Otosan Uchi), ainsi que le Festival du Courroux de la Lune. Et plus récemment, le culte des Dix Dieux de la Mort des Moto sur les terres Licornes. Parce que malgré les côtés sinistres de ces pratiques, elles ne sont
pas de la maho aux yeux des autorités.
La maho désigne un ensemble de pratiques qui ne sont jamais tolérées et toujours punies de mort : user du sang pour lancer des sorts, invoquer des oni ou animer des cadavres. Ce que peuvent en penser les paysans, ou les individus, n'engage qu'eux. Il y a bien une définition légale du crime de maho et c'est la seule que les gens habilités à prendre des décisions peuvent retenir. Après, rien n'empêche n'importe qui d'accuser autrui de maho, ou de n'importe quoi en général. Mais c'est un autre sujet.